2 juin 1941 au 5 12 1941 Barbarossa. Lily Marleen. 14334

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Publié par (l.peltier) le 6 septembre 2008 En savoir plus

2 06 1941

En France, nouveau statut pour les Juifs, plus contraignant. Tristan Bernard [1] essaiera d’en rire : J’appartiens à ce peuple qu’on a souvent appelé élu… Élu ? Enfin, disons, en ballottage.

7 au 8 06 1941

Membres du SOE anglais, les sous-lieutenants Forman, Cabard et Varnier ont été parachutés en France dans la nuit du 11 au 12 mai 1941, pour faire sauter le transformateur de Pessac, en Gironde. Après quelques ratés, ils retrouvent Joel Le Tac et rejoignent ensemble la région Bordelaise. Les quatre hommes pénètrent dans la centrale et disposent les bombes dans leur boites aimantées en moins d’une demi-heure. Dans l’explosion, six des huit transformateurs sont détruits. L’opération est un succès et permet d’immobiliser durablement le poste de Pessac. Les conséquences de cet arrêt sur le trafic ferroviaire et pour la base sous-marine de Bordeaux affecte véritablement les Allemands. Mais les quatre hommes ne trouveront rien de mieux à faire que de fêter bruyamment leur succès dans l’Espagne franquiste, pas loin de là, avec le solde de l’argent de la mission. C’est Londres qui leur avait demandé de rentrer via l’Espagne, mais pas d’y faire la fête!  Ça fait tâche ! Déjà avant même le début de l’opération, les péripéties avaient été nombreuses, ce n’était pas nécessaire d’en rajouter après la fin !

Une première tentative, confiée par le SOE à un stick de six Polonais, à la lune d’avril 1941, avait mal commencé et s’était tragiquement achevée : deux conteneurs ayant été lâchés par erreur à une trop grande distance de la zone de largage, l’opération avait été annulée et l’avion avait rebroussé chemin ; mais à l’atterrissage, il avait capoté et pris feu. Plusieurs membres de l’équipage avaient été carbonisés, et tous les Polonais avaient été gravement blessés. L’avion ainsi détruit étant le seul dont les aménagements permettaient de larguer des containers, il avait fallu, en toute hâte, transformer un autre Whitley et recourir aux parachutistes de la France libre. 

Henri Noguères

Dans la nuit du 11 au , les sous-lieutenants Forman, Cabard et Varnier sont parachutés, avec leur équipement prévu pour le sabotage. L’équipe fait une première tentative. Les trois officiers se regroupent et atteignent l’objectif. Mais la présence d’un câble à haute tension passant au-dessus du mur d’enceinte et le bruit fait par une patrouille les dissuadent d’entreprendre le sabotage, qui leur paraît voué à l’échec. Ils renoncent. Ils manquent le rendez-vous avec le sous-marin qui doit les récupérer près de Mimizan et les ramener en Angleterre.

Forman, à qui avait été communiquée, avant son départ d’Angleterre, une adresse où joindre Joël Le Tac à  Paris, avec qui il avait participé peu avant à l’opération Savanna, utilise ce contact et retrouve Le Tac, qui s’empresse de rallier l’équipe Joséphine B dans la région de Bordeaux.

Début juin, une reconnaissance leur permet de constater qu’il n’y a qu’un gardien à Pessac et qu’il n’y a pas à redouter le passage d’une patrouille. Le sabotage peut être entrepris. Dans la nuit du , ils s’emparent d’un camion pour aller jusqu’à Pessac et pouvoir rapidement gagner le large. Mais le camion tombe en panne. Ils devront faire les trajets à bicyclette.

Dans la nuit du 7 au 8, ils réalisent enfin le sabotage.

Utilisant des bicyclettes — également empruntées — les saboteurs arrivent à pied d’œuvre. Ils retrouvent sans peine leurs explosifs là où ils les avaient cachés la première nuit : dans des fougères à une centaine de mètres du transformateur, et Varnier, l’artificier de l’équipe, s’assure aussitôt que les détonateurs fonctionneront, malgré l’humidité. Forman escalade alors le mur — en évitant soigneusement tout contact avec le câble à haute tension qui ceinture le bâtiment — et, sautant dans la cour, vient, tout simplement, de l’intérieur, ouvrir la porte à ses camarades. L’affaire est ensuite rondement menée. En moins d’une demi-heure les charges de plastic, contenues dans des boîtes aimantées et reliées à des bombes incendiaires, sont placées sur chacun des huit principaux transformateurs. Les quatre hommes s’étaient à peine éloignés, pédalant de toutes leurs forces, que déjà les explosions retentissaient et les flammes montaient vers le ciel, bientôt balayé par les faisceaux des projecteurs de la Flak qui cherchaient vainement les bombardiers…

Henri Noguères

L’équipe passe en zone sud. Le , l’opération de ramassage par Lysander demandée à leur intention échoue. Londres donne l’ordre de faire rentrer l’équipe en Angleterre via l’Espagne.

Wikipedia

8 06 1941 

Après la défaite, l’autorité politique de la Belgique s’était troublée, avec un roi, Léopold III, qui avait reconnu la victoire allemande et était leur prisonnier en Allemagne et un gouvernement réfugié en Angleterre. Pierre Ryckmans, gouverneur général du Congo, avait quant à lui, tranché : le Congo serait du côté des Alliés. À la demande de Churchill, il avait envoyé en Abyssinie le 11° bataillon de la Force publique : 3 000 soldats, 2 000 porteurs ; un officier belge pour cinquante africains. Et ce jour-là, ils prennent Saïo, une ville importante de garnison italienne, proche de la frontière du Soudan : bonne pioche : 9 généraux italiens, 370 officiers, 2 574 sous-officiers, 1 533 soldats indigènes, prisonniers ; les autres troupes indigènes sont renvoyées dans leur foyer. Et de l’armement, 18 canons, 5 000 bombes, 4 mortiers, 200 fusils mitrailleurs, 330 pistolets, 7 600 fusils, 15 000 grenades, 2 millions de cartouches, 20 tonnes de matériel radio dont 3 postes émetteurs, 20 motos, 20 voitures, 2 chars blindés, 250 camions et surtout, 500 mules !

Cette grande victoire contribua fortement au retour de l’empereur Haïlé Sélassié. Et puis, symboliquement, quelle force : des soldats noirs qui font prisonniers des officiers blancs !

Pensant, à tort, que les Allemands allaient occuper la Syrie, les Anglais attaquent les Forces Française de Vichy en Syrie :

Épuisés, manquant de renforts, de chars, d’avions, de matériel lourd et d’essence, constamment sur la brèche et n’ayant parfois pas dormi depuis huit jours, les forces du général Dentz ne pouvaient sortir victorieuses de cette lutte inégales où le courage, quel qu’il fût, ne pouvait suppléer à l’insuffisance des armements. Le 10 juillet, le haut-commissaire français reçut du maréchal Pétain l’autorisation de demander une suspension d’armes. Le 14 juillet, un armistice signé à Saint-Jean d’Acre mettait un terme aux hostilités. Les Français avaient fait 2 000 prisonniers. Mais ils comptaient 1 819 morts et disparus [Dont 405 officiers et sous-officiers. Rapport officiel du général Dentz, cité par le commandant Guiot, dans son ouvrage : Combats sans espoir, p. 195].De leur côté, les Anglais avouaient 4 500 tués ou blessés.

Quinze jours plus tard, en exécution des promesses du général Catroux, les mandats français étaient officiellement abolis. Un gouvernement syrien était constitué sous la présidence du cheik Tageddine-El-Hassani et le général Spears s’installait à Damas pour contrôler l’action des agents gaullistes, dont la présence n’était tolérée qu’à titre provisoire. La France était virtuellement exclue du Levant, en attendant de l’être d’une façon effective. 

Jacques Benoist-Méchin Ibn-Séoud ou la Naissance d’un royaume (chapitre XCV)

9 06 1941   

Philippe Pétain au Conseil des ministres.

96 fotos e imágenes de Vichy Government Philippe Petain - Getty Images

Pétain au centre, Barthélémy à gauche, Huntziger à droite

10 06 1941   

L’Allemagne envahit la Russie, mais Hitler préfère tout d’abord porter ses forces contre Leningrad et l’Ukraine, et retarder l’offensive sur Moscou. L’entrée en guerre de la Russie va provoquer en France un afflux massif de communistes, jusque là paralysées par le pacte germano-soviétique, dans la Résistance.

11 06 1941

Jérôme Carcopino, historien spécialisé dans la Rome antique, est secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à la Jeunesse depuis le 24 février : lorsque le Commissariat général aux questions juives le sollicite pour créer une chaire d’histoire du judaïsme, il refuse, mais en avançant comme argument premier que le judaïsme ne doit pas être dissocié de l’histoire contemporaine : Comment séparer en effet la cause de l’effet, et le milieu du ferment pathogène qui le corrompt  ? On trouve encore une autre trace de discours antisémite sur l’aspect historique et humain du problème juif dans la lettre adressée à Pétain le 11 juin 1941, cosignée avec Darlan, qui présente le numerus clausus , instrument du refus de l’admission des Juifs à L’Université.

Ces deux textes officiels émanant de l’autorité ministérielle sont révélateurs de l’antisémitisme d’État des serviteurs du régime. Carcopino n’a, de toute façon, pas eu besoin d’être un antisémite idéologique invétéré pour avoir une grande responsabilité dans la mise en œuvre des lois antijuives. Les deux statuts des Juifs, qui, s’ils s’inscrivent dans le choix de la collaboration d’État, ne doivent pourtant rien à l’intervention allemande, sont à la fois un moyen pour le régime de Vichy d’affirmer sa souveraineté sur tout le territoire et un fondement de la Révolution nationale. À une autre échelle, la politique d’ensemble édifiée par les lois d’exclusion est aussi pour Jérôme Carcopino le moyen d’établir son autorité et son pouvoir sur son administration, sur le monde scolaire et universitaire, de donner des gages de sa compétence à un gouvernement où il compte de nombreux ennemis, et de sa bonne volonté à l’occupant, avec lequel il est souvent amené à négocier. L’existence du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) lui permet de nier toute responsabilité dans l’application des lois d’exclusion lorsqu’il est sollicité par ses collègues pour intervenir en faveur d’une victime des statuts. Il affirme ainsi à Léon Brunschvicg qui lui demande de protéger un jeune agrégé que depuis la création de cet organisme [le CGQJ], tous les Départements ont été désaisis à son profit des problèmes israélites. Son juridisme et son légalisme qui sont, avec son respect absolu de l’institution, aux fondements de son antisémitisme d’État, le conduisent à appliquer la loi dans toute sa sécheresse.

21 06 1941  

Le chimiste J. Corbières dépose le brevet du Rhovyl, que Damart va abondamment employer dans ses thermolactyl.

Mikhail Gerasimov, anthropologue russe, travaille à Samarcande sur le Gur Emir, le tombeau de Tamerlan. Il exhume le squelette du grand homme – 1.70 m : c’est beaucoup pour l’époque : 1336-1405 – malgré l’inscription sur la stèle : Celui qui ouvrira ma tombe sera victime d’un ennemi plus terrifiant que moi.

Les services secrets russes, en l’occurrence un journaliste allemand et communiste en poste au Japon et dans les meilleurs termes avec l’ambassadeur d’Allemagne au Japon,  avaient été informés de l’invasion de la Russie par Hitler, initialement programmée pour le 15 juin. Mais que vaut  ce genre d’information si elle n’est pas crue par le plus haut responsable de l’État ? Rien, car effectivement Staline n’y avait pas cru, affirmant que ses services secrets s’étaient fait manipuler. Donc la Russie n’était en rien préparée pour faire face à cette invasion.

