vers 16 000 à 14 400. Premières amours. 6661
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Publié par (l.peltier) le 28 décembre 2008 En savoir plus

vers ~16 000

Dès que le langage permit à un homme de dire à une femme, et réciproquement : tu me plais, le phénomène de la simple reproduction se compliqua bigrement : la grande affaire de la femme et de l’homme était partie pour durer bien longtemps. Elle est d’abord la fondation de ce que nous pensons :

La différence anatomique et physiologique entre l’homme et la femme, apparue comme irréductible dès l’aube de l’humanité pensante, est à l’origine de notre système fondamental de pensée, qui fonctionne sur le principe de la dualité : chaud/froid, lourd/léger, actif/passif, haut/bas, fort/faible… Dans le monde entier, les systèmes conceptuels et langagiers sont fondés sur ces associations binaires, qui opposent des caractères concrets ou abstraits et sont toujours marqués du sceau du masculin ou du féminin. Nous penserions sans doute autrement si nous n’étions soumis à cette forme particulière de procréation qu’est la reproduction sexuée.

Françoise Héritier

Si l’on tient à savoir comment ça marche, de quoi donc est fait le  coup de foudre, on peut lire les ouvrages de Lucy Vincent [Comment devient-on amoureux ? chez Odile Jacob en 2004, La formule du désir, chez Albin Michel en 2009]. L’essentiel, étendu à l’émotionnel en général, est déterminé par 7 hormones. La croissance, l’efficacité des ces hormones est étroitement liée à l’environnement affectif du bébé, leur grand frein étant le stress, la violence [Pour une enfance heureuse. Dr Catherine Gueguen Robert Laffont 2014]

  • Les Phéromones, – on les trouve dans les urines, la transpiration, les selles ou la peau -, sont libérées dans l’espace extracorporel pour faire communiquer entre eux les individus d’une société donnée. Elles sont programmées pour durer trois ans : c’est le temps qu’il faut pour qu’un enfant se tienne debout.
  • L’ocytocine est à l’origine du lien romantique ou maternel, envoyée par l’hypothalamus. Vous le trouvez parfait, vous ne voyez pas ses défauts et vous communiquez avec un langage infantilisé. Son influence peut durer au-delà de trois ans.
  • La dopamine, ainsi nommée car certains symptômes de l’état amoureux rappellent l’action des amphétamines ou de la cocaïne, perte d’appétit, insomnie. La dopamine génère l’excitation devant la nouveauté, nous fournit l’énergie pour agir. Elle est produite par le cortex orbito-frontal, ou encore striatum, lequel transmet les informations fournies entre autres par l’hippocampe, qui mémorise les souvenirs de notre vie et des émotions associées. En nous récompensant par du plaisir le striatum est une formidable machine à survie… mais qui nous pousse à en vouloir toujours davantage car il s’est forgé au cours de la préhistoire, dans un environnement de rareté, et n’est pas programmé pour connaître la notion de limite. Des dizaines de milliers d’années ont beau avoir passé, il nous réclame toujours les mêmes choses, motivant notre surconsommation et notre destruction de l’environnement. Sébastien Bohler.
  • L’endorphine, responsable de la dépendance amoureuse, morphines endogènes présentes dans le corps et le cerveau. La présence du partenaire ou sa seule voix, provoque des bouffées de bonheur. C’est elle aussi qui fait disparaître ou réduit la douleur provoquée par une blessure ou un traumatisme.
  • L’adrénaline qui siège dans l’hypothalamus : envoyée dans le sang, elle libère les réserves de sucre du foie, fait monter la pression artérielle, renforce les contractions du cœur, réduit le transit intestinal pour économiser de l’énergie. L’organisme est prêt à se battre, à fuir ou à prendre une décision.
  • Le cortisol calme les réactions inflammatoires induites par l’adrénaline, provoque une tension dans le corps (boule d’angoisse, douleurs abdominales) : c’est l’hormone du stress.
  • La sérotonine : neurotransmetteur essentiel pour notre humeur et pour l’intelligence sociale et émotionnelle. On la retrouve aussi dans plusieurs fonctions physiologiques comme le sommeil, les comportements alimentaires et sexuels.

