Publié par (l.peltier) le 16 août 2008 | En savoir plus |
25 05 2020
En tuant par étouffement George Floyd, un Noir américain de 46 ans, la police de Minneapolis, aux États-Unis, met le feu au pays tout entier, qui se répandra aussi outre atlantique, ravivant en France les manifestations dénonçant la mort d’Adama Traoré, deux ans plus tôt. L’inculpation pour meurtre non prémédité de Derek Chauvin, même s’il a lui-même déjà fait l’objet de 17 plaintes dont 15 sont restées impunies, se terminera tout de même le 20 avril 2021 par un guilty voté à l’unanimité des jurés, et, en juin 2021, Il écopera de 22.5 années de prison. Ce qui n’empêchera pas les partisans de George Floyd de tuer par la suite, pour se venger, une dizaine de policiers en leur tendant des embuscades.
Comparer police américaine et police française est une ineptie : Les polices américaines tuent plus d’un millier, de personnes par an pour 320 millions d’habitants. La police et le gendarmerie en France, une vingtaine environ. Proportionnellement, la police américaine tue treize fois plus que la police française. Le déterminant premier repose sur une question : est-ce que vous vous sentez en danger ou non ? Aux États-Unis circulent 300 millions d’armes à feu. Certains habitants en ont plusieurs dizaines. Le taux d’homicide est quatre fois supérieur au nôtre. Un policier américain pense que l’on peut attenter à sa vie à n’importe quel moment et la probabilité pour qu’il surréagisse et qu’il dégaine est beaucoup plus forte, même lors de contrôles routiers. La société américaine donne un mandat assez étendu pour mettre hors d’état de nuire les bad guys. D’où un système pénal extrêmement répressif, le taux d’incarcération est sept fois plus important que celui de la France. Les 18 000 services de police différents, locaux pour leur immense majorité, ont des règles propres : ceux où le suivi disciplinaire est très fort et ceux où l’on valorise les taux d’interpellation. Une jurisprudence de la Cour suprême encadre aussi les tirs létaux d’une façon beaucoup plus souple qu’en France. À Los Angeles, dans les années 1980, il était encore autorisé de tirer sur un fuyard.
Pierre Conesa. Vendre la Guerre. L’aube 2022
29 05 2020
Un réservoir de stockage de carburant de la centrale thermique n°3 de Norilsk-Taimyr Energy (appartenant à Nornickel) s’effondre et relâche dans les rivières proches 21 000 mètres cubes (17 500 tonnes) de diesel. En 2014, il avait été décidé de réparer les effets de la corrosion constatés sur les parois et le fond du réservoir, mais rien n’avait été fait. À la fin du printemps, le pergélisol s’étant ramolli, le réservoir s’effondra : le diesel va contaminer 350 km² : le coût total du nettoiement, à la charge de Nordnickel, est estimé à 1.5 milliard $, étalé entre cinq et dix ans.
30 05 2020
Depuis Cap Kennedy, Space X lance une fusée Falcon 9 avec en tête, une capsule Crew Dragon dans laquelle vont s’installer Robert Behnken, 49 ans et Douglas Hurley, 53 ans, pour séjourner dans la Station spatiale internationale. C’est la première fois qu’une agence d’État fait appel à un privé, – Space X est l’entreprise d’Elon Musk – pour un vol spatial.
3 06 2020
Abdelmalek Droukdel, émir d’AQMI ( Al-Quaïda au Maghreb islamique) est tué par les troupes françaises.
8 06 2020
Sur les rives de la Saône, sur la commune de Fleurville, Olivier Platret pêche un silure de 2,59 m, 110 kg.
18 07 2020
Les sangliers n’en finissent pas de proliférer, et toutes les tendances concourent à accroître le phénomène : sur la France métropolitaine, il y a à peu près 1 million de chasseurs, dont le nombre diminue régulièrement. En 1973, ils avaient tué 36 000 sangliers, 747 367 en 2019, 820 000 en 2021, 800 000 en 2022. La population de sangliers se monte à 2.5 millions d’individus. Les interventions des chasseurs, par apport de nourriture, mais aussi le réchauffement climatique qui entraîne une augmentation de la production des glands, ne fait que renforcer un accroissement naturel déjà important. Les intérêts divergents des populations concernées – agriculteurs et chasseurs – n’aide pas à trouver une stratégie commune pour régler l’affaire.
En Italie, on les estime fin 2022 à 2.3 million soit un animal pour 36 habitants : la loi autorisera les Italiens à les chasser même en ville, comme dans les parcs naturels… et à les manger… Il se nourrissent plus facilement dans les poubelles que dans la nature…
D’abord, il y a eu l’exode rural. Dans les campagnes, la pression contre les sangliers s’est relâchée. Il y a désormais beaucoup de terres abandonnées, on n’a jamais eu autant de forêts en France. Il n’y a donc jamais eu autant de lieux qui assurent la quiétude pour les animaux. Et qui fournissent aussi la nourriture, avec les champignons, les glands, les châtaignes. Il y a un autre phénomène à prendre en compte, c’est le changement climatique. Cela favorise des hivers de moins en moins rigoureux et réduit la mortalité naturelle des sangleirs. Autre paramètre: depuis la fin du XIX° siècle, notre espace rural est purgé de tous les grands prédateurs : loups, lynx… qui étaient des prédateurs efficaces contre les sangliers.
Dans les année 1970, du fait de la modernisation de l’activité agricole (disparition des haies, utilisation d’insecticides…), on a eu une réduction du petit gibier: lapins, lièvres, perdrix. Les chasseurs se sont dit : comment fait-on pour avoir du gibier à chasser ?
Là où le sanglier n’était plus présent, comme dans le sud de la France, les chasseurs, et même l’office de la chasse et de la faune sauvage, ont travaillé pour faire des élevages, lâchers de sanglier, les agrainer (nourrir)… Il y a eu tout un travail pour avoir un territoire giboyeux. Mais il ne faut pas faire d’anachronisme : à l’époque, on voulait davantage de sangliers parce qu’ils étaient rares.
Raphaël Mathevet, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. Interview de la Gazette de Montpellier n° 1804 du 12 au 18 01 2023.
Jacques Chirac, qui n’aimait pas les chasseurs s’adressa un jour à l’un d’eux : Je suis antichasseur. Mais je vous comprends, bien sûr : si un lièvre vous attaque, il faut que vous pussiez vous défendre !
29 07 2020
Dans la foulée de la démission de Christophe Girard, adjoint à la culture à la mairie de Paris, connaissance de Gabriel Matzneff et du harcèlement subi par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, Mazarine Pingeot [fille de François Mitterrand et d’Anne Pingeot] monte au créneau, et ce n’est pas pour crier un ènième slogan de plus, mais bien pour faire entendre raison à celles et ceux qui la perdent.
Ce mortel ennui qui me vient, devant la victoire d’extrémistes de la médiocrité au nom de l’éthique, discréditant les combats féministes : ceux qui luttent pour l’égalité des droits, l’égalité des chances, avec à l’horizon une véritable révolution anthropologique. Combats politiques et non moraux ! Aujourd’hui, les femmes sont assez puissantes pour mener ce combat politique, pourquoi s’en tiendraient-elles à occuper la seule place du ressentiment et de la vengeance, de la délation et de la vindicte ? Est-ce cela, la place naturelle de la femme ?
Ce mortel ennui qui me vient, devant une certaine jeunesse sans désir mais pleine de colère, ces jeunes femmes mieux loties que leurs mères et leurs grands-mères, qui ont mené la lutte pour elles, déblayé le terrain pour leur laisser en héritage de continuer le combat : les unes se sentent insultées quand un homme, de sa violence ancestrale, ose un compliment – et c’est comme une gifle en plein visage, certaines appellent ça un viol, au mépris de celles qui en ont vraiment été victimes ; les autres se déguisent en putes pour imiter les danseuses des clips de rap qui vantent l’argent facile et l’amour monnayable.
Elles ne se connaissent pas, elles cohabitent. Il y a les pauvres, celles qui pensent que cacher un bifton dans leur string est le comble de la classe ; il y a les riches, les pourvues socialement et culturellement, qui identifient tout acte évoquant leur corps sacré comme un viol – réveil la nuit, manifestation du désir, expression du vivant.
Ce mortel ennui, devant les générations à venir, qui en seront réduites à des relations tarifées ou contractuelles. Devant les enivrés de haine, qui ne considèrent pas l’intelligence comme un atout et ont décidé plus que de s’en passer, de la piétiner systématiquement.
Devant le règne de la bêtise, du mimétisme, de la libération des pulsions de haine, et, pire que tout, de l’exaltation narcissique de croire appartenir à la morale, s’en revendiquer, en être le bras armé. Mais qu’est-ce qu’une morale adossée à la haine ?
Ce mortel ennui devant ce qui était l’arme des révolutionnaires – l’indignation – devenue la monnaie courante de tous les frustrés de la terre, des médiocres, de ceux qui veulent exister mais n’ont d’autres moyens que de vomir des insultes, de confondre les plans, l’opinion, la justice, la rumeur, les faits, d’invoquer un nouvel ordre moral au lieu de faire de la politique.
Ce mortel ennui devant ces combattants des réseaux, qui prennent le risque suprême de descendre dans la rue masqués – le Covid-19 aura au moins fourbi les armes de la lâcheté – pour hurler des approximations et des contresens, avec le but avoué de détruire psychiquement et socialement des cibles qui sont toutes masculines, blanches et d’un certain âge, n’importe qui fera l’affaire. L’homme blanc occidental a exploité tant de monde, de cultures, et même la nature. L’homme blanc n’est pas un concept, puisqu’il est incarné par tous les hommes blancs, indistinctement. Le concept n’a plus lieu d’être, le symbolique est déchiré, anéanti, il n’y a plus de commun, pour ne pas dire d’universel, ce gros mot honni par les partisans identitaires.
Ce mortel ennui devant ces gens fiers d’eux, sûrs de leur bon droit, et qui crient. Crient pour tout, contre tout, enfonçant des portes ouvertes.
Devant les contempteurs de la domination masculine, blanche et occidentale, qui ont comme seul projet de renverser la domination, non pour un monde plus égal et construit sur un autre paradigme, mais bien pour substituer une domination à une autre.
Ce mortel ennui devant l’orgasmique onanisme d’une colère pseudoféministe, quand des femmes sont encore excisées, quand des femmes sont encore lapidées, quand des femmes sont exploitées, quand des femmes gagnent moins bien leur vie que les hommes, se battent sur tous les fronts… Il faut respecter les différences culturelles, diront les nouveaux révolutionnaires, et reconstruire des murs. On se régale d’avance à la perspective de la convergence des luttes qui, à ce compte, ne peut aboutir qu’à de nouvelles frontières. Ennui mortel devant l’inconséquence des nouveaux maccarthystes.
Et que deviendra l’art, dans tout ça ? Des livrets de vertu qu’on distribuera au seuil des nouvelles églises ? Des éditoriaux pleins de bons sentiments mâtinés de haine rance de vieilles filles ? Des imprécations béni-oui-oui de néoromantiques exaltés par les combats sur Facebook ? Des œuvres théâtrales où l’on dira le catéchisme, le mal contre le bien, dont on voit vite les incarnations ? Des tableaux respectant la parité, homme, femme, Noir, Blanc, vieux, jeunes, handicapés, dans des champs de blé bio et des plants de tomates en permaculture ?