22 06 1941        

Hitler engage sa plus grande bataille : Barbarossa. Il veut prendre Leningrad, Moscou et l‘Ukraine, avec Kiev, Odessa, Kharkov, Dniepropetrovsk et Donetsk.  Il a surtout besoin du pétrole du Caucase et des minerais russes : il veut mettre à genoux la Russie en 4 mois : de son coté, 145 divisions, 3 flottes aériennes, soit 5 000 avions, 3 800 chars, 5 500 000 soldats… et 3 000 camions Renault !  Les Russes avec à leur tête le maréchal Joukov sont inférieurs dans tous les domaines : ils ont 132 divisions, soit 3 000 000 de soldats. Leur aviation, leurs chars sont incomparablement moins performants que ceux des Allemands ; on verra les Stukas [abréviation de Sturzkampfflugzeug] de la Luftwaffe détruire 1 200 avions russes au sol en 48 heures ! Des barrages de mines empêchent-ils la progression des chars allemands ? Ceux-ci envoient Goliath, un mini char téléguidé de 400 kg, bourré d’explosifs assurer le déminage : son efficacité ne sera peut-être pas déterminante, mais on peut considérer qu’il est le père des drônes. En quelques jours les armées allemandes progressent de plus de 100 km. L’ensemble du front cède devant les vagues de Stukas. Une seule résistance, exceptionnelle : celle du général  Andreï Vlassov, 41 ans  qui, à la tête de la 37° armée, aux cotés du 4° corps d’armée mécanisé, résistera et parviendra à briser tous les encerclements.

Winston Churchill, dont l’anticommunisme viscéral est bien connu, ne perd pas un instant pour fixer la ligne de conduite de l’Angleterre : il s’adresse à ses compatriotes à la BBC…. entre deux maux  …

Le régime nazi est la réplique exacte de ce qu’il y a de pire dans le communisme. Il est dénué de tout principe et de tout sens moral, si ce n’est la satisfaction de ses appétits et de ses instincts de domination raciale. Par sa cruauté agissante et la férocité de ses agressions, il dépasse toutes les formes de la malignité humaine. Personne n’a été un adversaire plus opiniâtre du communisme que je l’ai été depuis vingt-cinq ans. Je ne rétracterai pas une seule parole que j’ai prononcée contre lui. Mais tout cela s’efface devant le spectacle sur lequel le rideau se lève maintenant.

Le passé, avec ses crimes, ses folies et ses tragédies, est éclipsé. Je vois les soldats russes debout sur le seuil de leur patrie, protégeant les champs que leurs pères ont labourés depuis des temps immémoriaux. Je les vois gardant leurs demeures où leurs mères et leurs épouses sont en prière – oui, certes, car il y a des jours où tout le monde prie […].

J’ai à vous annoncer la décision du gouvernement de Sa Majesté […] car il nous faut nous expliquer immédiatement sans un jour de retard. J’ai à vous annoncer cette décision, mais pouvez-vous douter de ce que sera notre ligne de conduite ? Nous n’avons qu’un seul but, qu’un seul et irrévocable dessein. Nous sommes résolus à détruire Hitler et tous les vestiges du régime nazi. De cela rien ne nous détournera, absolument rien. Jamais nous ne parlementerons, jamais nous ne négocierons avec Hitler ni avec personne de sa clique. Nous le combattrons sur terre, nous le combattrons sur mer, nous le combattrons dans les airs jusqu’à ce que, avec l’aide de Dieu, nous ayons débarrassé le monde de son ombre et libéré les peuples de son joug. Tout homme, toute nation qui poursuivra la lutte contre le nazisme aura notre appui. Tout homme, toute nation qui marchera avec Hitler sera notre ennemi… Il s’ensuit que nous apporterons toute l’aide possible à la Russie et au peuple russe…. Le péril de la Russie est notre péril, et celui des États-Unis, de même que la cause de chaque Russe combattant pour son foyer est la cause des hommes et des peuples libres dans toutes les parties du monde. Redoublons donc d’efforts et frappons à l’unisson avec tout ce qui nous reste de vie et de puissance. Telle est notre ligne de conduite et notre décision.

*****

C’est le T-34 qui sauve la Grande Mère Russie quand les nazis l’attaquent en 1941 et trouvent en face d’eux une armée quasiment sans généraux – Staline les ayant presque tous fusillés -, désorganisée et retardataire sur le plan militaire, le dinosaure du Kremlin ayant banni les principes stratégiques particulièrement inventifs établis par le maréchal Toukhatchevski – lequel fut collé au mur à cause de son génie – et interdit la forma­tion des grandes unités blindées dont ce dernier voulait disposer, en sorte qu’au début les Allemands s’enfoncent en Russie comme un couteau dans du beurre, battent des armées à plate couture prennent des villes et après chaque attentat fusillent cent otages pour chacun de leurs hommes tombé dans une embuscade, jusqu’à ce qu’ils se fracassent contre l’épaisse mais mobile muraille des T-34 (53 000 exemplaires durant toute la guerre, ultérieurement renforcés, après la bataille de Koursk, de canons de 85 et de blindages encore plus compacts). Une muraille de Chine faite de canons ; gros éléphants comme des tours de Babel sur l’échiquier mais rapides, fulgurants quand ils s’infiltrent en séparant les blindés de pointe ennemis de l’infanterie qui les suit, isolant ainsi les moyens blindés allemands, même les Tiger et les Panther, les contraignant à s’arrêter et portant de ce fait un coup mortel au Blitzkrieg du Führer. Bref, ce T-34 me semble être l’image de la grande Russie, vulnérable et invincible, patiente et souffrante, le pays où les routes qui mènent à Moscou, pour ceux qui les parcourent dans l’intention de la détruire, passent par Poltava, par la Berezina, par Stalingrad…

Claudio Magris. Classé sans suite. Gallimard/L’Arpenteur 2017

24 06 1941   

Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne en 1939, Vilnius avait été rattachée à la Lituanie, dont la population juive avait beaucoup augmenté, après l’occupation soviétique en juin 1940, ces juifs venant de la Pologne occupée par les Allemands qui, deux jours après le déclenchement de Barbarossa, envahissent la Lituanie et commencent à se livrer à une extermination systématique des Juifs. Dès la fin août 1941, la plupart des juifs des campagnes auront été exterminés. Il restera deux ghettos à Vilnius et Kaunas. En septembre 1943, 19 341 juifs seront exécutés en forêt de Ponary. En 2016, des archéologues identifieront six fosses communes, et un tunnel de 30 mètres de long, 2.5 de profondeur, creusé par 80 prisonniers – 76 hommes, 4 femmes -. Onze d’entre eux parviendront à s’évader.

Les États-Unis ne sont pas encore engagés dans le conflit, mais on ne peut déjà plus parler de neutralité : il faut que l’emporte le camp de la liberté, qui n’est ni chez les nazis, ni chez les Russes : Si nous voyons que l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie, et si nous voyons que la Russie gagne, nous devons aider l’Allemagne, les laissant ainsi s’entre-tuer autant que possible, encore que je ne veuille voir à aucun prix Hitler être victorieux. Aucun d’eux [Hitler et Staline] ne respecte sa parole.

Harry Truman, vice-président des États-Unis au New-York Times

25 06 1941 

La 14° division allemande, la police roumaine et de nombreux civils massacrent une bonne partie de la population juive de Iasi, capitale de la Moldavie, au nord-est de la Roumanie. L’opération n’a été rendue possible que par un antisémitisme bien ancré chez une grande partie des Roumains et un pouvoir politique au service du Reich, avec le maréchal Ion Antonescu, antisémite viscéral, à sa tête. Entre 1941 et 1944, 270 000 juifs roumains seront assassinés. Curzio Malaparte, envoyé de La Stampa et du Corriere della Sera comme correspondant de guerre, fut témoin des événements de Iasi : Partout, le joyeux et féroce labeur du pogrom remplissait les rues et les places de détonations, de pleurs, de hurlements terribles et de rires cruels…  Plus tard, dans Kaputt, Malaparte reviendra sur ce qu’il a vu à Podu IIoaiei, dans les environs de Iasi : Les morts s’échappaient des wagons et tombaient par groupes, avec un bruit sourd, comme des statues de ciment… Ils avaient été enfermés dans ces wagons remplis de fumier, sans aucune prise d’air, et les trains, sans destination, roulaient jusqu’à la mort du dernier d’entre eux.

26 06 1941  

La Finlande déclare la guerre à l’URSS

27 06 1941   

Ion Antonescu donne l’ordre de nettoyer lasi. Des policiers conseillent à la population chrétienne de se signaler par un crucifix placé à la fenêtre ou une croix peinte sur la porte. En quelques jours, 14 850 juifs seront assassinés à Iasi et dans les environs. Un pogrom programmé par les Roumains et nié durant plus de soixante ans par le pouvoir communiste, bien décidé à entretenir le mythe de la résistance de tout le peuple roumain contre la tyrannie fasciste. Ce n’est qu’en 2004 que le gouvernement roumain reconnaîtra la responsabilité directe de l’État dans ce pogrom. Le 30 juin, plus de 4 000 Juifs sont entassés sans eau ni vivres dans les wagons cadenassés de deux trains de marchandises.

06 1941

La fine fleur de la peinture et de la sculpture en France s’offre un voyage en Allemagne : Arno Breker, allemand et sculpteur favori de Hitler, qui a passé plusieurs années en France, Dunoyer de Segonzac, Derain, Vlaminck, Despiau, Belmondo [père de Jean-Paul [3] , Van Dongen.

À peu près dans le même temps, les limiers allemands se livraient à un très stupide petit fric-frac sur la tapisserie de Bayeux :

Depuis sa confection au XI° siècle, l’histoire de la tapisserie de Bayeux ne cesse de s’écrire. Les archives du Land du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne, ont récemment annoncé qu’elles avaient retrouvé dans leur fonds des fragments de l’œuvre d’art médiévale à la gloire de Guillaume le Conquérant. Les équipes du musée normand dans lequel le joyau est conservé ont été averties il y a plusieurs mois déjà de cette étonnante découverte. Les fragments en question ne comportent pas de motifs. Il s’agit de plusieurs petits bouts de toile de lin de quelques centimètres, sous un verre protecteur, probablement prélevés au revers de la tapisserie, précise d’emblée Fanny Garbe, responsable communication du musée.

Comment des échantillons de cette toile monumentale de près de 70 mètres de long ont-ils pu se retrouver en Allemagne ? Pour le comprendre, il faut se replonger il y a un peu moins d’un siècle, dans l’une des pages les plus sombres de l’histoire. En 1935, Himmler, le chef de la SS, crée Das Ahnenerbe, un institut scientifique dont on peut traduire le nom par Héritage ancestral, explique Jean-Charles Stasi, auteur du Vol de la tapisserie de Bayeux. Le but d’Himmler était d’aller chercher partout en Europe et au-delà des preuves de la supériorité de la race nordique, poursuit-il.

En juin 1941, l’expédition de recherche est constituée. Dirigée par l’archéologue Herbert Jankuhn – un nazi convaincu -, elle compte aussi le dessinateur et peintre Herbert Jeschke, le photographe Rolf Alber, ainsi que l’archéologue et spécialiste de l’art du tissage Karl Schlabow ; également directeur du musée d’Histoire du costume traditionnel germanique de Neumünster (Schleswig-Holstein).

L’étude de l’œuvre doit leur permettre de rédiger un ouvrage exhaustif, en plusieurs volumes – celui-ci ne verra jamais le jour. Prise de photographies, de dessins, de notes, de mesures, analyse de la confection… jusqu’en août 1941, les quatre hommes scrutent l’œuvre sous toutes ses coutures. Une fois la tâche achevée, Karl Schlabow, le spécialiste du tissage, ne rentre pas chez lui les mains vides : il repart avec les fameux fragments retrouvés récemment. Pourquoi ? Probablement pour affiner son étude, estime Jean-Charles Stasi.