Si l’on préfère un langage moins scientifique, plus au ras des pâquerettes, cela existe, avec le mérite de dire clairement la grande difficulté de l’affaire : mais qui est donc le chef dans cette maison ? … mademoiselle, je veux rencontrer le responsable de l’établissement…

Le corps humain est un royaume ou chaque organe veut être le roi,
Il y a chez l’homme 3 leaders qui essayent d’imposer leur loi,
Cette lutte permanente est la plus grosse source d’embrouille,

Elle oppose depuis toujours la tête, le cœur et les couilles.
Que les demoiselles nous excusent si on fait des trucs chelous,
Si un jour on est des agneaux et qu’le lendemain on est des loups,
C’est à cause de c’combat qui s’agite dans notre corps,
La tête, le cœur, les couilles discutent mais ils sont jamais d’accords.
Mon cœur est une vraie éponge, toujours prêt à s’ouvrir,
Mais ma tête est un soldat qui s’laisse rarement attendrir,
Mes couilles sont motivées, elles aimeraient bien pé-cho cette brune,
Mais y’en a une qui veut pas, putain ma tête me casse les burnes.

Ma tête a dit a mon cœur qu’elle s’en battait les couilles,
Si mes couilles avaient mal au cœur et qu’ça créait des embrouilles,
Mais mes couilles ont entendu et disent à ma tête qu’elle a pas d’cœur,
Et comme mon cœur n’a pas d’couilles, ma tête n’est pas prête d’avoir peur.

Moi mes couilles sont têtes en l’air et ont un cœur d’artichot,
Et quand mon cœur perd la tête, mes couilles restent bien au chaud,
Et si ma tête part en couilles, pour mon cœur c’est la défaite,
J’connais cette histoire par cœur, elle n’a ni queue ni tête.

Moi les femmes j’les crains, autant qu’je suis fou d’elles,
Vous comprenez maintenant pourquoi chez moi c’est un sacré bordel,
J’ai pas trouvé la solution, ça fait un moment qu’je fouille,
Je resterais sous l’contrôle d’ma tête, mon cœur et mes couilles.

Grand Corps Malade  (Fabien Marsaud, dans le civil). 2006

Aucune entreprise, aucune dictature, aucune catastrophe, aucune folie, vilenie, méchanceté, perversion ne viendront à bout de l’amour, qui renaîtra sur toutes ruines, sur toutes cendres. On le déclinera en tout temps et en tout lieu, il emmènera l’homme dans la mélancolie tout comme dans l’exaltation, et parfois même… dans le bonheur.

L’amour est un sentiment admirable… mais aussi une ruse de la nature pour reproduire l’espèce.

Schopenhauer

Et Régis Debray enchaîne : Que l’amour soit un attrape-nigaud à fonction démographique n’empêche pas qu’on se suicide authentiquement par amour.

*****

Il ne s’agit pas seulement des exigences de la chair. Non, ce n’est pas si simple. La chair, elle, se satisfait à bon compte. Mais c’est le cœur qui est insatiable, le cœur qui a besoin d’aimer, de désespérer, de brûler de n’importe quel feu… C’était cela que nous voulions. Brûler, nous consumer, dévorer nos jours comme le feu dévore les forêts.

Irène Némirovsky. Chaleur du sang. Denoël 2007

Séparés par le destin dans la vie, unis pour toujours dans l'au-delà: l'histoire touchante des amants de Teruel - Curioctopus.fr

Les amants de Teruel par Juan de Ávalos. 1955.

Copie d’une représentation en argile datant de 1800 av. J.-C. de la civilisation babylonienne. Ce couple s’embrassant, engagé dans un rapport sexuel, symbolise peut-être un « mariage sacré ».

Copie d’une représentation en argile datant de 1800 av. J.-C. de la civilisation babylonienne. Ce couple s’embrassant, engagé dans un rapport sexuel, symbolise peut-être un mariage sacré. The trustees of the British Museum

Maison de l'Amour à Saint-Antonin-Noble-Val - PA00095871 - Monumentum

à Saint Antonin Noble Val (82), dans la rue Droite. Entre Albi et Cahors, Viollet de Duc s’est senti obligé d’y construire un beffroi de style florentin sur l’ancien hôtel de ville… il aurait mieux fait de s’abstenir. Il aurait pu se dire : dans le doute, abstiens-toi, mais quand on est Viollet le Duc, on ne doute de rien.

au Mali, avant l’Islam.

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Le baiser. Constantin Brancusi. Entre 1905 et 1909.

Voilà sept jours que je n’ai vu la bien-aimée.
La langueur s’est abattue sur moi.
Mon cœur devient lourd.
J’ai oublié jusqu’à ma vie.
Même si les premiers des docteurs viennent à moi,
Mon cœur n’est point apaisé par leurs remèdes…
Ce qui me ranimera, ce sera de me dire : La voici !
C’est son nom seul qui me remettra sur pied…
Ma sœur me fait plus d’effet que tous les remèdes ;
Elle est plus, pour moi, que toutes les prescriptions réunies.
Ma guérison, c’est de la voir entrer ici :
Quand je la regarde, alors je suis à l’aise….
Quand je la baise, elle chasse de moi tous les maux !
Hélas ! depuis sept jours elle m’a quitté.