Mortel ennui. Et où mettra-t-on donc les déviants ? Car ils risquent de devenir très nombreux. Si la police des mœurs s’exerce comme l’appellent de leurs vœux les nouveaux parangons de vertu. Reste l’autocensure, l’intériorisation de l’interdit. Un nouveau vocabulaire est à disposition, et, pour les écrivains, on pourra toujours fournir un dictionnaire officiel des mots acceptables. La morale a aussi son mot à dire sur la culture. Dieu merci, morale et culture sont des substantifs féminins…
Avant même de mourir du réchauffement climatique, nous risquons de mourir d’ennui. Car nous avons prévenu nos enfants qu’ils auraient à se battre pour sauvegarder la planète. Mais leur avons-nous glissé qu’ils auraient aussi à affronter le mortel ennui qui s’abat sous le drapeau brandi d’une morale de la haine ? L’idée même de combat politique risque d’y succomber.
Mazarine Pingeot, agrégée de philosophie, autrice. Elle a notamment écrit La Dictature de la transparence (Robert Laffont, 2016) et Se taire (Julliard, 2019).
30 07 2020
Émirats Arabes Unis, Chine, États-Unis : ils visent tous Mars ; et pourquoi donc n’ont-ils pas fait de covoiturage : 78 millions de kilomètres, 150 à 300 jours de voyage, cela en aurait fait des économies d’énergie ! tout le monde fait ça : on voyage ensemble en train, en avion, et à l’arrivée, chacun va à ses affaires…
La NASA doit initier jeudi la première étape d’une saga visant à ramener sur Terre des échantillons martiens Après l’orbiteur Hope des Émirats arabes unis le 20 juillet et le triptyque chinois Tianwen 1 (orbiteur, atterrisseur, petit rover) le 23 juillet, l’américaine Mars 2020 est la dernière des trois missions de l’année à s’envoler à destination de la Planète rouge. Décollage prévu ce jeudi 30 juillet, depuis Cap Canaveral (Floride). [pour une arrivée le 18 février 2021, 21 h 30. ndlr.] Cependant, en termes d’intérêt scientifique, elle s’avère sans conteste la première, grâce à son passager nommé Perseverance.
Évolution du rover Curiosity, qui vadrouille sur Mars depuis 2012, cette astromobile de plus d’une tonne va poursuivre la tâche de son prédécesseur, à savoir mieux comprendre l’histoire de la planète, son climat et sa météorologie, résume Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Centre national d’études spatiales (CNES). Mais Mars 2020 est plus qu’une simple continuation – à près de 2,5 milliards $ (2,1 milliards €) – de Curiosity. Elle constitue la première étape d’une ambitieuse saga spatiale, Mars Sample Return (MSR), le retour sur Terre d’échantillons prélevés dans le sol martien, avec pour but la recherche de traces d’une éventuelle vie passée. Le 18 février 2021, au terme d’un voyage de plus de six mois, Perseverance atterrira dans le cratère Jezero. D’une cinquantaine de kilomètres de diamètre, il a autrefois été occupé par un lac qu’alimentait le delta d’un fleuve. De l’eau, des alluvions, des argiles, des sulfates, des carbonates, d’excellentes conditions pour que la vie ait pu se développer… et pour que ses restes soient piégés dans les sédiments.
On se posera au pied du delta et l’on montera dessus, explique le responsable des programmes d’exploration du Système solaire au CNES, Francis Rocard, lequel inclut dans ce on tous les chercheurs et ingénieurs qui ont conçu et vont commander les six instruments qu’emporte Perseverance. Le prélèvement des échantillons est intimement lié à ce qu’observent les instruments, souligne Michel Viso. Une équipe de douze chercheurs qui se consacre uniquement aux échantillons discute au jour le jour avec les autres scientifiques pour déterminer ce que le rover va faire. C’est un vrai travail collectif, difficile, répétitif, fastidieux. Mais si on ne le fait pas, on ne trouvera pas la pépite. Il n’y a pas de place pour la chance dans ce genre de mission. C’est donc en observant les paysages et les cailloux, en analysant la composition chimique des roches, que l’équipe scientifique décidera de forer ou non pour prélever des petites carottes qui seront scellées dans des tubes. Perseverance en aura une quarantaine à sa disposition, mais seulement 31 reviendront sur Terre. Tout au long de son trajet, le rover déposera les tubes par petits paquets. La stratégie des crottes de bique, dit Michel Viso, qui aime à rappeler son passé de vétérinaire… Tout cela devrait prendre au minimum deux ans. En 2026, grâce à une collaboration entre la NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA), débutera la deuxième étape de MSR. Deux missions décolleront coup sur coup. La première emportera un atterrisseur américain et une astromobile légère de construction européenne, le Fetch Rover (rover de collecte). Celui ci aura pour mission d’aller récupérer les 31 tubes sélectionnés par les chercheurs. Le premier défi sera donc de parvenir à le poser près des dépôts laissés par Perseverance, de réaliser en quelque sorte un rendez-vous au sol inédit sur Mars. Pour obtenir cette précision à l’atterrissage, les Américains ont trouvé une solution qu’ils vont tester avec Mars 2020 : ouvrir les parachutes non plus quand la vitesse a suffisamment été réduite, mais quand la structure contenant le rover est sur le point de survoler la cible, quitte à solliciter fortement les parachutes. Une fois les échantillons collectés, le Fetch Rover retournera vers sa plateforme, dans laquelle se trouve une petite fusée de près de 3 mètres, le Mars Ascent Vehicle (MAV). Il y placera les tubes à son sommet, dans un conteneur de la taille d’un ballon de basket que la fusée mettra ensuite en orbite autour de Mars. Là est le deuxième défi : redécoller. Jusqu’à présent, tous les objets qui ont atterri sur la Planète rouge y sont restés et rien n’en est jamais reparti. Plusieurs éléments le rendent particulièrement délicat à relever, selon Francis Rocard : Tout d’abord, le MAV est lancé sans aucune assistance au sol ! Il devra donc être très fiable et robuste en cas de défaillance partielle. Mais la difficulté principale est la température : sur Mars, il fait 0 °C le jour et – 100 °C la nuit. Il faut un carburant qui ne se dégrade pas face à cette amplitude thermique. Les Américains ont choisi un matériau, le SP7, un propergol solide à base de paraffine, qui est issu de la recherche militaire et devrait résister à – 100 °C pendant plusieurs mois. La seconde mission, lancée en 2026, interviendra quand ces échantillons seront sur orbite martienne : elle sera menée par un satellite américano-européen censé capturer en plein vol le conteneur. Voici le troisième défi de MSR, car si des rendez-vous en orbite ont déjà été effectués autour de la Terre ou de la Lune, cela n’a jamais été réalisé autour de Mars. Au départ, l’orbiteur se trouvera à 600 km d’altitude, soit 30 km au-dessus des échantillons, détaille Francis Rocard. Il commencera sa chasse en descendant sur l’orbite du conteneur, se positionnera derrière lui et l’approchera. Tout cela sera piloté depuis la Terre. Mais la phase finale ne pourra l’être, car Mars se trouve à des dizaines de millions de kilomètres de nous : les ordres émis depuis notre planète ont beau voyager à la vitesse de la lumière, ils mettent plusieurs minutes à arriver là-bas. Les cent derniers mètres et la capture seront donc gérés en mode automatique, avec une batterie de caméras placées sur l’orbiteur, précise Francis Rocard. Laboratoire ultra-sécurisé. Une fois son précieux chargement à bord – sécurisé dans une sphère étanche, elle-même rangée dans une capsule pour résister à la rentrée dans l’atmosphère terrestre –, l’orbiteur quittera la Planète rouge pour revenir vers la Planète bleue. Arrivé à proximité de la Terre, en 2031, il larguera la capsule, qui atterrira dans le désert de l’Utah avant d’être immédiatement transportée dans une infrastructure analogue aux laboratoires P4 où sont étudiés les pathogènes les plus dangereux. Même si les chercheurs estiment que, si la vie a éclos sur Mars, il y a très peu de chances qu’elle y existe encore, il est hors de question de prendre le moindre risque. L’idée de ce laboratoire est double, explique Michel Viso : protéger la biosphère terrestre de toute particule qui pourrait sortir des échantillons et, dans l’autre sens, éviter qu’ils ne soient exposés à une contamination d’origine terrestre. Ce laboratoire sera installé aux États-Unis, mais les Européens aimeraient aussi en avoir un sur le Vieux Continent. À lire l’exposé des obstacles à franchir et des défis technologiques à relever, on en oublierait presque deux questions essentielles. La première, toute bête : pourquoi rapporter des échantillons sur Terre et ne pas chercher les traces de vie in situ ? Les laboratoires mobiles que sont les rovers ont des capacités importantes mais limitées, répond Michel Viso. Les moyens d’investigation à notre disposition sur Terre sont sans commune mesure. Certains dispositifs d’analyse nécessaires pour détecter les signatures du vivant tiennent dans des pièces de plusieurs dizaines de mètres carrés et il est impossible de les miniaturiser. En rapportant quelques centaines de grammes d’échantillons, il sera aussi possible de les soumettre à des dizaines d’équipes dans le monde. C’est dans une quinzaine d’années que l’on devrait avoir une réponse à la seconde question : ces échantillons contiendront-ils des traces incontestables d’une vie martienne ? Si l’on ne découvre rien, cela ne prouvera rien quant à l’existence ou non d’une vie passée sur Mars, car la science ne peut démontrer l’absence, dit Michel Viso. Mais si l’on trouve ces traces, cela signifiera que la vie terrestre n’est pas seule. Et, ultime révolution copernicienne, que l’apparition du vivant est probablement un phénomène banal.
Pierre Barthélémy. Le Monde du 30 07 2020
La mission américaine ne va pas seulement préparer le retour d’échantillons martiens. Avec l’instrument Moxie, elle vise encore plus loin : l’arrivée d’humains sur la Planète rouge. Développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Institut Niels Bohr de l’université de Copenhague, ce démonstrateur de 17 kg embarqué à bord de Mars 2020 a pour objectif de fabriquer de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone qui compose la quasi-totalité de l’atmosphère martienne. La réaction chimique est simple – deux molécules de CO2 sont brisées et donnent au bout du compte deux molécules de monoxyde de carbone (CO) et une de dioxygène (O2) –, mais elle consomme beaucoup d’énergie. Moxie profitera de la pile nucléaire qui alimente le rover, lorsque celui-ci sera inactif. Il fournira environ 10 grammes d’oxygène par heure. Dans une future base martienne, il faudrait un système cent fois plus gros pour faire respirer les humains et fabriquer l’oxygène liquide alimentant les fusées de retour.
Pierre Barthélémy. Le Monde du 30 07 2020
Atlas 5, la fusée porteuse, a été construite par United Launch Alliance (coentreprise de Boeing et de Lockheed. Elle est partie de Cap Canaveral. Le coût total de la mission est de 2.4 milliards $.
1 08 2020
En ce premier août, Fête nationale suisse, c’est l’occasion de vous présenter une petite Start-up qui répond au nom de Dufour Aerospace. Comme tant d’autres, cette société est lancée dans la conception d’un avion léger électrique. Mais la spécificité du Team Dufour est de concevoir un avion électrique de type VTOL (Vertical Take-off and Landing).
Inspiré du Canadair CL-84 :
Les ingénieurs de Dufour Aerospace se sont inspirés du Canadair CL-84 un prototype de VTOL qui a réalisé ses premiers vols dans les années 60, mais qui n’a jamais été commercialisé. Une fois que l’aéronef se trouve à son altitude de mise en croisière, l’aile reprend un plan horizontal pour se transformer en avion en bénéficiant de sa portance.
Pour la directrice technique de Dufour Aerospace, cette architecture avec une aile inclinable permet de conserver un bon rendement, puisque l’air s’écoule toujours de la même façon sur l’aile, ce qui permet de passer d’une configuration de vol à une autre de façon rapide et économique. Le démonstrateur télécommandé vient de réaliser sa première phase d’essais avec 550 vols. Ils ont permis de pousser l’aéronef dans ses retranchements et de vérifier, avec succès ce qui avait été modélisé par l’avionneur.
