Publié par (l.peltier) le 28 décembre 2008 | En savoir plus |
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Dès que le langage permit à un homme de dire à une femme, et réciproquement : tu me plais, le phénomène de la simple reproduction se compliqua bigrement : la grande affaire de la femme et de l’homme était partie pour durer bien longtemps. Elle est d’abord la fondation de ce que nous pensons :
La différence anatomique et physiologique entre l’homme et la femme, apparue comme irréductible dès l’aube de l’humanité pensante, est à l’origine de notre système fondamental de pensée, qui fonctionne sur le principe de la dualité : chaud/froid, lourd/léger, actif/passif, haut/bas, fort/faible… Dans le monde entier, les systèmes conceptuels et langagiers sont fondés sur ces associations binaires, qui opposent des caractères concrets ou abstraits et sont toujours marqués du sceau du masculin ou du féminin. Nous penserions sans doute autrement si nous n’étions soumis à cette forme particulière de procréation qu’est la reproduction sexuée.
Françoise Héritier
Si l’on tient à savoir comment ça marche, de quoi donc est fait le coup de foudre, on peut lire les ouvrages de Lucy Vincent [Comment devient-on amoureux ? chez Odile Jacob en 2004, La formule du désir, chez Albin Michel en 2009]. L’essentiel, étendu à l’émotionnel en général, est déterminé par 7 hormones. La croissance, l’efficacité des ces hormones est étroitement liée à l’environnement affectif du bébé, leur grand frein étant le stress, la violence [Pour une enfance heureuse. Dr Catherine Gueguen Robert Laffont 2014]
Si l’on préfère un langage moins scientifique, plus au ras des pâquerettes, cela existe, avec le mérite de dire clairement la grande difficulté de l’affaire : mais qui est donc le chef dans cette maison ? … mademoiselle, je veux rencontrer le responsable de l’établissement…
Le corps humain est un royaume ou chaque organe veut être le roi,
Il y a chez l’homme 3 leaders qui essayent d’imposer leur loi,
Cette lutte permanente est la plus grosse source d’embrouille,
Elle oppose depuis toujours la tête, le cœur et les couilles.
Que les demoiselles nous excusent si on fait des trucs chelous,
Si un jour on est des agneaux et qu’le lendemain on est des loups,
C’est à cause de c’combat qui s’agite dans notre corps,
La tête, le cœur, les couilles discutent mais ils sont jamais d’accords.
Mon cœur est une vraie éponge, toujours prêt à s’ouvrir,
Mais ma tête est un soldat qui s’laisse rarement attendrir,
Mes couilles sont motivées, elles aimeraient bien pé-cho cette brune,
Mais y’en a une qui veut pas, putain ma tête me casse les burnes.
Ma tête a dit a mon cœur qu’elle s’en battait les couilles,
Si mes couilles avaient mal au cœur et qu’ça créait des embrouilles,
Mais mes couilles ont entendu et disent à ma tête qu’elle a pas d’cœur,
Et comme mon cœur n’a pas d’couilles, ma tête n’est pas prête d’avoir peur.
Moi mes couilles sont têtes en l’air et ont un cœur d’artichot,
Et quand mon cœur perd la tête, mes couilles restent bien au chaud,
Et si ma tête part en couilles, pour mon cœur c’est la défaite,
J’connais cette histoire par cœur, elle n’a ni queue ni tête.
Moi les femmes j’les crains, autant qu’je suis fou d’elles,
Vous comprenez maintenant pourquoi chez moi c’est un sacré bordel,
J’ai pas trouvé la solution, ça fait un moment qu’je fouille,
Je resterais sous l’contrôle d’ma tête, mon cœur et mes couilles.
Grand Corps Malade (Fabien Marsaud, dans le civil). 2006
Aucune entreprise, aucune dictature, aucune catastrophe, aucune folie, vilenie, méchanceté, perversion ne viendront à bout de l’amour, qui renaîtra sur toutes ruines, sur toutes cendres. On le déclinera en tout temps et en tout lieu, il emmènera l’homme dans la mélancolie tout comme dans l’exaltation, et parfois même… dans le bonheur.