La tapisserie connaît quant à elle de nouvelles péripéties. Durant l’été 1941, elle est transférée au château de Sourches, dans la Sarthe. Elle y reste jusqu’en juin 1944, avant d’être envoyée dans les réserves du Louvre, à Paris. L’insurrection d’août 1944, qui secoue la capitale, sauve in extremis la tapisserie d’un départ certain pour l’Allemagne.

Cet épisode survenu pendant la Seconde guerre mondiale illustre bien l’avidité et la fascination que peut susciter le chef d’œuvre médiéval. Le prélèvement effectué par Schlabow ne constitue en effet pas une première : en 1816, le britannique Charles Stothard, chargé d’étudier la tapisserie, récupère également un fragment – brodé, cette fois-ci -, restitué à la France en 1872.

L’échantillon qui se trouve en Allemagne devrait d’ailleurs être rendu lui aussi prochainement. Il rejoindra certainement les aquarelles et esquisses d’Herbert Jeschke, autre membre de la mission nazie, offerts par ses descendants au musée de la Tapisserie de Bayeux en 2018. La recherche documentaire autour de l’œuvre est permanente, se réjouit Fanny Garbe. On récupère petit à petit des éléments dont nous ignorions l’existence ou que l’on pensait perdus. Qui sait, de nouveaux fragments pourraient un jour refaire surface ?

Élise Neyret. Historia du 10 mars 2025

George Antheil, endocrinologue et pianiste, et Hedy Lamarr, actrice d’origine autrichienne déposent au National Inventors Council le brevet d’un moyen de lutte contre les sous-marins allemands : il s’agit d’une synchronisation des fréquences produite par des rouleaux de papier perforé [comme dans les pianos mécaniques], placé dans l’émetteur – le sous-marin – et dans le récepteur – la torpille -. Georges Antheil, étant pianiste, il est à même de deviner quelles applications peuvent découler des cartes perforés… mais que vient donc faire Hedy Lamarrr dans cette affaire ? Très belle actrice Hollywood, elle s’est fait connaître en Autriche, son pays d’origine qu’elle a quitté en 1937 pour fuir son mari juif, armurier et nazi, en se mettant nue dans une scène d’Extase, de Gustav Machaty, et en allant jusqu’à jouer une scène d’orgasme ! Oh my God ! Elle est devenue rapidement la coqueluche d’Hollywood, à l’affiche aux cotés de Clark Gable, Judy Garland, John Garfield ! Mais elle invente aussi, se remémorant la passion de son père pour tous les mécanismes. Le torpillage d’un navire anglais transportant des enfants la révolte et l’aiguillonne : elle veut mettre au point un système de guidage à distance des torpilles et pour ce faire va s’associer avec George Antheil. Six mois plus tard, c’était Pearl Harbor et la marine américaine passa à coté de l’invention qui restera de nombreuses années dans les cartons. On l’encouragera à plutôt courir les galas de collecte de fonds,  où effectivement elle fit rentrer 343 millions $ dans les caisses !

Hedy Lamarr, elle était si époustouflante que toutes les conversations s’interrompaient dès qu’elle entrait dans une pièce. […] Je doute qu’il y ait eu un seul individu pour s’inquiéter de ce qu’il y avait derrière cette beauté. Tout le monde était occupé à la fixer bouche bée.

Agatha Christie [2]. Le Vallon.

On ne sortira l’invention des cartons qu’à l’occasion de la crise de Cuba en 1962, et elle ne connaîtra d’application commerciale sous le nom de spread spectrum – étalement du spectre – qu’avec les téléphones sans fil, la Wi-Fi, le Bluetooth. En 1997 David Hughes, colonel à la retraite, se démènera comme un beau diable pour faire reconnaître son travail… et elle recevra effectivement quelques distinctions plus ou moins prestigieuses. Elle s’éteindra en 2000, à 85 ans.

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3 07 1941       

Staline s’adresse à ses compatriotes : Frères et sœurs… Pour les exhorter à résister à l’envahisseur allemand, il invoque certes la défense de la patrie socialiste, mais aussi les valeurs de la Sainte Russie. Frères et sœurs, c’est le langage de l’Église orthodoxe appris au séminaire de Tiflis. Les décorations militaires porteront le nom des généraux du tsar qui ont chassé Napoléon. À propos des soldats, il confiera : ils ne se battent pas pour nous, mais pour la mère Russie.

4 07 1941    

Le Croate Josip Broz, alias Tito, est à la tête du principal réseau de résistance yougoslave, bien représentatif de tous les peuples de ce pays.

10 07 1941 

Jedwabne est un gros village de Pologne de 2 500 habitants, dont les deux-tiers sont juifs, situé au nord-est de Varsovie, à la frontière avec la Prusse orientale. Il y a un très maigre effectif allemand qui va regarder d’un œil presque indifférent le massacre de juifs qui s’y perpétue ce jour-là : car c’est bien l’ensemble de la communauté juive composé essentiellement d’artisans et de commerçants qui va être anéantie par la population restante, tuée à coups de gourdin, de pierres, de couteau… et quand ils s’apercevront que cela ne va pas assez vite, ils les feront entrer de force dans une grange… et y mettront le feu. Le maire, qui sera le seul condamné à mort lors du procès, y tiendra un rôle limité à un peu de coordination, mais il s’agit bien d’une explosion d’antisémitisme de la part de la seule population polonaise, – des Polonais « moyens »-. Des fermiers, qui seront contraints de taire leur attitude, en sauveront à peu près dix en les cachant. La honte refera surface en 2001 quand Jan T. Gross, un Américain d’origine polonaise, écrira en 2001 Les voisins.

14 07 1941

L’amiral Darlan, chef du gouvernement de Vichy propose une alliance militaire avec l’Allemagne, espérant ainsi desserrer un peu l’étau des conditions d’armistice de juin 1940. Les Allemands refusent : comment auraient -ils pu raboter un tant soit peu le pactole quotidien que leur versait la France : 400 millions F/jour (115 millions € de l’an 2000 ! soit 3.45 milliards € par mois ! ), qui seront réduits à 300 en 1942, augmentée à 500 après l’invasion de la zone libre, puis à 700 après le débarquement de Normandie, sans même  parler du racket en nature : produits alimentaires etc. Parmi ces livraisons en nature, de l’armement bien sur – exemple : quatre avions sur cinq fabriqués, partaient aux Allemands… qui payaient … avec l’argent que lui versait quotidiennement la France !

15 07 1941 

Fedor von Bock, à la tête du groupe d’armée Centre, fort de 700 000 hommes, est à 300 km de Moscou. Les Russes disposent de 300 000 hommes et femmes. Ils ont une brigade de chars.

22 07 1941  

Une loi enclenche le processus d’aryanisation des biens juifs en vue d’éliminer toute influence juive dans l’économie nationale. Le CGQJ – Commissariat Général aux Questions Juives est crée, qui établira 62 000 dossiers d’aryanisation, allant jusqu’à employer pour ce faire, en 1944, 800 personnes. 330 000 juifs de France seront spoliés mais 90 % de ces spoliations seront restituées par la IV° République, dans les 5 ans suivant la guerre.

En mars 1942, le colonel Kurt von Behr, chef de l’administration allemande chargée de piller les œuvres d’art et autres biens culturels, donnera son feu vert à la Möbel Aktion (l’Opération Meuble), en la confiant au ministère des Territoires occupés de l’Est : les biens des appartements inhabités des Juifs de France deviennent alors la propriété du Reich. Dans un premier temps, vaisselle, porcelaines, jouets, instruments de musique, lingerie seront entreposés au camp d’Austerlitz, dans le 13° arrondissement où, triés par les quelques 800 détenus juifs qui avaient échappé à la déportation mais pas à la détention, ils seront expédiés en Allemagne et là, distribuées aux familles allemandes frappées par les bombardements alliés.

En arrière du front russe, le commandant du RSHA (Office central de Sécurité du Reich) Reinhardt Heydrich, sous le commandement de Heinrich Himmler, Reichsführer SS, met sur pied les Einsatzgruppen, qui vont se livrer à l’extermination massive des Juifs habitant les territoires conquis : du 26 au 29 août, 27 000 Juifs sont tués à Kamenets-Podolsk ; dans le ravin de Babi Yar, près de Kiev, 33 771 juifs sont abattus à la mitrailleuse les 29 et 30 septembre. La seule année 1941 verra ainsi le massacre de 500 000 juifs.

Ce matin de septembre 1941, les Juifs de Kiev se rendirent par milliers au lieu de rassemblement – Babi Yar – le ravin de la grand’mère – où ils avaient été convoqués, avec leurs petites affaires, résignés à être déportés, sans se douter du sort que l’Allemand leur réservait.

Ils comprirent tous trop tard, certains dès leur arrivée, d’autres seulement au bord de la fosse. Entre ces deux moments, la procédure était expéditive : les Juifs remettaient leurs valises, leurs objets de valeur, et leurs papiers d’identité, qui étaient déchirés devant eux. Puis ils devaient passer entre deux rangées de SS sous une pluie de coups. Les Einsatzgruppen les frappaient à grands coups de matraque ou de gourdin, en faisant preuve d’une violence extrême. Si un Juif tombait, ils lâchaient les chiens sur lui, ou il était piétiné par la foule affolée. Au sortir de ce couloir infernal, débouchant sur un terrain vague, les Juifs éberlués étaient sommés de se déshabiller entièrement, puis étaient conduits complètement nus au bord d’un fossé gigantesque. Là, les plus obtus ou les plus optimistes devaient laisser toute espérance. L’absolue terreur qui les envahissait à cet instant précis les faisait hurler. Au fond du fossé s’empilaient les cadavres.

Mais l’histoire de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants ne s’arrête pas tout à fait au bord de cet abîme. En effet, dans un souci d’efficacité très allemand, les SS, avant de les abattre, faisaient d’abord descendre leurs victimes au fond de la fosse, où les attendait un entasseur. Le travail de l’entasseur ressemblait presque en tout point à celui des hôtesses qui vous placent au théâtre. Il menait chaque Juif sur un tas de corps, et lorsqu’il lui avait trouvé une place, le faisait étendre sur le ventre, vivant nu allongé sur des cadavres nus. Puis un tireur, marchant sur les morts, abattait les vivants d’une balle dans la nuque.

Laurent Binet. HHhH. Grasset 2010

25 07 1941   

Max Dormoy, ancien ministre de l’Intérieur de Léon Blum, l’homme qui connaissait le mieux la Cagoule, après avoir été emprisonné quelques jours en septembre 1940, a été mis en résidence surveillée à Montélimar. Il est assassiné par d’anciens cagoulards qui font exploser une bombe sous son lit.

26 07 1941   

Le Japon ayant refusé de se retirer de l’Indochine et de la Chine, à l’exclusion du Mandchoukouo, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas décrètent l’embargo complet sur le pétrole et l’acier ainsi que le gel des avoirs japonais sur le sol américain.

29 07 1941 

Les accords Darlan-Kato autorisent le Japon à occuper tout le territoire indochinois.

