Certains lieux n’ont rien à envier à l’enfer : une décharge de 42 millions de pneus, soit 507 000 tonnes, à quelques dizaines de km de la ville de Koweit, constituée depuis 17 ans, sur 2 km². On y déclare 4 incendies depuis 2012 ; ça na peut plus durer comme ça, et donc on déménage la décharge, pour aller la mettre un peu plus loin, sur un site industriel à l’ouest, où serait déjà en place une usine de retraitement, moyennant 44 000 voyages de camions. Donc le problème n’a pas été résolu, il a été seulement déplacé. Il faudrait plus de 30 ans à l’usine en place sur le nouveau site pour traiter ce stock ! qu’en sortira-t-il ? Des produits pour faire des routes, des trottoirs, des aires de jeux etc… Apparemment le traitement chimique pour remonter la chaine moléculaire – partant du produit fini pour recréer du pétrole – existe, mais ne doit pas être réalisable dans les conditions économiques du marché : les responsables de la start-up qui fait cela donnent les informations sur la technique mais rien le prix de revient…
https://youtu.be/LoELfPIkgT4
5 05 2021
Il n’y avait plus d’otage français au Sahel depuis la libération de Sophie Petronin, en octobre 2020, et Dieu sait si cela pèse lourd dans le rapport de force entre les Islamistes et la force française Barkhane. Et voilà qu’Olivier Dubois, passe outre les conseils des militaires français de ne pas y aller, comme ses confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, huit ans plus tôt l’avaient fait à Kidal, quelques centaines de kilomètres plus au nord, pour s’y faire assassiner, et part pour un rendez-vous hasardeux, sans sécurité aucune et se fait enlever. Mais quand donc les journalistes, sous couvert d’informer les lecteurs, les téléspectateurs, cesseront -ils donc de venir complexifier une situation qui l’est déjà bien assez avant leur intervention, quand donc cesseront ils de donner de la reconnaissance à des gens addicts à la kalachnikov ? Quelles informations déterminantes seraient-ils à même de dénicher auprès de ces menteurs professionnels qui disent aujourd’hui le contraire de ce qu’ils disaient hier, qui sera encore une autre version de ce qu’ils diront demain ? Quand donc le pouvoir politique français donnera-t-il à l’armée le devoir de s’opposer physiquement aux déambulations de journalistes irresponsables ? Une scène de crime vient d’être circonscrite, la police est là : que fait -elle ? elle commence par interdire les lieux à toute personne, journaliste inclus. Et c’est le cas au Sahel. Quand donc le politique cessera-t-il de s’aplatir devant cette presse avide de clash, d’ambiance de match de boxe sentant bon la sueur sur des arcades sourcilières pétées…. allant jusqu’à inviter à l’Élysée le pire représentant de cette sale presse : Pascal Praud, animateur vedette de L’heure des pros sur Cnews, à l’ego boursoufflé par la testostérone, grand manitou de la morgue, de la provocation et de la friponnerie.
15 05 2021
Le Mayflower 400 est le premier bateau sans équipage, sous la houlette d’IBM. Construit à Plymouth, Angleterre, il appareille pour Plymouth, Massachussetts, États-Unis, où il devrait arriver trois semaines plus tard reprenant le parcours du premier Mayflower. Coût : un peu moins d’un million $, grâce à la contribution de très nombreuses sociétés à l’international. C’est probablement un des plus beaux produites de l’intelligence artificielle, pour rester dans le domaine civil, car, en allant chez les militaires, il existe aussi des bateaux sans pilote, chasseurs entre autres de sous-marins.
15 mètres de long, 9 tonnes.
https://youtu.be/wpEM9oMBJuA
05 2021
en mai fais ce qu’il te plait ; va pour un bon coup de soleil, à ne pas fréquenter de trop près, tout de même.
Images prises depuis le satellite de la Nasa Solar Dynamics Observatory Les différences de couleur viennent des différentes longueurs d’onde utilisées par la caméra. La boule noire qui traverse l’écran, c’est Vénus.
05 2021
Le trafic aérien va s’accroître, et en particulier le tourismede masse, en low cost ; avec des vacances aux quatre coins du monde, elles aussi low cost mais aux grandes potentialités épidémiques : et si les autorités en place à Phuket par exemple se mettent à appliquer aux touristes les règles draconiennes que les gouvernements vietnamiens, chinois ont appliqué à leurs peuples, il est bien certain que les touristes n’y reviendront plus. Globalement, il n’est pas inutile de savoir que 80 % des touristes décident de leur lieu de vacance en fonction des destinations vues sur les séries télévisées ! ça laisse songeur !
Quant aux paquebots, véritables camps de concentration même s’il n’y a pas de barbelés, il est bien possible que ce soient les villes destinataires, de plus en plus réticentes, qui provoquent leur baisse d’activité, avec, au premier plan, Venise, mais encore Dubrovnik, Marseille, Barcelone etc… qui en ont toutes ras le bol. Pour Venise, pour l’instant c’est le double langage qui l’emporte et donc, les grandi navi, confinement terminé, reviennent. Par contre le train, qui, sur les courtes distances, devient de plus en plus concurrent de l’avion, de centre-ville à centre-ville s’entend, voit les nouveaux projets se développer à grande vitesse, avec en ligne de mire essentiellement la baisse de l’empreinte carbone, d’où le recours fréquent à de nouvelles énergies, type hydrogène.
Sur les 30 000 km de voies ferrées, 14 000 ne sont pas électrifiées, et donc utilisées par des TER et autorails thermiques : à fréquentation équivalente, le thermique émet dix fois plus qu’un train électrique.
La quatrième génération de TGV se nommera M qui, à longueur égale, comportera neuf voitures. Un Inoui transportera 600 voyageurs contre 510 aujourd’hui, un Ouigo 740 contre 630, et tout ça avec un bilan carbone par passager réduit de 32 %. Livrable à partie de 2024.
La SNCF, qui avait commencé à fermer de nombreuses petites lignes, non rentables avec le matériel en service aujourd’hui, a fini pas se voir opposer la volonté politique des pouvoirs publics de maintenir, dans la mesure du possible, ces petites lignes ; et l’on s’oriente vers des projets de trains légers, modulaires et frugaux, de 40 places environ, sans conducteur, à motorisation hybride décarbonée à batteries et propulsion hydrogène ou biogaz.
Et toute une gamme de trains à grande vitesse, [mais à quoi bon ! c’est tout de même la question fondamentale] jusqu’à 1 220 km/h pour l’Hyperloop TT, faits de capsules pressurisées flottant grâce à des électro-aimants, sans frottement sans le tube, à l’intérieur desquels a été fait le vide : l’idée est d’Elon Musk, le génial patron de Pay Pall, puis Tesla, puis Space X, avec son livre blanc Hyperloop Alpha, laissant aux entreprises qui veulent développer l’affaire le soin de le faire de leur côté, ce qu’elle feront au Pays-Bas, en Suisse, au Canada, avec un centre d’études à Limoges, aux États-Unis avec un centre européen de recherches et d’essai à Toulouse, en Pologne, en Espagne. Première ligne commerciale aux Émirats Arabes Unis entre Abu Dhabi et Dubaï, sur 150 km, pour 2023. En Juillet2023 les projets Hyperloop en France, – essentiellement à Toulouse – seront au point mort, après avoir bien consommé les subventions publiques, tant françaises qu’européennes : 300 mètres de tube pour les essais, une capsule qui n’a jamais servi… et c’est tout…, pour finalement plier bagages pour s’en aller à Venise en février 2024
Le Spacetrain, navette autonome flottant sur un coussin d’air, alimenté par une pile à hydrogène, dans la ligne de l’aérotrain des année 1970, dont l’ancien monorail, existant, n’a pas reçu l’autorisation de l’État pour être réutilisé. Vitesse de 500 km/h. Avenir incertain.
Le Maglev de Japan Rail, – mag : magnétique, lev : lévitation – par suspension électromagnétique. L’augmentation de la vitesse provoque la répulsion magnétique entre les voitures et la voie. La ligne inaugurale entre Tokyo et Osaka en moins d’une heure, devrait être opérationnelle d’ici 2045. Aujourd’hui, en conduite manuelle, c’est le Maglev entre Shangaï et Hangzou qui détient le record du monde de vitesse avec 623 km/h, en février 2024, sur un tronçon de 2 km.
Et encore un projet fonctionnant sur lévitation magnétique qui permettent à des nacelles de se déplacer sur une voie aérienne à 160 km/h : projet de la NASA qui devrait être réalisé en Israël à Eilat.
en 2023, Przemek Ben Paczek, PDG et cofondateur de Nevomo, une société polonaise, signera une convention de partenariat avec le SNCF pour son train Mag Rail, à lévitation magnétique sur une infrastructure ferroviaire existante. Nevomo a développé Neo-4, un prototype de bogie de 6 mètres de long et de 2 tonnes qui a été construit et testé, circulant sur un tracé d’essai long de 720 mètres (le plus long du genre en Europe) élaboré à Nowa Sarzyna, en Pologne, dans les Basses-Carpates. L’entreprise a présenté les résultats promettants de ses essais. Sur ces 720 mètres, le bogie a pu atteindre une vitesse maximale de 135 km/h, mais surtout être en lévitation de 22 millimètres par rapport au rail dès que la vitesse de 70 km/h était atteinte combiné à un guidage magnétique stable.Pour que le public puisse profiter de MagRail, les gestionnaires de réseau (Infrabel, SNCF Réseau, ProRail, DB Netz…) devront poser un moteur linéaire fixe sur la voie ainsi que deux faisceaux de lévitation sur les côtés des rails. Le véhicule possèdera un bogie de faible masse, avec un moteur linéaire et des aimants de lévitation.
L’installation de ce matériel comporte un avantage considérable : il peut se faire progressivement de nuit en plusieurs années, sans interrompre le trafic, au contraire de la construction du Maglev qui peut demander plusieurs décennies. MagRail Booster La start-up polonaise livrera au grand public son premier concept de MagRail Booster fonctionnel, sans locomotive, destiné au transport de fret, en coopération avec GATX, un loueur de matériel ferroviaire.
Il s’agit d’une amélioration des voies ferroviaires actuelles où il faudra poser un moteur linéaire statique sur les rails et un en mouvement sur chaque wagon du train. Ce dernier sera autonome grâce à des algorithmes, permettant ainsi d’éliminer la nécessité d’une locomotive dans une gare de triage en plus d’en augmenter sa capacité et sa flexibilité. Le système ouvre également la possibilité d’électrification des tunnels et des ports, qui requièrent parfois des trains à combustion thermique. Le booster délivrera une force supplémentaire pour les trains qui pourront parcourir des pentes plus rapidement, en plus d’augmenter la capacité par heure sur une ligne donnée. Le produit est aussi adaptable au trafic passager pour être compatible avec le système, permettant une accélération et un freinage plus précis qu’actuellement (un TGV lancé à 300 km/h a par exemple besoin de 4 kilomètres pour s’arrêter), en plus de moins user les essieux au freinage et à l’accélération. La commercialisation du produit est attendu pour 2024. Nevomo continuera aussi la recherche et le développement de sa technologie pour diverses applications, afin d’améliorer l’efficacité et la capacité du transport par rail. La société ferroviaire pourra compter sur ses solides finances pour y parvenir : la société a levé 11 millions d’euros de fonds (dont la moitié en fonds propre, le reste étant des subventions non dilutives de l’UE), plus 17,5 millions d’euros supplémentaires de la Commission européenne, ainsi que des fonds de 7 millions d’euros pour un financement de présérie A, investis notamment par EIT, InnoEnergy et Hütter Private Equity.
La Chine dévoile son train à sustentation magnétique
A 600-kilometer-per-hour magnetic levitation train rolls off a production line in Qingdao, Shandong province. ZHANG JINGANG/FOR CHINA DAILY
23 05 2021
Chute d’une cabine de téléférique sur les pentes du lac Majeur, en Italie : 14 morts. Il y avait un dysfonctionnement du frein automatique de sécurité sur la cabine, et celui-ci avait été volontairement désactivé : la notion de sécurité est très variable d’un pays à l’autre.
27 05 2021
Emmanuel Macron parle au mémorial Kwibuka 27 du génocide au Rwanda, à Gisozi, et il parvient à faire oublier la noirceur de François Mitterrand.
Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter
Raconter la nuit.
Ces paroles convoquent un insondable silence. Le silence de plus d’un million d’hommes, de femmes, d’enfants, qui ne sont plus là pour raconter cette interminable éclipse de l’humanité, ces heures où tout s’est tu.
Elles nous racontent la course éperdue des victimes, la fuite dans la forêt ou dans les marais. Une course sans arrivée et sans espoir, une traque implacable qui reprenait chaque matin, chaque après-midi, dans une terrible et banale répétition du mal.
Elles nous font entendre la voix de ceux qui, après avoir trébuché, ont affronté la mort ou la torture de leurs bourreaux sans un cri, parfois pour laisser s’enfuir un proche, un parent, un enfant, un ami, qu’ils avaient protégé jusqu’à leur dernier souffle. Ces voix qui se taisaient quand montait, à l’aube, l’insoutenable euphorie des chants de rassemblement de ceux qui tuaient ensemble et de ceux qui partaient, dans leur vocabulaire dévoyé, au travail.
Ce lieu leur restitue tout ce dont on avait tenté de les priver : un visage, une histoire, des souvenirs. Des envies et des rêves. Et surtout une identité, un nom – tous les noms, gravés, un à un, inlassablement sur la pierre éternelle de ce mémorial.
Ibuka, souviens-toi.
Ces paroles nous font entendre aussi la voix de ceux qui portent la plaie de cette nuit, ceux qui portent la blessure béante d’avoir été là et d’être encore là. Ceux dont nous n’avons écouté la souffrance ni avant, ni pendant, ni même après, et c’est peut-être là le pire. Survivants, rescapés, orphelins, c’est grâce à leur témoignage, à leur courage, à leur dignité que nous mesurons combien il ne s’agit pas de chiffres ou de mots, mais de l’irremplaçable épaisseur de leurs vies.
Ces paroles disent une tragédie qui porte un nom : génocide. Elles ne s’y réduisent pas pour autant. Car il s’agit bien d’une vie, avec tous ses rêves, un million de fois fauchée.
Un génocide ne se compare pas. Il a une généalogie. Il a une histoire. Il est unique.
Un génocide a une cible. Les tueurs n’ont eu qu’une seule obsession criminelle : l’éradication des Tutsi, de tous les Tutsi. Des hommes, des femmes, leurs parents, leurs enfants. Cette obsession a emporté tous ceux qui ont voulu y faire obstacle, mais, elle, n’a jamais perdu sa cible. Un génocide vient de loin. Il se prépare. Il prend possession des esprits, méthodiquement, pour abolir l’humanité de l’autre. Il prend sa source dans des récits fantasmés, dans des stratégies de domination érigées en évidence scientifique. Il s’installe à travers des humiliations du quotidien, des séparations, des déportations. Puis se dévoile la haine absolue, la mécanique de l’extermination.
Un génocide ne s’efface pas. Il est indélébile. Il n’a jamais de fin. On ne vit pas après le génocide, on vit avec, comme on le peut.
Au Rwanda, on dit que les oiseaux ne chantent pas le 7 avril. Parce qu’ils savent. C’est aux hommes qu’il appartient de briser le silence.
Et c’est au nom de la vie que nous devons dire, nommer, reconnaître.
Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n’a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats, qui ont eux aussi vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes.
La France a un devoir : reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais.
Mais la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Elle a un devoir : celui de regarder l’histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité.
En s’engageant dès 1990 dans un conflit dans lequel elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter ce qui était déjà à l’œuvre.
La France n’a pas compris que, en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait alors une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter.
À Arusha, en août 1993, la France pensait, aux côtés des Africains, avoir arraché la paix. Ses responsables, ses diplomates, y avaient œuvré, persuadés que le compromis et le partage du pouvoir pouvaient prévaloir. Ses efforts étaient louables et courageux. Mais ils ont été balayés par une mécanique génocidaire qui ne voulait aucune entrave à sa monstrueuse planification.
Lorsqu’en avril 1994, les bourreaux commencèrent ce qu’ils appelaient odieusement leur travail, la communauté internationale mit près de trois mois, trois interminables mois, avant de réagir. Et nous avons, tous, abandonné des centaines de milliers de victimes à cet infernal huis clos.
Au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de qualifier le génocide, la France n’a pas su en tirer les conséquences appropriées.
Depuis, vingt-sept années de distance amère se sont écoulées. Vingt-sept années d’incompréhension, de tentatives de rapprochement sincères mais inabouties. Vingt-sept années de souffrance pour ceux dont l’histoire intime demeure malmenée par l’antagonisme des mémoires.
Alors, en me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître nos responsabilités. C’est ainsi poursuivre l’œuvre de connaissance et de vérité que seule permet la rigueur du travail, de la recherche et des historiens. Et nous le poursuivrons encore en soutenant une nouvelle génération de chercheurs, de chercheuses, qui ont courageusement ouvert un nouvel espace de savoir. En souhaitant qu’aux côtés de la France toutes les parties prenantes à cette période de l’histoire rwandaise ouvrent à leur tour toutes leurs archives.
Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’œuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges.
Reconnaître ce passé, notre responsabilité, est un geste sans contrepartie. Exigence envers nous-mêmes et pour nous-mêmes. Dette envers les victimes après tant de silences passés. Don envers les vivants dont nous pouvons, s’ils l’acceptent, encore apaiser la douleur. Ce parcours de reconnaissance, à travers nos dettes, nos dons, nous offre l’espoir de sortir de cette nuit et de cheminer à nouveau ensemble. Sur ce chemin, seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don alors de nous pardonner.
Diibuka.
Diibuka.
Diibuka.
Je veux ici, en ce jour, assurer la jeunesse rwandaise qu’une autre rencontre est possible. N’effaçant rien de nos passés, il existe l’opportunité d’une alliance respectueuse, lucide, solidaire, mutuellement exigeante, entre la jeunesse du Rwanda et la jeunesse de France.
C’est l’appel que je veux lancer ici. Baptisons ensemble de nouveaux lendemains. Préparons ici, pour nos enfants, de prochains souvenirs heureux. C’est le sens de l’hommage que je veux rendre à ceux dont nous garderons la mémoire, qui ont été privés d’avenir et à qui nous devons d’en inventer un.
Ce sont ces paroles, empreintes de gravité et de dignité, qui résonnent en ce lieu, ici au mémorial de Gisozi, à Kigali.
Emmanuel Macron, président de la République française
Dans un discours historique prononcé à Kigali, le 27 mai, le président Emmanuel Macron a reconnu officiellement la responsabilité accablante de la France et demandé avec subtilité, pardon au peuple rwandais.
Soulagement et émotion devant ce geste politique qui rétablit la vérité en affrontant la réalité et rétablit en même temps la dignité de la France, compromise par une poignée de décideurs autour de François Mitterrand pour avoir soutenu les génocidaires du Rwanda, dans une géopolitique hallucinée au détriment de toute humanité.
Certes, les Français n’ont pas participé au génocide – ce dont nous n’avions jamais douté –, mais en apportant leur soutien aux extrémistes hutu qui mettaient en place une solution finale contre les Tutsi, ils se transformaient de fait en collabos de ces nazis du Rwanda. J’en étais.
De 1990 à 1994, sans que les Français ne le sachent, nous nous sommes battus aux côtés de ceux qui préparaient le génocide. Nous les avons aidés à multiplier par sept leur armée, qui allait devenir le fer de lance de cette monstruosité. Nous les avons même aidés à constituer des milices d’autodéfense qui seront les escadrons de la mort de leur épouvantable programme.
En avril 1994, avons-nous seulement fermé les yeux quand une équipe de mercenaires est venue préparer l’attentat contre le président Juvénal Habyarimana, à partir du camp de Kanombe qu’occupaient les unités d’élite rwandaises que nous instruisions ?
Nous avons volé les boîtes noires de l’avion sur les lieux du crash pour perturber l’enquête et diffusé de fausses preuves fournies par leur Himmler, le colonel Bagosora [présenté comme le cerveau du génocide rwandais, il a été condamné à la perpétuité, en 2008, par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)].
Nous avons accueilli les nazis du Rwanda dans l’ambassade de France pour qu’ils constituent un gouvernement intérimaire, qui sera le gouvernement des génocidaires, à l’encontre même des accords d’Arusha [signés le 4 août 1993 et en vertu desquels les casques bleus de l’ONU prennent le relais de la présence militaire française], qu’on qualifiait de Munich à l’Élysée… Une délégation reçue à Paris
Et lorsque nos avions ont atterri le lendemain à Kigali pour évacuer les ressortissants étrangers, ils ont débarqué encore des armes pour ces hordes criminelles. Plusieurs dizaines de nos soldats d’élite sont restés sur place pour une mission qui est encore soigneusement cachée. En plein génocide, l’Élysée a officiellement reçu une délégation conduite par leur Goebbels et nous avons continué à les assurer de notre soutien et de nos armes.
Nous avons commémoré, en juin 1994, les 50 ans du massacre d’Oradour-sur-Glane avec un formidable : Plus jamais ça ! du président Mitterrand, tandis que nos alliés répétaient 15 fois par jour ces massacres, 10 000 morts par jour pendant cent jours.
Au 75° jour des massacres, tandis que nos brillants alliés perdaient pied face aux soldats du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, nous avons déclenché l’opération Turquoise, sous mandat humanitaire de l’ONU, pour envoyer les meilleures unités de l’armée française se battre contre… les ennemis des génocidaires, ces soldats du FPR que nous ne cessions de désigner comme notre ennemi.
La mission fixée par l’Élysée était claire : stopper nos ennemis plutôt que les génocidaires.
Et lorsque nos soldats ont croisé les survivants tutsi des collines de Bisesero, ils ont reçu l’ordre de les laisser choir à nos alliés qui les massacraient, parce que la mission fixée par l’Élysée était claire : stopper nos ennemis plutôt que les génocidaires. Trois jours plus tard, mes camarades des forces spéciales ont désobéi, sans le dire, pour porter enfin secours aux rescapés de Bisesero, et ils en furent blâmés.
L’armée française a alors créé, sur ordre, une zone humanitaire sûre qui a sauvé l’armée des génocidaires. Nous avons même été obligés de mener des raids à l’intérieur de cette zone, que nous protégions, pour sauver quelques rescapés tutsi de la volonté exterminatrice des SS qui s’y étaient installés en toute liberté. La destruction a continué
Nous aurions pu nous arrêter là, dans ce désastre, mais nous avons été obligés de boire la coupe jusqu’à la lie. Les organisateurs du génocide se sont présentés à Cyangugu, où se trouvait un groupement militaire français, celui dont je faisais partie. Son commandant fut obligé d’escorter les responsables du génocide jusqu’à la frontière du Zaïre, devenu Congo, alors qu’il avait réclamé de les arrêter.
Ces criminels ne sont pas partis seuls : ils avaient pu conserver la Radio Mille Collines, qui diffusait des ordres odieux, et ils ont déclenché l’exode forcé de la population hutu pour continuer leur résistance, la destruction des Tutsi. Nous leur avons à nouveau livré des armes et nous leur avons même proposé nos conseils pour élaborer une nouvelle stratégie.
Ces combats durent encore dans l’est du Congo[avec la deuxième guerre du Congo, de 1998 à 2002, puis celle du Kivu], faisant près de 300 000 morts, dix fois plus de vies massacrées que celles sauvées par l’opération Turquoise, qui, de fait, a sauvé les génocidaires.
Des voix se sont élevées en France pour réclamer des explications. Mais la vérité était indéfendable et inacceptable, alors les responsables de l’époque ont inventé des thèses alternatives pour atténuer leurs responsabilités et enterrer ce désastre français.
À la tête de certains d’entre eux, depuis vingt-sept ans, Hubert Védrine [secrétaire général de l’Elysée de 1991 à 1995] oriente les actions : n’y aurait-il pas eu un deuxième génocide, commis par les Tutsi, qui contrebalancerait l’horreur de celui qu’ils avaient subi ? Le président Kagame n’aurait-il pas organisé lui-même l’assassinat du président Habyarimana pour déclencher le génocide ? Des Tutsi n’auraient-ils pas infiltré ces milices qui démembraient les leurs pour les transformer justement en bourreaux ?