Papyrus Harris 500. Égypte vers -1350

Pour certains, la plus belle des choses, c’est une troupe de cavaliers ;
Pour d’autres, un défilé de fantassins ;
Pour d’autres enfin, une escadre en mer.
Mais pour moi, c’est de voir quelqu’un se mettre à aimer quelqu’un.

Sappho, poétesse grecque. Lesbos, vers ~ 625-580

Personne, auparavant, ne m’avait été plus cher que toi,
Et nul, ensuite, ne le fut autant.
Mon amour pour toi, le bonheur que tu me donnes, sont le souffle même de ma vie.
Il devait en être ainsi jusqu’à la fin de mes jours.
Voilà ce que je pensais : avec ma bien-aimée je vivrai
Heureux jusqu’au terme de mon existence, sans tromperie ni faux-semblant.
Seul le dieu Karman connaissait le fond de ma pensée.
Et c’est pourquoi il a semé la discorde, déchirant un cœur qui t’appartenait.
Il t’a emmenée, me séparant de toi et me plongeant dans toutes sortes de chagrin.
Cette joie que tu me procurais, il me l’a enlevée.

Poème tokharien [bassin du Tarim, dans l’actuel Turkestan chinois]. Vers 100 ap. J.C.

Il faut aller sur le chemin où toutes les soifs s’en vont.
Alors la femme tire le rêve de l’homme dans la matière.
Et l’homme tire la force de la femme dans la lumière.
Et ils marchent ensemble.
S’il ne crée pas, il la perd,
Si elle ne monte pas, elle le détruit.

Bernard Erginger, alias Satprem. Paris, 1923-2007

Bernard Erginger a été nommé Satprem le 3 mars 1957 par Mira Alfassa, alias Mère, juive de mère égyptienne, de père turc, née à Paris en 1878, fondatrice d’Auroville en Inde de 1968. Il a été son confident pendant près de 20 ans de 1953 à 1973.

Par sa joie ma dame peut guérir,
par sa colère elle peut tuer,
par elle le plus sage peut sombrer dans la folie,
le plus beau perdre sa beauté,
le plus courtois devenir un rustre,
et le plus rustre devenir courtois.

*****

Notre amour va ainsi
comme la branche d’aubépine
sur l’arbre, tremblante,
la nuit, à la pluie et au gel,
jusqu’au lendemain quand le soleil s’étire
sur le feuilles vertes et les rameaux.

Encore…
il me souvient de ce matin
où prit fin notre guerre.
Elle me fit un don si grand :
son corps aimant et son anneau.

Et encore… que Dieu me laisse vivre
tant que je peux glisser mes mains
sous son manteau.

*****

Toute la joie du monde est nôtre, dame, si tous les deux nous nous aimons.

Guillaume d’Aquitaine, comte de Poitiers 1071-1126.

Quand l’herbe pousse drue et la feuille s’étire
et la feuille pointe à la branche
et le rossignol haut et clair
lance sa vois et module son chant,
joie: lui ; joie : la  fleur ;
joie : moi-même ;
joie : ma dame passe au-dessus de tout.
De toute part la joie m’enclôt et me guide,
mais elle seule est joie qui tout autre anéantit.

Quand je vois l’alouette étirer
de joie ses ailes au soleil,
s’oublier et se laisser choir
la cœur pâmé de douceur,
aïe… j’envie tellement
ceux qui se réjouissent ainsi.
C’est merveille que sur-le champ
mon cœur n’en fonde pas de désir !

En joie je commence ce poème,
en joie je continue et le finis.
Si l’homme en est la fin,
bon sera le commencement,
me vient joie, allégresse.
De la juste fin, je rends grâce.
L’acte juste ne se loue qu’un fois mené à la fin !

Bernard de Ventadour. 1125 – 1200

Image dans Infobox.

Jean Vigaud, 1775-1826  Abélard et Héloïse surpris par Fulbert.
Joslyn art museum, Omaha, Nebraska

Je dois à Laure tout ce que je suis.
Je ne serais point arrivé à un certain degré de renommée,
si elle n’avait, par de nobles sentiments,
fait germer ces semences de vertus
que la nature avait jetées dans mon cœur.
Elle tira ma jeune pensée de toute bassesse,
et me donna des ailes pour prendre mon vol
et contempler en sa hauteur la Cause première,
puisque c’est un effet de l’amour de transformer
les amants et de les rendre semblables à l’objet aimé

Pétrarque. Dialogues avec Saint Augustin

Nous sommes les deux morceaux d’une étoile qui s’est brisée, en tombant un jour sur la terre.   