30 07 1941

Création de l’une des trois branches du compagnonnage : l’AOCDTF : Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France.
Son objet est de permettre à chacun et chacune de s’accomplir dans et par le métier dans un esprit d’ouverture et de partage. Ces filières, qui n’ont aucun équivalent dans les lycées professionnels de l’Éducation nationale, donnent des ouvriers expérimentés et très polyvalents dans trente métiers différents dans les six filières qui sont : industrie-métallurgie, bâtiment, aménagement et finition, métiers du goût, matériaux souples, métiers du vivant : Boulanger, Carreleur, Carrossier, Constructeur – béton, métal, bois – , Charcutier, Charpentier, Chaudronnier, Cordonnier/Bottier, Couvreur, Ébéniste, Électrotechnicien, Forgeron, Fromager, Jardiner-paysagiste, Maçon, Maréchal-ferrant, Maroquinier, Mécanicien, Menuisier, Pâtissier, Peintre, Plâtrier/Staffeur ornementiste/Staff/Stucateur, Plombier, Sellier, Métallier Serrurier, Solier, Tailleur de Pierre, Tapissier/Tapisserie d’ameublement/Tapissier garnisseur, Tonnelier, Mécanicien de précision, Vigneron
Le compagnonnage se présente comme un tremplin pour s’accomplir tant dans l’artisanat que dans l’entreprise.
Les ouvriers qui ont fait le compagnonnage sont extrêmement recherchés y compris dans la grande industrie : biscuiterie, automobile, industrie mécanique…
Il est possible de préparer une licence professionnelle en alternance avec les Compagnons du Devoir, (diplôme de niveau II, équivalent Bac+3), c’est une des concrétisations de la grande école des Hommes de métier en compagnonnage.
Après avoir fini leur tour de France, de plus en plus de compagnons complètent avec un diplôme d’ingénieur, via la validation des acquis de l’expérience (VAE) ou avec une autre école.
En 2006, elle comptera plus de 8 000 jeunes, dont deux tiers d’apprentis.
En 2011, il y aura :

  • 10 000 jeunes en formation.
  • plus de 3 000 jeunes en perfectionnement sur le tour de France ;
  • 60 pays accessibles sur les 5 continents, la liste augmentant chaque année ;
  • 378 jeunes dans le monde en 2011, l’AOCDTF s’impose comme le leader européen en termes de mobilité dans la formation professionnelle ;
  • 94 % des apprentis ont un emploi après leur formation ;
  • 88 % de réussite au CAP grâce à un accompagnement personnalisé ;
  • 38 000 entreprises partenaires.

Wikipedia

Saumur. Les Compagnons du Devoir sont ouverts aujourd'hui et demain ...

Maison des Compagnons du Devoir à Saumur

Image illustrative de l’article Association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France

Maison des compagnons de Nantes.

Compagnonnage - L'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour ...

https://www.unidivers.fr/wp-content/uploads/2020/08/charpentier_compagnons-tour-de-france.jpg

31 07 1941 

Hermann Goering demande à Heydrich de préparer une solution globale de la question juive dans la zone d’influence allemande en Europe.

07 1941   

États-Unis et Angleterre gèlent les avoir japonais sur leurs territoires, exigeant du Japon la paix en Chine.

3 08 1941   

Clemens August von Galen, évêque de Münster a eu connaissance de l’extermination de déficients mentaux, malades incurables, handicapés mis en œuvre depuis de nombreuses années par le régime nazi : c’est le programme Aktion T 4. Sa condamnation est sans appel.

Il y a un soupçon général, confinant à la certitude, selon lequel ces nombreux décès inattendus de malades mentaux ne se produisent pas naturellement, mais sont intentionnellement provoqués, en accord avec la doctrine selon laquelle il est légitime de détruire une prétendue vie sans valeur – en d’autres termes de tuer des hommes et des femmes innocents, si on pense que leurs vies sont sans valeur future au peuple et à l’État. Une doctrine terrible qui cherche à justifier le meurtre des personnes innocentes, qui légitimise le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables des personnes âgées et des infirmes ! […] Si on l’admet, une fois, que les hommes ont le droit de tuer leurs prochains improductifs – quoique cela soit actuellement appliqué seulement à des patients pauvres et sans défenses, atteints de maladies – alors la voie est ouverte au meurtre de tous les hommes et femmes improductifs : le malade incurable, les handicapés qui ne peuvent pas travailler, les invalides de l’industrie et de la guerre. La voie est ouverte, en effet, pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs. Alors on aura besoin seulement qu’un ordre secret soit donné pour que le procédé, qui a été expérimenté et éprouvé avec les malades mentaux, soit étendu à d’autres personnes improductives, qu’il soit également appliqué à ceux qui souffrent de tuberculose incurable, qui sont âgés et infirmes, aux personnes handicapées de l’industrie, aux soldats souffrant de graves blessures de guerre !

Ce sermon va connaître un énorme retentissement en Allemagne et à l’étranger. Imprimé sous forme de lettre pastorale, il est lu dans les églises paroissiales ; l’évêque de Limbourg adresse au ministre de la Justice une lettre condamnant les meurtres et celui de Mayence prononce un sermon qui va dans le même sens. Les Britanniques en font diffuser des extraits par le service allemand de la BBC ; ils en font circuler des exemplaires en France, en Hollande, en Pologne… ils lancent des tracts au-dessus de l’Allemagne… L’allusion de Mgr Galen aux soldats souffrant de graves blessures fait réagir le haut commandement allemand : leur élimination porterait un coup terrible au moral des troupes sur le front. Ses ouailles le surnommeront le lion de Münster. Hitler n’osera pas s’en prendre à lui directement, mais fera interner en camp de concentration 24 prêtres séculiers et 18 religieux : 10 d’entre eux y mourront.

C’était le mouvement de protestation le plus puissant, le plus explicite et le plus répandu contre une politique nazie depuis le début du III° Reich

Pie XII

12 08 1941      

Avec une voix de majorité, les États-Unis portent la conscription à 18 mois.

Pétain commence à craindre la Résistance, qu’il nomme vent mauvais, lequel est pour eux vent d’espoir : 

Français,

J’ai des choses graves à vous dire. De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais. 

L’inquiétude gagne les esprits, le doute s’empare des âmes. L’autorité de mon gouvernement est discutée ; les ordres sont souvent mal exécutés (…) Nos difficultés intérieures sont faites surtout du trouble des esprits, de la pénurie des hommes et de la raréfaction des produits.

Le trouble des esprits n’a pas sa seule origine dans les vicissitudes de notre politique étrangère. Il provient surtout de notre lenteur à reconstruire un ordre nouveau, ou plus exactement à l’imposer. La révolution nationale, dont j’ai, dans mon message du 11 octobre, dessiné les grandes lignes, n’est pas encore entrée dans les faits.

Elle n’y a pas pénétré, parce qu’entre le peuple et moi, qui nous comprenons si bien, s’est dressé le double écran des partisans de l’ancien régime et des serviteurs des trusts.

Les troupes de l’ancien régime sont nombreuses ; j’y range sans exception tous ceux qui ont fait passer leurs intérêts personnels avant les intérêts permanents de l’Etat : maçonnerie, partis politiques dépourvus de clientèle mais assoiffés de revanche, fonctionnaires attachés à un ordre dont ils étaient les bénéficiaires et les maîtres, ou ceux qui ont subordonné les intérêts de la patrie à ceux de l’étranger.

Un long délai sera nécessaire pour vaincre la résistance de tous ces adversaires de l’ordre nouveau, mais il nous faut, dés à présent, briser leurs entreprises, en décimant les chefs. Si la France ne comprenait pas qu’elle est condamnée, par la force des choses, à changer de régime, elle verrait s’ouvrir devant elle l’abîme où l’Espagne de 1936 a failli disparaître et dont elle ne s’est sauvée que par la foi, la jeunesse et le sacrifice.

Le problème du gouvernement dépasse donc en ampleur le cadre d’un simple remaniement ministériel. Il réclame, avant tout, le maintien rigide de certains principes. 

L’autorité ne vient plus d’en bas ; elle est proprement celle que je confie ou que je délègue.

Je sais par métier ce qu’est la victoire. Je vois aujourd’hui ce qu’est la défaite.

J’ai recueilli l’héritage d’une France blessée ; cet héritage, j’ai le devoir de le défendre en maintenant vos aspirations et vos droits. En 1917, j’ai mis fin aux mutineries ; en 1940, j’ai mis un terme à la déroute. Aujourd’hui, c’est de vous-mêmes que je veux vous sauver. À mon âge, lorsqu’on fait à son pays le don de sa personne, il n’est plus de sacrifice auquel l’on veuille se dérober ; il n’est plus d’autre règle que celle du salut public.

Rappelez-vous ceci : un pays battu, s’il se divise, est un pays qui meurt ; un pays battu, s’il sait s’unir, est un pays qui renaît.

Vive la France !

14 08 1941

Winston Churchill et Franklin Delano Roosevelt se rencontrent dans l’Atlantique sur le USS Augusta et signent la Charte de l’Atlantique qui préfigure la création de l’Organisation des Nations-Unies, reprenant les 4 éléments clefs du discours de Roosevelt du 6 janvier 1941 : liberté d’expression, de religion, de vivre à l’abri du besoin et d’être préservé de la peur : ce sont les quatre libertés essentielles. 

Churchill weds Roosevelt. | Farbound.Net

18 08 1941    

La RAF bombarde un entrepôt de la radio militaire allemande de Belgrade : les stocks de musique sont détruits. On prend dans un rebut des chansons oubliées, mortes nées, dont Lily Marleen : du jour au lendemain, ces quelques notes mélancoliques deviennent sur tous les fronts la rengaine des soldats affamés de nostalgie amoureuse. Marlène Dietrich, dans un premier temps égérie du régime nazi, n’en est pas la première interprète, mais c’est avec elle que Lily Marleen va devenir la chanson fétiche de tous les soldats d’occident, allemands comme alliés. Allemande de naissance, elle avait quitté son pays pour se réfugier aux États-Unis, qui lui avaient accordé la nationalité américaine.

Jean Gabin, devenu une star du cinéma depuis Quai des brumes où il forme avec Michèle Morgan le couple idéal pour les Français, craint lui aussi d’avoir à travailler pour les Allemands s’il reste en France : il part aux États-Unis, où il rencontre Marlène qui commence par être son professeur d’anglais. Ils deviendront vite amants. À la sortie de la guerre, ils tourneront un film ensemble : Martin Roumagnac, qui fera un flop ; c’est Jean Gabin qui prendra l’initiative de la rupture, ne pouvant se faire à la multiplicité des amants de Marlène ; celle-ci, qui, depuis des lustres, avait pris l’habitude d’être à l’initiative des ruptures, fut sidérée de voir inversé l’ordre des choses !

Lili Marleen est une chanson d’amour allemande dont les paroles sont inspirées du poème écrit en avril 1915 par le romancier et poète allemand Hans Leip et publié en 1937 dans son recueil de poèmes Die kleine Hafenorgel.

Dans sa version originale, elle a d’abord été interprétée par la chanteuse Lale Andersen en 1938. Les versions les plus populaires ont été chantées en allemand ou en anglais par Marlène Dietrich qui modifia le titre Lili Marleen en Lili Marlene, qui deviendra le titre utilisé en France.

Le romancier et jeune officier allemand de la Garde impériale Hans Leip a écrit Lied eines jungen Wachtpostens (en français Chanson d’une jeune sentinelle) à Berlin dans la nuit du 3 au 4 , avant son départ pour le front russe.

Leip était amoureux de deux jeunes filles : Lili, nièce de sa logeuse, et Marleen, infirmière, qu’il a unies en une seule. Consigné à la caserne pour de nombreuses indisciplines, il déprime alors qu’il fait les cent pas en tant que sentinelle. Il écrit alors sur son lit de camp les trois premières strophes sur cet amour fugitif (il dessine en même temps une portée musicale sur son manuscrit) avant d’être envoyé sur le Front de l’Est. Il publie en 1937 un recueil, où figure Le petit accordéon du port, avec les 5 strophes.