Le président Macron a rétabli l’équilibre des valeurs qui honorent notre nation et notre société, l’intelligence d’apprendre de ses échecs et la force de reconnaître ses erreurs.
Le négationnisme, ce n’est en effet pas seulement nier le génocide contre les Tutsi, c’est aussi chercher à atténuer la responsabilité de ceux qui l’ont commis ou, pis, de transformer les bourreaux en victimes.
Le 27 mai, avec solennité, avec des mots choisis, avec une humilité à laquelle il ne nous avait pas habitués, le président Macron a rétabli l’équilibre des valeurs qui honorent notre nation et notre société, la capacité à affronter la réalité, l’intelligence d’apprendre de ses échecs et la force de reconnaître ses erreurs.
Pour les militaires français, qui se sont vu imposer une politique délirante amenant à collaborer, qui se sont vu imposer un silence mortifère et le déshonneur d’assumer de tels mensonges, c’est une page sordide de notre politique qui est enfin tournée. Car l’honneur d’un soldat réside dans son humanité bien plus que dans sa discipline, et c’est pour cela que mon cœur s’est senti soulagé en écoutant ce jeune président nous libérer de la honte d’avoir collaboré.
Guillaume Ancel, ancien lieutenant-colonel de l’armée française, vétéran de l’opération Turquoise, a écrit Rwanda, la fin du silence (Les Belles Lettres, 2018).
05 2021
À l’occasion d’une visite de maintenance sur l’Hermione on y repère des vilains champignons d’eau douce – donkioporia expansa, plus communément appelé le polypore des caves – sur bâbord arrière, sous la ligne de flottaison, puis sur la partie immergée de la proue… aux arrêts de rigueur pour plusieurs mois, le temps de changer les pièces de bois concernées. Il a dû y avoir un oubli dans le traitement des bois au moment de la construction, car les traitements existent. Cela arrive le plus souvent lorsque les bois contiennent trop d’aubier et ont été mal séchés. Le montant des travaux sera de toutes façons supérieur à 3.5 millions €, première estimation.
Le bateau n’est pas réparable, même en dépensant une fortune. Des choses peuvent être sauvées, mais pas la coque…
Guy Ribadeau-Dumas, architecte naval et maître d’œuvre sur l’Hermione de 2003 à 2007. Selon lui, les bois utilisés durant la construction n’étaient pas assez secs ni traités.
Je ne suis pas inquiet, nous allons réparer ce bateau dans les règles de l’art et nous nous engageons dans la durée.
Marc de Briançon, président de l’association Hermione depuis juillet 2022, ancien vice-amiral d’escadre, ancien directeur de l’École Navale…
Seul l’avenir dira lequel des deux a raison. En attendant, le mal prouve l’amateurisme qui a présidé à la construction. El il y a bien des chances pour que ce soit la faute à personne… as usual. Il y avait là tellement de gens connus, n’est-ce pas Éric Orsenna !
Ce bateau est réparable et voué à naviguer longtemps, car c’est son ADN. Seulement, il a d’abord été imaginé pour rester à sec, en tant que musée. Puis pour flotter. Et enfin pour naviguer. Autrement dit, ses caractéristiques ont évolué au fil de sa construction. S’il avait été conçu dès le départ pour naviguer, il serait encore en état de le faire aujourd’hui.
Guillaume Normandin, directeur technique de l’Hermione depuis mai 2018,à Sud-Ouest 12 05 2023
Le chantier de réparation de la coque de l’Hermione représente un véritable défi technique. La restauration des pièces de bois de la coque va représenter un volume de 40 m3, soit environ 7 % du volume de la structure bois du navire, expliquent les responsables de l’association Hermione La Fayette. En étroite concertation avec l’entreprise rochelaise Yacht Concept, retenue pour assurer la maîtrise d’œuvre, l’association a confié les travaux de démontage et de restauration à deux entreprises du patrimoine vivant, deux entreprises d’excellence dans leur domaine : la société Asselin et le Chantier du Guip.
Spécialisés en charpenterie navale, les salariés thouarsais d’Asselin s’occupent des bois situés à l’intérieur de l’Hermione, tandis que les Bretons du Chantier du Guip interviennent à l’extérieur, sur les bordées.
On espère que l’Hermione pourra être de retour à Rochefort à l’été 2024, pour le début de la saison touristique.Nous avons dû réévaluer le budget à près de 6,5 millions d’euros, explique Rémi Justinien, conseiller régional de Charente-Maritime, représentant le président Alain Rousset au conseil d’administration de l’association Hermione La Fayette.
Si le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a déjà contribué au chantier à hauteur de 300.000 euros – sur la première tranche de 3 millions – et apporté une garantie de 20 % sur un emprunt de 1 million d’euros, l’association cherche des ressources complémentaires.
Si le montant de la première phase du chantier s’élève à 3,5 millions d’euros (financé par les banques, collectivités locales à l’État), 6,5 millions d’euros doivent à présent être réunis pour poursuivre les travaux et remettre la frégate à l’eau. […] 15 à 18 mois de chantier seront nécessaires pour les travaux de restauration qui devraient débuter dès janvier 2023. Avec pour objectif de remettre à l’eau l’Hermione en 2024, l’association doit rassembler 6,5 millions d’euros dès aujourd’hui pour financer la restauration et l’installation d’un chantier ouvert au public et à la formation. Le navire ne pouvant rester trop longtemps dans sa forme à sec, elle a donc moins de deux ans pour réussir ce défi et poursuivre sans interruption le chantier.
Connaissance des arts Agathe Hakoun
https://youtu.be/pP9IwKunWgA
Navire au sec depuis plus d’un an, le chantier pour remettre en état la frégate Hermione se poursuit. Sa coque attaquée par des champignons nécessite de grosses réparations, avec le remplacement de nombreuses et importantes pièces maitresses. Un travail d’orfèvre que nous avons pu admirer et qui demande connaissance et intelligence.
En cale sèche à Anglet, un port proche de Bayonne
donkoporia expansa
À l’été 2021, l’Hermione entre en cale sèche à La Pallice, port de commerce de La Rochelle, pour lui refaire son antifouling. Les ouvriers découvrent des bordés qui semblent très souples. Un petit patch sur l’arrière du bateau est posé avant d’envisager une inspection plus en profondeur. Le bateau est alors en configuration de navigation, avec ses canons et ses mâts. Il est trop lourdement chargé pour entrer dans la forme de radoub de Rochefort qui l’a vu naître, quelques 10 années plus tôt. Il va en cale sèche à Anglet.
Le chantier se poursuit au rythme des apports financiers. En effet, tout comme lors de la construction, c’est la finance qui dicte le rythme de travail. Les entreprises du Guip et Asselin qui s’occupent de la charpente seraient prêtes à aller plus rapidement, mais…
François Xavier Ricardou. Culture nautique le
Un commentaire de Jean Kirtz sur Culture nautique : Il y a tant à dire sur ce désastre… Lisez la lettre de démission de Monsieur Guy Ribadeau Dumas architecte naval en charge du projet de construction.
Réparations sur L’Hermione : le maître d’œuvre et l’entreprise Asselin se rejettent la faute
Le trois-mâts L’Hermione est en réparation depuis plus d’un an, à la suite d’une avarie dans la coque. Le maître d’œuvre Guy Ribadeau Dumas, qui a supervisé la construction du navire, accuse l’entreprise deux-sévrienne Asselin d’être responsable des dégâts.
Le maître d’œuvre qui a supervisé la construction de L’Hermione de 2003 à 2007, Guy Ribadeau Dumas, a déclaré cette semaine à l’AFP qu’on savait depuis 2007 qu’il y avait des champignons sur la coque. J’ai vu les problèmes sur les bois : des pièces tordues, pas assez séchées. On en a changé la moitié. Selon lui, il existait des problèmes structurels de construction. Le pont fuyait. C’est une des principales sources du problème d’aujourd’hui : l’eau de pluie tombait au fond. Et comme les bordées (les planches qui constituent la peau externe de la coque, ndlr) n’étaient pas assez serrées, il fallait mouiller le bois. GuyRibadeau Dumas pointe la responsabilité de l’entreprise thouarsaise Asselin qui fournit les bois depuis le départ, une entreprise de charpente en bâtiment qui ne connaissait pas les bois qu’il faut pour la construction navale et n’était pas assurée pour la construction navale, avec pour conséquence des surcoûts.
C’est une accusation très grave, a répondu à l’AFP Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle et lui aussi mis en cause en tant qu’ancien président du comité technique de l’association. Il n’y avait pas de champignons, ajoute-t-il. L’Hermione a fait preuve de sa robustesse, de son étanchéité. Les Affaires maritimes suivaient L’Hermione, le Bureau Veritas l’inspectait. Il aurait fallu cacher ces champignons à tout le monde
Si un chantier était surveillé, c’était bien celui-là, insiste aussi François Asselin, patron de l’entreprise de restauration de monuments historiques, toujours à l’AFP. Et tout le bois a été réceptionné par la maîtrise d’œuvre (à savoir par Guy Ribadeau Dumas, ndlr).
Le courrier de l’Ouest 17 11 2022
Lors de la dernière édition de l’Armada en 2019, l’Hermione avait attiré plusieurs milliers de curieux (jusqu’à 3 300 visites par jour, un record sur les 10 jours de l’événement !). Mais la réplique de la frégate du marquis de Lafayette ne sera pas présente sur les quais de Seine en 2023. Nous étions présents pour la dernière édition et nous en gardons tous un excellent souvenir mais notre présence en 2023 n’est pas au programme, précise l’association Hermione.
Des champignons ont été repérés à l’arrière-babôrd (gauche) du navire lors de son passage en juin 2021 au port de La Pallice, à La Rochelle. Une réparation temporaire avait été faite en urgence sur la coque du navire pour tenir plusieurs mois comme l’avait annoncé le site du navire, avant qu’une solution définitive ne soit mise en place.
En Juin 2021, L’Hermione est entrée en cale sèche à La Pallice (La Rochelle) pour une opération d’entretien prévue de longue date. Mais peu avant sa remise en eau, des traces de deux champignons ont été repérées par un charpentier, missionné par l’association Hermione-Lafayette, propriétaire du navire, pour un contrôle de routine. Suite à cette découverte, L’Hermione est entrée en Grand Carénage au port de Bayonne, pour procéder aux travaux. Nous avions déjà connaissance du problème et c’est d’ailleurs pour cette raison que l’association Hermione-la Fayette a fait entrer la frégate en cale sèche, à Bayonne, port de la région qui avait de la disponibilité à cette période et proposait toutes les infrastructures nécessaires, détaille l’association.
Le navire avait planifié son prochain voyage à partir d’avril 2022. « On était à 5 ou 6 jours de remettre en eau, on avait même commencé à poser l’antifouling [peinture spéciale contre les algues NDLR] » se rappelle Guillaume Normandin, le directeur technique de l’association pour Voiles et Voiliers.
Depuis, le bateau est toujours à quai, les travaux de réparation ont débuté en février 2022 et se poursuivent.
Le Polypore des caves et le Lenzite des clôtures ont été détectés sous la ligne de flottaison sur une surface d’au moins 84 mètres carrés précise une guide spécialiste de L’Hermione, au Parisien. Ces deux champignons se développent souvent sur des surfaces humides et apprécient les endroits sombres avec une température relativement fraîche. Autrement dit, l’endroit parfait pour se propager.
D’habitude, on ne rencontre ce genre d’avarie que sur des bateaux en bois de plus de 50 ans. Là, on a un vieillissement très prématuré, juge un employé de chantier naval qui a œuvré sur ce navire historique. Ce jeune bateau qui ne compte que huit années de navigation, ne surprend pourtant pas les experts qui suspectent un certain nombre d’erreurs lors de sa construction.
Guy Ribadeau-Dumas, architecte naval réputé et maître d’œuvre du chantier de L’Hermione de 2003 à 2007, dénonce un contrôle qualité insuffisant ou inexistant au niveau du choix des bois ainsi que des tests d’étanchéité qui se sont révélés très défavorables.
C’est un bateau dont l’avenir est compromis depuis sa mise à l’eau, ne respectant pas les règles de sécurité internationales. L’expert ne parie pas sur sa pérennité, même si le parasite venait à être éradiqué. Il y a trop de difficultés. À défaut d’autorisations, l’Hermione restera exposée et dévolue à des visites par le public, complète-t-il pour Le Parisien.