Inspiré par le travail de pionnier de Canadair il y a cinquante ans avec le CL-84, nos recherches ont montré que les aéronefs convertibles à voilure inclinable offrent un haut degré de sécurité et d’efficacité.
L’aEro
L’aEro VTOL biplace de Dufour Aerospace a été conçu en collaboration avec l’institut de recherche de l’ETH Zurich. Doté d’une envergure de 4,5 mètres, l’appareil est propulsé par une motorisation 100 % électrique. Le choix de ce type d’appareil parait étrange, lorsque l’on sait que les VTOL ont toujours eu du mal à trouver leur place dans le secteur civil en raison de la consommation excessive d’énergie nécessaire à l’élévation de l’appareil. Mais, dans le cas du démonstrateur, l’architecture du système de vol diffère de ce qu’il se fait actuellement. Plutôt que de faire pivoter les moteurs à la verticale pour décoller, l’appareil incline l’intégralité de son aile pour utiliser les quatre moteurs à hélice pour décoller ou se poser.
Felix Rubin, ingénieur principal pour l’aérodynamique, a déclaré : À plus grande échelle, les flux d’air de glissement au-dessus des ailes inclinables deviennent plus turbulents et plus difficiles à prévoir et il faut veiller à ce que l’avion reste stable pendant la transition. Avec cet avion sans pilote à grande échelle, nous avons maintenant pu démontrer que nous pouvons atteindre cette stabilité à des nombres de Reynolds élevés.
Jasmine Kent, directeur de la technologie, a déclaré : D’après nos simulations, nous nous attendions à ce que notre système exclusif de commande d’aile inclinable, développé au cours des deux dernières années en collaboration avec l’ETH Zurich, fonctionne bien. Mais il est encourageant de voir que ses performances et sa stabilité ont dépassé nos attentes.
Thomas Pfammatter, PDG, a déclaré : Je suis fier que l’équipe ait pu s’appuyer sur la technologie de propulsion électrique et les processus de test en vol que nous avons mis au point avec aEro 1. Nous avons maintenant une solide expérience avec les technologies des voilures fixes électriques habitées et eVTOL. En tant que pilote de sauvetage en hélicoptère, j’ai hâte de les réunir.
Performances de l’aEro VTOL :
Selon ses concepteurs l’aEro VTOL pourra par exemple permettre de décoller de l’aéroport de Zurich pour rejoindre Zermatt en 30 minutes à une vitesse moyenne de 350 km/h au lieu des plus de 3 heures qu’il faut aujourd’hui en train ou en voiture. L’aEro VTOL pourrait donc être une solution simple pour effectuer des trajets de 75 à 500km en utilisant les infrastructures existantes. La capacité VTOL est un avantage certain pour un usage en ville et pour atterrir et redécoller depuis une zone faiblement aménagée. Avec l’aEro VTOL l’équipe de Dufour Aerospace dispose d’une solution simple efficace et adaptée au système aéronautique actuel. Cette vision est réaliste à très court terme en comparaison des drones Taxis autonomes ou non actuellement en réflexions.
4 08 2020 18 h 10′
2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, base de nombreux engrais azotés, déjà à l’origine, mais pour une quantité neuf fois moindre : 300 tonnes, de l’explosion d’AZF à Toulouse en septembre 2001, explosent dans le port de Beyrouth. Il y a 218 morts, 7 500 blessés, près de 300 000 sans abris. Déjà au bord de la faillite, le pays est plongé dans l’enfer, victime de la carence des responsables politiques aussi bien qu’économiques. Emmanuel Macron, seul chef d’Etat étranger à se préoccuper réellement de la situation, faute de vouloir manier le bâton, dispose d’une grosse carotte : en avril 2018, le FMI a accordé au Liban une enveloppe de 11 milliards de $, mais par crainte de voir détourné cet argent, s’est jusqu’alors abstenu de tout versement, et Macron se saisit de la carotte pour imposer le train de profondes réformes qui s’impose… Le gouvernement libanais se retrouve pris à la gorge… Dans un classement de gravité de situation économique et financière depuis 1850, la Banque Mondiale met le Liban au 3°rang !
Six ans plus tôt, le navire moldave Rhosus en provenance de Batoumi, port géorgien de la Mer Noire et à destination du Mozambique fait une escale technique à Beyrouth ; les réparations à entreprendre lui interdisant de reprendre la mer, il est abandonné par ses propriétaires et ses affréteurs ; on ordonne le transfert dans un entrepôt à quai des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui représentent un danger pour l’équipage. Et depuis six ans, les choses en sont restées là. C’est peut-être le chalumeau d’un ouvrier faisant une réparation sur un mur voisin – entrepôt de feux d’artifices … ça ne s’invente pas – qui a mis le feu aux poudres, à moins que le Hezbollah n’ait ainsi qualifié un dépot de munitions lui appartenant : d’où deux explosions, la première étant celle du dépôt de munitions du Hezbollah. Les experts passeront et viendront catégoriquement démentir l’hypothèse du chalumeau : on ne fait pas exploser 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium avec un chalumeau… ça ne peut pas marcher. Pour ce faire il faut un détonateur. Donc, qui a mis le détonateur ? À qui le crime pourrait-il profiter ? Quelques mois plus tard, on apprendra que les sociétés ayant passé commande du produit sont des sociétés écrans… écrans pour masquer la probable destination finale du produit : la Syrie de Hafez el Hassad.
7 09 2020
Maria Kolesnikova, musicienne biélorusse de 38 ans, l’une des principales opposantes au despote Alexandre Loukachenko, est enlevée en pleine rue, jetée dans une voiture banalisée et conduite à la frontière ukrainienne pour y être expulsée… mais sitôt arrivée à la frontière, elle saute de la voiture, et déchire son passeport : dès lors elle ne peut plus franchir aucune frontière. Elle a choisi d’aller en prison en son propre pays.
Le 17 janvier 2021, Alexeï Navalny, empoisonné par les nervis de Poutine, fera le même choix en quittant l’Allemagne où il aurait pu rester avec femme et enfants et en regagnant la Russie où il sera arrêté.
10 09 2020
Serait-ce une amorce de révolution en Allemagne ? Révolution, parce qu’il n’est pas coutume de voir le patron d’un géant économique tenir un discours autre que celui du seul profit ; révolution encore parce que ce discours pourrait peut-être amorcer un tournant considérable dans les relations que l’Europe entretient avec le futur numéro un mondial : la Chine. Tenant à garder les yeux ouverts, l’Allemagne se laisse gagner par la méfiance envers la Chine.
Nous observons de près et avec inquiétude ce qui se passe en ce moment à Hongkong ainsi que dans la région du Xinjiang, Nous condamnons catégoriquement toute forme d’oppression, de travail forcé et d’atteinte aux droits de l’homme.
Joe Kaeser, patron du géant allemand Siemens , dans l’hebdomadaire Die Zeit.
Venant du patron d’un groupe qui réalise un dixième de son chiffre d’affaires en Chine, pays où il est implanté depuis 1872 et où il compte aujourd’hui plus de 35 000 employés, une telle fermeté aurait été inimaginable il y a encore un an. L’Allemagne doit veiller à bien faire la balance entre ses valeurs morales et ses intérêts, avait déclaré M. Kaeser, le 8 septembre 2019, après trois jours passés en Chine dans la délégation d’Angela Merkel. Quand des emplois, en Allemagne, dépendent de la façon dont sont abordés des sujets délicats, il convient de ne pas renforcer l’indignation générale, avait-il alors affirmé en référence à l’inquiétude suscitée, en Europe, par le durcissement de la politique de Pékin vis à vis de Hongkong. Concurrent systémique. Le changement de ton assumé par le patron de Siemens en dit long sur l’évolution de la perception que l’Allemagne – notamment ses milieux économiques – se fait de la Chine. Jusqu’à très récemment, celle ci était essentiellement vue comme un partenaire indispensable à la croissance allemande. En 2018, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élevaient à 200 milliards d’€, deux fois plus que dix ans auparavant. En 2017, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Allemagne, devant la France et les États Unis. Cette image a été fortement remise en cause dans un rapport publié, en janvier 2019, par la puissante Fédération des industriels allemands (BDI). Pour la première fois, la Chine y était définie comme un concurrent systémique, et non plus seulement comme un partenaire. S’alarmant des défis posés par le modèle interventionniste chinois en termes de distorsion de marché et de limitation de la concurrence, le BDI prenait note de la stratégie industrielle et d’innovation très ambitieuse poursuivie par le pays, qui vise la domination technologique à travers, notamment, la création de champions nationaux issus de fusions géantes d’entreprises. La conviction qui prévalait jusqu’alors, selon laquelle la Chine se libéraliserait politiquement au fur et à mesure que ses échanges commerciaux avec l’étranger s’intensifieraient, était elle aussi battue en brèche. Ce rapport du BDI, qui reflétait les inquiétudes de l’industrie, a contribué à une prise de conscience dans l’opinion publique, explique l’eurodéputé Vert allemand Reinhard Bütikofer, président de la délégation pour les relations avec la Chine au Parlement européen. Jusque-là, l’idée dominante était celle d’une complémentarité profitable à l’Allemagne : d’un côté, celle-ci achetait à la Chine des biens fabriqués à bas coût et, de l’autre, elle lui vendait des produits à forte valeur ajoutée. On s’est mis à comprendre que c’était de moins en moins vrai, autrement dit que la Chine n’était plus un simple atelier, mais qu’elle était devenue un sérieux concurrent. À cause des certitudes qu’il ébranlait autant que des inquiétudes qu’il exprimait, ce document a profondément marqué les esprits. Au départ, les milieux économiques étaient réticents à formuler des critiques [contre Pékin], de peur des représailles. Un an et demi après la publication de notre rapport, ils ont compris que c’est au contraire en disant ouvertement les choses qu’on est davantage respecté, affirme Patricia Schetelig, chargée des relations avec la Chine au sein du BDI. Sur le front politique aussi, le débat a évolué. Les récentes discussions sur le fait de savoir s’il faut autoriser ou non Huawei à participer au déploiement de la 5 G en Allemagne auraient été inimaginables il y a quelques années, explique Reinhard Bütikofer. Fin novembre 2019, le sujet avait enflammé le congrès de l’Union chrétienne démocrate (CDU), opposant les tenants d’une ligne souple, comme Mme Merkel, aux partisans d’une interdiction du géant chinois des télécommunications pour des questions de sécurité et de souveraineté, à l’instar du président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen. À l’époque, le Parti social démocrate (SPD) avait affiché une beaucoup plus grande unité dans sa volonté de faire barrage à Huawei. De notre côté, nous avons pris acte du fait que la Chine n’est plus seulement un partenaire ou un concurrent, mais qu’elle est désormais avant tout un rival systémique, comme l’a dit la Commission européenne [en mars 2019], explique Nils Schmid, porte parole pour les questions de politique étrangère au sein du groupe SPD du Bundestag. Cette problématique est au cœur du document de onze pages que les parlementaires SPD ont publié, le 30 juin, pour jeter les bases d’une politique sociale démocrate vis à vis de la Chine, à la fois souveraine, fondée sur des règles et transparente. C’est la première fois que le SPD a éprouvé le besoin d’élaborer une vraie stratégie vis à vis de la Chine, confie Nils Schmid, qui explique que deux causes profondes sont à l’origine de cette réflexion : les nouveaux défis auxquels est confrontée l’économie allemande et l’évolution de la politique américaine à l’égard de Pékin. Le débat très profond qui a lieu à Washington autour de la Chine depuis quelques années a des répercussions chez nous, poursuit le député. Face à la dégradation des rapports entre les États Unis et la Chine, nous devons plus que jamais affirmer nos positions. Nous, c’est à dire l’Allemagne avec l’Europe, car l’Allemagne a maintenant compris – là aussi, c’est nouveau – que c’est au niveau européen qu’il faut maintenant définir une politique à l’égard de la Chine. Pour le chercheur français Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, les débats qui ont lieu ces temps ci à Berlin n’ont pas leur équivalent à Paris. Vu de France, on ne peut qu’être frappé par les discussions intenses que suscite la Chine au Bundestag et dans les partis politiques allemands. L’une des raisons, selon lui, tient au poids des centres de recherche. À l’instar de l’Institut Mercator sur la Chine (Merics), un think tank fondé en 2013 et où travaillent plus d’une vingtaine d’experts. À lui seul, le Merics compte plus de spécialistes de la Chine que les principaux think tanks français réunis, explique Antoine Bondaz, qui se dit frappé par le contraste entre l’intensité des discussions sur la Chine en Allemagne et leur quasi absence en France, où la Chine se heurte à une forme d’impensé. Jusqu’à présent, ce bouillonnement du débat sur la Chine en Allemagne ne s’est toutefois pas traduit par une redéfinition en profondeur de la politique de Berlin vis à vis de Pékin. Tant que Merkel sera là, le changement ne pourra être que limité, estime Nils Schmid, pour qui la chancelière allemande est prisonnière d’une vision démodée de la Chine, qui envisage celle ci avant tout sous le prisme du business. Une opinion que n’est pas loin de partager Reinhard Bütikofer. L’Allemagne manque encore d’une ligne claire sur la Chine. On ne peut pas dire, le lundi, qu’il s’agit d’un rival systémique, et agir, les autres jours, comme si c’était un partenaire comme les autres, déplore l’eurodéputé écologiste allemand. Dans un tel contexte, il n’est guère étonnant que le sommet vidéo prévu, lundi 14 septembre, entre le président chinois Xi Jinping, le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et Angela Merkel, dont le pays assure la présidence du Conseil de l’Union européenne, suscite peu d’attentes, notamment en raison des difficultés qu’a l’UE à finaliser avec la Chine un accord sur les investissements. Pour le reste, certains espèrent malgré tout que la fin du quatrième mandat de Mme Merkel, à défaut d’initiatives d’envergure, permettra de clarifier certaines positions allemandes, sur Huawei par exemple, mais aussi de mettre davantage de pression sur Pékin s’agissant des droits de l’homme, notamment vis à vis des Ouïgours, pour lesquels l’Allemagne souhaite qu’un observateur indépendant des Nations unies puisse visiter les camps d’internement où nombre d’entre eux sont détenus.