Agnès Sorel à Jacques Cœur, selon Jean Christophe Rufin

L’amour de moy s’y est enclose,
dedans un joli jardinet
où croist la rose et le muguet
et aussi fait la passerose

Manuscrit de Bayeux, antérieur à 1514

Stances à Cassandre
Quand au temple nous serons
Agenouillés, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour louer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l’église.
Mais quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folâtrement
Dans les draps cent mignardises.
Pourquoi donque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?
Pour qui gardes-tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ton front, ta lèvre jumelle ?
En veux-tu baiser Pluton
Là-bas, après que Charon
T’aura mise en sa nacelle ?
Après ton dernier trépas,
Grêle, tu n’auras là-bas
Qu’une bouchette blêmie ;
Et quand mort, je te verrais
Aux Ombres je n’avouerais
Que jadis tu fus m’amie.
Ton test n’aura plus de peau,
Ni ton visage si beau
N’aura veines ni artères :
Tu n’auras plus que tes dents
Telles qu’on les voit dedans
Les têtes des cimetieres.
Donque, tandis que tu vis,
Change, maîtresse, d’avis,
Et ne m’épargne ta bouche :
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m’avoir été farouche.
Ah, je meurs ! Ah, baise-moi !
Ah, maîtresse, approche-toi !
Tu fuis comme faon qui tremble.
Au moins souffre que ma main
S’ébatte un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.

Pierre de Ronsard 1524-1585

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard 1524-1585

Je vous supplie d’avoir souvenance de celui qui n’a jamais aimé et n’aimera jamais que vous.

Henri II à Diane de Poitiers, 1557

Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais
Je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »

Michel de Montaigne 1533 – 1592

Sae Eun Park (Juliette) - Paul Marque (Roméo) (AGATHE POUPENEY / DIVERGENCE)

Roméo et Juliette. William Shakespeare. Sae Eun Park (Juliette) – Paul Marque (Roméo) (AGATHE POUPENEY / DIVERGENCE) Opéra Bastille Juin 2021, dans la chorégraphie de Rudolf Noureev, sur la partition de Sergueï Prokofiev.

Mon amant me délaisse o gué, vive la rose ! Anonyme

Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie

Jean-Pierre Claris de Florian 1755-1794

Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat

André Chénier 1762-1794

Je t’aime un peu plus de tout le temps qui s’est écoulé depuis ce matin

Victor Hugo. Cosette à Marius. Les Misérables

Ami, ne t’en vas plus si loin
D’un peu d’aide j’ai grand besoin
Quoiqu’il m’advienne
Je ne sais où va mon chemin,
Mais je marche mieux quand ma main
Serre la tienne.

Alfred de Musset. À mon frère revenant d’Italie. 1844

Tu étais pour moi la plus maternelle des femmes
tu étais un ami comme le sont les hommes,
au regard tu étais une femme,
et tu étais plus souvent encore un enfant.
Tu étais la chose la plus tendre que j’ai rencontrée,
tu étais la chose la plus dure avec laquelle j’ai lutté.
Tu étais la cime qui m’avait béni
Et tu devins l’abîme qui m’engloutit

Rainer Maria Rilke à Lou Andreas-Salomé, vers 1900

Et dans la nuit sombre nos corps enlacés
Ne faisaient qu’une ombre lorsque je t’embrassais
Nous échangions ingénument joue contre joue bien des serments
Tous deux, Lily Marlène, tous deux, Lily Marlène.

Willy Schaffers 1928 Karl Heintz Reintger 1941, Chantée entre autres par Marlène Dietrich

Quelque part, chez Romain Gary, il est deux amants qui librement pratiquent folâtrement dans les draps sans mignardise sur les hauteurs de Cannes. Au bout de quelques jours, il lui dit :

  • allez, viens on va faire un tour au village, leur montrer comme on est heureux.
  • comment cela ? comme on est heureux ? mais c’est de l’exhibitionnisme ça !
  • tss, tss, tss … tu viens du nord et je pense que tu n’as pas compris ce que sont les gens du midi.
  • ah bon ! je t’écoutes
  • dans le midi, tu vois, les gens, quand ils en voient d’autres qui sont heureux, et beh… ils ont l’impression de faire un petit bénéfice
  • et dans le nord ?
  • bah ! dans le nord, quand ils en voient d’autres qui sont heureux, ils ont l’impression qu’on leur prend quelques chose.

Que serais-je sans toi ? 

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?