L’amour est un sentiment admirable… mais aussi une ruse de la nature pour reproduire l’espèce.
Schopenhauer
Et Régis Debray enchaîne : Que l’amour soit un attrape-nigaud à fonction démographique n’empêche pas qu’on se suicide authentiquement par amour.
*****
Il ne s’agit pas seulement des exigences de la chair. Non, ce n’est pas si simple. La chair, elle, se satisfait à bon compte. Mais c’est le cœur qui est insatiable, le cœur qui a besoin d’aimer, de désespérer, de brûler de n’importe quel feu… C’était cela que nous voulions. Brûler, nous consumer, dévorer nos jours comme le feu dévore les forêts.
Irène Némirovsky. Chaleur du sang. Denoël 2007
Voilà sept jours que je n’ai vu la bien-aimée.
La langueur s’est abattue sur moi.
Mon cœur devient lourd.
J’ai oublié jusqu’à ma vie.
Même si les premiers des docteurs viennent à moi,
Mon cœur n’est point apaisé par leurs remèdes…
Ce qui me ranimera, ce sera de me dire : La voici !
C’est son nom seul qui me remettra sur pied…
Ma sœur me fait plus d’effet que tous les remèdes ;
Elle est plus, pour moi, que toutes les prescriptions réunies.
Ma guérison, c’est de la voir entrer ici :
Quand je la regarde, alors je suis à l’aise….
Quand je la baise, elle chasse de moi tous les maux !
Hélas ! depuis sept jours elle m’a quitté.
Papyrus Harris 500. Égypte vers -1350
Pour certains, la plus belle des choses, c’est une troupe de cavaliers ;
Pour d’autres, un défilé de fantassins ;
Pour d’autres enfin, une escadre en mer.
Mais pour moi, c’est de voir quelqu’un se mettre à aimer quelqu’un.
Sappho, poétesse grecque. Lesbos, vers ~ 625-580
Personne, auparavant, ne m’avait été plus cher que toi,
Et nul, ensuite, ne le fut autant.
Mon amour pour toi, le bonheur que tu me donnes, sont le souffle même de ma vie.
Il devait en être ainsi jusqu’à la fin de mes jours.
Voilà ce que je pensais : avec ma bien-aimée je vivrai
Heureux jusqu’au terme de mon existence, sans tromperie ni faux-semblant.
Seul le dieu Karman connaissait le fond de ma pensée.
Et c’est pourquoi il a semé la discorde, déchirant un cœur qui t’appartenait.
Il t’a emmenée, me séparant de toi et me plongeant dans toutes sortes de chagrin.
Cette joie que tu me procurais, il me l’a enlevée.
Poème tokharien [bassin du Tarim, dans l’actuel Turkestan chinois]. Vers 100 ap. J.C.
Il faut aller sur le chemin où toutes les soifs s’en vont.
Alors la femme tire le rêve de l’homme dans la matière.
Et l’homme tire la force de la femme dans la lumière.
Et ils marchent ensemble.
S’il ne crée pas, il la perd,
Si elle ne monte pas, elle le détruit.
Bernard Erginger, alias Satprem. Paris, 1923-2007
Bernard Erginger a été nommé Satprem le 3 mars 1957 par Mira Alfassa, alias Mère, juive de mère égyptienne, de père turc, née à Paris en 1878, fondatrice d’Auroville en Inde de 1968. Il a été son confident pendant près de 20 ans de 1953 à 1973.
Par sa joie ma dame peut guérir,
par sa colère elle peut tuer,
par elle le plus sage peut sombrer dans la folie,
le plus beau perdre sa beauté,
le plus courtois devenir un rustre,
et le plus rustre devenir courtois.
*****
Notre amour va ainsi
comme la branche d’aubépine
sur l’arbre, tremblante,
la nuit, à la pluie et au gel,
jusqu’au lendemain quand le soleil s’étire
sur le feuilles vertes et les rameaux.
Encore…
il me souvient de ce matin
où prit fin notre guerre.
Elle me fit un don si grand :
son corps aimant et son anneau.