cécile boutelet et thomas wieder. Le Monde du 14 09 2020
Et pendant ce temps là, les médias français restent scotchés, business as usual, aux élections américaines, en nous en rebattant les oreilles : Trump, toujours aussi fada, et Biden, bien effacé, pâlichon et pas vraiment jeune jeune. Il n’a pas d’idées, il n’a que des réactions. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais …
Y avait-il jamais eu dans l’Histoire, un pays qui ait à ce point pesé sur chaque parcelle de cette terre ? Une nation dotée d’une telle densité économique, qui ait influencé toute la vie de la planète, y imprimant sa marque, imposant sa musique, sa nourriture, ses distractions, son mode de vie, ses vices, ses valeurs, ses visions, ses armées, et ne laissant d’autre choix aux habitants de ce monde que cette vague impression de végéter dans l’ombre terne et alanguie des colonies ?
Jean-Paul Dubois. Jusque-là tout allait bien en Amérique. Éditions de l’olivier 2002
15 09 2020
Israël et les Émirats arabes unis d’une part, et Israël et Bahreïn d’autre part, signent à la Maison Blanche, en présence de Donald Trump, président des États-Unis les accords d’Abraham, deux traités de paix, accompagnés d’une déclaration tripartite signée aussi par le président américain en tant que témoin. À leur suite viendront les mêmes accords avec le Soudan et le Maroc. Ils marquent une évolution stratégique des États du Golfe accentuant la césure entre les États sunnites et l’Iran chiite, et accentuant la faiblesse des Palestiniens pour que se concrétise la solution à deux États – un État israélien et un État palestinien comprenant une partie de la Cisjornanie, la bande de Gaza et Jerusalem-Est – soutenue par la plus grande partie de la communauté internationale.
17 09 2020
Jean-Marc Jancovici est invité par l‘Atlanti Forward Thinking Series, à Genève, un think tank de la Suisse romande. Une intelligence très pointue qui se met au service de l’analyse de la réalité plutôt que de tordre le cou au réel pour le rendre compatible avec des idées préconçues. Un discours lumineux pour parler d’un futur au mieux très sombre, voire noir. Il est vrai qu’il part avec un avantage : il ne cherche pas à plaire, il n’est pas en campagne électorale : ça laisse une grande liberté. Implacable et glaçant. Il fera, avec Christophe Blain comme dessinateur une remarquable BD qui est une histoire mondiale de l’économie : Le monde sans fin. Dargaud 2021. La plus grosse vente de livres de 2022.
Gaël Giraud, jésuite, une des grosses têtes de l’aide au développement. L’intervieweuse pour Blast, c’est Salomé Saqué, le 14 février 2021.
17 09 2020
Et si l’avenir en vert vous intéresse, Isabelle Saporta parle français, pas toujours celui des académiciens, mais au moins on comprend. Elle sait beaucoup de choses, ne manque pas de courage, et quand elle ne sait pas, elle le dit aussi… tout cela n’est pas commun ! Mais il y a des limites à tout, et il est urgent, vraiment urgent qu’elle prenne conscience, qu’en étant la compagne de Yannick Jadot, elle ne peut plus se contenter de déclarer, sans argumenter, qu’elle est contre le nucléaire, qu’elle ne peut pas répondre car elle n’a pas suffisamment étudié la question, qu’elle n’a pas d’avis sur les analyses de Jean-Marc Jancovici. Le choix vis à vis du nucléaire est l’option fondamentale pour quelqu’un qui se réclame de l’écologie, et si elle veut rester crédible, il va lui falloir se démarquer, et le plus vite sera le mieux, des options immatures, irréfléchies, irresponsables, non chiffrées, démagogiques, de son compagnon dont la plus importante mesure, en cas d’élection à l’Élysée, serait de mettre en route le démantèlement de toutes les centrales nucléaires françaises d’ici 2035 !
L’interview est du 17 septembre 2020.
19 09 2020
Le Tour de France est arrivé jusque là, sans accident majeur avec un maillot jaune en la personne du Slovène Primoz Roglic, vainqueur très probable dans deux jours sur les Champ Élysées. L’étape est un contre la montre de 36.2 km entre Lure 290 m et La Planche des Belles filles 1 035 m. [Les filles n’étant qu’une déformation de l’ancien faye : hêtre, en nombre dans ces forêts vosgiennes]. Et voilà que Tadej Pogacar, lui aussi Slovène, mais de 21 ans, second au classement général, met le feu aux poudres et relègue à plus d’une minute les meilleurs rouleurs du monde, s’emparant du maillot jaune qu’il conservera une fois franchie l’arrivée aux Champs Élysées, le lendemain. Il faut remonter à 1904 pour trouver un vainqueur plus jeune, Henri Cornet, 20 ans, après disqualification des quatre premiers. Les équipes sont constitués autour d’un leader et ont le devoir d’emmener celui-ci au meilleur rang possible dans le classement général. On aura vu bien des leaders défaillir : Thibaut Pinot, Egan Bernal, etc … Donc, le jeu s’est ouvert… Tadej Pogacar a vu la sienne – UAE Team Emirates – se défaire rapidement et c’est un homme seul qui a conquis le maillot jaune à la fin de la course. Quel exploit, à 21 ans … peut-être d’ailleurs parce qu’il n’a que 21 ans : un jeune récupère plus vite de la fatigue des jours précédents, et dans les 3 derniers kilomètres de la côte de la Planche des Belles filles, il a pu surclasser tous les autres parce qu’il avait mieux récupéré…
Et vive le Tour de France ! Le Tour, c’est comme l’amour, on l’attend longtemps et il passe vite. (dans le film Amélie Poulain). Événement majeur du sport mondial, il ne nécessite aucune infrastructure importante, aucun bâtiment conséquent, il est par définition nomade et utilise l’existant : les routes, plutôt les petites que les grandes, dans une France rurale que l’on n’a que rarement l’occasion de voir jour après jour, faite de villages et de petites villes, de paysans et de néo ruraux, de beaucoup de forêts, avec quantité d’églises plus ou moins belles, de monastères et de châteaux, magnifiquement filmés et commentés par un excellent Frank Ferrand, toute une France où nos élites craignent de devenir neurasthéniques ; et le spectacle plaît, les foules sont au rendez-vous, trop souvent au-delà de la limite de l’exubérance et de la prudence mais bon ! Et que les pisse-vinaigre qui voudraient sa fin aillent au diable ! Les Français ont parfaitement de droit de s’enthousiasmer pour autre chose que l’Opéra, le théâtre ou la musique classique : le totalitarisme culturel est aussi insupportable que le totalitarisme politique.
Quels que soient l’ampleur et le retentissement des événements qui ébranlent le monde à longueur d’année, il faut avoir les oreilles singulièrement hérissées pour en tirer prétexte à vilipender le Tour de France, dont l’un des mérites est précisément de nous les faire oublier. Au demeurant, nous savons, avec les sociologues, qui sont des gens de recul, que l’histoire générale des peuples s’inscrit bien plus sûrement à travers leur style de vie et leur art d’aimer que sur les champs de bataille ou dans les traités de paix. La France, si harmonieusement distribuée entre des vocations méditatives et légères, est depuis toujours contenue dans sa propre chronique sentimentale. C’est l’une des vertus du Tour de la faufiler sous son double aspect rural et citadin, pathétique et triomphal. […]
Aujourd’hui, si le Tour de France continue de faire la belle part à l’épopée, il s’est considérablement domestiqué. Des provinces entières, sur le pas de leur porte, saluent avec admiration et amitié la réussite d’une entreprise qui provoque l’investissement sentimental et progressif d’un paysage par un état d’âme, dans une harmonie si rigoureuse qu’elle fait dire à un journaliste américain invité dans la caravane : Je ne connais qu’un chef-d’œuvre d’organisation qui puisse lui être comparé, c’est le débarquement en Afrique du Nord.
Antoine Blondin. Sur le Tour de France. Édition La Table Ronde
La plus grande préoccupation des coureurs, ce n’était ni les cols, ni la pluie, c’était les furoncles. [… aux fesses. ndlr]
Raphaël Geminiani
Aujourd’hui, on consacre beaucoup de soin aux tissus qui composent les culottes et à certains onguents, mais le plus vieux remède existant garde encore la faveur de certains : une escalope de veau très finement coupée…
25 09 2020
France Pélagique baptise à Concarneau le Scrombus (maquereau commun), un chalutier de 17.5 m de large, 81 m. de long (la flotte de pêche française est composée à plus de 85 % de bateaux de moins de 12 mètres). Il cible les espèces pélagiques de pleine mer dans les eaux communautaires, de l’ouest de l’Écosse au Golfe de Gascogne, ce que n’autorisent pas les licences des pêcheurs côtiers. Le bateau est à même de remplir ses trois cales d’un peu moins de 2 000 tonnes au total en une marée de deux à trois semaines. D’autres cales accueillent le poisson traité qui peuvent contenir 80 000 cartons de 2 kilos de poisson congelé à – 50°, calibré, emballé, étiqueté. L’équipage est d’une trentaine d’hommes. Cette pêche, après avoir été débarquée à Ijmuiden en Hollande ira approvisionner les marchés africains. France pélagique est une filiale de Cornelis Vrolijk, un groupe familial néerlandais. Monstrueux.