Selon une autre version de la genèse du poème, démentie depuis, Hans Leip était amoureux de Lily Freud (1888-1970), fille de Marie Freud, la sœur de Sigmund Freud. Hans Leip a admis avoir connu Lilly Freud qui, en 1917, a épousé l’acteur et metteur en scène Arnold Marlé. Après ce mariage, Leip aurait composé un poème sur Lilly Marlé, devenu Lili Marleen. Lilly Freud-Marlé disait elle-même être la Lili Marleen de la chanson, ce qui se raconte encore dans sa famille. L’hypothèse, parfois encore colportée, a été démentie définitivement par Rosa Sala Rose, qui a produit en 2008 la meilleure étude sur cette chanson, consacrant un chapitre à cette hypothèse pour conclure, documents à l’appui, qu’elle n’était pas fondée.

Quand, en , la chanteuse réaliste allemande Lale Andersen découvre le poème de Hans Leip qu’il vient de publier dans un recueil de poésie (l’ayant complété des deux strophes qui évoquent la mort du jeune soldat), elle demande au compositeur Rudolf Zink de le mettre en musique, une première version romantique, et interprète la chanson la même année dans des petits cabarets de Berlin et de Münich. En , elle demande également au compositeur Norbert Schultze de mettre lui aussi ce poème en musique, ce qu’il fait en lui fredonnant une mélodie qu’il avait créée deux ans plus tôt pour une publicité radiophonique pour le dentifrice Chlorodont, une mélodie plus martiale. Lale chante alternativement les deux versions dans les cabarets. Elle préférait la première version, plus douce, mais testait les deux pour voir laquelle aurait les faveurs du public, et c’est la deuxième, martiale, qui est enregistrée dans la nuit du  au 1° pour le premier label allemand Electrola qui s’imposera pendant la Seconde guerre mondiale.

Cette chanson nostalgique, jugée par la critique terne et sans rythme, est un échec commercial avant la guerre (seulement 700 exemplaires du disque vendus).

En 1941, l’Allemagne est en pleine guerre sur plusieurs fronts et, changeant brusquement de statut, cette chanson d’amour va devenir une chanson de temps de guerre. Son succès commence le  après que les bombardiers anglais ont détruit l’entrepôt de disques du lieutenant Heinz-Karl Reitgen, directeur de la radio militaire allemande de Belgrade.  Celui-ci programme, faute de mieux, le disque alors au rebut. Radio Belgrade était entendue des fronts d’Afrique du Nord jusqu’à ceux de Norvège. Les soldats de la Wehrmacht, éloignés de leur foyers et de leurs amies, envoient des dédicaces lues lors d’une émission populaire. La chanson en est l’indicatif qui clôt la fin du programme tous les soirs avant 22 heures. À son tour, elle devient très populaire.

Le succès est même tel que l’on s’y intéresse au Parti nazi. Joseph Goebbels semble être plutôt hostile à la chanson. Il dit, selon le compositeur Norbert Schultze, qu’elle sent la danse macabre. Mais elle bénéficie aussi du soutien de puissants protecteurs : le maréchal Erwin Rommel qui incite les radios à la programmer, jusqu’à 35 fois par jour à Radio Berlin, radio qui imite même l’émission de dédicaces de Radio Belgrade ; Emma Göring, la seconde épouse de Hermann Göring est une ancienne chanteuse d’opéra ; Mas Schleming, boxeur idole des nazis, dont le biographe n’est autre que Hans Leip. Adolf Hitler aurait dit à son aide de camp que cette chanson pourrait même lui survivre.

Une nouvelle version de la chanson, transformée de chant d’amour en marche militaire, ne rencontre aucun succès public. L’affirmation selon laquelle les Einsatzgruppen l’auraient diffusée pendant leurs assassinats n’est pas prouvée, mais il est possible que la chanson ait accompagné les crimes, de même que les valses de Strauss et les symphonies de Mozart et de Beethoven utilisées dans les camps de la mort.

Grâce à la radio militaire allemande de Berlgrad, cette chanson — ou du moins sa musique — franchit la Méditerranée. Elle est entendue et adoptée par les soldats alliés combattant en Tripolitaine. Ainsi, en 1942, l’émission dédiée aux dédicaces aurait, selon Jean-Pierre Guéno, entraîné quotidiennement un cessez-le-feu momentané, et une sorte de fraternisation entre les troupes anglaises et les troupes allemandes à Tobrouk, lorsque la chanson est diffusée dans les haut-parleurs, chaque soir à 22 heures, après les combats. Pour les belligérants et les civils des deux camps, elle devient l’hymne de la Seconde Guerre mondiale, adopté et chanté en allemand par beaucoup de soldats jusqu’au printemps 1944.

En quelques mois, la chanson est traduite en 43 langues. En 1942, on vend 160 000 exemplaires du disque et, en l’espace de six mois, la chanson est adaptée dans 48 langues. L’amour et la nostalgie de la paix sont des sentiments mieux incarnés par les soldats des démocraties que par ceux qui servent la cause hitlérienne. Les paroles françaises, dues à Henri Lemarchand, sont écrites à la fin de 1941 à la demande de Suzy Solidor, qui crée la version française dans son cabaret La Vie parisienne en . L’armée britannique se voit contrainte de faire produire une version anglaise en (après que Goebbels a fait enregistrer par Lale Andersen la chanson adaptée en anglais afin de démoraliser les Alliés), dont les interprétations par Anne Shelton et Vera Lynn en 1943 ont connu un succès fulgurant. À la suite de l’immense succès de la version américaine interprétée en swing par les Andrew Sisters et le big band (grand orchestre) de Glenn Miller, les Américains profitent de la Libération pour récupérer les droits de la chanson. L’actrice et chanteuse antinazie Marlène Dietrich  finit ainsi, vers la fin de la guerre en 1944, par donner une version américaine, plus langoureuse, mais aussi plus énergique, puisque cette fois, dans la dernière strophe, le souvenir de la femme aimée redonne courage au soldat (qui meurt, enfoui dans sa tranchée, dans la dernière strophe du chant allemand !). Dietrich l’interprète dans plus de 60 concerts donnés au cours de la campagne d’Europe qui la voit accompagner la 3° armée américaine  du général Patton. Cette chanson devient dès lors attachée à sa personnalité, Marlène Dietrich se l’appropriant en modifiant les paroles, lui donne son nom, Lily Marlène, (et cette orthographe) en fait la chanson de la libération.

Elle en fait une chanson vedette de son récital lorsqu’elle s’investit dans sa carrière de chanteuse, en 1953. Elle l’abandonne parfois, notamment en France, jugeant qu’elle peut réveiller un bruit de bottes pour certains spectateurs. Elle fut interdite dans beaucoup de dictatures car rappelant qu’elle était chantée des deux côtés.

Chanson subversive de résistance, car, transcendant les clivages, la chanson est interdite dans plusieurs pays totalitaires (RDA, Yougoslavie de Josip Broz Tito) et devient l’hymne anti-nucléaire pendant la Guerre froide. La chanson connaît depuis de nombreuses versions, depuis l’allure pacifiste d’antimilitaristes, l’adaptation punk du groupe Interterror (Adios Lili Marlen), ou rock par La Souris Déglinguée en 1983. Amanda Lear a chanté une reprise de cette chanson dans un style disco en 1978, dans une version mêlant le français et l’allemand, et une autre en allemand-anglais. En 2004, pour la commémoration du 60° anniversaire du débarquement en Normandie la chanteuse Patricia Kaas doit la chanter en Mondovision mais les Polonais mettent un veto au choix de cette chanson la veille de l’événement, en raison de l’épisode des Einsatzgruppen lui préférant l’ Hymne à la joie.

Pour l’écrivain John Steinbeck, Lili Marleen est la seule bonne chose que l’Allemagne nazie ait apportée au monde. Le général Eisenhower aurait dit à Hans Leip qu’il était le seul Allemand à avoir rendu le monde plus heureux pendant la guerre.

Wikipedia

Bei der Kaserne
Vor dem großen Tor
Steht eine Laterne
Und steht sie noch davor
Da woll’n wir uns wieder seh’n
Bei der Laterne wollen wir steh’n
Wie einst Lili Marleen. (bis)

Unsere beide Schatten
Sah’n wie einer aus
Daß wir lieb uns hatten
Deine Schritte kennt sie,
Deinen schönen Gang
Alle Abend brennt sie

Doch mich vergaß sie lang
Und sollte mir ein Leids gescheh’n
Wer wird bei der Laterne stehen
Mit dir Lili Marleen ? (bis)

Aus dem tiefen Raume,
Aus der Erde Grund
Hebt mich wie im Träume
Das sah man gleich daraus
Und alle Leute soll’n es seh’n
Wenn wir bei der Laterne steh’n
Wie einst Lili Marleen. (bis)

Dein verliebter Mund
Wenn sich die späten Nebel dreh’n
Werd’ ich bei der Laterne steh’n
Mit dir Lili Marleen? (bis)
Wenn sich die späten Nebel dreh’n
Werd’ ich bei der Laterne steh’n
Mit dir Lili Marleen ?

******

Devant la caserne
Lorsque le jour s’enfuit,
La vieille lanterne
Soudain s’allume et luit.
C’est dans ce coin-là que le soir
On s’attendait, remplis d’espoir,
Nous deux, Lily Marlène. (bis)

Et dans la nuit sombre,
Nos corps enlacés,
Ne faisaient qu’une ombre
Lorsque l’on s’embrassait.
Nous échangions ingénument,
Joue contre joue bien des serments,
Nous deux, Lily Marlène. (bis)

Le temps passe vite
Lorsque l’on est deux.
Hélas on se quitte,
Car c’est le couvre-feu.
Te souviens-tu de nos regrets
Lorsqu’il fallait nous séparer ?
Dis-moi, Lily Marlène ? (bis)

La vieille lanterne
S’allume toujours
Devant la caserne
Lorsque finit le jour,
Mais tout me paraît étranger,
Aurais-je donc beaucoup changé ?
Dis-moi, Lily Marlène ? (bis)

Cette tendre histoire
De nos chers vingt ans
Chante en ma mémoire
Malgré les jours, les ans.
Il me semble entendre ton pas
Et je te serre entre mes bras
Lily Marlène. (bis)

Version de Jean-Claude Pascal

De sa seule voix, elle pouvait déjà vous briser le cœur.

Ernest Hemingway

21 08 1941 

En France, rafle de 5 000 Juifs qui inaugurent le camp de Drancy, antichambre de la déportation ; les gares de départ seront celle du Bourget en 1942/43, puis celle de Bobigny en 1943/44. Pierre Georges – le futur colonel Fabien – tue un officier allemand à la station de métro Barbès, mettant ainsi en œuvre la technique communiste fondée sur le cycle provocation-répression, pour dresser la population contre les forces d’occupation. Les services secrets britanniques décryptent des messages radio d’unités de police allemande envoyés depuis le territoire soviétique : ils font état de massacres de juifs. Les Russes dynamitent leur grand barrage de Zaporojie, sur le Dniepr.

24 08 1941

Les Allemands gagnent du terrain, et Staline, inquiet de la possible collaboration des Allemands de la Volga – ils formaient une république autonome depuis 1924, sur le cours inférieur de la Volga, au sud-est de Moscou – avec leurs frères de race, ordonne leur déplacement massif – 438 000 – vers l’Asie Centrale, sous vingt-quatre heures [4]. Plus du tiers y mourront. À la fin de la guerre, certains s’installeront au Kazakhstan, en Ouzbékistan, d’autres au Kirghizistan ; il n’y aura pas de retour dans leur ancienne république où terres et maisons avaient été prises. Les survivants émigreront massivement en Allemagne dans les années 1990, sitôt ouvertes les frontières.