Et encore… que Dieu me laisse vivre
tant que je peux glisser mes mains
sous son manteau.
*****
Toute la joie du monde est nôtre, dame, si tous les deux nous nous aimons.
Guillaume d’Aquitaine, comte de Poitiers 1071-1126.
Quand l’herbe pousse drue et la feuille s’étire
et la feuille pointe à la branche
et le rossignol haut et clair
lance sa vois et module son chant,
joie: lui ; joie : la fleur ;
joie : moi-même ;
joie : ma dame passe au-dessus de tout.
De toute part la joie m’enclôt et me guide,
mais elle seule est joie qui tout autre anéantit.
Quand je vois l’alouette étirer
de joie ses ailes au soleil,
s’oublier et se laisser choir
la cœur pâmé de douceur,
aïe… j’envie tellement
ceux qui se réjouissent ainsi.
C’est merveille que sur-le champ
mon cœur n’en fonde pas de désir !
En joie je commence ce poème,
en joie je continue et le finis.
Si l’homme en est la fin,
bon sera le commencement,
me vient joie, allégresse.
De la juste fin, je rends grâce.
L’acte juste ne se loue qu’un fois mené à la fin !
Bernard de Ventadour. 1125 – 1200
Je dois à Laure tout ce que je suis.
Je ne serais point arrivé à un certain degré de renommée,
si elle n’avait, par de nobles sentiments,
fait germer ces semences de vertus
que la nature avait jetées dans mon cœur.
Elle tira ma jeune pensée de toute bassesse,
et me donna des ailes pour prendre mon vol
et contempler en sa hauteur la Cause première,
puisque c’est un effet de l’amour de transformer
les amants et de les rendre semblables à l’objet aimé
Pétrarque. Dialogues avec Saint Augustin
Nous sommes les deux morceaux d’une étoile qui s’est brisée, en tombant un jour sur la terre.
Agnès Sorel à Jacques Cœur, selon Jean Christophe Rufin
L’amour de moy s’y est enclose,
dedans un joli jardinet
où croist la rose et le muguet
et aussi fait la passerose
Manuscrit de Bayeux, antérieur à 1514
Pierre de Ronsard 1524-1585
Je vous supplie d’avoir souvenance de celui qui n’a jamais aimé et n’aimera jamais que vous.
Henri II à Diane de Poitiers, 1557
Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais
Je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »
Michel de Montaigne 1533 – 1592
Mon amant me délaisse o gué, vive la rose ! Anonyme
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie
Jean-Pierre Claris de Florian 1755-1794
Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat
André Chénier 1762-1794
Je t’aime un peu plus de tout le temps qui s’est écoulé depuis ce matin
Victor Hugo. Cosette à Marius. Les Misérables
Ami, ne t’en vas plus si loin
D’un peu d’aide j’ai grand besoin
Quoiqu’il m’advienne
Je ne sais où va mon chemin,
Mais je marche mieux quand ma main
Serre la tienne.
Alfred de Musset. À mon frère revenant d’Italie. 1844
Tu étais pour moi la plus maternelle des femmes
tu étais un ami comme le sont les hommes,
au regard tu étais une femme,
et tu étais plus souvent encore un enfant.
Tu étais la chose la plus tendre que j’ai rencontrée,
tu étais la chose la plus dure avec laquelle j’ai lutté.
Tu étais la cime qui m’avait béni
Et tu devins l’abîme qui m’engloutit
Rainer Maria Rilke à Lou Andreas-Salomé, vers 1900
Et dans la nuit sombre nos corps enlacés
Ne faisaient qu’une ombre lorsque je t’embrassais
Nous échangions ingénument joue contre joue bien des serments
Tous deux, Lily Marlène, tous deux, Lily Marlène.
Willy Schaffers 1928 Karl Heintz Reintger 1941, Chantée entre autres par Marlène Dietrich
Quelque part, chez Romain Gary, il est deux amants qui librement pratiquent folâtrement dans les draps sans mignardise sur les hauteurs de Cannes. Au bout de quelques jours, il lui dit :
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme, au passant qui chante, on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
J’ai tout appris de toi, pour ce qui me concerne,
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu,
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes,
N’est-ce pas un sanglot de la déconvenue,
Une corde brisée aux doigts du guitariste ?