Le bateau ayant déjà bénéficié de 14,9 millions d’euros de subventions publiques pour sa construction, cherche désormais de nouveaux acteurs financiers pour poursuivre les réparations jusqu’en février 2023 affirme Émilie Beau, directrice générale de l’association Hermione-Lafayette.
Le prix total du chantier ? 3 millions €. L’Hermione est en danger parce que c’est une association et qu’il faut lever beaucoup de fonds, reconnaît Émilie Beau au Parisien.
Pour l’heure, le financement se poursuit, même si le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et le conseil départemental de Charente-Maritime ont accepté d’investir à plus de 600 000 € pour ce projet. La responsable du projet espère également une aide de 1 million d’euros de l’État pour contribuer aux réparations.
Cependant, la dette de l’association s’élève déjà à 2 millions € depuis la fin de la construction de L’Hermione. Malgré des investissements à la baisse depuis la crise du Covid – le nombre d’adhérents à l’association a chuté de 6 000 en 2015 à 3 000 en 2022 selon les chiffres du journal quotidien d’Île de France – la patronne se veut rassurante : on a toujours réussi à rembourser.
Pour la directrice générale Émilie Beau, pas de doute : c’est réparable confirme-t-elle au quotidien parisien.
Le défi est techniquemais les travaux sont déjà en cours. Des bordées en bois ont été enlevées sur 50 mètres carrés pour accéder plus facilement à l’intérieur. Cela nous a permis de mieux cerner la zone et nous sommes rassurés conclut la responsable.
Paris-Normandie 13 mai 2022
Un an après l’appel aux dons lancé pour sauver l’Hermione, dont la coque en bois était rongée par des champignons, la moitié de la somme nécessaire à sa restauration est récoltée. En chantier à Anglet (64), la réplique de cette célèbre frégate pourrait reprendre la mer en 2025.
Dix millions d’euros au total étaient estimés nécessaire à la restauration de l’Hermione. (Raquel Cruz – Association Hermione La Fayette). 1 5 millions € récoltés.Il y a tout juste un an, l’association Hermione – La Fayette lançait un appel aux dons pour sauver la réplique de la frégate de la Fayette, fameux trois-mâts du XVIII° siècle. Des champignons rongeaient la coque en bois sur une surface totale de 40m², à l’avant et à l’arrière de ce navire de plus de 40 mètres de long. Dix millions € au total étaient estimés nécessaire à sa restauration.
Ce jeudi, depuis Anglet (64), où se trouve le bateau en cale sèche depuis deux ans, les responsables de l’association ont annoncé avoir parcouru la moitié du chemin. 5,285 millions € ont déjà été financés. Un premier programme d’investissement de 3,5 millions € avait été bouclé l’an passé.
Pourquoi Armor-Lux soutient l’Hermione ?En 2023, l’association a récolté 1,7 million € supplémentaires, grâce surtout au réengagement des collectivités locales de son port d’attache habituel, Rochefort (département Charente-Maritime, région Nouvelle-Aquitaine, et communauté d’agglomération Rochefort Océan) et aussi de l’État. Seulement éligible au mécénat depuis août dernier, l’association a déjà collecté 300 000 € grâce à ce dispositif de financement.
Le charpentier Christophe Soyer réalise ici une pièce en lamellé-collé à l’arrière du bateau. (Raquel CRUZ – Association Hermione – La Fayette)Afin de terminer la restauration du bateau et espérer le voir à nouveau naviguer, il manque donc encore 5 millions € à l’association. Ce jeudi, Emilie Beau, directrice générale de l’association, a lancé un nouvel appel à la mobilisation. Elle s’adresse plus particulièrement aux entreprises, qui peuvent désormais financer directement ce projet via du mécénat.
Depuis ce jeudi 12 octobre, le grand public peut aussi faire des dons défiscalisés sur internet. Jusqu’ici, cela reposait uniquement sur le principe d’adhésion à l’association. De même, l’association va pouvoir recevoir des dons depuis les États-Unis grâce à la plateforme Friends of Fondation de France. Pour rappel historique, la frégate originale de l’Hermione avait traversé l’Atlantique en 1780 pour annoncer le soutien de la France aux insurgés américains, en lutte pour leur indépendance.
L’association a choisi de délester l’ensemble du navire pour accéder à un maximum de zones intérieures de la coque. 227 tonnes de lest ont été sorties du navire par des bénévoles, explique la directrice de l’Hermione. Depuis plus d’un an, plus d’une dizaine de charpentiers professionnels participent aux travaux de restauration. Après avoir retiré les pièces de bois rongées par les champignons, ils ont commencé à en poser de nouvelles, principalement en lamellé-collé. La carlingue est la dernière pièce structurelle de l’arrière de la coque en cours de restauration.
Commencés en mai, les travaux sur cette pièce, assurés par la société Asselin, doivent durer neuf mois. À l’avant, six grosses pièces en lamellé-collé et une pièce en bois massif ont été préfabriquées par les équipes brestoises du Chantier du Guip au printemps dernier. Acheminées en septembre à Anglet, elles seront façonnées et posées en cette fin d’année. 34 pièces de la structure interne seront remplacées. Il restera ensuite à fixer l’ensemble de la boulonnerie sur la coque, remettre en place des bordés et enfin le calfatage.
Une structure a été montée au-dessus de l’Hermione pour protéger le bateau qui se trouve en cale sèche à Anglet. (Raquel Cruz – Association Hermione – La Fayette) Si nous obtenons le reste des financements nécessaires, nous espérons pouvoir remettre le bateau à l’eau en 2025, annonce Emilie Beau. L’association souhaite que le navire participe à la conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tiendra en juin 2025 à Nice. Un souhait partagé par Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la Mer : symbole de la grandeur et de la puissance maritime française du XVIIIe siècle, son retour à flot pour l’année de la Mer et l’UNOC 2025 permettra de faire rayonner le monde maritime et le savoir-faire de nos entreprises françaises ! .
Lionel Le Saux. Armor Lux. Le 12 octobre 2023
Ce trois-mâts carré est à peu près aussi authentique que les seins de Pamela Anderson ou les peintures rupestres de Lascaux II, mais libre à vous de le visiter si vous aimez qu’on vous raconte des histoires avec l’Histoire. Dans la réplique 2014 de L’Hermione de 1779, qui conduisit La Fayette en Amérique, on ne s’est visiblement pas trop cassé la nénette avec l’authenticité : les pièces de charpente sont boulonnées et non chevillées, les mâts sont collés, des cordages synthétiques ornent les drisses et balancines, deux moteurs électriques avec des groupes électrogènes permettent de manœuvrer dans les ports, et des douches et WC ont été aménagés pour l’équipage, ce qui est sans doute une bonne idée, au vu du nombre de personnalités aux petits nez délicats qui ont défilé sur cette discutable réplique.
Et ne voilà-t-il pas que nous avons confirmation que deux champignons xylophages, le polypore et le lenzite sont en train de casser la croûte allègrement dans la voûte arrière : membrures en hors d’œuvre, courbe d’étambot en plat de résistance, carlingue en dessert. Ce bateau qui n’a que huit ans, rongé par la vermine sur 84 mètres carrés, ne mérite décidément plus qu’un nom, La V’Hermione.
Surtout n’allez pas accuser la malchance ou une quelconque infortune de mer ! Confirmant des informations personnelles venant de Rochefort, l’architecte naval Guy Ribadeau-Dumas, maître d’œuvre du chantier naval de 2003 à 2007, mange le morceau dans Sud Ouest du 8 avril [2022] : des bois verts utilisés pour la construction malgré toutes les mises en garde des spécialistes, le refus d’appliquer des traitements antifongiques et surtout des compétences plus que limitées pour s’attaquer à une telle reconstitution historique. À mon arrivée, les équipes bricolaient sans savoir fixer les pièces de bordage. Rien n’était étanche : au lieu de faire des trous plus petits que les boulons, ils étaient plus gros et rebouchés avec du mastic. Idem pour la liaison entre la coque et le pont : celle de la première Hermione était en fer. Ici, elle a été faite avec du bois vert. J’avais dit que ça ne tiendrait pas.
Pompon sur le bonnet du marin, si l’on peut dire, les bois n’étaient pas toujours jointifs, on pouvait parfois y passer la main, alors pour tout serrer et faire gonfler la structure, les branquignols qui font du bateau ont décidé d’arroser le bois tous les jours pendant trois ou quatre ans. Résultat : à la place du bateau, une magnifique champignonnière. Tout cela pourrait prêter à sourire si il n’y avait derrière ce fiasco une association qui depuis 1992 compte 3 000 membres cotisants, une vingtaine de salariés, l’écrivain Erik Orsenna comme président-fondateur, et beaucoup, beaucoup d’argent public venant principalement de la ville de Rochefort, du département de Charente-Maritime, et de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Et que trouve à dire Émilie Beau, la présidente de l’association ? Que la réparation est estimée au minimum à 3,5 millions €, que l’association, grâce aux visites organisées peut amener 1,5 million € en fonds propre et que le département des Pyrénées-Atlantiques, ainsi que l’État devraient mettre la main à la poche pour ce bateau qui bat pavillon français pour porter l’image de la France.
Que la directrice de l’association Hermione La Fayette soit soucieuse de son avenir professionnel et tente de sauver les avantages inhérents à son poste, on peut le comprendre. Mais, alors que les collectivités locales, et donc les contribuables, croulent sous les charges avec le désengagement de l’État, est-il raisonnable de venir au secours financièrement d’un joujou aussi inauthentique ? La réponse est évidemment non.
Un détail aurait d’ailleurs dû alerter tous ceux qui participaient à l’inauguration de cette médiocre réplique. Le 18 avril 2015, à Fouras, François Hollande arrive en personne pour inaugurer le bateau et lance une de ces petites blagues qu’il affectionne : La construction de la frégate n’a pas coûté trop cher à l’État et c’est pour ça que je suis présent, pour compenser.
Le poissard a encore frappé !
Jean-Yves Viollier La Semaine du Pays Basque du 6 mai 2022
2 06 2021
Le porte conteneur neuf MV Xpress Pearl fait naufrage au large de Colombo, au Sri Lanka. En soute, 297 tonnes de fioul lourd, 57 tonnes de fioul marin, mais encore de l’acide nitrique qui a commencé à fuir dès le 11 mai dans le port de Hamad, au Qatar, sans que l’on puisse réparer. De là, il a repris la mer, avec une nouvelle escale à Hazira, un port du nord-ouest de l’Inde, sans que l’on puisse réparer. De là il a repris la mer et l’incendie s’est déclaré le 20 mai.
Donc, on peut noter que le Qatar a suffisamment d’argent pour organiser une coupe du monde de foot, mais pas assez pour donner les infrastructures portuaires modernes adaptées à la nature du trafic maritime d’aujourd’hui. Et cela dit bien l’échelle des valeurs qui ont cours aujourd’hui : le fric, la com mais du travail sérieux, le moins possible.
3 06 2021
Suite au dernier coup d’État au Mali du 24 mai, la France suspend ses accord bilatéraux militaires avec ce pays. Ce n’est qu’un petit pas vers le désengagement, mais symboliquement très lourd. Avec les mercenaires privés de Wagner, les Russes sont dans les starting-blocks pour prendre la place, mais, une fois en place, accepteront-ils de payer les fins de mois du pays comme le font actuellement l’Europe et le FMI ? Une semaine plus tard, Emmanuel Macron annoncera la fin de Barkhane, avec un calendrier qui devrait voir, d’ici 2023, le départ de la moitié de l’effectif actuel, 5 100 hommes.
8 06 2021
Dans la plus vieille course poursuite du monde, entre le gendarme et le voleur, le premier vient de marquer un but splendide, de la tête : le FBI est parvenu à faire pénétrer un portable de sa conception muni d’une application précise – ANoM -, au sein du grand banditisme sévissant essentiellement en Australie-Nouvelle-Zélande ; ces gens-là étaient donc sûrs de la sécurité et de l’impossibilité à décrypter ces appareils, et, donc, ne pouvaient pas soupçonner une seconde que tout cela venait du FBI qui les écoutait donc en permanence – 27 millions de messages -. Ils sont certes particuliers, mais n’en ont pas l’air : impossible d’appeler, d’envoyer un mail, d’aller sur Instagram, d’envoyer des photos : on peut seulement envoyer des messages, écrits et vocaux.