Les Anglais étaient parvenus à déchiffrer le code des SS, et donc purent comprendre les messages que les Einsatzgruppen envoyaient depuis l’arrière du front russe à leur QG en Allemagne, et l’atrocité de leur contenu amène Winston Churchill à parler à la BBC [5]  : Une bataille gigantesque se déroule actuellement. 7 millions de soldats y participent. Les combats se déchaînent sur un front de  3 500 km, c’est un affrontement mortel sur une ligne qui va de l’océan Arctique jusqu’à la mer Noire […] Hitler commet les plus horribles crimes […] des districts entiers sont rayés de la carte. La police militaire des nazis procède froidement à des dizaines de milliers, je dis bien des dizaines de milliers d’exécutions […] Nous nous trouvons en face  d’un crime sans nom.

Hitler ordonne de mettre fin à l’Aktion T4, tout en s’assurant que le meurtre des enfants handicapés, pratiqué à une échelle beaucoup plus réduite et donc moins visible, se poursuivra, sous la direction de Julius Hallervorden (qui disparaître en 1965 sans avoir jamais été jugé). La condamnation de Mgr Galen, l’obstruction de nombreuses infirmières, aides-soignants, l’inquiétude exprimée de plus en plus ouvertement par les parents, amis et voisins des victimes, avait donc fait reculer Hitler, qui craignait de se voir directement tenu pour responsable des assassinats ; mais le recul n’était que stratégique, car, même si le quota initialement fixé de 70 000 victimes avait déjà été dépassé, les éliminations de handicapés et de malades mentaux continueront jusqu’à la fin de la guerre. On estime entre 200 000 et 250 000 le nombre d’aliénés et de handicapés assassinés par les nazis entre 1939 et 1945, par gazage, injection ou dénutrition.

L’extermination ne se limitait pas aux Juifs, aux Tziganes : les Slaves aussi étaient visés : Après le déclenchement de l’offensive allemande contre l’URSS, l’œuvre de destruction du monde slave s’étend. La progression de la Wehrmacht est ponctuée d’exactions, des destructions, de massacres, qui touchent civils et militaires. S’abritant derrière le fait que l’URSS n’a pas signé les conventions internationales sur les prisonniers de guerre, les Allemands organisent l’élimination des prisonniers en les enfermant dans des camps sans les nourrir ou en les tuant à la tâche. Sur les 5.7 millions de Soviétiques capturés, 60 % sont morts à la fin de la guerre, ce qui en fait le plus grand groupe de victimes de la persécution nazie près les Juifs.

François Reynaert. La Grande Histoire du Monde. Fayard 2016

29 08 1941

Honoré d’Estienne d’Orves, polytechnicien et marin – capitaine de corvette – a crée un réseau de Résistance. Fraîchement débarqué d’Angleterre sur les côtes bretonnes, arrêté sur dénonciation en janvier, il est exécuté au Mont Valérien avec deux camarades.

1 09 1941 

En Allemagne, les 164 000 Juifs qui peuvent encore habiter chez eux, sont soumis au port de l’étoile jaune.

8 09 1941 

Fondation par Ho Chi Minh de la Ligue pour l’indépendance du Viet Nam, ou Viet Minh.

9 09 1941 

Jean Moulin quitte Marseille pour se rendre à Londres via le Portugal.

11 09 1941

 Vichy interdit la pratique de l’herboristerie – ils sont alors 4 500 – et le diplôme sanctionnant leurs connaissances et aptitudes disparaît. Persévérer dans cette pratique revient dès lors à un exercice illégal de la pharmacie aux yeux de la loi. Mais cette décision prise pour protéger le métier de pharmacien ne s’est pas accompagnée d’une formation suffisante de ces derniers. Une grande quantité de savoir sur le monde vivant qui nous entoure est ainsi condamnée.

Il n’y a pas de diplôme en herboristerie reconnu par l’État, même s’il y a des formations spécifiques [il y a cinq écoles d’herboristerie en France]. Le métier n’est plus reconnu depuis le régime de Vichy. Le 11 septembre 1941, une loi de modernisation des professions de santé a supprimé, sans débat politique, le certificat d’herboriste.

À cette époque, le secteur de la santé s’industrialise avec le développement des laboratoires pharmaceutiques. La guerre du progrès touche tous les secteurs. Les pratiques plus artisanales, comme l’herboristerie, passent pour archaïques. Sans compter que les pharmaciens voyaient depuis longtemps les herboristes comme des concurrents illégitimes. C’est une histoire ancienne, le monopole de la vente de médicaments par les pharmaciens date de 1777.

Les herboristes formés avant 1941 ont donc eu le droit d’exercer jusqu’à la fin de leurs jours. La dernière personne diplômée en septembre 1941 est morte en 2019 : il n’y a donc plus aucun herboriste en droit de vendre des plantes médicinales en tant que telles aujourd’hui en France.

Thierry Thevenin, porte-parole du syndicat des simples et président de la fédération des paysans herboristes. 15 06 2021

14 09 1941 

La jonction de 2 groupes de Panzers à Lokhvista permet de faire 665 000 prisonniers russes et de prendre Kiev 5 jours plus tard. Minsk a été prise en juillet. Kharkov le sera le 25 octobre, Kertch le 18 mai 1942, Rostov et Novotcherkassk le 28 juillet 1942. Fin septembre, nombre de Russes s’attendent à la prise imminente de Moscou par les Allemands.

16 09 1941 

En Iran, Reza Chah abdique en faveur de son fils Mohammad Reza. Le pays est alors occupé par les forces britanniques et soviétiques.

26 09 1941

Staline reconnaît la France Libre de de Gaulle. C’est le premier gouvernement à le faire, hormis la Grande Bretagne.

2 10 1941

Un combat naval en surface est aussi un spectacle ; mais si l’un des deux combattants est un sous-marin, le spectacle se réduit à quelques signes qui permettent de deviner le drame. Dino Buzatti couvre la guerre maritime pour le compte du Corriere della Sera.

Le torpilleur qui a coulé un sous-marin anglais vient seulement de regagner sa base, que déjà sur la plage arrière, on a tendu le taud, les marins rangent le pont et le commandant assis à l’ombre dicte le rapport de la mission. Les officiers qui l’entourent ont tous assisté à la fin du bateau ennemi : un des quatre sous-marins à avoir été, récemment, définitivement mis à pied. Le commandant nous dit : Tout est là. Je peux vous faire lire le rapport, mais il n’y a pas grand-chose à dire.

Il faut bien peu de mots en effet pour raconter un de ces duels entre la surface et l’abysse. Ce sont d’étranges combats qui ne durent que quelques minutes. On ne peut voir les adversaires, et lorsqu’on les voit, cela signifie que l’un des deux est condamné. Des batailles presque muettes qui n’ont pas l’éclat sonore des grandes joutes épiques, parce que les coups ne traversent pas l’immensité du ciel dans un sifflement de bordées embrasées, mais l’aveugle profondeur des mers d’où ne remontent que quelques rares feux indistincts.

L’intensité dramatique de la guerre ne naît pas de grandes vues panoramiques sur des navires en feu lancés à pleine vitesse à travers la fumée et les blanches colonnades de salves qui font rage. Il s’agit au contraire d’un drame sourd et informe, où la mort se cache sous un innocent voile d’eau. Tout semble normal, puis quelque chose apparaît au-dessus des flots, et cela signifie que la tragédie est achevée.

Dans la portion de mer qui lui a été confiée, le torpilleur ratisse la zone de long en large, tandis que les avions de reconnaissance percent de leur œil perpendiculaire les eaux calmes et limpides. Le soleil de l’après-midi réchauffait sa vieille et sympathique silhouette, si chère aux marins ; c’était la silhouette d’un trois pipes, dont nul n’ignore plus le nom aujourd’hui. Ces vénérables torpilleurs aux trois longues cheminées, qui participèrent pour nombre d’entre eux à l’autre guerre, se sont couverts d’une gloire immense en combattant contre les Anglais.

Avec leur uniforme déjà passé à l’histoire, anachronique peut-être, mais non dépourvu de noblesse ni d’élégance, ils traversent la Méditerranée d’une rive à l’autre aussi infatigables que des jeunes gens, combattant avec vaillance aux côtés des vaisseaux de la nouvelle génération, leur brillante descendance, bien plus rapide, bien plus agile, bien plus puissante. Dans les ports, où défilent de gigantesques flottes parfaitement hérissées de canons, les trois pipes, souvent solitaires, entrent avec modestie, passant presque inaperçus, et mouillent à un quai secondaire ; on a à peine le temps de tourner la tête qu’ils sont déjà repartis. Plus tard, il arrive que le nom de l’un d’eux, marqué du sceau de la victoire, circule parmi les équipages des navires royaux.

Mais revenons à notre torpilleur. Il allait et venait sur la portion de mer qui lui avait été confiée pour laisser à la disposition d’un éventuel ennemi le moins d’espace possible. Depuis la rampe de lancement arrière, réglées pour la profondeur voulue, les grenades fusaient dans la mer ; un semis parfait qui n’avait certes pas la prétention de voir germer chaque graine ; d’ordinaire le produit était stérile, à la surface chaque lancement était peu après suivi d’un gros bouillon, tantôt en forme de fontaine, tantôt en forme de coupole lisse, faite d’écume et d’eau, un petit raz de marée qui très vite finissait dans le néant. Mais il était permis d’espérer qu’une des graines se développât au bout d’un moment et que parût enfin à la surface, au lieu de cette mousse stérile, le nez de l’ennemi transpercé. Il n’y avait pas que des grenades ; le torpilleur tirait derrière lui une mine, amarrée en remorque à un long et fin câble métallique.

Mais tout à coup le câble du torpilleur a lâché. C’est alors que le duel a commencé. Le câble avait été tranché. Lorsque l’on remonta à bord l’extrémité sectionnée, l’on constata qu’il devait avoir heurté quelque chose ; les fibres métalliques, à l’endroit de la déchirure, rappelaient certaines cordes tragiques de tristes aventures alpines. Contre quoi pouvait avoir heurté le câble, si les fonds étaient à plus de mille mètres de profondeur ? Un poisson n’aurait pas suffi à le trancher, même très lourd et volumineux. Il ne pouvait s’agir que du sous-marin.

Tout dépend maintenant de la rapidité et de la précision avec lesquelles s’effectuent à bord la transmission et l’exécution des ordres, de la minutie du commandant dans le calcul de la distance et du temps, de sa présence d’esprit. Le torpilleur réagit, fait demi-tour, avance vers le point où le câble a rompu. Entre-temps on règle le tir des grenades anti-sous-marines : on peut estimer d’après la longueur du câble restant que l’ennemi navigue à quarante, cinquante mètres de profondeur. Tube 1 paré à lancer, tube 2 paré à lancer, tube 3 paré à lancer, tube 4 paré à lancer…, ordonne le commandant, depuis le téléphone de la passerelle, au lieutenant qui se tient à l’arrière. Tous sont à leur poste de combat, prêts à réagir à la moindre surprise. Ces instants durent éternellement. Les marins prient en silence Mon Dieu, faites que nous débusquions ce sous-marin, faîtes que notre navire gagne. Tube 5 paré à lancer, tube 6 paré à lancer ! Les yeux scrutent avec anxiété le sillage, bientôt sillon de l’ensemencement.

Voici le choc sinistre de la première grenade, il semble venir d’un lointain souterrain ; voici un bouillon qui remonte en surface, tout d’écume blanche. Puis un deuxième, puis un troisième. À la quatrième déflagration, en surface ce n’est plus une claire eau de mer qui remonte, mais un flot noirâtre, un flot de mazout. Quelques instants après, à six cents mètres de la poupe un tragique simulacre fait son apparition : la silhouette sombre d’un sous-marin, avec le kiosque incliné d’au moins trente degrés. Il ne fait plus peur. La bête est intacte en apparence, mais l’émersion soudaine et la vive embardée en disent plus long que le teint de cendre sur le visage d’un pestiféré.