Et pourtant, je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues,
Terre, terre, voici ses rades inconnues
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
Louis Aragon. Extrait du Roman inachevé.
Il n’y a pas d’amour heureux
Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux
Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désœuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux
Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux.
Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux
Louis Aragon, ou René Tavernier, [père de Bertrand le cinéaste.] La Diane française 1944
Sur la même mélodie sera aussi chantée la Prière de Francis Jammes – 1868-1938, poète basque
Brassens a utilisé deux fois la même mélodie, d’abord sur le poème d’Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux, puis sur celui de Francis Jammes, La Prière.
Il s’en est expliqué dans une interview où il raconte qu’au XIX° siècle circulaient des mélodies de base (un peu comme pour le blues en jazz) sur lesquels les chanteurs pouvaient faire coller les paroles qu’ils avaient composées. Ces mélodies passe-partout s’appelaient des timbres.
Les timbres ont été utilisés jusque dans les années 50 en France, notamment par les chansonniers du Grenier de Montmartre (sur Paris Inter) qui écrivaient ou même improvisaient des couplets d’actualité sur des airs standards, dont le public reprenait les refrains. [à côté du titre on lisait : se chante sur l’air de …]
Mais voyant que ce qu’il avait cherché à ressusciter était mal compris, (Qui c’est ce flemmard qui nous sert deux chansons sur le même air ?) Brassens ne renouvela pas l’expérience.
analyse Brassens
La prière
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
tandis que des enfants s’amusent au parterre ;
et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
son aile tout à coup s’ensanglante et descend
par la soif et la faim et le délire ardent :
Je vous salue, Marie
Par les gosses battus par l’ivrogne qui rentre,
par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
et par l’humiliation de l’innocent châtié,
par la vierge vendue qu’on a déshabillée,
par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue, Marie.
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
s’écrie : Mon Dieu ! Par le malheureux dont les bras
ne purent s’appuyer sur une amour humaine
comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène ;
par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne :
Je vous salue, Marie.
Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
par le malade que l’on opère et qui geint
et par le juste mis au rang des assassins :
Je vous salue, Marie.
Par la mère apprenant que son fils est guéri,
par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid,
par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
par le baiser perdu par l’amour redonné,
et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je vous salue, Marie.
Francis Jammes, Rosaire, du recueil L’Église habillée de feuilles 1953
par Patachou (qui mettra les pieds à l’étrier de Georges Brassens pour lui ouvrir les portes du showbiz en 1952)
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité…
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos 1900-1945
Edward Elgar pour la musique, Christine Mattei Barraud pour l’interprétation
elle est le grand soleil qui me monte à la tête quand je suis sûr de moi. Paul Eluard
Cette longue traversée du Xinjiang au Cachemire, qui se déroula le plus longtemps au fin fond de la solitude m’a paradoxalement aidée à découvrir l’importance de la personne humaine et la merveilleuse force créatrice de l’homme. Je sais maintenant que vivre en solitaire est aussi impossible que vivre sans respirer et que rien n’est plus beau ni plus satisfaisant que les rapports humains : amour, amitié, camaraderie, sympathie.
Anne Philipe, 1948
Elle était alors l’intruse dans mon voyage, elle en est à présent la boussole. L’amour est toujours une intrusion. Le hasard se fait chair, la passion se fait raison. […] L’amante, un champ de fleurs, mes doigts et mes lèvres, un essaim d’abeilles.
Amin Maalouf. Le périple de Baldassare
Only you Les Platters
Love me, love me tender, love me sweet Elvis Presley
Mon corps plein de toi ne vit que sous tes doigts fins de princesse. Julos Beaucarne
Elle avait de jolis yeux, mon guide, Nathalie. Gilbert Bécaud
Tu me fais tourner la tête,
mon manège à moi, c’est toi,
je suis toujours à la fête,
quand tu me tiens dans tes bras,
Je ferais le tour du monde,
ça ne tournerai pas plus que ça,
la Terre n’est pas assez ronde,
mon manège à moi, c’est toi .