Résultat de la pêche miraculeuse :
800 arrestations en international, 700 lieux perquisitionnés
8 tonnes de cocaïne, 22 tonnes de cannabis, deux tonnes de méthamphétamine, 250 armes à feu, 55 véhicules de luxe et plus de 48 millions $ (39 millions d’€) en diverses devises et crypto-monnaies
Rien qu’en Australie, plus de 200 personnes ont été inculpées dans cette enquête qui, selon le Premier ministre Scott Morrison, a infligé un dur coup au crime organisé dans ce pays, et qui aura un écho dans le monde entier. Autre pays principalement concerné, la Suède a déclaré avoir arrêté 155 personnes, dont cinq en Espagne. Les autorités ont pu repérer plus de 600 suspects, empêchant plus de 10 meurtres planifiés en Suède. La Finlande voisine a annoncé une centaine d’arrestations, une grosse saisie de mitrailleuses et de 500 kg de drogues, d’armes et d’argent liquide, ainsi que la découverte d’un atelier d’impression 3D fabriquant des pièces d’armes à feu. En Norvège, sept arrestations ont eu lieu. L’Allemagne a interpellé 70 suspects, les Pays-Bas 49 et la Nouvelle-Zélande 35. À l’origine de Bouclier de Troie figurent l’infiltration par le FBI de Phantom Secure, un autre système de communications cryptées, et le démantèlement au cours des deux dernières années de deux autres, Sky Global et Encrochat. La fermeture de ces deux plateformes (…) a créé un vide sur le marché des communications cryptées, a expliqué mardi la police néo-zélandaise. Pour combler ce vide, le FBI a opéré son propre système d’appareils cryptés, baptisé +ANOM+. Cela lui a permis de retourner la situation contre les criminels, a expliqué M. Shivers. Nous avons pu voir des photos de centaines de tonnes de cocaïne dissimulées dans des cargaisons de fruits.
Question : Est-il bien certain que des bons vieux mafiosi latins se seraient ainsi fait piéger ? Peut-être les pizzini – ces petits bouts de papier que le mafioso brûle sitôt lu – vont-ils reprendre du poil de la bête. Ce qui est certain encore, c’est que, côté grand banditisme, il est aujourd’hui absolument indispensable de créer un poste à très grande responsabilité d’informaticien en chef qui parviendra à la maîtrise complète des communications, pour ne pas être ridiculisé par la facilité avec laquelle ils sont tombés dans ce piège, de même que les parrains marseillais d’antan mettaient à leurs côtés des chimistes de haut niveau pour obtenir de la blanche parfaite. Tout cela n’est vraiment nouveau que par l’ampleur de l’opération, car, quelques mois plus tôt, les Police et Gendarmerie françaises étaient déjà parvenus à décrypter des réseaux codés, de moindre ampleur.
22 06 2021
Quand un laïque, distingué certes mais laïque, donne une leçon de droit, et donc d’humanisme … au pape…
Assignée à résidence dans des conditions discutables, une religieuse est chassée de sa communauté après y avoir vécu depuis plus de trente ans, par l’effet d’une révocation autoritaire de ses vœux, autrement dit d’une annulation de son existence entière dans le sens qu’elle lui avait librement donné. Les faits ont été précisément rapportés dans Le Monde et je n’y reviendrai pas [fin avril avec confirmation le 18 juin, mère Marie Ferréol, née Sabine Baudin de la Valette, avait été renvoyée des dominicaines du Saint-Esprit. Elle assurait n’avoir aucune idée de la faute grave dont l’Eglise l’accuse, qui donne à cette sanction rarissime des relents de procès en sorcellerie].
L’affaire de la religieuse de Pontcallec n’est pas plus une affaire de bonnes femmes que l’affaire Finaly, qui vit après la guerre Maurice Garçon et François Mauriac s’opposer au sujet du sort réservé à des orphelins juifs recueillis et baptisés, sous l’Occupation, par une famille catholique, n’avait trait à une question de garde d’enfants. Dans les deux cas, de grandes questions se posaient, se posent encore.
À propos de mère Marie Ferréol, c’est à une succession de problèmes essentiels que l’esprit le moins prévenu se trouve confronté : le statut de la femme dans l’Église catholique, le respect par les institutions de cette même Église des droits de la personne, et son crédit moral pour finir. Car de deux choses l’une : ou l’on croit à la vocation affichée par cette institution, et l’on ne prendra jamais à la légère ses procédures ni les comportements de ceux qui les mettent en œuvre ; ou l’on n’y croit pas, et l’on trouvera dans l’affaire de Pontcallec une occasion nouvelle de la taxer d’hypocrisie et d’imposture.
Voici longtemps, et en tout cas de manière très explicite depuis le concile Vatican II, que l’Église prétend délivrer un message universel valable pour l’humanité entière et largement fondé sur la défense des droits de la personne. Qu’en reste-t-il si elle en méconnaît les exigences les plus élémentaires lorsqu’il s’agit du sort de ceux qui ont consacré, à travers elle, leurs vies à ce message ?
Quand bien même on serait philosophiquement ou religieusement étranger au christianisme, il se pourrait qu’on fût toujours sensible à sa compassion pour les persécutés. Le sera-t-on encore si cette Église tolère en son sein des persécutions, même moins importantes que celles qu’elle dénonce à travers le monde ?
Ici, la persécution ne concerne pas d’abord la sévérité de la mesure finale, mais son caractère manifestement abusif, tenant au simple fait que le principe du contradictoire, auquel s’attachent tous les systèmes de droit civilisé, n’ait simplement pas été respecté. C’est d’autant plus frappant que rien de sérieux, aucun impératif transcendant, n’empêchait qu’il en soit autrement.
À aucun moment cette femme n’a été mise à même de connaître son dossier, de présenter sa défense, de contester utilement les mesures dont elle faisait l’objet. Ces règles élémentaires, que la moindre administration respecte, en Europe, à l’égard de ses employées, n’ont reçu aucune application.
Et c’est bien là que l’essentiel se noue. On ne peut facilement admettre que le droit de Dieu, mis en œuvre par une bureaucratie qui est, comme toute bureaucratie, tentée par nature de se prévaloir abusivement des grandeurs qui justifient son existence, s’exerce d’une manière aussi radicale et dans l’obscurité, dans la mesure même où le message évangélique se fonde précisément sur la valeur prééminente du comportement inverse.
Si l’esprit passe avant la loi, l’amour avant la règle, on admettra difficilement qu’il en aille différemment au sein même de l’institution qui prétend énoncer ces idées libératrices. Imagine-t-on un instant le divin maître condamner sans savoir, ou même sans interroger ?
Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle les plus grandes règles monastiques, même en réservant l’obéissance, font la part d’un dialogue nécessaire. Les Constitutions de la Compagnie de Jésus, largement écrites par Ignace de Loyola, sont traversées par un leitmotiv qu’on pourrait résumer ainsi : On fera selon la règle sauf si le salut des âmes ou la gloire de Dieu demandent que l’on fasse autrement.
C’est d’autant plus nécessaire que le cas de cette religieuse est loin d’être évident. Il suffit d’une connaissance élémentaire du droit canonique pour s’apercevoir que la dispense autoritaire des vœux ne peut s’appliquer sans cause grave, c’est-à-dire en pratique hors des situations d’apostasie publique ou de vie notoirement scandaleuse, après qu’un ensemble de représentations ont été faites, et les personnes amenées à s’expliquer.
Rien de tel n’a eu lieu. Autant dire qu’on a transformé le droit canon en chiffon de papier, au mépris, au passage, de la parole réitérée des plus hautes autorités de l’Église. Ainsi Jean Paul II énonçait-il, après ses prédécesseurs, que le droit n’est pas un corps étranger seulement voué à la protection d’intérêts temporels, mais qu’il est connaturel à la vie de l’Église.
Récemment encore, le secrétaire d’État [du Saint Siège] Pietro Paolin s’exprimait en termes identiques, se référant à cet égard au procès de Jésus-Christ. Or, l’observation même rapide de la manière dont la procédure d’exclaustration forcée de cette religieuse a été conduite montre un ensemble de légèretés, d’approximations et d’illégalités qui feraient rougir de honte le moindre tribunal administratif français, la moindre commission disciplinaire de la fonction publique, qui eux au moins ne prétendent pas dire, urbi et orbi, le bien universel.
Lorsque j’étais enfant, au collège, on nous faisait écrire nos compositions sur de grandes feuilles où étaient inscrites, en haut à gauche, les lettres AMDG, pour Ad Majorem Dei Gloriam, qui signifie pour la plus grande gloire de Dieu. Devenu vieux, un simple laïc de l’Église de France, pour employer la périphrase de C. S. Lewis, ne se souvient pas sans nostalgie de l’invitation qui nous était faite de rechercher l’important même dans l’accessoire. Mais il ne voit pas ce que la gloire de Dieu gagne, de Pontcallec à Rome, à une aussi navrante combinaison de la bêtise et de l’insensibilité ordinaires.
La gestion assez lamentable de cette affaire, et sans même qu’on se prononce sur le fond, fait venir au jour des défauts de nature différente. Un manque de sérieux tout d’abord ; un manque de bon sens ensuite ; enfin, l’inadaptation flagrante d’un corpus lacunaire de règles anciennes aux principes les plus élémentaires. Ces questions relèvent pour finir d’un contentieux de nature administrative où la communication des griefs, le droit de choisir son conseil, les délais raisonnables de jugement des tribunaux, l’indication des voies de recours, devraient aller de soi.
Il est à l’évidence inacceptable que le droit positif de l’Église soit si fort en retard sur les éléments les plus importants d’un droit naturel dont elle ne cesse de rappeler au monde, et à juste titre, toute l’importance. Rien de transcendant ne le justifie, et c’est même exactement le contraire si l’on se réfère à la doctrine qu’elle défend. C’est bien, là encore, son crédit qui est en cause, autant que dans des circonstances plus graves que je ne rappellerai pas.
Sous ce rapport, c’est l’ensemble de la procédure canonique qui est à revoir, ou, en matière administrative, à créer. Mais en attendant, un règlement simplement humain de cette question dissiperait un soupçon qui n’est hélas que trop d’actualité : que l’affaire eût été différemment conduite s’agissant d’un homme, et plus élevé dans la hiérarchie ; que le mépris, administrativement manifesté, des droits de la personne, paraît trop souvent encore de nature, par un curieux entraînement, à prévenir le scandale public, alors qu’il en est la cause. Le pape François n’a cessé, me semble-t-il, de le rappeler. C’est pourquoi j’espère qu’il lira cet article, et décidera en conséquence ce qui convient, à la suite d’Ignace, qui ne voyait de pire faute que celle d’être un obstacle au salut des âmes.
François Sureau, avocat et écrivain, membre de l’Académie française. Le Monde du 24 06 2021
En mars 2024, le tribunal civil de Lorient condamnera le cardinal Marc Ouellet, tout puissant préfet de la congrégation pour les évêques, au demeurant grand ami de Sœur Marie de l’Assomption, opposée à Sœur Marie Ferreol, pour sa prise de décision, coupable d’abus de droit, d’absence d’impartialité pour ce renvoi infâmant et vexatoire et le condamnant à 120 000 € d’amende. Le Saint Siège se fendra d’un note verbale pour protester de cette condamnation, jouant avec un talent certain la vertu outragée, dont s’amusera François Sureau.
26 06 2021
Inauguration de la Tour Luma, en Arles.
En 1961, Luc Hoffmann avait été l’un des fondateurs du WWF, puis, aussi, d’une association Vincent van Gogh en Arles, qui avait été reprise par sa fille Maja, qui avait maintenu à flot les Rencontres Internationales de la Photographie, avant de fonder, en 2015, la fondation LUMA, au cœur de laquelle trône en majesté la tour de l’architecte Frank Gehry pour un montant avoisinant les 150 M€. [Le groupe Hoffmann Laroche est le troisième groupe mondial de pharmacie, avec un CA annuel de 47.2 milliards de $, en 2019].
Court florilège de cet univers mental : la définition de la bibliothèque en feu :
Une créature cherche la forme de son intelligence. Depuis 2011 une bibliothèque expérimentale s’élabore à partir de la lecture de ses volumes : livres, films, jeux vidéo. Elle y détecte des mouvements, opérations et structures qui viennent à composer les logiques de son avancée. Comme face à un mystérieux poème, vous entrez dans la possibilité d’un monde où tout devient suspense, réfraction de signes, source virtuelle d’attention.