Il fait surface au beau milieu d’un bouillonnement frénétique. On dirait une bête furieuse. Cela ne fait aucun doute : le sous-marin a été touché et cherche maintenant un salut désespéré ; il tente de fuir l’abysse qui l’aspire, il voudrait voler, pouvoir s’arracher à la noire masse d’eau. Le commandant avait donné l’ordre des situations critiques : Chasse rapide aux ballasts ! L’air s’était alors engouffré avec furie à l’intérieur de chaque partie du sous-marin, propulsant au-dehors l’eau des doubles-fonds des ballasts, et l’eau avait jailli à l’extérieur libérant momentanément le poitrail du monstre. Le commandant du torpilleur dit : Il expulsait de l’eau de toutes parts, on aurait dit la fontaine de Trevi.

Quel drame se joue à présent à l’intérieur de la coque ? Celle-ci reste à flot quelques secondes. Avant même que le torpilleur ait eu le temps de pointer ses canons, avant même qu’il ait pu l’éperonner, comme c’était son intention, l’ennemi sombre dans l’obscurité. Des bulles grossissent encore à la surface à l’endroit où il a plongé. Le torpilleur passe au-dessus, lance six autres grenades, quelque chose surgira-t-il encore, une preuve définitive de sa mort remontera-t-elle du fond ? En effet, le bâtiment réapparaît, cette fois-ci non plus horizontal mais effroyablement droit, avec la proue au zénith, semblable à un long tube visqueux. Dans un ultime effort de vie, il se dresse pour un dernier salut au ciel et à la lumière. Puis il replonge dans le gouffre comme l’épée dans son fourreau, une mystérieuse et puissante force l’aspire, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un remous tremblant qui s’éteint lentement.

Une dernière bordée de grenades, mais c’est une précaution inutile. En regardant par-dessus bord les matelots voient une sorte d’ombre noire et difforme toujours plus floue ; pendant que jaillissent les jets funèbres du mazout, le sang du monstre remonte du fond du sépulcre à gros bouillons, et se répand par traînées iridescentes et capricieuses. D’autres débris du désastre continuent de remonter, des traces d’huile brûlée, des bouts de bois, d’étranges formes métalliques qui sombrent d’un seul coup. Combien de temps encore durera la mise au tombeau du cercueil d’acier ? La mer n’a aucune hâte désormais et au-dessus les eaux sont tranquilles, le soleil d’été est chaud, le ciel très limpide, la nacelle victorieuse s’éloigne vers sa base pour apporter la nouvelle.

Dino Buzzati. Corriere della Sera du 2 octobre 1941. Chroniques de la guerre sur mer. Les Belles lettres 2014

15 10 1941 

Georgy Joukov, 45 ans, arrive à Moscou. Après avoir été à la tête des troupes russe stationnées en Mandchourie, il avait dirigé les armées de Leningrad ; il avait par chance échappé aux purges stalinienne, et Staline lui a demandé de quitter Leningrad pour venir défendre Moscou. Les Allemands de von Bock viennent de prendre Nyazna, à 150 km de Moscou. Dans un premier temps, ce sera soldats russes contre chars allemands : un carnage : 150 000 morts côté russe, 2 millions de prisonniers. Mais des pluies longues et abondantes viennent au secours des Russes, contraignant les Allemands à suspendre leur offensive.

16 10 1941 

Le Conseil de justice politique de Vichy condamne à la réclusion à perpétuité Blum, Daladier, Mandel et Gamelin pour leur responsabilité dans la défaite. L’instruction suit son cours, mais Pétain veut une condamnation – il la prononce du reste sans jugement en octobre 1941 – et plus encore un procès. C’est là que, contre toute logique, il perd la partie, Blum transformant une cour de justice sous contrôle en tribune politique où l’accusateur devient l’accusé. Si Adolf Hitler fait interrompre le scandale de cette pantomime où son allié se déshonore, l’argumentation impeccable de Blum réhabilite le Front populaire et les prises de notes dactylographiées, dupliquées et diffusées assurent la victoire du captif. Ironique, mais exemplaire.

Philippe-Jean Catinchi. Le Monde du 26 janvier 2014

21 10 1941  

Près de Périgueux,  triple crime au château d’Escoire, qui appartient à Georges Girard, bibliothécaire aux Affaires Étrangères, veuf et à sa sœur Amélie. Ils sont tous deux tués à grands coups de serpette, ainsi que la domestique. C’est son fils Henri 24 ans qui donne l’alerte, le lendemain matin. Il va très rapidement devenir le suspect n°1, au point qu’on ne cherchera même pas de numéro 2, bien qu’aucune preuve formelle ne le désigne : 3 meurtres à coup de serpette, et il n’a pas une seule goutte du sang des victimes sur lui, aucun vol n’a été commis : le porte monnaie de son père contient de l’argent, les bijoux de sa tante sont là ainsi que ses valeurs retirées 3 jours plus tôt de la banque. La veille du crime, une voiture a tourné à plusieurs reprises dans les parages, et on ne la recherchera pas. Il est donc inculpé et va faire 19 mois de prison préventive. Son procès en assises se tiendra en juin 1943 : après une courte délibération, Henri Girard sera acquitté. Le président de la cour d’assises Hurlaux, mouillé dans l’affaire Stavisky, espérait ainsi se refaire une virginité. En 1950, Henri Girard publiera sous le nom de Georges Arnaud – Georges, le prénom de son père, Arnaud le nom de jeune fille de sa mère – Le Salaire de la Peur, dont s’inspirera Henri-Georges Clouzot, avec Yves Montand et Charles Vanel, qui obtiendra le grand prix du festival de Cannes en 1953 (la distinction Palme d’or n’apparaîtra que l’année suivante) et le prix d’interprétation pour Charles Vanel. 7 millions d’entrées.

Outre plusieurs romans, Georges Arnaud publiera avec Jacques Verges Pour Djamila Bouhired et aura affaire à la justice pour sa défense des réseaux Jeanson qui soutenaient le FLN dans la guerre d’Algérie.

22 10 1941 

Guy Moquet, 18 ans, communiste, a commencé à faire de la Résistance sitôt son père Prosper, – député communiste du 17° arrondissement -, condamné à 5 ans de prison en avril 1940. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il y avait eu un pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, et que ce dernier était encore en vigueur lors de la déclaration de guerre en septembre 1939. L’alignement systématique du PC français sur Moscou en faisait donc à la déclaration de la guerre un élément non grata, qui fut donc dissous le 26 septembre par Daladier. Prosper Moquet fut arrêté le 10 octobre 1939, et connut un procès à huit clos comme tous les autres élus communistes. Déchu de son mandat en février 1940, condamné à 5 ans de prison en avril 1940, il fut déporté au bagne de Maison Carrée, en Algérie, en mars 1941. La rupture du pacte germano soviétique est le fait d’Hitler en juin 1941, quand il envahit la Russie. Dénoncé, Guy Moquet a été arrêté le 13 octobre 1940 à la gare de l’Est, et, bien qu’acquitté le 23 janvier 1941, il reste en prison : la Santé, Fresnes, Clairvaux, puis le camp de Chateaubriant, entre Rennes et Nantes à la mi-mai 1941, où il retrouve 4 000 autres prisonniers politiques.

Le 20 octobre 1941, Karl Hotz est tué à Nantes par trois militants communistes. Il commandait les troupes d’occupation de la Loire inférieure, après avoir travaillé à Nantes de 1929 à 1933 pour le compte de l’entreprise Brandt, de Düsseldorf,  qui réalisait la construction du canal tunnel Saint Felix. Hitler ordonne aussitôt l’exécution de 50 otages, puis d’autant si les auteurs ne se sont pas dénoncés. De Gaulle condamnera cette stratégie qui envoie inéluctablement des otages innocents à la mort. Pierre Pucheu pour éviter la mort de 50 bons Français finit par donner une liste de 50 communistes : 27 à Chateaubriant, 18 à Nantes et 5 au Mont Valérien. Guy Moquet est le plus jeune d’entre eux : 17 ans.

Ma petite maman chérie, Mon tout petit frère adoré, Mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, à toi en particulier petite maman, c’est d’être très  courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino [6]. Quant à mon véritable je ne peux le faire hélas ! J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées,  elles pourront servir à Serge, qui, je l’escompte sera fier de les porter un jour.

À toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue pour la dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie, qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels [7]. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, Papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime

24 10 1941

De Gaulle reçoit à Londres Jean Moulin. Les deux hommes ne se connaissent pas, s’épient, se jaugent : de Gaulle lance : Comment voulez-vous faire des soldats avec des types qui font dérailler des trains ? Leur destin se noue : Jean Moulin va devenir le chef de l’armée des ombres. La même année, de Gaulle confie au général Odic : N’avouez jamais que l’armistice ne pouvait être évité, et aussi, dans une autre occasion : Je préfère donner aux Français des mensonges qui les élèvent plutôt que des vérités qui les abaissent.

28 10 1941    

Jacques Truelle, représentant la France en Roumanie, envoie au ministère des Affaires Etrangères un rapport sur les déportations de Juifs de Bucovine et de Bessarabie :

Les persécutions contre les Juifs commencées déjà avant la guerre contre la Russie sont en vive recrudescence.

Les Israélites de Bucovine et de Bessarabie, y compris vieillards et enfants viennent d’être déportés dans les conditions les plus inhumaines et envoyés en quelques heures à marche forcée vers des destinations inconnues au-delà du Bug. Il s’agit d’un projet que le gouvernement roumain nourrit depuis quelque temps habilement encouragé par les Allemands et qui tend à l’extermination complète des Israélites de cette région.

En même temps une propagande intense qui n’est pas sans porter ses fruits attribue aux Juifs la responsabilité des difficultés économiques et de celles que rencontrent les Roumains dans les territoires qu’ils ont repris et à Odessa. C’est ce que laisse entendre le maréchal Antonesco dans une lettre publiée dans la presse qu’il a envoyé au président des communautés juives de Roumanie en réponse à une protestation que ce dernier lui avait adressée.

Les Roumains ayant gardé une certaine indépendance de jugement, les industriels et les milieux d’affaire blâment vivement cette campagne et le caractère inique des mesures en question. Ils sont inquiets des effets qu’elles peuvent avoir sur la vie économique du pays en particulier sur celle des régions reprises, déjà fort mal administrées et où l’on aurait besoin d’unir toutes les forces. Enfin ils voient également le danger que ces persécutions qui prennent l’aspect d’un véritable pogrom, pourront produire pour la cause roumaine quand elles seront connues à l’étranger. Une fois de plus, ils comparent l‘attitude de leur gouvernement à celle du Gouvernement hongrois qu’ils estiment à juste titre, plus humaine, et par conséquent, plus prudente.

Télégramme adressé à Vichy. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Europe, vol. 685, P 38. Communiqué Ankara, Budapest et Sofia.

Et encore, du même Jacques Truelle, le 10 novembre sur le sort des Juifs de Bucovine et de Bessarabie : Jusqu’à présent, […] on pouvait croire que les persécutions étaient dues à des initiatives de quelques militaires isolés ou de tyranneaux locaux. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute qu’on est en présence d’un plan systématique d’extermination conçu déjà depuis quelque temps.

Du 22 octobre au 1° novembre 1941, ce sont 20 000 Juifs qui auront été massacrés par l’armée roumaine. En 2019 on pourra voir sur les écrans : Peu importe si l’Histoire nous considère comme des barbares, de Radu Jude avec Ioanna Jacob, Alexandru Dabidja, Alex Bogdan. Le titre est une citation du maréchal Antonescu de juin 1941.

À Alger, Jacques Derrida, juif, est congédié de l’école publique.

31 10 1941

L’affaire avait déjà été bien avancée par la III° république : l’Etat instaure une inspection médicale du Travail.