Edith Piaf, sur un texte de Norbert Glanzberg
Pour la première fois je ressentais au contact d’une femme qu’il n’y aurait ni camaraderie ni amitié mais quelque chose de fiévreux de ténébreux d’irrésistible et de fatal. Je sus qu’il n’y avait pas de hasard. Ce qui venait de se rencontrer à travers nous nous dépassait. Tu étais cette autre part du monde qu’il me fallait rejoindre. Tu me souriais et me tendais les mains depuis l’autre rive.
Serge Rezvani Variations sur les jours et les nuits. Seuil 1985. Elle, c’est Danièle Adenot, qu’Alzheimer emportera en 2004.
L’Amandier. Marie Laforêt 1970
Madame ma voisine. Anne Sylvestre 1960
Como tù Paco Ibañez
And here’s to you, Mrs Robinson | Et à la votre, Mme Robinson |
Jesus loves you more than you will know, wo, wo, wo | Jésus vous aime plus que vous ne le saurez jamais, wo, wo, wo |
God bless you please, Mrs Robinson | Que Dieu vous bénisse, Mme Robinson |
Heaven holds a place for those who pray | Le paradis garde une place pour ceux qui prient |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
We’d like to know a little bit about you for our files | Nous aimerions en connaître un peu sur vous pour nos archives |
We’d like to help you learn to help yourself | Nous aimerions vous aider à apprendre à vous débrouiller toute seule |
Look around you, all you see are sympathetic eyes | Regardez autour de vous, tout ce que vous voyez ne sont que des yeux pleins de sympathie |
Stroll around the grounds until you feel at home | Flânez sur les terres jusqu’à ce que vous trouviez votre chez vous |
Hide it in a hiding place where no one ever goes | Dissimulez ceci dans un lieu dérobé où personne n’est jamais allé |
Put it in your pantry with your cupcakes | Rangez-le dans votre garde-manger avec vos petits gâteaux |
It’s a little secret, just the Robinsons’ affair | C’est un petit secret, ne concernant que les Robinson |
Most of all, you’ve got to hide it from the kids | Plus que tout le reste, vous devez le préserver des gosses |
Coo, coo, ca-choo, Mrs Robinson | Coo, coo, ca-choo, Mme Robinson |
Jesus loves you more than you will know, wo, wo, wo | Jésus vous aime plus que vous ne le saurez jamais, wo, wo, wo |
God bless you please, Mrs Robinson | Que Dieu vous bénisse, Mme Robinson |
Heaven holds a place for those who pray | Le paradis garde une place pour ceux qui prient |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
Sitting on a sofa on a sunday afternoon | Assise dans un sofa un dimanche après-midi |
Going to the candidates debate | Allant au débat de candidats |
Laugh about it, shout about it | Riez à ce propos, criez à ce propos |
When you’ve got to choose | Lorsque vous devez choisir |
Ev’ry way you look at it, you lose | Quelle que soit la manière dont vous le regardez, vous y renoncez |
Where have you gone, Joe Dimaggio | Où êtes vous allé, Joe Dimaggio(1) |
A nation turns its lonely eyes to you, woo, woo, woo | Une nation tourne ses yeux solitaires vers vous, woo, woo, woo |
What’s that you say, Mrs Robinson | Qu’est-ce que vous dites, Mme Robinson |
Joltin’ Joe has left and gone away | Joltin’ Joe nous a quitté et il s’en est allé |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
Hey, hey, hey… | Hé, hé, hé… |
(1) Joueur de baseball, marié neuf mois à Marilyn Monroe, d’une extrême popularité aux USA
De ses deux bras tendus, elle fait l’horizon et le ciel
Et sa tête en se balançant fait toute la course du soleil.