Métafiction créée et écrite par Charles Arsène-Henry dans un espace conçu avec Dominique Gonzalez-Foerster et Martial Galfione, La bibliothèque est en feu développe, avec d’anciens étudiants de Shapes of Fiction (Architectural Association School of Architecture, Londres), un programme de recherche dans les profondeurs de ses bibliographies : réaliser un nouvel instrument de lecture.
L’ex-président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, se constitue prisonnier dans le cadre de son procès pour détournement de fonds publics, incluant les milliards de Kadhafi ; moins d’une semaine plus tard, ses partisans – c’est du moins ce qu’ils prétendent être – se livrent à un pillage généralisé dans la région de Johannesburg : plus de 200 supermarchés pillés, distributeurs automatique de billets etc etc… Les autorités, la police, l’armée seront complètement débordées et ne pourront que s’en prendre à des attardés. Les tentatives de retour à l’ordre ne seront le fait que du privé, l’État n’ayant que des mains vides : une coquille et rien dedans.
14 au 16 07 2021
Il pleut sans discontinuer sur la Rhénanie Palatinat. On aura vu les eaux de l’Ahr, un affluent du Rhin, monter de 8 mètres ! 174 morts en Allemagne, 31 en Belgique. Les services météo allemands se seront montrés particulièrement défaillants, lançant l’alerte beaucoup trop tard : un air froid venait du nord, un air chaud du sud, et voilà le résultat. Au Canada, c’est un dôme de chaleur venu du Mexique qui se fait piéger par un puissant anticyclone qui fait fonction de couvercle : 49.6° le 29 juin au pied du versant oriental des Rocheuses ! Un an plus tôt, c’était 1.15 million d’hectares qui brûlaient en Sibérie, après six mois de sécheresse : avec les fortes chaleurs, les arbres arrêtent leur photosynthèse, si bien qu’ils ne fournissent plus de fraîcheur mais au contraire deviennent du bois à brûler, David Faranda.
Bad Neuenahr-Ahrweiler (Rhénanie-Palatinat, région de Cologne)
Passau
19 07 2021
Je t’écoute, tu m’écoutes, il m’écoute etc etc … Aujourd’hui, c’est NSO, une boite israélienne, hier, c’était la NSA américaine, avant-hier, c’était Échelon. Versions contemporaines d’un des plus vieux métiers du monde : la police et ses indics, Fouché et ses mouchards. Le monde des journalistes ne ferait-il pas un peu trop de mousse là autour, s’enfermant dans une posture de victimisation, jouant la vertu outragée quand eux-mêmes passent une bonne partie de leur temps à bénéficier d’informations obtenues moyennant le viol du secret professionnel, du secret de l’instruction, du devoir de réserve, tous ces viols n’étant que la négation pure et simple de toute déontologie ? Vous avez dit déontologie ? Mais qu’est-ce c’est que ça ?
14 08 2021
La terre tremble à nouveau sur cette terre d’Haïti, terre de tous les malheurs : 7.2 de magnitude, 2 200 morts, 12 000 blessés, 300 disparus et des dizaines de milliers de sinistrés. Bien viv pa fasil.
15 08 2021
Les Talibans sont à Kaboul, pratiquement sans avoir eu à se battre : l’armée afghane s’est débandée… le hasch ou le combat… il faut choisir. On pense à la formule de George Bidault à la chute de la IV° république en 1958 : La République n’est pas à prendre mais à ramasser. Il faudra bien un jour essayer de savoir pourquoi et comment une armée équipée d’un armement dernier cri par les Américains, formée, entraînée par eux, (60 millions $ depuis le début de 2021, 6 000 milliards depuis 20 ans, un investissement largement égal à celui des Russes auparavant) s’est volatilisée – oui, certains ont réussi à détourner un avion de sa mission pour prendre la fuite -, carapatée, dissoute… Quand les habitants d’un pays ne sont plus en mesure de défendre par les armes les valeurs dont ils se revendiquent, c’est qu’il y a quelques chose de profondément faux, pourri au cœur même du pays. Corruption, drogue, le gouvernement en place n’obéissait qu’à ces maîtres mots. Qui oserait parler aujourd’hui de l’indispensable courage qu’il y a a joindre le geste à la parole ? Massoud, reviens pour les mettre debout ! Les bataillons de journalistes qui, par ce que c’est dans l’air, veulent à tout prix que de tout cela les occidentaux soient encore responsables se fourvoient lourdement : non les Américains ne sont pas responsables de la débâcle afghane ; ce n’est pas Joe Biden qui a décidé du retrait de ses troupes, ce n’est pas non plus Donald Trump, c’est Barack Obama : donc on ne peut pas dire que les Afghans aient été surpris ! ce sont bien ceux-là qui sont responsables en ayant refusé systématiquement d’endiguer par la force la reconquête des Talibans, en ayant fui plutôt que d’affronter. Si les militaires afghans sont devenus des pleutres, les Américains n’en sont pas responsables. L’OTAN peut juste être accusée de n’avoir pas su voir que l’armée nationale serait aussi inexistante et donc que les talibans avanceraient aussi vite. Et, pour ajouter au cauchemar, la guerre éclate entre Daech – plus précisément État islamique au Khorassan – et les Talibans, les premiers ne pardonnant pas aux seconds d’avoir discuté, négocié avec les Américains à Doha, d’où l’attentat suicide le 26 août aux abords de l’aéroport qui va faire 182 morts – dont treize soldats américains et 160 blessés. Un peu plus loin dans le cortège des calamités, on verra arriver la faim, la maladie, et l’extension du conflit au Pakistan voisin. Le bilan est catastrophique.
C’est à une véritable bascule des valeurs du monde occidental que l’on assiste avec ce drame afghan : l’occident ne veut plus envisager que la première chose à faire pour un pays quand il est attaqué, ce soit de se défendre. Et donc on va chercher les explications dans les bas-côtés de la réalité plutôt que d’aller en son cœur. On n’est pas loin du Münich de Chamberlain et de Daladier… [les cons, s’ils savaient !] dont on connait la suite. Perte d’argent, perte légère ; perte d’honneur, grosse perte ; perte de courage : perte irréparable, disait Goethe.
C’est l’état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms d’Al-Qaïda, Al Nostra, AQMI ou de l’État islamique. Ce ne sont là que les symptômes les plus graves et les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; prison morale et sociale d’une religion dogmatique, figée, et parfois totalitaire ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité, de la responsabilité et de la liberté ; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion ; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses. Tout cela serait-il donc la faute de l’Occident ?
Abdennour Bidar, philosophe
6 09 2021
Le temps d’un film, il nous aura fait oublier les cons, les pisse-vinaigre, les durs à jouir, les radins, les mesquins, les faux-culs, les grincheux, les envieux, les snobs, tous les pseudos, gauche et droite confondues, les donneurs de leçons, les pédants, les rétrécis, les étriqués… Il fallait tout son panache pour mettre à bas pareille muraille ; le panache, cette élégance de l’action, plus innée qu’acquise… qu’outre Manche et outre Atlantique on nomme French Touch. Monsieur Belmondo : merci.
L’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais.
Audrey Hepburn
On tenait à dire un mot pour notre grand-père aux Invalides. On sait à quel point il était touché et fier de recevoir les honneurs de l’Etat et de la France en général. Là où il est, je suis sûr et certains qu’il sourit. Comme toujours. Et qu’il est pleinement heureux de cet hommage. Heureux aussi de voir à quel point les Français lui témoignent de leur amour, lui qui les aimait tant.
Tout au long de sa vie, il n’a cessé de chercher le bonheur, mais surtout de le donner. Aussi bien à sa famille qu’à tous les autres. À travers ses films évidemment, mais aussi et surtout parce qu’il était et restera un soleil. Le soleil ne s’éteint pas. Il brille. Il irradie partout, tout le temps. Lorsqu’il se couche, quelque part, il se réveille ailleurs. Et notre grand-père nous irradie et nous irradiera toujours de son sourire, sa bonté, son extrême bienveillance : il est un soleil éternel.
Victor Belmondo, son petit-fils
1933 – 2021 Pour ce que rire est le propre de l’homme
24 au 26 09 2021
Le Monde ouvre son nouveau siège au public :
Dans le prolongement de la gare d’Austerlitz, par l’agence norvégienne mais internationale d’architecture Snohetta dont Kjetil Trædal Thorsen est cofondateur.
15 09 2021
Non, non, non, la solidarité anglo-saxonne – l’anglosphère, dit-on aujourd’hui – n’est pas morte : réunis dans une alliance regroupant les États-Unis, La Grande Bretagne et l’Australie au sein d’AUKUS, ils dénoncent le contrat passé avec la France en 2016 pour la fourniture de 12 sous-marins à propulsion diesel, pour prendre une autre orientation en choisissant 8 sous-marins à propulsion nucléaire. Et peut-être la France a-t-elle sous-estimé la force du lien que représente encore aujourd’hui le Commonwealth ? Rappel des ambassadeurs français à Washington et Canberra, mais pas celui de la pourtant perfide Albion. Ça se gâte dans les relations avec Joe Biden. Avis de gros temps si ce n’est de tempête. Les Australiens se seront montrés faux-culs au delà du supportable, allant jusqu’à envoyer un courrier au ministère de la Défense à Paris, arrivé le lendemain, l’assurant de son complet soutien dans la suite à donner à ce partenariat !
Quand on entre sur un terrain de foot comme si on allait à la chasse…
D’après les chiffres du site Transfermarkt, Lionel Messi, l’homme aux 672 buts avec le FC Barcelone aime prendre son temps et n’a jamais marqué lors des trois premières minutes de jeu. Le premier quart de ses matchs est d’ailleurs celui dans lequel il se révèle le moins prolifique. Tout sauf un hasard statistique.
Quand d’autres enchaînent déjà les courses à haute intensité, l’Argentin préfère marcher, comme indifférent aux événements. En 2015, le journaliste britannique Simon Kuper assiste à un match du Barça contre l’Atlético de Madrid et raconte ce phénomène dans son livre The Barcelona Complex : Lionel Messi and the Making – and Unmaking – of the World’s Greatest Soccer Club (Penguin, 416 pages, non traduit) : Pendant les cinq premières minutes, il n’a pas regardé le ballon ni participé au jeu. Il a marché dans la défense et regardé le positionnement de chacun. Javier Mascherano lui a fait une passe mais il a simplement laissé filer le ballon car il n’était pas prêt à jouer, écrit-il.
En réalité, Messi est bien occupé. Il regarde chacun de ses adversaires pour voir où il se positionne et comment la défense s’articule, confie un dirigeant catalan à Kuper. Et quand il pique son premier sprint, le sextuple Ballon d’or a ainsi analysé, scanné et photographié le match.
L’ancien recruteur Luis Ferrer connaît bien le phénomène pour l’avoir étudié pour le compte du PSG entre 2013 et 2015, époque où le PSG croise six fois la route du Barça en Ligue des champions. Il en tire une conclusion : Messi marche pour mieux comprendre le jeu, voir où se trouve la faille. L’Argentin n’est ainsi jamais aussi dangereux que lorsqu’il semble dans son monde, perdu dans ses pensées, la tête rentrée dans les épaules.
De l’inaction surgit l’action chez lui. Même les cinq premières minutes écoulées, l’enfant de Rosario se désintéresse – en apparence – du cours des événements. Il disparaissait des matchs pour mieux surprendre et casser les règles. C’est-à-dire créer le déséquilibre dans une défense en place sur une accélération, un dribble ou un geste, développe son compatriote Luis Ferrer, aujourd’hui à la tête d’une structure d’accompagnement de joueurs, LF360.
Dans les faits, Lionel Messi donne parfois l’impression d’être un promeneur égaré au milieu du semi-marathon de Paris. Dans un football gagné par la data, on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres, sauf que la recrue du PSG est une machine à répéter les courses.
À Barcelone, seul le gardien pouvait lui contester le titre du joueur au plus faible kilométrage. Et parfois de justesse. En 2014, Messi affiche 6,8 km un soir d’élimination en Ligue des champions face à l’Atlético de Madrid, contre 5,3 km pour le portier, José Manuel Pinto. Ce soir-là, un certain Neymar – pas connu comme un marathonien des pelouses – termine à 9,5 km.