J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme, au passant qui chante, on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?

J’ai tout appris de toi, pour ce qui me concerne,
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu,
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes,
N’est-ce pas un sanglot de la déconvenue,
Une corde brisée aux doigts du guitariste ?
Et pourtant, je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues,
Terre, terre, voici ses rades inconnues

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?

Louis Aragon. Extrait du Roman inachevé.

Il n’y a pas d’amour heureux

Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux

Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désœuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux

Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux.

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux

Louis Aragon, ou René Tavernier, [père de Bertrand le cinéaste.] La Diane française 1944

Sur la même mélodie sera aussi chantée la Prière de Francis Jammes – 1868-1938, poète basque

Brassens a utilisé deux fois la même mélodie, d’abord sur le poème d’Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux, puis sur celui de Francis Jammes, La Prière.
Il s’en est expliqué dans une interview où il raconte qu’au XIX° siècle circulaient des mélodies de base (un peu comme pour le blues en jazz) sur lesquels les chanteurs pouvaient faire coller les paroles qu’ils avaient composées. Ces mélodies passe-partout s’appelaient des timbres.
Les timbres ont été utilisés jusque dans les années 50 en France, notamment par les chansonniers du Grenier de Montmartre (sur Paris Inter) qui écrivaient ou même improvisaient des couplets d’actualité sur des airs standards, dont le public reprenait les refrains. [à côté du titre on lisait : se chante sur l’air de …]
Mais voyant que ce qu’il avait cherché à ressusciter était mal compris, (Qui c’est ce flemmard qui nous sert deux chansons sur le même air ?) Brassens ne renouvela pas l’expérience.

analyse Brassens

La prière

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
tandis que des enfants s’amusent au parterre ;
et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
son aile tout à coup s’ensanglante et descend
par la soif et la faim et le délire ardent :
Je vous salue, Marie 

Par les gosses battus par l’ivrogne qui rentre,
par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
et par l’humiliation de l’innocent châtié,
par la vierge vendue qu’on a déshabillée,
par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
s’écrie : Mon Dieu ! Par le malheureux dont les bras
ne purent s’appuyer sur une amour humaine
comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène ;
par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne :
Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
par le malade que l’on opère et qui geint
et par le juste mis au rang des assassins :
Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri,
par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid,
par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
par le baiser perdu par l’amour redonné,
et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je vous salue, Marie.

Francis Jammes, Rosaire, du recueil L’Église habillée de feuilles 1953

par Patachou (qui mettra les pieds à l’étrier de Georges Brassens pour lui ouvrir les portes du showbiz en 1952)

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité…
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos 1900-1945

Edward Elgar pour la musique, Christine Mattei Barraud pour l’interprétation

 elle est le grand soleil qui me monte à la tête quand je suis sûr de moi.                                          Paul Eluard

Cette longue traversée du Xinjiang au Cachemire, qui se déroula le plus longtemps au fin fond de la solitude m’a paradoxalement aidée à découvrir l’importance de la personne humaine et la merveilleuse force créatrice de l’homme. Je sais maintenant que vivre en solitaire est aussi impossible que vivre sans respirer et que rien n’est plus beau ni plus satisfaisant que les rapports humains : amour, amitié, camaraderie, sympathie.

Anne Philipe, 1948

Elle était alors l’intruse dans mon voyage, elle en est à présent la boussole. L’amour est toujours une intrusion. Le hasard se fait chair, la passion se fait raison. […]   L’amante, un champ de fleurs, mes doigts et mes lèvres, un essaim d’abeilles.

Amin Maalouf. Le périple de Baldassare 

Only you                   Les Platters

Love me, love me tender, love me sweet                 Elvis Presley

Mon corps plein de toi ne vit que sous tes doigts fins de princesse. Julos Beaucarne

Elle avait de jolis yeux, mon guide, Nathalie. Gilbert Bécaud

Tu me fais tourner la tête,
mon manège à moi, c’est toi,
je suis toujours à la fête,
quand tu me tiens dans tes bras,
Je ferais le tour du monde,
ça ne tournerai pas plus que ça,
la Terre n’est pas assez ronde,
mon manège à moi, c’est toi .

Edith Piaf, sur un texte de Norbert Glanzberg

Pour la première fois je ressentais au contact d’une femme qu’il n’y aurait ni camaraderie ni amitié mais quelque chose de fiévreux de ténébreux d’irrésistible et de fatal. Je sus qu’il n’y avait pas de hasard. Ce qui venait de se rencontrer à travers nous nous dépassait. Tu étais cette autre part du monde qu’il me fallait rejoindre. Tu me souriais et me tendais les mains depuis l’autre rive.