Et celui-là, opérationnel en février 2024, l’Annelies Ilena, 145 mètres de long pour 24 mètres de large, loué 15 millions € par la Compagnie des pêches de Saint-Malo à Parlevliet & Van der Plas, un armateur hollandais, battant pavillon polonais. C’est un navire-usine, capable de capturer 400 tonnes kg de poisson toutes les 24 heures, avec une capacité de stockage de 7 000 tonnes. On transforme directement à bord le merlan bleu en surimi.
2 10 2020
Un coronavirus ose s’attaquer à Donald Trump : c’est dangereux, ça, pour un coronavirus… qui des deux sera le plus toxique ? les paris sont ouverts. Pendant ce temps-là, la Chine s’offre pour le 70° anniversaire de la création de la Chine Populaire un pied de nez au monde entier : huit jours de congé à tous les Chinois et, circulez, personne hors des frontières mais, en Chine, y’ a tout à voir. Ne craignez plus le coronavirus, nous l’avons terrassé. Ah, mais ! Mais existe-t-il un seul pays occidental qui aurait pu supporter un confinement à la Chinoise : on ne sort pas de chez soi…. les repas vous sont livrés à domicile ?
6 10 2020
Dans les Alpes maritimes, la vallée de la Vésubie est dévastée par les inondations : 10 morts, 8 disparus, 161 maisons détruites.
10 10 2020
Elle n’a même pas vingt ans, et elle remporte le tournoi de Roland Garros en simple dames. Tout au long du tournoi, Iga Swiatek, polonaise, n’a concédé aucun set à ses adversaires ! On dirait qu’elle ne fait pas de musculation, elle doit peser moins de 70 kg, mais quelle énergie ! quelle précision ! Elle n’a pas fini de faire parler d’elle. Dans les mois suivants, elle enchaînera 37 victoires d’affilée, n° 1 mondiale ; la série gagnante ne sera interrompue qu’en juillet 2022 à Wimbledon par une Alizé Cornet en très grande forme.
16 10 2020
Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est décapité à sa sortie du collège Bois d’Aulne de Conflans Sainte Honorine par Abdouallakh Abouyezidovitch Anzorov, un musulman tchéchène de 18 ans, habitant Évreux, immigré depuis l’âge de 6 ans. L’horreur, l’impensable… Mais, sans vouloir ajouter au déluge de déclarations, de condamnations les plus fermes, à la compassion pour la famille de Samuel Paty, il est souhaitable d’essayer d’y voir clair et de se demander quel est le rôle d’un enseignant, quels sont les matériaux qu’il doit utiliser pour que ses élèves soient dotés un peu plus chaque jour d’esprit critique, pour que l’émotionnel, au moins en classe, cède le pas au rationnel. Au moins en classe, puisqu’en dehors du monde de l’enseignement, l’émotionnel a de plus en plus la priorité sur le rationnel, et exerce de plus en plus son diktat. Et l’on est en droit de se demander s’il faut considérer comme logique, normal l’utilisation des caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo dans une salle de classe d’enfants d’un âge moyen de 14 ans ? Est-ce un outil pédagogique ?
Car, il faut bien appeler un chat un chat, c’est comme si l’on considérait que l’éducation sexuelle peut ou même doit se faire avec des films porno. Et comment en est-on arrivé là ? Comment cette indiscutable liberté d’expression est-elle parvenue à devenir une vache sacrée indéboulonnable dont la place ne saurait être remise en question ? Il ne s’agit pas de la rejeter mais de faire bouger les lignes entre les différentes valeurs qui fondent une démocratie. Si l’on dit que cette liberté d’expression doit être la valeur la plus précieuse de notre système politique, alors, d’accord, on utilise les caricatures de Mahomet. Mais, si on adopte une autre focale en disant que la première valeur d’un système politique c’est la vie, on adopte de ce fait d’autres valeurs qui viennent limiter le champ de la liberté d’expression, et le respect de la vie implique le respect des différences. Et dès lors que l’on accepte que vivent sur notre territoire des musulmans, on se doit de témoigner du respect pour la religion qu’ils pratiquent. Et les caricatures de Mahomet ne font preuve d’aucun respect pour l’islam, et c’est une tartuferie sans nom que de prétendre le contraire. Et si on ne veut pas faire preuve de ce respect pour l’islam, eh bien, on refuse l’accès au territoire français aux musulmans. Et ça, c’est le love it ou leave it de Ronald Reagan. Mais qui, parmi les voix audibles, soutiendra cela : Justin Trudeau au Canada, Ségolène Royal en France… ça fait tout de même peu de monde.
Il n’est pas inutile de rappeler que dans le monde des déportés politiques de la 2° guerre mondiale, comme dans celui des survivants de la Shoah, la plus grande souffrance, celle qui reste à jamais inoubliable, c’est l’humiliation permanente, l’inexistence totale de tout respect pour la personne humaine de la part de leur bourreaux nazis. Il est bien des témoignages de déportés, juifs ou non-juifs, qui se contredisent – faiblesses de la mémoire – mais ce n’est jamais sur cette question de l’humiliation : là-dessus, il n’y a jamais le moindre désaccord, les témoignages sont tous unanimes. La plus grande souffrance… est d’ordre moral. Foulez donc au pied ce qui me tient le plus à cœur, et c’est ainsi que vous me ferez le plus souffrir, puisque ce sera le signe que je ne vous inspire aucun respect.
Il faut bien être suffisamment lucide pour voir comment on en est arrivé là : c’est tout simplement le lobby des médias qui nous a imposé le caractère absolu, non négociable de cette liberté d’expression, avec un matraquage médiatique de tous les instants. Monopole de fait que le gouvernement a eu la lâcheté d’adopter sans jamais chercher à corriger ce hold-up médiatique. Il faut aussi noter que c’est un produit interdit d’exportation : quel journaliste oserait se risquer en pays musulman avec, dans ses bagages l’intégralité des caricatures de Mahomet ? Il sait bien qu’il serait emprisonné si ce n’est lynché rapidement ! On brandit cette liberté d’expression comme les missionnaires de la fin du XIX°, début XX° siècle, brandissaient l’évangile et enlevaient les enfants dans les villages d’Afrique pour les christianiser. Ce n’est rien d’autre que du colonialisme de pays développé à l’égard d’autre pays qui ont fait d’autres choix. Cela a commencé dans les années 70 quand le corpus décisionnaire inspiré de l’intérêt général a commencé à se dissoudre dans le marketing ; le plus évident exemple en est l’histoire du TGV, qui a vidé les caisses de la SNCF au point d’abandonner l’entretien du réseau secondaire, qui a induit la création d’entités économiques aberrantes, une véritable escroquerie comptable, comme RFF – Réseau Ferré de France – pour pouvoir déclarer que, depuis la mise en service du TGV, la SNCF avait renoué avec les bénéfices, alors que RFF n’est que la partie investissement de la SNCF, très largement subventionné par l’État : donc, on sort les dépenses de la gestion de la SNCF et Cqfd : on a une entreprise qui fait du bénéfice… eh beh voyons ! Il est essentiel que le TGV soit bénéficiaire, donc tout ce qui manquera à l’équilibre budgétaire de RFF sera versé par l’État, et le tour est joué ! Cette solubilité de l’intérêt général dans le marketing a provoqué un vide, dans lequel s’est engouffré la défense de la liberté d’expression de la part de tous les membres du ministère de la parole : les médias.
Le respect de l’autre est complètement étouffé dans cette affaire. Samuel Paty invitait les élèves qui le souhaitaient à détourner les yeux quand il passait ces images, mais là n’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il considérait comme normal de donner à voir à des adolescents des images qui ne faisaient preuve d’aucun respect pour qui que ce soit, bien au contraire. Quand en politique, on refuse que les équilibres soient essentiels, on laisse s’installer le totalitarisme, – car le diktat de la liberté d’expression en est un – (diktat qui est celui des médias, pas de l’État) et l’on court au devant du drame.
Le 20 décembre 2024, la cour d’Assises spéciales de Paris condamnera :
29 10 2020
Brahim A. tunisien de 21 ans, tout récemment arrivé en France via Lampedusa, puis Bari, tue à l’intérieur de la basilique Notre Dame de l’Assomption, à Nice, au couteau trois personnes – une femme de 60 ans dont l’identité n’a pas été révélée, Vincent Loquès, sacristain qui aurait eu 55 ans le lendemain, Simone Baretto Silva, aide-soignante brésilienne de 44 ans, qui mourra dans un café voisin où elle s’était réfugiée. Comment se débarrasser de cette engeance, de cette malédiction ? Il faudra bien un jour ou l’autre que l’on se saisisse de tous les suspects ayant tout ou partie liée avec cette alliance du meurtre et de l’islam, et les services publiques concernés ont déjà des listes, pour les mettre dans des charters à destination de Tripoli, Alger, Damas, Bagdad et que sais-je encore, en sachant bien qu’ainsi on ne fera que limiter les risques mais qu’on ne pourra rien contre des gens comme ce tout récent immigré qui a frappé à Nice.
2 11 2020
Kujtim Fejzulai, 20 ans, dont les parents sont originaires de Macédoine du Nord, se livre vers 21 h à une fusillade dans le centre de Vienne, – 2 millions d’habitants, dont plus d’un tiers d’immigrés – Autriche. Quatre morts, dont un homme de Macédoine du Nord, plusieurs blessés.
4 11 2020
Olivier Véran, ministre de la Santé revient d’une tournée dans les hôpitaux où il a vu des malades de la Covid en réanimation, dans le coma. Il sait que les députés cherchent à avancer la date de la fin de l’État d’urgence. Il y va, leur rend compte de la réalité de ce qu’il vient de voir et leur lance : C’est ça la réalité, mesdames et messieurs les députés, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici. Et il ne s’est trouvé personne pour lui citer Mirabeau : Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !
7 11 2020
Un civilisé, Joe Biden, est élu à la Maison Blanche. Ouf !
Oui, oui, il va partir, mais, comme jusqu’au 7 novembre il était seulement à moitié fou et que depuis le 7 novembre, il l’est complètement, il va faire payer sa défaite le plus cher possible… jusqu’à encourager une véritable insurrection contre le Capitole, siège du sénat : bilan : 5 morts !
Joe Biden civilisé ? Certes, on peut même être sûr qu’il a des slips bien propres. Mais est-il bien à sa place ? Les mois à venir montreront qu’il ne sait pas faire de différence entre le langage propre à la diplomatie et celui d’un citoyen lambda entièrement libre de ses propos ; et c’est bien une sottise monumentale que de traiter Poutine, qui est un chef d’État, de tueur, (que cela soit vrai ou faux, là n’est pas la question ; la question, c’est qu’on ne dit jamais cela quand on prétend faire de la diplomatie ; sauf, bien sûr, si l’on est déjà en guerre, qui est le résultat de l’échec de la diplomatie. La diplomatie est le lieu par excellence où toute vérité n’est pas bonne à dire. Biden veut régler seul les problèmes de l’Afghanistan en ignorant superbement l’Europe pourtant le plus gros contributeur à l’aide extérieure, il demande à ses négociateurs avec la Chine à Arkhangelsk de commencer par lister tous les motifs de griefs que les États-Unis peuvent avoir contre la Chine. Ce type est un gaffeur né, tout plein de ses certitudes de catholique WASP, confondant sa fonction de chef d’État avec celle de missionnaire entièrement voué au prosélytisme.