10 1941

Mgr Roncalli, délégué apostolique du Vatican en Turquie et en Grèce, futur pape Jean XXIII après la mort de Pie XII, est reçu en audience par Pie XII : il m’a demandé si son absence apparente de réaction au sujet du nazisme n’était pas mal jugée par ses contemporains

10 11 1941  

Création de la SNPA – Société Nationale des Pétroles d’Aquitaine -. La  guerre avait privé la France de ses approvisionnements traditionnels : Irak, États-Unis, Roumanie. Du gaz avait été découvert dans la région de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) juste avant la guerre et la prospection du sous-sol français s’était concentré sur l’Aquitaine.

15 11 1941 

L’Association des Français de Grande Bretagne, ralliée à de Gaulle, l’invite à présenter son action et son programme à l’Albert Hall à l’ensemble des Force Françaises Libres.

Ce que nous sommes ?  Nous sommes des Français de toute origine, de toute condition, de toute opinion, qui avons décidé de nous unir dans la lutte pour la liberté du pays.

[…] Il est plaisant d’observer que les Français libres sont jugés, le même jour, à la même heure, comme inclinant vers le fascisme, préparant la restauration d’une monarchie constitutionnelle, poursuivant le rétablissement intégral de la République parlementaire, visant à remettre au pouvoir les hommes politiques d’avant-guerre, spécialement ceux qui sont de race juive ou d’obédience maçonnique, ou enfin poussant au triomphe de la doctrine communiste. Quant à notre action extérieure, nous entendons les mêmes voix déclarer, suivant l’occasion, ou que nous sommes des anglophobes dressés contre la Grande Bretagne, ou que nous travaillons de connivence avec Vichy, ou que nous nous fixons pour règle de livrer à l’Angleterre les Territoires de l’Empire français à mesure qu’ils se rallient.

[…] L’article I° de notre politique consiste à faire la guerre, c’est-à-dire à donner la plus grande extension  et la plus grande puissance possible à l’effort français dans le conflit. […] Sa grandeur est la condition sine qua non de la paix du monde. Il n’y aurait pas de justice si justice n’était pas rendue à la France. […]

Si l’on a pu dire que cette guerre est une révolution, cela est vrai pour la France plus que pour tout autre peuple. Une nation qui paie si cher les fautes de son régime politique, social, moral, et la défaillance ou la félonie de tant de chefs, une nation qui subit si cruellement les efforts de désagrégation physique et morale que déploient contre elle l’ennemi et ses collaborateurs, une nation dont les hommes, les femmes, les enfants, sont affamés, mal vêtus, mal chauffés, dont deux millions de jeunes gens sont tenus captifs pendant des mois et des années dans des baraques de prisonniers, des camps de concentration, des bagnes ou des cachots, une nation à qui ne sont offertes, comme solution et comme espérance, que le travail forcé pour le compte de l’ennemi, le combat entre ses propres enfants et ses fidèles alliés, le repentir d’avoir osé se dresser face aux frénésies conquérantes de Hitler, et le rite des prosternations devant l’image du Père la Défaite, il serait puéril d’imaginer, dis-je, que cette nation soit autre chose qu’un foyer couvant sous la cendre. Il n’y a pas le moindre doute que de la crise terrible qu’elle traverse sortira, pour la nation française, un vaste renouvellement.

[…] Quant aux bases de l’édifice futur des institutions françaises, nous prétendons pouvoir les définir par conjonction des trois devises qui sont celle des Français libres. Nous disons : Honneur et patrie, entendant par là que la nation ne pourra revivre que dans l’air de la victoire et ne subsister que dans le culte de sa propre grandeur. Nous disons : Liberté, Égalité, Fraternité, parce que notre volonté est de demeurer fidèles aux principes démocratiques que nos ancêtres ont tiré du génie même de notre race et qui sont l’enjeu formidable de cette guerre pour la vie ou la mort. Nous disons : Libération, et nous disons cela dans la plus large acception du terme, car si l’effort ne doit pas se terminer avant la défaite et le châtiment de l’ennemi, il est d’autre part nécessaire qu’il ait comme aboutissement, pour chacun des Français, une condition telle qu’il lui soit possible de vivre, de penser, de travailler, d’agir, dans la dignité et dans la sécurité. Voilà l’article 3 de notre politique. La route que le devoir nous impose est longue et dure. Mais peut-être le drame de la guerre est-il à son point culminant.

Charles de Gaulle

20 11 1941 

Hadj Amin al-Husseini, féroce antisémite qui a déjà déclenché plusieurs pogroms en Palestine, grand mufti de Jérusalem, fait un saut à Berlin pour préparer la rencontre à venir avec Hitler

The roots of the Israeli-Palestinian conflict - The Jerusalem Post

Amin al-Husseini, the mufti of Jerusalem, meets German Foreign Minister Joachim von Ribbentrop in Berlin, November 20, 1941.

27 11 1941    

Le Liban proclame son indépendance.

28 11 1941

Hadj Amin al-Husseini, grand mufti de Jérusalem, rencontre Hitler. Dès 1920, il avait dressé l’ébauche d’une solution finale au problème juif en Europe. On trouve dans sa famille un certain Yasser Arafat.

Hajj Amin al-Husayni: Wartime Propagandist

Les Arabes sont les amis naturels de l’Allemagne parce qu’ils ont les mêmes ennemis, les Anglais, les juifs et les communistes

11 1941

Répondant à l’invitation de Joseph Goebbels, Robert Brasillach, Pierre Drieu La Rochelle, Jacques Chardonne, Marcel Jouhandeau, Ramon Fernandez [père de Dominique], André Fraignaud, Abel Bonnard participent à Weimar, patrie de Goethe, à un congrès nazi sur la culture.

à Berlin

Jacques Chardonne

Pierre Chaillet S.J. entouré de Jean Martinet, imprimeur de Combat, d’Alexandre Marc, militant de la gauche euro-chrétienne, de Louis Cruvillier et de Gaston Fessard S.J. sort le premier numéro de Témoignage Chrétien ; la publication s’est faite chez les grands parents de Valérie Pécresse. Le titre initial était Cahier du Témoignage catholique, mais à la dernière minute, Pierre Chaillet, soucieux de faire participer des protestants à l’entreprise mettra un bandeau pour masquer Catholique le remplaçant par Chrétien. On pouvait y lire un France, prends garde de perdre ton âme de Gaston Fessard. L’orientation principale du journal était la lutte contre l’antisémitisme déjà déclaré de Vichy. Plus tard, après la guerre, il sera à la pointe du combat pour l’indépendance de l’Algérie, et donc le soutien au FLN.

Rosemary Kennedy est sœur cadette de John ; née le 3 septembre 1918, son cerveau aurait alors été insuffisamment irrigué, car la sage-femme, voulant attendre l’arrivée du médecin, aurait demandé à sa mère Rose de serrer les jambes pour retarder la naissance ! La mère s’était assez vite aperçu d’un certain retard quand elle fût en âge de marcher. Malgré tout, elle avait tout de même obtenu en mars 1939 un diplôme d’enseignante chez les sœurs de l’Assomption à New-York. Mais Joseph, son père, ne parvient pas à accepter la situation et prend, seul,  la décision de la faire opérer, en dépit de toutes les mises en garde venues des uns et des autres. En fait, c’est une lobotomisation qui est pratiquée : déficiente mentale légère en arrivant sur la table d’opération, elle en ressort déficiente mentale profonde ! Elle passera l’essentiel du reste de sa vie enfermée dans le couvent de St Coletta, dans le Wisconsin. Elle mourra le 7 janvier 2005.

Mais, même au sein d’une fratrie, le plus souvent c’est chacun sa vie, et John, 24 ans rencontre Inga Arvad, danoise de quatre ans son aînée, par le biais de Kathleen Kennedy, sa sœur cadette  : elle a donc déjà quelques heures de vol, a été élue Miss Danmark 10 ans plus tôt, et en est à son second mariage, protestante, plutôt très proche des milieux nazis – elle a eu une place dans la loge du Führer au Jeux Olympiques de Berlin -. Ils se plaisent et deviennent amants. Mais c’était sans compter avec Edgar Hoover, grand maître du FBI, qui avait Inga dans le viseur – il avait des preuves – et la tenait pour une espionne nazie. Après avoir obtenu en décembre 1936, l’abdication d’Edouard VII d’Angleterre qui voulait épouser la sulfureuse Wallis Simpson, il n’allait tout de même pas se laisser amadouer par une encore plus sulfureuse danoise : il en parle à Joe Kennedy, père de John qui met les choses au point avec son fils : fiston, je n’ai rien contre ta belle Inga, je l’apprécie même beaucoup, mais il faut bien reconnaître qu’elle joue dans un autre camp que le nôtre. Si jamais cela se sait, tu ne pourras même pas entrer dans la Marine. Oublie la, cela vaut mieux pour toi. Et le fiston de se dire : Bah, une de perdue, dix de retrouvées ! Quelques jours plus tard, les Etats-Unis d’Amérique entraient en guerre contre l’Allemagne et le Japon.

5 12 1941   

L’Angleterre déclare la guerre à la Roumanie, à la Finlande et à la Hongrie. Par des températures de – 20 °C, les quarante divisions retirées du front de Mongolie par Joukov, bien équipées pour l’hiver, contre-attaquent au nord et au sud de Moscou. Cela représente 700 000 hommes. Staline s’était finalement laissé convaincre de dégarnir l’est où, craignant toujours une attaque japonaise, en dépit du pacte de non agression signé en avril 1941, il voulait maintenir des forces en nombre pour les affronter. Lorsque Von Bock n’est qu’à 30 km de Moscou, la température s’abaisse jusqu’à – 30° centigrades : les tanks ne démarrent plus, les armes gèlent ; c’est le moment qu’attendait Joukov pour lancer sa contre-offensive, aidé par une aviation reconstruite ; les Russes avaient l’avantage sur les Allemands d’avoir des usines d’armement qui avaient déménagé pour s’installer à l’abri du front, à l’est de l’Oural, et qui pouvaient tourner à plein régime et fournir des avions plus performants que ceux de la Luftwaffe et des chars T34 plus performants aussi que les Panzers allemands. Cette contre-offensive russe fera reculer le front allemand à 120 km de Moscou, distance sur laquelle le front s’enlisera pour le reste de la guerre.

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[1] Tristan Bernard, comme Victor Hugo, étaient nés tous deux à Besançon, qui plus est, dans la même rue : Victor Hugo est né au n° 138 de la rue ; moi, plus modestement je ne suis né qu’au n° 23. Il y a une plaque sur sa maison natale et sur la mienne aussi, mais c’est celle de la compagnie du Gaz.

[2] Agatha Christie avait épousé en secondes noces sir Max Mallowan, un archéologue spécialiste du Moyen-Orient, qui avait quinze ans de moins qu’elle.  L’histoire lui prêtera une répartie… qui n’est pas d’elle mais d’un chroniqueur londonien, Beverley Nichols qui voulait se moquer d’elle : Un archéologue est le meilleur mari qu’une femme puisse avoir : plus elle vieillit, plus il s’intéresse à elle. Elle mourra en 1976 à 85 ans, son mari en 1978 à 74 ans. 

[3] qui raconte qu’un jour où il déjeunait le dimanche à midi avec son père, 84 ans, il lui demanda ce qu’il allait faire cette après-midi : Je vais au Louvre. Et pourquoi au Louvre ? Pour apprendre.

[4] Un très beau roman retrace l’histoire des Allemands de la Volga, sur fond de l’histoire réelle : Les Enfants de la Volga de Gouzel Iakhina, aux Editions Noir sur Blanc 2021.

[5] La BBC, où l’on entend fréquemment une petite fille de 9 ans qui chante en français : Petula Clark.

[6] Roger et Rino

[7] Michels