Julien Clerc
Tour,
Un petit tour,
Au petit jour,
Entre tes bras
Michel Delpech
J’ai un problème, je crois bien que je t’aime Johny Hallyday, Sylvie Vartan
Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis Yves Montand
Bien sûr nous eûmes des orages
Vingt ans d’amour, c’est l’amour fol
… Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin des jours
Je t’aime encore tu sais je t’aime
… Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
Jacques Brel
J’ai le cœur qui bat quand tu t’approches de moi. Eva
J’avais des choses à te dire, mais je ne trouve pas les mots, il va falloir que tu lises, entre les lignes, entre les mots.
Mélina Mercouri
Elle me donne sa main et moi je sais que je ne la lui rendrai plus. Erri De Luca
Je chante un baiser. Alain Souchon
Corps, souviens-toi
Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.
Constantin Cavafy, poète d’Alexandrie, en Égypte. Traduction du grec de Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.
Gracias a la vida Mercedes Sosa Paroles et musique de Violeta Parra. 1°mai 2009
Gracias a la vida | Merci à la vie |
Que me ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me dio dos luceros | Elle m’a donné deux étoiles |
Que cuando los abro | Qui quand je les ouvre |
Perfecto distingo | Distinguent parfaitement |
Lo negro del blanco | Le noir du blanc |
Y en el alto cielo su fondo estrellado | Et dans le ciel haut son fond étoilé |
Y en las multitudes | Et dans les multitudes |
El hombre que yo amo. | L’homme que j’aime |
Gracias a la vida | Merci à la vie |
Que me ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me ha dado el oído | Elle m’a donné l’ouïe |
Que en todo su ancho | Que dans toute sa grandeur |
Graba noche y día | Qui enregistre nuit et jour |
Grillos y canarios | Criquets et canaries |
Martillos, turbinas, ladridos, chubascos | Marteaux, turbines, écorces, averses |
Y la voz tan tierna de mi bien amado. | Et la voix si douce de mon bien-aimé |
Gracias a la vida | Merci à la vie |
Que me ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me ha dado el sonido | Elle m’a donné le son |
Y el abecedario | Et l’alphabet |
Con él las palabras | Avec lui les mots |
Que pienso y declaro | Que je pense et déclare |
« madre, amigo, hermano » | »mère, ami, frère » |
Y luz alumbrando la ruta del alma del que estoy amando | La lumière illuminant la route de l’âme de celui que j’aime |
Gracias a la vida | Merci à la vie |
Que me ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me ha dado la marcha | Elle m’a donné la marche |
De mis pies cansados | De mes pieds fatigué |
Con ellos anduve | Avec eux j’ai marché |
Ciudades y charcos | Villes et flaques d’eau |
Playas y desiertos, montañas y llanos | Plages et désert, montagnes et lac |
Y la casa tuya, tu calle y tu patio. | Et ta maison, ta rue et ta cour |
Gracias a la vida | Merci à la vie |
Que ma ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me dio el corazón | Elle m’a donné le cœur |
Que agita su marco | Qui agite son cadre |
Cuando miro el fruto | Quand je regarde le fruit |
Del cerebro humano | Du cerveau humain |
Cuando miro el bueno tan lejos del malo | Quand je regarde le bien si loin du mal |
Cuando miro el fondo de tus ojos claros. | Quand je regarde le fond de tes yeux clairs |
Gracia a la vida | Merci à la vie |
Que me ha dado tanto | Qui m’a tant donné |
Me ha dado las risas | Elle m’a donné les rires |
Y me ha dado el llanto | Et m’a donné les pleurs |
Así yo distingo | Ainsi je le distingue |
Dicha de quebranto | Dite de coupure |
Los dos materiales que forman mi canto | Les deux matériaux qui forment mon chant |
El canto de todos que es el mismo canto | Le chant de tous qui est le même chant |
El canto de todos que es mi propio canto | Le chant de tous qui est mon propre chant |
Gracias a la vida ! | Merci à la vie ! |
Lettre à M. Clara Ysé 2023
Et tant d’autres encore, dans toutes les langues du monde, autant que d’étoiles dans le firmament…
14 400
Les premiers pains font leur apparition, issus de plusieurs céréales sauvages : blé einkorn, orge et avoine : c’est dans le désert noir, dans l’actuelle Jordanie, sur le site archéologique de Hubayqa 1