8 11 2020
Trente trois marins prennent le départ du Vendée Globe, aux Sables d’Olonne ; on verra sur les façades des banderoles : veinards, le coronavirus ne sait pas nager ! Le sourire d’Isabelle Joschke est le même que celui de Florence Aubenas sur le tarmac de Villacoublay, le 12 juin 2015, à la fin de son cauchemar. Hillary et Tensing avaient aussi ce sourire quand ils sont redescendus du toit du monde – l’Everest – en 1953, et Walter Bonatti encore, quand il enchaînait les grands jours… et, dans sa trace, Catherine Destivelle, quand elle sortait des Drus et Alex Honnold d’El Capitàn… et même Tabarly, pourtant plutôt avare de sourires. Et il en est d’autres, moins éclairés par les sunlights des médias ; ainsi Fionia Kolbinger, une allemande de 24 ans qui a remporté en 2019 la course à vélo Transcontinental Race, 4 000 km sans assistance, sans ravitaillement, créée en 2014 par l’anglais Mike Hall, ainsi Marie Couderc et Nil Hoppenot qui sont allés à pied de Sagres, au Portugal à Istanbul, en 2018, et Nirmal Purja, Népalais, qui s’est offert les 14 plus hauts sommets du monde, en solitaire, sans oxygène, et bien d’autres encore… Ce sourire s’est nourri de grands rêves. C’est certes l’accomplissement d’un grand rêve que de franchir la ligne d’arrivée d’un Vendée Globe, mais c’en est aussi un que d’être admis à franchir la ligne de départ. Malheureusement, une quille bloquée la contraindra à l’abandon à son entrée dans l’Atlantique.
et si vous intéresse des foils en action sur un monocoque : Airbus n’est pas un bateau français, mais seulement la finalisation d’un partenariat entre Airbus et le Yacht Club de New York pour réaliser ce bateau américain.
11 11 2020
Hold-Up, le film censé dénoncer une conspiration mondiale sur la Covid 19, n’est dans le fond qu’un gros machin très racoleur qui picore dans tous les genres : parodique, interview sérieuse, phrases détachées de leur contexte, – plutôt le slogan et l’émotion que le raisonnement – tout cela est avant tout très gênant… on ne sait pas si l’on s’est fait entraîner dans une foire exposition au stand des vendeurs de cuisine ou dans un meeting électoral. Entre l’ex-chercheur qui dit avoir abandonné la recherche parce que lui, il a trouvé, donc il est bien normal qu’il ne cherche plus sans penser un instant à nous dire ce qu’il a bien pu trouver, et le prix Nobel de Chimie qui nous dit qu’on peut pardonner un confinement, mais pas deux, sans nous expliquer ce que le pardon vient faire dans l’affaire. Mais c’est Monique Pinçon-Charlot, sociologue, qui décroche le pompon : C’est la Troisième Guerre mondiale, une guerre de classe que les plus riches mènent contre les pauvres de la planète. Dans cette guerre de classe, comme les nazis allemands l’ont fait, il y a un holocauste qui va éliminer la partie la plus pauvre de l’humanité […] dont les riches n’ont plus besoin. Eh beh voyons… et vous n’avez rien à ajouter ?
Un grand déballage d’où disparaît tout ce qui pourrait bien à voir de près ou de loin avec la déontologie. La sobriété préside à la mise en scène d’une esthétique léchée – style Thinkerview -, mais cela ne concerne que l’emballage. Un plat de résistance : l’énorme faux pas de The Lancet en mai 2020 en condamnant l’utilisation de l’hydroxy chloroquine (HCQ), quand ils l’avaient recommandé jusqu’alors, grand écart qui contraindra la revue à un rapide rétropédalage ; trop tard, son mépris pour la déontologie lui aura fait perdre sa présence sur la plus haute marche de la reconnaissance scientifique. Mais, à l’échelle mondiale, ce n’est guère plus qu’une péripétie. Quant à l’affirmation de la connaissance de la Covid 19 dès 2015, ce n’est qu’une lecture erronée d’un brevet déposé en 2015 qui permet d’affirmer cela : là encore, c’est du travail de fripouille… avec Bill Gates en ligne de mire, vite fait, mal fait… On serait presque tenté de dire : pauvre Bill Gates, mais il ne faut quand même pas exagérer ! Dire que les réalisateurs de ce film sont aussi brouillons et malhonnêtes que la malhonnêteté et l’amateurisme de ceux qu’ils dénoncent… c’est encore passer à côté de la réalité, car en fait ils ne savent même plus ce que pourrait bien être l’honnêteté.
Le constat qu’il reste à faire de tout cela, c’est que depuis les année 60, la raison se laisse grignoter un peu plus tous les jours par le plaisir et l’émotion, qui voient ses avocats se renforcer constamment – réseaux sociaux, médias – créant une confusion mentale qui brouille les cartes tous les jours un peu plus : on n’ose plus dire le réel, car, pour les politiques, cela risquerait de réduire à peau de chagrin les électeurs, et pour les médias, les auditeurs et réseauteurs sociaux ; on se retrouve devant des discours incompréhensibles, fous ! Et l’immense succès de ce Hold-up montre bien que ces gens, s’ils n’ont pas encore gagné la guerre, ont néanmoins déjà gagné une bataille. Mais les interviewés qui s’en sont mordus les doigts ont eux aussi participé à cette escroquerie, en n’exigeant pas de donner leur feu vert lors d’une avant-première réunissant tous les participants. Absence totale de prudence, difficilement excusable de la part d’une pointure comme Philippe Douste-Blazy.
Pierre Barnérias et Christophe Cossé sont deux très bons techniciens, parfaitement amoraux, même si grands catholiques, tripatouilleurs et manipulateurs. Il n’y a rien de vraiment nouveau à cela : les trafiquants et autres faux-monnayeurs ont existé de tous temps : de la donation de Constantin aux armes de destruction massive de l’Irak, en passant par les Protocoles des Sages de Sion, notre passé est parsemé de trafiquants de la réalité : mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, disait Voltaire : le problème aujourd’hui, c’est qu’avec les réseaux sociaux, l’effet multiplicateur est tel qu’il met la démocratie en grand danger. Le quelque chose de Voltaire est devenu une part considérable du gâteau. Il y a encore trente ans, pour avoir Les Protocoles des Sages de Sion, il fallait aller dans une librairie d’extrême droite… il n’y en a tout de même pas à tous les carrefours. Aujourd’hui, il suffit de deux ou trois clics. Barnérias et Cossé sont du même acabit que les commissaires politiques qui instruisaient les procès de Moscou dans les années 30 : trucage, manipulation, mensonge et tutti quanti.
J’aime cette langue italienne, ses précisions qui protègent des falsifications. La langue est un système d’échange comme la monnaie. La loi punit ceux qui impriment de faux billets, mais elle laisse courir ceux qui écoulent des mots erronés. Moi, je protège la langue que j’utilise.
Erri de Luca. Impossible. Gallimard 2019
Ceci étant dit, prétendre que les complots n’existent pas serait d’une aveuglante stupidité :
La meilleure ruse du diable, c’est de nous faire croire qu’il n’existe pas
Bernanos
propos que les Russes tempèrent en affirmant que le diable n’est pas aussi terrible qu’on le dépeint.
16 12 2020
Michèle Rubirola, élue maire de Marseille cinq mois plus tôt, démissionne en échangeant son poste avec celui du premier adjoint. Belle illustration de la désinvolture qui s’installe partout, un sans-gêne politique rarement pratiqué à cette hauteur, l’absence totale de scrupules à se sentir engagé par son acceptation d’être tête de liste. Evidemment quand la chanson préférée est Les gens qui doutent, d’Anne Sylvestre, il y a incompatibilité avec l’exercice du pouvoir, c’est évident, mais ça, il fallait s’en apercevoir avant, sinon il y a tromperie. Marseille sera toujours Marseille, et le bidouillage imprégnera toujours le politique.
1 01 2021
En guise de bon vœux, une longue causerie avec Michel Onfray, qui se plait à appeler un chat un chat :
Le choix de Thinkerview tient à la qualité de la mise en scène toute en sobriété, à la qualité des personnalités interviewées et, surtout, à la longueur de l’émission : enfin un lieu où l’on n’entend pas dire bon alors, une dernière question, mais vite, il ne nous reste que quarante cinq secondes …
Mais on ne peut que déplorer l’ahurissante médiocrité de l’interviewer, tant dans la forme que dans le fond, – une pensée de caniveau – avec l’absolue certitude d’être dans le vrai, le juste dans ses analyses, ce que développent avec un grand naturel tous les gauchistes : un cuistre, un mufle, pas plus… dans le sud on a un raccourci pour ce genre de personnage : il s’la joue, il s’la pète… Il est comme les mémés de Toulouse pour Claude Nougaro : il aime la castagne. Ce gugusse, ignorant tout de la finesse comme de l’élégance ne fait que monter d’un cran les propos de café du commerce : tous pourris… il faut nettoyer tout cela au karcher ; systématiquement provocateur et donc intrinsèquement malhonnête, prématurément vieilli avec déjà ses tics : alors on fait quoi ? etc… . Pourvu qu’il tienne son engagement de rester anonyme, car, reconnu dans la rue, on ne donnerait pas cher de sa peau.
La France, sixième puissance mondiale, avec un PIB de 3 000 milliards de $… cela reste un peu abstrait mais en dit plus long lorsqu’on compare ce PIB avec des ensembles économiques proches : ainsi ce PIB est-il le même que celui de tout le continent africain !
5 01 2021
Vaccination à la française :
14 01 2021
Drame dans la Manche.
Il fait nuit la tempête s’est levée sur la Manche, avec des rafales de plus de 70 kilomètres par heure, des creux de deux mètres et des vagues de près de cinq mètres. Au large de Port-en-Bessin (Calvados), le Breiz, un chalutier chargé de coquilles Saint-Jacques, tombe en panne de barre. C’est la première fois que Quentin Varin, 27 ans, fils et petit-fils de pêcheur, patronne ce vieux coquillier de 42 ans, pour lequel il s’est endetté en acquérant la moitié des parts quelques mois plus tôt.
La veille, le poissonnier copropriétaire du bateau lui a dit : C’est peut-être risqué de sortir. De toute façon, j’ai pas le choix , a répondu le marin. Les matelots qu’il a embarqués sont deux frères, Steven et Jimmy Gibert. L’aîné a 26 ans, il a déjà de l’expérience. C’est lui qui a proposé à son cadet de 19 ans, qui rêve de naviguer, de l’accompagner. Vers 19 heures, la tempête s’aggrave, Quentin Varin se résout à demander assistance.
Les sauveteurs bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) du port le plus proche refusent de sortir car les conditions de départ sont trop mauvaises. La demande est envoyée à un autre équipage, à Ouistreham, qui accepte la mission. Philippe Capdeville, sauveteur bénévole depuis trente-cinq ans, patron en titre du canot tous temps de la SNCM depuis treize ans, se met en route avec sept autres marins pour remorquer le chalutier.
A bord du Breiz, en attendant leur arrivée, l’inquiétude monte chez le jeune patron et ses deux marins. Ça roule grave, écrit Quentin Varin à sa compagne, Victoire. Il prévient sa mère, Christelle, qui lui demande de lui envoyer un message dès qu’il sera rentré au port.
[…] À 23 h 35′, Quentin Varin lance un message paniqué au patron du canot de la SNSM : Débraye ! Débraye ! Débraye ! [5 secondes s’écoulent] Débraye ! Eh ! Dis ! Débraye ! Débraye ! Oh ! Oh ! Oh ! On va chavirer ! On va chavirer, nous ! [Dix secondes s’écoulent] On chavire ! On chavire !
En moins d’une minute, le Breiz sombre, emportant Quentin Varin, Steven et Jimmy Gibert, restés prisonniers des portes coulissantes du poste de pilotage.