Serge Rezvani      Variations sur les jours et les nuits. Seuil 1985. Elle, c’est Danièle Adenot, qu’Alzheimer emportera en 2004.

L’Amandier. Marie Laforêt 1970

Mon cousin possède un amandier
Mon cousin possède un amandier
Trois ou quatre pieds de vigne
Sur le dos de la colline
Et quelques moutons par-ci par-là
Je vais y cueillir l’amande
Le raisin et la lavande
Le soir avant de rentrer chez moi
Mon cousin m’a dit « où t’en vas-tu? »
Mon cousin m’a dit « où t’en vas-tu? »
Ma maison est bien trop grande
Mon amie, je te demande
Veux-tu partager ce que j’ai là?
Et nous cueillerons l’amande
Le raisin et la lavande
Avant de rentrer au feu de bois
On s’est mariés sous l’amandier
On s’est mariés sous l’amandier
Entre la rose et l’amande
Le raisin et la lavande
Et quelques amis qui étaient là
Autant que je me rappelle
La mariée était si belle
Que c’est son cousin qui l’enleva
Quatre pèlerins sont arrivés
Quatre pèlerins sont arrivés
J’ai cueilli pour eux l’amande
Le raisin et la lavande
Et je fais de même chaque fois
Pour le paysan qui chasse
Ou pour l’étranger qui passe
Devant mon cousin, devant chez moi

Madame ma voisine. Anne Sylvestre 1960

Madame ma voisine
Votre fille ne vaut rien
Les langues vipérines
Vous le répètent bien
Et dans votre cuisine
Vous vous tordez les mains
Votre sage gamine
Suit les mauvais chemins
Je les ai vus passer
Hier soir dans la ruelle
Je l’ai trouvée bien belle
Et lui, bien empressé
Moi les sachant en fuite
Voyant leur désarroi
J’ai dit « entrez chez moi
Fermez la porte vite »
Madame ma voisine
Votre fille n’est pas loin
J’ai sa chemise fine
À réparer un brin
Et là dans ma cuisine
Ils se tiennent les mains
Je trouve votre gamine
Bien belle ce matin
Je leur ai préparé
Mes draps de belle toile
Et puis sous les étoiles
M’en suis allée rêver
Je vous ai vue inquiète
Fouiller tous les buissons
La fille, le garçon
Se menaient grande fête
Madame ma voisine
Votre fille est si bien
Douce fleur d’églantine
Au plus beau des jardins
La voici donc cousine
Des fées qui le matin
Mirent leur belle mine
Dans les yeux d’un lutin
Quand ils auront fini
Tout leur comptant de rêve
Les journées sont trop brèves
Pour revivre les nuits
Votre fille viendra
Vous dire que les fougères
Lui ont griffé les bras
Et froissé les paupières
Madame ma voisine
Un d’ces quatre demains
Là, dans votre cuisine
Vous vous tordrez les mains
Déjà je leur destine
Mon linge le plus fin
Moi, quand j’étais gamine
J’n’ai pas eu de voisins
Auteurs-compositeurs : Anne Marie Beugras, Francois Marie Joseph Rauber.

Como tù Paco Ibañez

Mrs Robinson Paroles : Paul Simon
And here’s to you, Mrs Robinson Et à la votre, Mme Robinson
Jesus loves you more than you will know, wo, wo, wo Jésus vous aime plus que vous ne le saurez jamais, wo, wo, wo
God bless you please, Mrs Robinson Que Dieu vous bénisse, Mme Robinson
Heaven holds a place for those who pray Le paradis garde une place pour ceux qui prient
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…
We’d like to know a little bit about you for our files Nous aimerions en connaître un peu sur vous pour nos archives
We’d like to help you learn to help yourself Nous aimerions vous aider à apprendre à vous débrouiller toute seule
Look around you, all you see are sympathetic eyes Regardez autour de vous, tout ce que vous voyez ne sont que des yeux pleins de sympathie
Stroll around the grounds until you feel at home Flânez sur les terres jusqu’à ce que vous trouviez votre chez vous
Hide it in a hiding place where no one ever goes Dissimulez ceci dans un lieu dérobé où personne n’est jamais allé
Put it in your pantry with your cupcakes Rangez-le dans votre garde-manger avec vos petits gâteaux
It’s a little secret, just the Robinsons’ affair C’est un petit secret, ne concernant que les Robinson
Most of all, you’ve got to hide it from the kids Plus que tout le reste, vous devez le préserver des gosses
Coo, coo, ca-choo, Mrs Robinson Coo, coo, ca-choo, Mme Robinson
Jesus loves you more than you will know, wo, wo, wo Jésus vous aime plus que vous ne le saurez jamais, wo, wo, wo
God bless you please, Mrs Robinson Que Dieu vous bénisse, Mme Robinson
Heaven holds a place for those who pray Le paradis garde une place pour ceux qui prient
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…
Sitting on a sofa on a sunday afternoon Assise dans un sofa un dimanche après-midi
Going to the candidates debate Allant au débat de candidats
Laugh about it, shout about it Riez à ce propos, criez à ce propos
When you’ve got to choose Lorsque vous devez choisir
Ev’ry way you look at it, you lose Quelle que soit la manière dont vous le regardez, vous y renoncez
Where have you gone, Joe Dimaggio Où êtes vous allé, Joe Dimaggio(1)
A nation turns its lonely eyes to you, woo, woo, woo Une nation tourne ses yeux solitaires vers vous, woo, woo, woo
What’s that you say, Mrs Robinson Qu’est-ce que vous dites, Mme Robinson
Joltin’ Joe has left and gone away Joltin’ Joe nous a quitté et il s’en est allé
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…
Hey, hey, hey… Hé, hé, hé…

(1) Joueur de baseball, marié neuf mois à Marilyn Monroe, d’une extrême popularité aux USA

My Lady D’Arbanville. Cat Stevens 1970
My lady D’Arbanville, why do you sleep so still?
I’ll wake you tomorrow
And you will be my fill, yes, you will be my fill
My lady D’Arbanville, why does it grieve me so?
But your heart seems so silent
Why do you breathe so low, why do you breathe so low?
My lady D’Arbanville, why do you sleep so still?
I’ll wake you tomorrow
And you will be my fill, yes, you will be my fill
My lady D’Arbanville, you look so cold tonight
Your lips feel like winter
Your skin has turned to white, your skin has turned to white
My lady D’Arbanville, why do you sleep so still?
I’ll wake you tomorrow
And you will be my fill
My lady D’Arbanville, why do you sleep so still?
I’ll wake you tomorrow
And you will be my fill
I loved you my lady, though in your grave you lie
I’ll always be with you
This rose will never die, this rose will never die
I loved you my lady, though in your grave you lie
I’ll always be with you
This rose will never die, this rose will never die

De ses deux bras tendus, elle fait l’horizon et le ciel
Et sa tête en se balançant fait toute la course du soleil.

Julien Clerc

Tour,
Un petit tour,
Au petit jour,
Entre tes bras

Michel Delpech

J’ai un problème, je crois bien que je t’aime       Johny Hallyday, Sylvie Vartan

Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis Yves Montand

Bien sûr nous eûmes des orages
Vingt ans d’amour, c’est l’amour fol
… Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin des jours
Je t’aime encore tu sais je t’aime
… Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes

Jacques Brel

J’ai le cœur qui bat quand tu t’approches de moi. Eva

J’avais des choses à te dire, mais je ne trouve pas les mots, il va falloir que tu lises, entre les lignes, entre les mots.                             

Mélina Mercouri

Elle me donne sa main et moi je sais que je ne la lui rendrai plus.                   Erri De Luca

Je chante un baiser. Alain Souchon

Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j’ai croisée
Je chante un baiser
Marchant dans la brume
Le cœur démoli par une
Sur le chemin des dunes
La plage de Malo Bray-Dunes
La mer du Nord en hiver
Sortait ses éléphants gris-vert
Des Adamo passaient bien couverts
Donnant à la plage son caractère
Naïf et sincère
Le vent de Belgique
Transportait de la musique
Des flonflons à la française
De fancy-fair à la fraise
Elle s’est avancée
Rien n’avait été organisé
Autour de moi elle a mis ses bras croisés
Et ses yeux se sont fermés, fermés
Jugez ma fortune
Sous l’écharpe, les boucles brunes
C’est vrai qu’en blonde, j’ai des lacunes
En blonde, j’ai des lacunes
Oh, le grand air
Tournez le vent, la dune à l’envers
Tournez le ciel et tournez la terre
Tournez, tournez le grand air
La Belgique locale
Envoyait son ambiance musicale
Ce flonflon à la française
De fancy-fair à la fraise
Oh, toi qui a mis
Sur ma langue ta langue amie
Et dans mon cœur un décalcomanie
Marqué liberté, liberté chérie
Oh, je donne au départ
Pour ce moment, délicieux hasard
Adamo, MC Solaar
Oh, tous les milliards de dollars
Le vent de Belgique
Transportait de la musique
Des flonflons à la française
De fancy-fair à la fraise
Si tout est moyen
Si la vie est un film de rien
Ce passage-là était vraiment bien
Ce passage-là était bien
Elle est repartie
Un air lassé de reine alanguie
Sur la digue, un petit point parti
Dans l’Audi de son mari
Ah, son mari
Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j’ai croisée

Corps, souviens-toi

Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.

Constantin Cavafy, poète d’Alexandrie, en Égypte. Traduction du grec de Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.

Gracias a la vida         Mercedes Sosa     Paroles et musique de Violeta Parra. 1°mai 2009

Gracias a la vida Merci à la vie
Que me ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me dio dos luceros Elle m’a donné deux étoiles
Que cuando los abro Qui quand je les ouvre
Perfecto distingo Distinguent parfaitement
Lo negro del blanco Le noir du blanc
Y en el alto cielo su fondo estrellado Et dans le ciel haut son fond étoilé
Y en las multitudes Et dans les multitudes
El hombre que yo amo. L’homme que j’aime
 
Gracias a la vida Merci à la vie
Que me ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me ha dado el oído Elle m’a donné l’ouïe
Que en todo su ancho Que dans toute sa grandeur
Graba noche y día Qui enregistre nuit et jour
Grillos y canarios Criquets et canaries
Martillos, turbinas, ladridos, chubascos Marteaux, turbines, écorces, averses
Y la voz tan tierna de mi bien amado. Et la voix si douce de mon bien-aimé
 
Gracias a la vida Merci à la vie
Que me ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me ha dado el sonido Elle m’a donné le son
Y el abecedario Et l’alphabet
Con él las palabras Avec lui les mots
Que pienso y declaro Que je pense et déclare
« madre, amigo, hermano »  »mère, ami, frère »
Y luz alumbrando la ruta del alma del que estoy amando La lumière illuminant la route de l’âme de celui que j’aime
 
Gracias a la vida Merci à la vie
Que me ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me ha dado la marcha Elle m’a donné la marche
De mis pies cansados De mes pieds fatigué
Con ellos anduve Avec eux j’ai marché
Ciudades y charcos Villes et flaques d’eau
Playas y desiertos, montañas y llanos Plages et désert, montagnes et lac
Y la casa tuya, tu calle y tu patio. Et ta maison, ta rue et ta cour
 
Gracias a la vida Merci à la vie
Que ma ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me dio el corazón Elle m’a donné le cœur
Que agita su marco Qui agite son cadre
Cuando miro el fruto Quand je regarde le fruit
Del cerebro humano Du cerveau humain
Cuando miro el bueno tan lejos del malo Quand je regarde le bien si loin du mal
Cuando miro el fondo de tus ojos claros. Quand je regarde le fond de tes yeux clairs
 
Gracia a la vida Merci à la vie
Que me ha dado tanto Qui m’a tant donné
Me ha dado las risas Elle m’a donné les rires
Y me ha dado el llanto Et m’a donné les pleurs
Así yo distingo Ainsi je le distingue
Dicha de quebranto Dite de coupure
Los dos materiales que forman mi canto Les deux matériaux qui forment mon chant
El canto de todos que es el mismo canto Le chant de tous qui est le même chant
El canto de todos que es mi propio canto Le chant de tous qui est mon propre chant
 
Gracias a la vida ! Merci à la vie !

Lettre à M. Clara Ysé 2023

Aujourd’hui tu aurais une année de plus
Et moi peut-être je serais tout aussi perdue
Mais je me réjouirais de ta venue
Aujourd’hui on aurait fêté le printemps
Qui arrive le jour de tes 56 ans
Et on aurait bien ri pourtant
Aujourd’hui j’ai pensé : Mais va-t-il arriver
Ce temps espéré où tu cesseras de me manquer
Où je ne voudrais plus t’enlacer
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger
Aujourd’hui tu aurais quelques cheveux blancs
Et moi peut-être le visage moins enfant
On rirait de ce qui change avec le temps
Aujourd’hui on se dirait nos éblouissements
Tu offrirais ton visage au vent
Haut les cœurs notre amour est grand
Aujourd’hui j’ai pensé : Mais va-t-il arriver
Ce temps espéré où tu cesseras de me manquer
Où je ne voudrais plus t’enlacer?
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger?
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger?
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger?
Je pense à toi tous les jours de l’année
Je pense à toi, as-tu le cœur léger?

Et tant d’autres encore, dans toutes les langues du monde, autant que d’étoiles dans le firmament…

14 400 

Les premiers pains font leur apparition, issus de plusieurs céréales sauvages : blé einkorn, orge et avoine : c’est dans le désert noir, dans l’actuelle Jordanie, sur le site archéologique de Hubayqa 1