Messi n’est pas le premier à ménager sa monture. Entre deux buts, Zlatan Ibrahimovic a plus arpenté la pelouse du Parc des Princes au petit trot qu’au galop. Recalé en cadets par le FC Metz pour un test à l’effort jugé insuffisant, le jeune Michel Platini a laissé les Fernandez ou Tigana galoper pour lui en équipe de France. Et que dire de Gerd Muller, décédé le 15 août ? Des chercheurs de l’École supérieure des sports de Cologne ont mesuré que le bombardier du Bayern Munich courait en moyenne 3,5 km par match, à son meilleur, dans les années 1970. À ce niveau-là, on frôle le surplace pour le champion du monde 1974.
Peu courir serait-il une sorte de privilège des grands, de ceux dont le talent fait basculer une rencontre et dispense de s’époumoner ? Quand Guardiola était l’entraîneur [entre 2008 et 2012], le Barça défendait tellement haut que Messi n’avait pas à effectuer de grandes courses, note Luis Ferrer. Sa fonction était juste de gêner la relance des défenseurs axiaux, mais on ne lui demandait pas un gros travail défensif.
Un état de fait accepté et même encouragé par l’intransigeant et égalitariste Pep Guardiola, comme celui-ci le théorise dans son autobiographie, Pep Guardiola, la métamorphose, (Marabout, 2017). Il faut faire attention quand Messi s’éloigne, on a l’impression qu’il marche… Il remarque qu’il est seul, mais quand il voit qu’il est surveillé, il prend l’espace et s’éloigne… Messi passe son match à marcher, il radiographie la situation à chaque instant. Et d’ajouter : C’est le joueur qui court le moins en Liga.
Cette parcimonie dans l’effort lui permet aussi de garder sa lucidité pour effectuer le bon choix, le bon geste dans la zone de finition. Dans un football qui demande toujours plus de vitesse, Messi ralentit pour mieux observer, surprendre et réaccélérer. Le philosophe Frédéric Gros décrypte ce paradoxe : Il y a, derrière la marche, l’idée qu’on se traîne. Or, chez Messi, elle va être le préalable à des accélérations fulgurantes. Auteur d’un livre en forme de plaidoyer pédestre (Marcher, une philosophie, Carnets Nord,2009), ce spécialiste de Michel Foucault voit dans la démarche (sans doute instinctive) de Messi une attitude vieille de plus ou moins 400 000 ans chez l’Homo sapiens : celle qui est propice à la chasse.
Il peut paraître un peu hagard sur le terrain, mais se laisse en réalité imprégner par son environnement, explique-t-il au Monde. En marchant, il se donne les moyens de tout voir. Dans la course, on devient plus attentif à son souffle, à son corps, on finit par ne plus rien voir. La marche permet davantage d’ouverture, l’acuité est démultipliée… Elle développe une forme d’intelligence plus instinctive, ça ramène à l’intelligence du chasseur. Une sorte de lenteur très aux aguets comme s’il se mettait en position de tout percevoir.
Dans une rhétorique plus footballistique, on dira que Messi choisit ses actions et laisse les autres se charger de compenser le déséquilibre provoqué par son faible goût pour l’effort défensif. Son entraîneur et compatriote Mauricio Pochettino le sait et ne se risquera pas à lui demander de se transformer en bête de somme.
À 34 ans, Messi chasse encore les records et les buts, en atteste son récent triplé avec l’Argentine contre la Bolivie, le 10 septembre. Avec lui, le PSG n’attend pas de la sueur et des kilomètres, mais d’enfin gravir la dernière marche menant à la victoire en Ligue des champions.
Alexandre Pedro. Le Monde du 15 septembre 2021
28 09 2021
François Verove, 59 ans se suicide au Grau du Roi, dans le Gard. Ancien policier, ancien gendarme, il laisse une lettre dans laquelle il reconnait ses crimes – quatre meurtres, six viols – depuis 1986. Une acné pas du tout discrète lui avait valu d’être surnommé Le Grêlé. Il était parvenu à déjouer toutes les recherches de la police et de la gendarmerie.
30 09 2021
Domenico Lucano a été maire de Riace de 2004 à 2018, une commune de 1 800 habitants en Calabre ; arrêté le 18 octobre 2019, il est condamné à plus de 13 ans de prison ferme et 500 000 € d’amende pour avoir accueilli en son village des migrants et l’avoir ainsi fait revivre ; la sentence est presque le double de ce qu’avait requis le parquet : association de malfaiteurs visant à aider et encourager l’immigration clandestine, escroquerie, détournement de fonds et abus de fonction. Une peine plus sévère que pour un mafiosi. La justice italienne peut être aux ordres de Matteo Salvini, même lorsqu’il n’est plus au pouvoir.
09 2021 Paris
L’Arc de triomphe, linceul de Cristo. Et demain, pourquoi pas la Victoire de Samothrace, la Venus de Milo, la Joconde… après tout…les femmes voilées, c’est tendance , n’est-il pas vrai ?
Au NYU Langone Health, Transplant Institute – NYU : New-York University – le rein d’un porc génétiquement modifié (de façon à éliminer la molécule qui provoquait le rejet du greffon) est greffé sur le corps d’un receveur en état de mort cérébrale, maintenu en vie par un ventilateur : et ça marche, au quart de tour. Le rein reste hors du corps, connecté aux vaisseaux sanguins du patient au niveau du haut de sa jambe, a commencé à fonctionner normalement, produisant de l’urine et des déchets de créatinine presque immédiatement, s’est félicité le Dr Robert Montgomery, directeur du NYU Langone Transplant Institute. Et pour lui, le fonctionnement de l’organe fonctionne à l’extérieur du corps indique qu’il fonctionnera dans le corps. Pourvou que ça doure, disait la mère de Napoléon. Bonne nouvelle à confirmer pour tous les patients en attente d’une greffe du rein. Le 7 janvier 2022, ce sera la greffe du cœur d’un porc lui aussi génétiquement modifié sur un homme de 57 ans qui sera réussie dans l’université du Maryland, par les professeurs Griffith Bartley et Muhammad Mohiuddin.
Depuis vendredi 7 janvier, un homme de 57 ans vit avec un cœur de porc génétiquement modifié. Cette première mondiale en matière de xénogreffe – c’est-à-dire de transplantation à partir d’une autre espèce animale – a été annoncée lundi 10 janvier par une équipe de l’université du Maryland (États-Unis).
David Bennett, atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, n’était pas éligible à une transplantation de cœur conventionnelle, ni même à un système de pompe cardiaque artificielle. La Food and Drug Administration (FDA) a donc autorisé cette stratégie expérimentale à titre compassionnel, chez ce patient consentant et sans autre option thérapeutique.
Si le recul encore très limité de l’intervention dirigée par les chirurgiens Bartley Griffith et Muhammad Mohiuddin incite à la prudence, cette première greffe cardiaque de porc est d’ores et déjà reconnue comme un pas important sur la longue route des xénotransplantations. La survie du patient au-delà de soixante-douze heures avec un cœur fonctionnel signifie en effet qu’il n’y a pas eu de rejet hyperaigu de l’organe, l’un des principaux risques des transplantations entre espèces.
Ce succès survient quelques mois après une autre première dans ce domaine, également aux États-Unis. Le 25 septembre 2021, une équipe de l’université Langone (New York) avait transplanté un rein de porc chez un humain pendant trois jours sans observer de rejet immunitaire. Le cadre était toutefois bien différent : il s’agissait d’une femme en état de mort cérébrale, et le rein étranger a été raccordé à ses vaisseaux sans être réimplanté dans son abdomen.
Les modifications du cœur porcin réalisées par Revivicor (la firme américaine aussi à l’origine du rein génétiquement modifié) portent au total sur dix gènes. Si le communiqué de l’université américaine du Maryland reste discret sur la technique utilisée pour fabriquer ce cœur dénommé UHeart, il précise que trois gènes responsables du rejet rapide des organes de porc par les humains, via des anticorps, ont été éliminés chez le porc donneur. Par ailleurs, six gènes humains responsables de l’acceptation immunitaire du cœur de porc ont été insérés dans le génome. Enfin, un gène supplémentaire a été éliminé chez l’animal, afin d’éviter une croissance excessive du tissu cardiaque du porc. Le patient reçoit désormais un traitement immunosuppresseur, lui aussi expérimental.
C’est une véritable prouesse, obtenue grâce à des ciseaux à ADN comme Crispr-Cas 9, qui permettent de purifier génétiquement des porcs avec une grande précision, et ainsi de franchir la barrière des espèces en proposant des organes utilisables en transplantation humaine, salue le docteur Benoit Averland, directeur adjoint de l’Agence de la biomédecine. Selon lui, l’équipe américaine a réussi en jouant sur deux tableaux : prévenir le rejet hyperaigu, qui est l’un des principaux défis des xénogreffes, mais aussi protéger le receveur du risque d’infections par des rétrovirus porcins, autre écueil des transplantations à partir de cochons. Bien sûr, il faut rester prudent car le recul est encore modeste, il faudra voir ce que devient ce patient dans les semaines et mois à venir, tempère le docteur Averland. Il est d’ailleurs possible que cette xénogreffe ne soit pas définitive et lui permette de passer un cap, rendant possible une transplantation d’un cœur humain dans un deuxième temps.
Ce n’est pas une surprise, des projets d’humanisation d’animaux donneurs sont en cours depuis les années 2000, indique de son côté Geneviève Jolivet, récente retraitée de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) qui travaillait notamment sur le lapin. Avec les nouvelles technologies d’édition du génome, tout est devenu plus facile. C’est magnifique, cela passe du laboratoire à la clinique, même si ce n’est pas gagné.
La chercheuse constate que si l’investissement dans le domaine est resté élevé aux États-Unis et en Allemagne, par exemple, il s’est étiolé en France. L’INRA [devenue Inrae] a été très frileux sur les organismes génétiquement modifiés. Les équipes de chercheurs finissent par lâcher prise, précise-t-elle. Revivicor, qui est un spin-off de PPL Therapeutics, la société britannique qui avait produit en 1996 la brebis clonée Dolly, a sans doute profité de ce savoir-faire en matière de transferts d’embryons nécessaires à l’obtention de porcs génétiquement modifiés, et de sa notoriété pour poursuivre les investissements dans cette voie de recherche, estime Geneviève Jolivet.
Pour le docteur Muhammad Mohiuddin, directeur scientifique du programme de xénogreffe cardiaque de l’université du Maryland, cette première procédure chez un humain intervient après une longue série de travaux précliniques, chez des primates. En 2016, l’équipe avait ainsi publié un article dans la revue Nature Communications faisant état d’une survie allant jusqu’à 945 jours (298 jours en moyenne) chez des babouins ayant reçu un cœur de porc.
L’une des principales modifications génétiques consiste en l’élimination du gène alpha 1-3 galactosyltransférase, codant pour un glucide. Présent chez les cochons mais pas chez les primates supérieurs, il est en effet impliqué dans les rejets hyperaigus, survenant spontanément en quelques minutes ou heures, lors d’une greffe interespèce.
Cette procédure réussie est l’aboutissement d’années de recherches très complexes pour perfectionner cette technique chez les animaux, souligne le spécialiste américain dans le communiqué de l’université du Maryland. Le docteur Muhammad Mohiuddin estime aussi que cette première xénogreffe a fourni des informations précieuses pour aider la communauté médicale à améliorer cette méthode qui pourrait sauver la vie de futurs patients.
Aux États-Unis, environ 110 000 personnes sont en attente de transplantation d’organes, et plus de 6 000 décèdent chaque année sans avoir pu être greffées. La xénogreffe fait donc figure d’espoir, même si l’association PETA de protection animale a rappelé que les animaux ne sont pas des cabanes à outils que l’on peut piller, mais des êtres complexes et intelligents.
Jusqu’ici, l’histoire des xénogreffes, dont le principe est envisagé de longue date, a été semée d’embûches. L’une des premières tentatives, la transplantation d’un rein de singe, daterait des années 1905, et a été suivie du décès du receveur en quelque 48 heures. Dans les années 1980, en Californie, une petite fille d’environ 1 an (Baby Fae) a reçu un cœur de babouin, et a succombé en trois semaines, du fait d’un phénomène de rejet.