[…] À la barre du tribunal, l’amiral Jean-Louis Barbier, missionné par le parquet, expose son expertise du naufrage. Certes, explique-t-il, le Breiz était un vieux chalutier dont le surpoids ne respectait pas les normes autorisées par son permis de navigation. Certes encore, Quentin Varin n’avait pas les qualifications nécessaires – il avait obtenu une dérogation pour patronner son chalutier dans l’attente de la validation imminente d’une formation – et il manquait de pratique sur ce bateau avec lequel il n’était sorti qu’une dizaine de fois en mer.
Mais le Breiz a coulé pendant son remorquage, relève l’expert. Un amarrage trop rapide, en pleine tempête, sans avoir analysé la situation du chalutier. Une vitesse excessive au démarrage, puis pendant le trajet, sur laquelle Quentin Varin a alerté le pilote, en lui demandant deux fois de ralentir. Des changements de cap trop périlleux pour le chalutier remorqué. La conclusion de l’amiral Barbier est formelle : Le remorquage est causal dans le naufrage du Breiz.
À l’heure des plaidoiries, les avocats des familles tentent tour à tour, avec une grande délicatesse, de recoudre la déchirure ouverte chez les gens de mer par cette audience pénale. Dans cette affaire, rappellent-ils, les familles n’ont pas porté plainte contre les prévenus. Il ne s’agit pas d’une lutte fratricide entre sauveteurs et marins, souligne Me Edouard Habrant, l’avocat de la mère et des sœurs de Quentin Varin. C’est un combat commun. Les sauveteurs d’aujourd’hui peuvent être les Quentin Varin de demain et vice versa. La SNSM, c’est une icône. La famille Varin la respecte profondément et continue de lui verser des dons. Le cercueil de Quentin a été porté par des bénévoles de la SNSM. Mais le sauvetage n’a pas été effectué dans les règles de l’art. Le naufrage n’était pas fatal.
Pascale Robert Diard Le Monde 6 avril 2024
Le 4 juin 2024 le tribunal maritime du Havre prononcera la relaxe de Philippe Capdeville, capitaine bénévole de la SNSM ; seul le coarmateur de ce chalutier qui avait vendu la moitié des parts de ce bateau vieux de 42 ans au marin pêcheur Quentin Varin, mort dans le naufrage a été reconnu coupable d’homicides involontaires et condamné à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis.
01 2021
Mohammed Ben Salman ne nourrit pas que des rêves d’élimination d’opposants ou de transgression d’interdits religieux, il a aussi des vues grandioses sur l’aménagement de son pays, notamment le nord-ouest où c’est un territoire riverain de la Mer Rouge, grand comme la Belgique qu’il ambitionne de rendre habitable par 9 millions d’habitants, avec une seule focale : tout pour le fric, que ces 9 millions de personnes se sentent bien dans un ghetto de riches… aucune vision sociale, aucune pensée politique… le vide absolu… jusqu’à la nausée, pour la bagatelle de 500 milliards $. NEOM, The LINE etc… on n’est plus dans les Mille et une nuits mais dans une cité de science fiction telle qu’elle permettra aux réalisateurs de se passer de studios, d’effets spéciaux et tutti quanti. Parmi la brochette d’architectes, notre incontournable Jean Nouvel.
Conformément à la Saudi Vision 2030, devait être achevée en 2030. Reste à savoir quelle partie de la ceinture de 150 kilomètres de long initialement prévue sera effectivement prête à cette date. Ses premiers modules devaient être mis en service en 2026. Le temps nécessaire pour transformer des vidéos promotionnelles dignes de science-fiction en solutions conceptuelles et structurelles viables. Un projet déjà retardé par les préoccupations financières.
Conçue pour être construite par étapes, The Line devait avoir une longueur de 150 kilomètres. Toutefois, selon les derniers rapports, le projet a été considérablement réduit (une affirmation réfutée par le gouvernement saoudien). Seul un tronçon de 2,4 kilomètres devrait être achevé d’ici 2030. Par conséquent, moins de 300 000 personnes devraient pouvoir emménager à cette date, au lieu des 1,5 millions prévus à l’origine.
Pour être clair, les responsables ont maintenu que leurs objectifs généraux pour The Line restent inchangés et que le travail se poursuit sur d’autres parties du projet Neom plus large.
Construit dans la province de Tabuk, au nord de la mer Rouge, le projet enjambe le golfe d’Aqaba, traverse une chaîne de montagnes, puis s’étend le long de la côte pour former une aérotropole dans le désert. Il sera entièrement alimenté par des énergies renouvelables et comprendra des véhicules sans conducteur, ainsi que de nombreuses fermes verticales. Cette construction s’inscrit dans la liste des projets futuristes époustouflants du Moyen-Orient. C’est également l’une des plus complexes au monde.
The Line a été conçue par l’agence américaine Morphosis Architects (fondée par Thom Mayne, lauréat du prix d’architecture Pritzker) et fait appel à une série de consultants internationaux de premier plan.
Six ans après que le prince héritier d’Arabie saoudite ben Salmane Al Saud, a annoncé le développement futur du royaume, les travaux sur le site de The Line ont commencé. NEOM a publié une série de vidéos sur l’état d’avancement du projet, qui montrent que celui-ci prend lentement vie. Il risque toutefois d’être légèrement différent (plus petit), que les images de synthèse partagées pour la première fois avec le monde entier.
Pour contrer la courbure du terrain, la façade en miroirs devrait être construite sur des piliers. Un écosystème dynamique a été proposé dans l’espace créé entre la structure et le sol incurvé : avec un environnement zéro voiture, la ville futuriste de NEOM sera desservie par un train à grande vitesse qui, selon le plan original, pourra parcourir un trajet de bout en bout en 20 minutes. Il est également prévu de créer un port de plaisance et de multiples espaces publics qui offriront des expériences diverses, allant du logement et de l’hôtellerie à la vente au détail, aux espaces commerciaux et même à un stade. Des fermes verticales seront intégrées aux bâtiments pour fournir des produits frais.
Neom
Mise à jour 2024 : The Line, ville longiligne et ultra-moderne en plein désert, ne proposera qu’une poignée de kilomètres [2.4 km. ndlr] à ses premiers habitants en 2030, contre les 170 km initialement prévus. Neom est grevé par les retards, et coûtera près de 150 milliards $ de plus qu’annoncé (donc 500 milliards en tout).
Marie Lombard GEO 17 10 2024
Le 12 novembre 2024, Nadmi Al- Nasr, président directeur général de NEOM, démissionnera.
7 02 2021
Dans les montagnes de l’Uttarakhand, sur le flanc sud du Nanda Devi, – 7 816 m. – en Himalaya, une énorme partie d’un glacier se détache pour se jeter dans la rivière Rishi Ganga, et ravage Raini un village du district de Chamoli, après avoir emporté les éléments d’un barrage en construction dont les blocs de béton iront eux-mêmes éclater les ponts en aval. On compte 26 morts et 171 disparus. On ne connaît pas précisément les raisons de cet accident : décrochement d’une partie du glacier, du au réchauffement climatique ? Difficile à croire, surtout en plein hiver. Débordement d’un lac sous-glaciaire ? avalanche de neige suffisamment puissante pour déclencher un arrachement d’une partie du glacier ?
10 02 2021
Lancée le 19 juillet 2020, la sonde Hope a atteint la planète Mars après un voyage de sept mois et un parcours de plus de 493,5 millions de kilomètres, depuis son lancement. La sonde est entrée en orbite à 19 h 57′, heure des Émirats arabes unis (16 h 57′ heure française). Pour cela, la sonde a freiné pendant 27 minutes, pour ralentir sa vitesse de croisière de 121 000 km/h à environ 18 000 km/h, afin d’effectuer la manœuvre d’insertion orbitale de Mars (MOI).
La sonde spatiale est conçue pour fournir une image complète de la dynamique météorologique de la planète. Contrairement aux missions chinoise Tianwen 1 et américaine Mars 2020 (le rover Perseverance et le premier hélicoptère martien Ingenuity), Hope ne se posera pas sur le sol martien. Elle doit utiliser trois instruments scientifiques pour surveiller l’atmosphère de la planète rouge et devrait commencer à transmettre des informations en septembre 2021, données auxquelles les scientifiques du monde entier auront accès.
La sonde maintiendra cette orbite de capture, étalonnera et testera ses instruments scientifiques, avant de passer en orbite scientifique. Hope fournira la toute première image complète de la météo et du climat de mars, tout au long de l’année martienne. Pendant les deux mois suivants, le centre de contrôle de la mission testera tous les instruments et le périastre de l’orbite (point de l’orbite le plus proche du corps dominant) sera progressivement remonté pour amener la sonde sur son orbite opérationnelle de 20 000 x 43 000 kilomètres d’ici le courant du mois d’avril 2021.
Rémy Decourt. Futura Sciences
On le croyait perdu. L’hélicoptère martien Ingenuity, déposé à la surface de la Planète rouge avec le rover Perseverance en avril 2021 est resté silencieux après son 52° essai, le 26 avril, pendant soixante-trois jours. Le 30 juin, la NASA annonçait avoir retrouvé, à l’endroit prévu, le petit engin de moins de 2 kilos, qui ne dépasse pas les 50 centimètres de haut. Sa disparition n’était due qu’à un problème de communication avec le rover, en raison des reliefs alentour qui empêchaient les antennes de se relier. Il a suffi que Perseverance se déplace un peu pour que les deux engins se captent de nouveau ! Et cette aventure qui, même selon les esprits les plus optimistes de l’agence spatiale américaine, n’aurait dû être qu’éphémère peut continuer.
Initialement, Ingenuity n’était qu’une mission secondaire. Un petit bonus, littéralement, raccroché par un câble à l’imposant et ambitieux rover Perseverance. C’était une toute petite équipe d’une vingtaine de personnes à peine, se souvient Farah Alibay, ingénieure au Jet Propulsion Laboratory, qui a participé aux deux projets. C’est une manière très différente de travailler : moins de paperasse, moins de paliers de décision, plus de fun ! L’impression d’avoir une équipe à taille humaine, même si nous étions en pleine pandémie et que je n’ai rencontré réellement mes collègues, pour la plupart, que bien plus tard !
Arrivée tardivement sur le projet Ingenuity, Farah Alibay était chargée de s’occuper de la coordination de l’hélicoptère avec le rover. Après les millions de kilomètres parcourus par les deux engins lancés six mois plus tôt, l’enjeu était de gérer, au centimètre près, la relation entre eux pour ne pas gêner leurs premiers pas sur le sol martien. Ingenuity ayant été fixé sous le rover, il a fallu le poser délicatement au sol, puis que Perseverance se déplace afin de le libérer entièrement.
Une fois cette prouesse réalisée, l’équipe a organisé les cinq premiers vols d’Ingenuity, correspondant à sa mission. Il s’agissait, pour l’essentiel, de savoir s’il était possible de faire voler un hélicoptère sur Mars. Une démonstration technologique avant tout, indépendante de la mission scientifique. Cet objectif ayant été atteint haut la main, les ingénieurs ont voulu savoir jusqu’où Ingenuity pouvait aller – ce n’est pas tous les jours que l’on peut travailler avec un engin volant sur Mars !
Malgré les conditions défavorables, Ingenuity doit essayer de voler, même si cela signifie faire tourner ses rotors plus vite pour brasser le peu d’air existant à cette période de l’année. Quitte à puiser dans ses réserves. Il s’en sort à merveille. Six mois plus tard surgit un autre défi, alors que l’hiver martien lui inflige des nuits à − 90 °C. Là aussi, il tient bon.
Tout est fait pour préserver l’énergie au maximum et faire durer chaque élément et chaque composant au-delà de ce qui avait été prévu. Un petit miracle d’ingénierie qui semble, chaque fois, être le dernier. Sauf que l’hélicoptère surprend toujours en s’en sortant brillamment. Il n’y a pas vraiment d’explication à cette solidité, reconnaît Farah Alibay. Quand nous faisons les tests en laboratoire, nous prévoyons toujours une marge pour aller plus loin en cas de besoin, mais nous ne pensions pas que ce serait à ce point !
L’équipe chargée de son trajet reste extrêmement prudente pour ne pas perdre l’appareil à la suite d’une erreur de pilotage. Mais il lui est permis de prendre un peu plus de risques étant donné que l’hélicoptère a montré, à de nombreuses reprises, une solidité à toute épreuve. Il avait atteint, le 13 avril, les 18 mètres d’altitude – son record.
Il y a toujours une inquiétude, nuance Farah Alibay. Si vous laissez votre enfant à l’école, vous êtes très inquiet le premier jour, puis ça va mieux, mais ça ne disparaît jamais vraiment ! Et le garnement continue de susciter des frayeurs chez l’équipe au sol. Comme lors du vol du 22 juillet, son premier après les retrouvailles avec Perseverance, qui a été écourté avec le déclenchement de l’atterrissage d’urgence au bout de soixante-quatorze secondes. En cause, manifestement, un problème de synchronisation entre sa caméra et la centrale inertielle, qui lui sert à se localiser.
Ingenuity a repris, depuis, son exploration. Il a même réussi son 56° vol, le 25 août 2023, allant se poser 410 mètres plus loin. Il fait désormais pleinement partie de la mission en tant qu’assistant de Perseverance, pour lequel il mène des opérations de repérage avant les déplacements du fameux rover.
Hugo Ruher Le Monde du 10 09 2023
18 02 2021
Le robot Persévérance se pose sur Mars
21 02 2021
Les championnats du monde de ski alpin se terminent à Cortina d’Ampezzo, où l’on aura vu devenir encore plus puissante l’emprise du fric, du pouvoir des organisateurs sur les skieurs : les responsables des pistes s’étaient mis en tête de les arroser pour qu’elles gèlent et donc, se déforment moins sur le passage des coureurs ; et c’est ainsi que l’on verra bon nombre des meilleurs skieurs du monde s’envoyer en l’air en décrochant sur des plaques de glace… une honte, du travail de naufrageur, (le terme employé en marine quand on envoie les bateaux au fracas contre les rochers), qui, en temps normal, aurait du entrainer la démission de ces gens. Une piste de ski est une piste de neige, ce n’est pas la même chose qu’une patinoire. Et là, ce n’est pas des skis qu’il fallait avoir aux pieds, mais des patins !
Et côtés skieurs, pas l’embryon d’une protestation ; même notre double médaillé d’or – Matthieu Faivre – pourtant connu pour son franc-parler ( figurez-vous qu’il avait osé dire l’année dernière, que le ski était un sport individuel, ce qui lui avait valu une bonne réprimande des autorités françaises du ski… incroyable… incroyable de voir jusqu’où peut mener le déni de réalité), eh bien même Matthieu Faivre n’a rien dit sur cette entreprise de sabotage généralisé ! Tout au plus entendra-t-on Johan Clarey, l’ancien, réclamer à voix haute le rabotage d’une bosse pour éviter que les coureurs ne se reçoivent sur le plat de l’arrivée, risquant ainsi l’accident grave. Et sur la saison 2023-2024, on verra nombre da chutes graves chez des skieurs de tout premier plan : l’Autrichien Marco Schwarz, le Norvégien Alexander Amoodt Kilde, les Français Alexis Pinturault et Nils Allegre, la Slovaque Petra Vhlova, la Suissesse Corine Sutter, l’Italienne Sofia Goggia, et même l’immense Américaine Michaëla Shiffrin, … Grands dieux, quelle hécatombe ! il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans le milieu des responsables des compétitions : ces gens oseraient-ils dire que ces skieurs ont fait des fautes de débutant ?
25 02 2021
Le tribunal de Bordeaux condamne Valérie Murat, porte-parole de l’association AAT – Alerte aux Toxiques – pour avoir publié des analyses montrant la présence de pesticides dans 22 vins certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale), dont 19 du Bordelais. Elle devra verser 100 000 € d’amende au requérant, le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux), comme il le réclamait, et 25 000 € à d’autres plaignants (25 entreprises et organisations, mêlant des viticulteurs, des négociants, des fédérations…), dont 5 000 à chacun des vignobles Haverlan, Grandeau et Vieux Cassan. Certes les taux de pesticides étaient inférieurs à ceux acceptés par la certification HVE, mais ils n’en sont pas moins réels, c’est à dire conformes à la réalité. Donc on fabrique des normes qui autorisent certains taux de pesticides en suite de quoi on peut gagner des procès contre une association qui ne fait que mettre à la disposition du public ces informations ! C’est comme ces milliardaires qui parviennent à ne payer pratiquement pas d’impôts en optimisant les niches fiscales : mais ce ne sont pas eux qui sont condamnables mais bien ceux qui ont rendus légales, par leur vote, ces niches fiscales. Ce sont les politiques qui sont responsables de cet état de fait, ce sont eux qui devraient être condamnés pour avoir donné force de loi à ce qui est de l’escroquerie.
23 03 2021
L’Ever Given, un porte conteneur de 400 mètres de long, 59 de large, 219 000 tonnes, portant plus de 18 300 conteneurs, va s’échouer sur une rive du canal de Suez, dans le tronçon qui n’avait pas encore bénéficié de l’élargissement devenu opérationnel en 2015, pas loin de l’entrée, côté Mer Rouge. Existe-t-il seulement une procédure selon laquelle un alcootest doit être obligatoirement pratiqué sur le pilote, ainsi qu’une recherche de consommation de drogue, cannabis ou autre ? Cela est pratique auprès des automobilistes pour des infractions qui coûtent infiniment moins cher que cette affaire. Il sera sorti de la berge le 28 mars, mais la SCA – Autorité du Canal de Suez – va le garder en otage, le temps de parvenir à un accord d’indemnisation avec le propriétaire du navire : le Japonais Shoei Kisen Kaisha, lequel accord comprendra outre une indemnité, un remorqueur de 75 tonnes : un accord sera conclu début juillet, l’indemnité, non dévoilée devant tourner autour de 550 millions $. Les pertes pour le commerce mondial auraient été de 6 à 10 milliards $/jour ; pour l’Egypte de 12 à 15 millions $/jour.
Le Bhoutan devient ainsi le pays qui est parvenu le plus rapidement à vacciner une telle proportion de sa population, devant les Seychelles, Israël et les Émirats arabes unis, selon une analyse de l’AFP.
Lorsque la campagne a été lancée le 27 mars 2021, son objectif était de vacciner 533 000 adultes (à l’exception des femmes enceintes, des mères récentes, des personnes ayant des problèmes de santé et des malades chroniques) en seulement une semaine. Ce délai a ensuite été allongé.
Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré à l’AFP que la campagne visait désormais les personnes de plus de 70 ans et les handicapés. Le Bhoutan n’a pour l’instant enregistré que 896 infections et un seul mort.
20 minutes du 7 avril 2021
21 04 2021
Le sous-marin indonésien 402 Nanggala, 53 hommes, implose par 800 m. de profondeur.
Un plancher, deux gros boudins de part et d’autre et l’on fait embarquer là-dessus près de 130 personnes, qui, à 200 km des côtes libyennes, se retrouvent dans un temps qui empire sans arrêt et qui finit par retourner complètement l’embarcation : 130 morts, qui avant de mourir, ont pu communiquer avec Alarm Phone, une ONG qui capte les SOS, qui essaiera en vain, d’alerter les marines libyennes, italiennes maltaise. Cette nuit là le même drame de reproduira, avec 45 personnes.
Pour autant, il faut prendre garde que l’émotion ne vienne masquer la réalité, qui est la suivante : Au total, entre 2016 et 2020, les quatre grosses opérations de sauvetage en mer financées par l’Union européenne, Thémis, Poséidon, Indalo et Sophia ont permis de secourir 536 605 personnes en Méditerranée pour 13 705 décès [Données Frontex et Organisation internationale pour les migrations]. Ce sont 13 705 morts de trop, mais le pourcentage de vies protégées (97.5 %) est substantiel.
Front Populaire n° 4
La tension hispano-marocaine autour de Ceuta n’est pas fortuite. Elle est le révélateur d’une nouvelle géopolitique migratoire en Méditerranée où l’on voit les zones de friction se déplacer de l’est vers l’ouest. En somme, le trio Maroc-Algérie-Tunisie prend désormais le pas sur la Libye et la Turquie, les deux tremplins privilégiés dans la grande crise de 2015-2016 comme couloirs de passage vers l’Europe. Et, dans cette reconfiguration, l’Espagne, le seul pays européen à avoir une frontière terrestre avec l’Afrique grâce à ses enclaves de Ceuta et Melilla, est aux premières loges.
En 2016, la péninsule ibérique ne représentait (avec 13 246 migrants et réfugiés débarqués sur son sol) que 3,4 % du total des arrivées sur le Vieux Continent, très loin derrière la Grèce (45,6 %) et l’Italie (46,7 %), selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Quatre ans plus tard, la hiérarchie s’est inversée. Avec un chiffre en valeur absolue qui a triplé (à 41 861 arrivées), l’Espagne est devenue en 2020 le principal pays de débarquement en Europe, absorbant 42 % du flux, devant l’Italie (34,3 %) et la Grèce (14,8 %). Le tarissement du courant migratoire sur ces deux derniers pays est dû à une assistance européenne aux États de transit – accord conclu en mars 2016 entre Bruxelles et Ankara, financements des garde-côtes libyens, aides au Niger – dont les effets ont fini par se faire sentir.
Mais, alors que la crise s’apaisait sur ces routes de la Méditerranée orientale et centrale, les clignotants sont passés au rouge dans la zone occidentale. L’aspect inquiétant pour l’Europe est qu’il ne s’agit pas – pour l’essentiel – d’un redéploiement géographique du flux précédent qui contournerait ainsi les obstacles placés en Libye et en Turquie. La dynamique migratoire est différente car elle implique, cette fois, les populations riveraines et non plus seulement des migrants extérieurs – subsahariens, syriens ou afghans – en transit.
Trois facteurs y ont contribué. D’abord, la dégradation de la situation socio-économique en Tunisie, qui fournit désormais le premier contingent national de migrants arrivés en Italie (un tiers) alors que sa part était marginale lors de la précédente crise de 2015-2016. Ensuite, l’Algérie, minée par une double crise politique (la répression du Hirak) et économique (chute des revenus pétroliers), est le théâtre d’une reprise des départs vers l’Espagne. Le nombre d’Algériens débarqués sur la péninsule a été multiplié par 2,7 entre 2019 et 2020, selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Ils représentent désormais 40 % des arrivées en Espagne.
Enfin, et surtout, l’attitude du Maroc constitue un défi épineux pour l’Europe. Alors que Bruxelles a mobilisé près de 343 millions d’€ depuis 2014 pour aider Rabat à maîtriser ses flux migratoires, les Marocains ont à l’évidence levé le pied ces derniers mois – ainsi que l’illustre avec éclat la crise de Ceuta – afin d’imposer aux Européens leurs exigences sur le conflit du Sahara occidental. Le doute n’est pas permis : 55 % des arrivées en Espagne en 2020 (23 025 sur 41 861) provenaient des îles Canaries, un nombre en augmentation de… 753 % en l’espace d’un an. Or ce flux inédit – atlantique cette fois – prend essentiellement sa source sur les côtes du Sahara occidental, fermement contrôlées par l’armée marocaine. Le message adressé aux Espagnols et, au-delà, aux Européens est sans ambiguïté.
Frédéric Bobin. Le Monde du 20 mai 2021