Progressivement, le porc est apparu comme l’espèce la plus appropriée, notamment parce que son anatomie est assez proche de celle de l’homme, et qu’il est relativement facile à élever et à croissance rapide. Mais la question des réactions immunologiques est restée cruciale et complexe, tout comme celle des risques infectieux. En Europe, et notamment en France, la crise de la vache folle, dans les années 1990, a donné un coup d’arrêt aux recherches sur les greffes interespèces, rappelle le docteur Benoit Averland, de l’Agence de la biomédecine. À terme, les xénogreffes pourraient offrir une nouvelle source de donneurs mais aujourd’hui, dans ce domaine, l’Europe est totalement distancée par les États-Unis et la Chine. Si l’on veut s’y investir, c’est maintenant ou jamais, dit-il.
La compétition est déjà intense aux États-Unis, où le célèbre généticien George Church parie avec sa start-up eGenesis sur des porcs humanisés pour des greffes de rein ou de pancréas, mais aussi de cœur. Cette première est très excitante, commente-t-il, mais de telles expérimentations ne sont généralement pas considérées comme significatives tant que la survie n’excède pas quelques jours et qu’elles ne concernent qu’un patient. Il souligne que sa stratégie inclut en plus un gène pour une puissante protéine anti-inflammatoire et l’inactivation de tous les rétrovirus de porc, pour réduire le risque de transmission de zoonoses.
Si le chirurgien cardiaque Patrick Nataf (hôpital Bichat, Assistance publique-Hôpitaux de Paris) se réjouit lui aussi de cette première, il pointe les questionnements éthiques et sociétaux des transplantations interespèces. La question de l’acceptabilité de ces greffes, qui renvoient à la symbolique des organes, est au moins aussi importante que le volet scientifique, estime-t-il.
Le sujet pourrait bientôt revenir à l’ordre du jour dans l’Hexagone. Avec les spécialistes en transplantation du campus Nord de Paris, Patrick Nataf travaille à un projet d’institut hospitalo-universitaire (IHU), consacré aux transplantations multi-organes. Si ce projet est accepté par les tutelles, la xénotransplantation sera l’un de nos objectifs primordiaux, souligne le spécialiste. En ce qui concerne le cœur, on fait aujourd’hui environ 400 transplantations par an en France, et il y a un greffon pour deux candidats. Le recours à des organes animaux est l’une des voies, avec les cœurs artificiels, pour pallier le manque de greffons humains.
Sandrine Cabut, Chloé Hecketsweiler et Hervé Morin. Le Monde du 13 01 2022
Voir la video sur le CRISP au 28 06 2012
30 10 2021
La France restitue au Bénin 26 statues, trônes, portes monumentales sculptées, pesant au total 2,5 tonnes, quand elle en détient 3000 ! Ces pièces proviennent du pillage du palais royal d’Abomey, où régnait le roi Béhanzin, en 1892. Le mauvaises langues rangeront cela dans le domaine de la com, à quelques mois d’une élection présidentielle… Quand le receleur restitue le bien volé en se mettant au cœur de la cérémonie, se faisant passer pratiquement pour bienfaiteur ! Mais c’est vrai qu’il y a pire, comme ces Anglais qui restent sourds à toute demande. Pour autant, quand on garde les yeux sur le guidon, il est des gestes dont on ne parvient pas à voir qu’ils sont fondateurs, quand, à l’usage, ils se révèlent bien l’être.
Les 26 pièces rendues ont été exposées de février à mai 2022 en combinaison avec 130 œuvres d’art contemporain, et cela a donné un résultat incroyable. Dans la partie historique, on a vu de jeunes enfants, accompagnés de leurs parents et grands-parents, découvrir des statues anciennes et poser des questions sur leur origine, leur signification. Dans la partie contemporaine, des chefs traditionnels, en tenue d’apparat, se sont confrontés à des œuvres afrofuturistes. Cela a créé des rencontres, des chocs de temporalité très riches. En trois mois d’exposition gratuite, 175 000 visiteurs ont afflué. À l’échelle de ce pays de 13 millions d’habitants, c’est énorme ! Et tout ceci a engendré de nouveaux projets, des dynamiques inattendues : le Bénin souhaite désormais avoir un pavillon à la prochaine biennale de Venise, en 2024 et l’État a créé une collection publique d’art contemporain.
[…] En novembre 2021, alors que les pièces restituées étaient encore entreposées dans des caisses, des collègues béninois nous ont dit : Nous ignorons dans quelle langue nous devons parler à ces statues. Là, il ne s’agissait pas d’une question abstraite. Quelles langues étaient utilisées autrefois pour s’adresser à ces objets ? Est-ce qu’elles existent encore ? Du coup, des universitaires béninois, autour de Didier Houénoudé, veulent lancer un travail de recherche pour recenser les langues parlées dans tel ou tel royaume à l’époque.
[…] Ces pièces raniment dessavoirs et agissent aussi sur le plan émotionnel. Lors d’une récente exposition au musée de Cologne, la conservatrice Nanette Snoep a permis à des artistes et des intellectuels nigérians de toucher des œuvres provenant du pillage de Benin City, au Nigeria, en 1897. La professeure d’histoire de l’art Peju Layiwola, de l’université de Lagos, raconte qu’elle a fondu en larmes au contact d’une des pièces, et que cette sensation lui a aussitôt inspiré un poème. Dans les sociétés de tradition orale, certaines oeuvres sont des supports destinés à enseigner l’histoire, comme des bandes dessinées. Les bronzes de Benin City, dont des centaines d’éléments se trouvent au British Museum, à Londres, racontent l’épopée de l’ancien royaume d’Edo. Ailleurs, des défenses sculptées d’éléphant retracent des victoires militaires, à la façon de notre colonne Vendôme. Quand un support iconographique n’est plus disponible, son récit n’est plus transmis, et peut être oublié. Au Cameroun, la chercheuse Yrène Matchinda se rend avec d’anciennes photos dans des villages reculés pour recueillir la mémoire liée à des objets disparus. Elle n’obtient parfois que d’infimes détails mais, à partir de cela, elle parvient à reconstituer leur histoire et leur usage. Et ce sont bien les objets qui réveillent la mémoire.
[…] Ce qui s’est passé à Cotonou est, du point de vue des relations culturelles Nord-Sud, l’équivalent de la chute du mur de Berlin au niveau géopolitique. Fin 2018, au moment de la remise de notre rapport, le ministre béninois de la Culture ne croyait toujours pas au retour des pièces demandées. Tout en reconnaissant que, si cela se concrétisait, la donne serait définitivement changée. Le geste de la France, la restitution d’objets qui étaient exposés en permanence dans un grand musée, a fait irrémédiablement bouger les lignes. L’Allemagne s’apprête à rendre au Nigeria des objets résultant du pillage de Benin City. Le mouvement s’étend à la Belgique, aux Pays-Bas, à la Suisse et au Royaume-Uni, avec les collections universitaires de Cambridge et d’Aberdeen. Les restitutions vont représenter l’un des grands enjeux du XXI° siècle entre l’Europe et l’Afrique. Cela va devenir une question globale avec l’entrée dans le processus des États-Unis, qui n’ont pas de passé colonial : la Smithsonian Institution [une fédération de 19 musées et neuf centres de recherches] a récemment annoncé qu’elle allait rendre certains bronzes du Bénin à l’État nigérian.
Bénédicte Savoy. Géo 28 10 2022
1 11 2021
Ouverture de la COP 26 à Glasgow, avec 40 000 participants. Une FARCE, bien polluante et très couteuse. Notre maison brûle, et nous jetons de l’huile sur le feu.
Selon la société d’analyse de l’aviation Cirium, 76 jets privés ont atterri à l’aéroport de Glasgow ou dans ses environs au cours des quatre jours précédant le 1° novembre, jour de l’ouverture de la COP 26. En tout, environ 400 jets privés sont attendus durant les deux semaines de ce sommet pour le climat.
Les jets privés sont dix fois plus polluants que les gros-porteurs, eux-mêmes déjà très critiqués pour leur importante empreinte carbone. Ces 400 appareils vont rejeter dans l’atmosphère environ 13 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent de ce que produisent 1 600 Écossais chaque année. Le comble de l’hypocrisie, ont dénoncé de nombreux défenseurs de l’environnement sur les réseaux sociaux.
Le Monde du 5 11 2021
Les promesses [BLA BLA, BLA] n’engagent que ceux qui les croient.
Henri Queuille, pilier des III° et IV° républiques, repris par Jacques Chirac
Comme tout événement international d’importance, il entraîne dans son sillage un festival off, au sein duquel les intervenants peuvent s’exprimer, plus masqués que jamais, et c’est ainsi que les lobbys anti-écolo l’infiltrent par le biais d’un marionnettiste qui met en scène Greta Thunberg et les colibris chers à Pierre Rabhi, avec pour titre Bla Bla Bla et Cui Cui Cui vont en bateau ; Bla Bla Bla tombe à l’eau… Eh bien, on ne peut pas s’en cacher, c’est un gros succès.
5 11 2021
Et la mise à l’eau des camps de concentration flottants, mais consentants, continue : Wonder of the seas : 6 360 passagers et 2 100 membres d’équipage. Propriété de la compagnie américaine Royal Carribean (RCCL), le bateau mesure 362 mètres de long et 64 de large. Pas encore la moindre croisière et déjà has been : la confirmation de la commande date de mai 2016 : les choix économiques ont tellement changé en cinq ans ! Mais tant qu’on fera en sorte d’allonger tous les jours un peu plus la durée de vie des hommes comme des femmes, ces croisières là connaîtront encore de beaux jours.
Le tonnage des plus gros paquebots est passé en 30 ans de 103 000 à 205 000 tonnes. En 2024, le nombre des passagers devrait avoisiner les 35 millions.
Le plus gros en fait n’a pas été construit aux Chantiers de l’Atlantique, mais en Finlande, par le chantier Meyer-Turku : Icon of the seas, mis en service le 27 janvier 2024 avec une capacité de 7 600 passagers, 2 350 membres d’équipage, une longueur de 364.5 mètres, soit 96 mètres de plus que le Titanic. Sa jauge brute est de 250 800 tonnes, soit 5 fois le poids du Titanic. Comme le Utopia of the Seas, il est propulsé au gaz naturel liquéfié – GNL -. Il compte 7 piscines et une patinoire. Il compte également 40 restaurants ainsi que 9 jacuzzis et une cascade de 17 mètres de haut.
Toutefois, pour réaliser des économies futures, peut-être pourrait-on trouver un dispositif qui permette d’imposer aux croisiéristes de prévoir une transformation au moindre coût en prison, le jour où toutes les villes portuaires refuseront leur accès à ces paquebots : on manque de prison, en voilà des toutes prêtes ! Après tout, il ne s’agit que de poser des grilles là où l’indiqueront les architectes des prisons : on les maintiendra ouvertes tant qu’il accueillera des touristes. Et si jamais il se révélait être inutile dans un pays, par manque de détenus, eh bien on le refile à une autre pays…
Le Wonder of the seas, le plus gros paquebot du monde, ou presque …
… et son sister-ship, l’Utopia of the Seas, livré en juin 2024.La principale différence de l’ Utopia of the Seas et du Wonder of the Seas par rapport aux précédents navires de la classe Oasis se situe sur l’architecture des ponts supérieurs, notamment au niveau des cheminées, où le design des ponts a été modifié. L’Aquathéâtre a également été modifié avec l’ajout d’une grande arche située à l’extrême arrière du navire. Le paquebot devrait comporter près de 2 900 cabines
Icon of the Seas ; 364.75 mètres de long. 7 600 passagers, 2 350 membres d’équipage. C’est lui le plus gros, mis en service le 27 01 2024. C’est le chantier Meyer-Turku de Finlande qui l’a construit. Des hordes de retraités libidineux qui parcourent la ville par petits groupes, hostiles et vociférants, exposant à la vue de tous l’obscénité livide de leurs jambes variqueuses et de leurs orteils dénudés.Jérôme Ferrari, Goncourt 2012 pour Nord Sentinelle. Il parle d’Ajaccio
L’OTAN et l’Ukraine signent à Genève une charte de partenariat stratégique; c’est Antony J. Blinken qui représente les États-Unis et Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine.