Première étape de l’ISS : International Space Station, avec le lancement depuis la base de Baïkonour, en Russie, par une fusée Proton, de Zarya [aube, en russe], module inhabité de 20 tonnes, 12 mètres de long, 3 mètres de diamètre, qui servira de propulseur, de centre de communication et de point d’amarrage.
Le programme a été lancé en 1984 par Ronald Reagan, avec un budget initial de 8 milliards de $. La NASA ne cessera d’engloutir de l’argent, tout en pratiquant une très perverse politique de non retour : ainsi, les contrats de construction de la station seront-ils confiés à des entreprises aux quatre coins du pays, s’assurant ainsi le soutien des représentants des États concernés, puisque pourvoyeur d’emplois nombreux et qualifiés. De plus, l’effondrement de l’URSS en 1992, incita Bill Clinton à poursuivre le programme, en engageant les savants russes mis en disponibilité plutôt que de les voir partir sous d’autres cieux, au service de pays qui ne voulaient pas que du bien aux États-Unis. Le premier d’entre eux, le chef du programme spatial soviétique, Roald Sagdeev, sera accueilli à bras ouverts par la NASA, prendra la nationalité américaine et, last but not least, épousera la petite fille d’Eisenhower.
En juin 1993, l’affaire se joua cependant à un fil : le sénateur Tim Roemer proposa au congrès de se débarrasser de la station, qui n’échappa à la mort que d’une voix. Quinze ans plus tard, les États-Unis n’ayant pu faire face à l’accroissement des dépenses, le programme deviendra la danseuse des pays riches en s’internationalisant, avec la Russie, l’Europe, le Japon, Canada, Italie, Brésil : le budget global atteint 100 milliards de $, dont 25 pour les États-Unis. Les étapes à venir devraient se succéder rapidement :
Lancement le 3 décembre 98 par la navette Endeavour, depuis Cap Canaveral, du module américain Unity, sur lequel se fixeront une coupole d’observation, le laboratoire américain, un sas de sortie extravéhiculaire et la longue poutre supportant les panneaux solaires géants et un autre nœud de connexion.
Ravitaillement en mai 99 par Discovery. Lancement par une fusée Proton du module d’habitation russe.
Après 3 autres vols, installation en janvier 2000, de trois cosmonautes, 2 russes, un américain pour 5 mois.
L’ensemble devrait être terminé en 2004 : 108 mètres de long, 74 mètres de large, un poids de 415 tonnes, un équipage de 3 à 7 personnes. L’exploitation durerait 10 ans, jusqu’en 2014. L’orbite serait à 400 km, à 51°6. 169 astronautes suivent actuellement une préparation à ce programme à la NASA ; 72 d’entre eux devraient y participer de mars 99 à l’été 2000.
Le début de réalisation de ce programme met fin à celui de la station Mir qui, lancée en 1986, pour 5 ans, aura duré 12 ans.
L’expérience des Russes en matière de vie de l’homme dans l’espace est beaucoup plus importante que celle des Américains qui n’ont pas dépassé 84 jours sur Skylab, en 1974. Les Russes, eux, n’ont pratiquement pas cessé d’avoir des hommes dans l’espace de 1971 à 1998, avec les 7 Salyut, même si les premiers furent des échecs : le séjour le plus long sera de 237 jours, sur le dernier Salyout, relayé par Mir en 1986.
Les Russes ont donc l’expérience, mais l’argent, c’est une autre affaire [même s’ils en ont encore assez pour fabriquer des avions furtifs et des sous-marins classiques à exporter sur la Chine] : Zarya a été financé par les États-Unis et nul ne sait s’ils seront à même de financer leur part de programme à suivre… pour environ 30 milliards $ [1] : l’Agence Spatiale Européenne a déjà dans ses travaux la fourniture du module de service russe ! Ariane V devrait être utilisée deux fois tous les 3 ans par ISS.
Tout cela est absolument magnifique, mais il ne faut tout de même pas perdre de vue que ça ne sert quasiment à rien :
Rien d’intéressant n’a jamais émergé des études sur les effets de la microgravité, que ce soit en physique ou en biologie
Jean Pierre Defait. Revue Ciel et Espace
L’exploration de l’espace par l’homme n’a rien produit, pas une seule grande découverte. De petites choses, mais rien de spectaculaire.
Claude Allègre
Même si l’on réussissait en orbite à fabriquer un médicament ou un matériau extraordinaire, quel industriel s’intéresserait à un produit dont le surcoût, du seul fait du transport spatial, serait de 40 000 $ par kg ?
un spécialiste anonyme
Laurent Bourgnon gagne pour la deuxième fois sur son trimaran Primagaz, la Route du Rhum. Un télex de Paul Vatine l’avait précédé à Pointe à Pitre : Les oiseaux de carbone vont se poser bientôt un à un en Guadeloupe. Regardez bien leur visage. C’est eux qui traduiront l’âpreté de la lutte. Écoutez-les parler, ils vous raconteront un ailleurs, les silences parlent plus que les mots. Les yeux traduiront la violence des tempêtes. L’histoire de leur vol ne se livre qu’une fois. Elle est à saisir juste à leur arrivée. Après, il sera trop tard. La gravité terrestre alourdira pour toujours le discours. Ils volaient très vite, ils vont à nouveau marcher pour préparer d’autres voyages vers d’autres inconnus, pour trouver du nouveau.
Moi, je voudrais arriver à l’heure où les eaux turquoises sont encore drapées de leur manteau nocturne… Pas de clapot vulgaire. Simplement quelques rides pour apaiser ma peine…
Laurent Bourgnon mourra le 24 juin 2015, d’un accident de plongée en bouteille sur l’atoll de Toau, une petite île de l’archipel des îles de la Société.
C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme
Certes, a-t-on envie de dire, il a raison, Renaud. Mais encore ? Cela est vrai de toutes les époques, déjà Platon disait : Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. Mais ceux qui vont sur la mer sont eux-mêmes une espèce qui a beaucoup évolué, évolution du matériel bien sûr, mais évolution des civilisations aussi, avec ce grand basculement qui s’est produit en Occident, quand le plaisir a pris le pas sur la raison, se fortifiant tous les jours d’être le premier moteur de la consommation.
Et puis, et puis, il y a l’orgueil que les navires inspirent aux hommes, disait Joseph Conrad, cet attachement viscéral de tout ce monde de marins – du grand mât (le surnom du commandant) au moussaillon -, à leurs splendides bateaux, mariage si bien réussi entre l’esthétique et l’efficacité, qui fait que tous iront vers l’avenir qu’est malgré tout à cette époque la vapeur, à reculons, contraints et forcés, la larme à l’œil et la gorge nouée, avec un irrépressible sentiment de déchéance : du statut d’artisan à celui d’esclave… et tout ce vent qu’on laisse perdre, entendait-on sur les quais. C’est la fourniture permanente d’énergie qui changea du tout au tout la vie des marins : on se mit à travailler 24 h sur 24… le roulement des 3 huit donna à la vie du marin un goût d’usine que les horaires déterminés par le jour et la nuit avaient jusqu’alors évité…
Aux temps héroïques où le pain mangé sur les sept océans était durement gagné, l’épreuve de la mer pour les navires était aussi l’épreuve des hommes et les premiers avaient valu strictement ce que valaient les seconds. Les anciens marins de la voile faisaient partie d’une antique société aux vertus silencieuses. Et celles-ci venaient de mourir avec tout un monde. La vieille race maritime s’en était allée. Le cœur des grands voiliers avait cessé de battre.
Yves Le Scal. Au temps des grands voiliers 1850- 1920
Il ne reste plus qu’à larguer les deux grand-voiles, à hisser les trois cacatois et les voiles d’étai, enfin à établir la brigantine et les deux flèches du mât d’artimon.
Et, fendant les eaux dans la splendeur de ses quatre grands phares tout blancs, les voiles gonflées par le vent, son unique moteur, notre grand voilier glisse majestueusement. Le magnifique spectacle que je m’étais si souvent imaginé est maintenant sous mes yeux : et je demeure émerveillé, perdu en contemplation devant la beauté, la grandeur inoubliable de ce merveilleux tableau !
Alfred Beaujeu. Dans les Tempêtes du Cap Horn.
Quoi de commun entre le ressenti du marin de la marine à voile, celle du navigateur solitaire sur son voilier – de Bernard Moitessier à Laurent Bourgnon, d’Alain Gerbault à Eric Tabarly, de Joshua Slocum à Francis Chichester… et celle du jeune surfeur d’aujourd’hui. Sans doute ce dernier est-il plus à même d’être en phase avec ceux dont le mode de vie a bien peu changé et qui ont de toujours pratiqué la glisse sur la mer, à Hawaï comme en Polynésie ou ailleurs, car c’est bien de toujours que la houle devient vague à l’approche du rivage, se raidissant à mesure que la profondeur d’eau diminue – c’est la zone de levée -, c’est là que les vagues se cambrent, c’est parfois très brutal, puis la houle atteint la zone de déferlement, qui peut couvrir une centaine de mètres si le fond du spot est rocheux, ce sont les point break, après quoi les vagues cassent dans la zone de surf interne, mais continuent d’évoluer vers le rivage, et, au bout du voyage, si on a vraiment du bol, il y a une fille qui est là, sur la plage, une fille pas mal, en ciré rouge.
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…il lit à haute voix les informations du jour : les Petites Dalles today, houle idéale sud-ouest, nord-est, vagues entre un mètres cinquante et un mètre quatre-vingts, la meilleure session de l’année ; après quoi, il ponctue, solennel : on va se bâfrer, yes, on va être des kings ! – l’anglais incrusté dans leur français, constamment, pour tout et pour rien, l’anglais comme s’ils vivaient dans un chanson pop ou dans une série américaine, comme s’ils étaient des héros, des étrangers, l’anglais qui allège les mots énormes, « vie » et « amour » devenant life et love, aériens, et finalement l’anglais comme un pudeur – et John et Sky ont hoché la tête en singe d’acquiescement infini, yeah, des big waves riders, des kings.
C’est l’heure. Amorce du jour où l’informe prend forme : les éléments s’organisent, le ciel se sépare de la mer, l’horizon se discerne. Les trois garçons se préparent, méthodiques, suivant un ordre précis qui est encore un rituel : ils fartent leur planche, vérifient les attaches du leash, passent des sous-vêtements spéciaux en polypropylène avant de revêtir les combinaisons en se contorsionnant sur le parking – le néoprène adhère à la peau, la râpe et parfois même la brûle -, chorégraphie de pantins en caoutchouc qui demande de l’entraide, nécessite qu’ils se touchent, se manipulent; après quoi les bottillons, la cagoule, les gants, et ils referment le camion. À présent, ils descendent vers la mer, surf sous le bras, légers, franchissent la grève à grandes enjambées, la grève où les galets s’effondrent sous leur pas dans un boucan infernal, et une fois arrivés au rivage, alors que tout se précise en face d’eux, le chaos et la fête, ils passent le leash autour de leur cheville, rajustent leur cagoule, réduisent à rien l’espace de peau nue autour de leur cou en saisissant dans leur dos ce cordon qu’ils remontent jusqu’aux derniers crans de la fermeture éclair.
Il s’agit d’assurer la meilleure étanchéité possible à leur peau de jeune homme, une peau souvent constellée d’acné dans le haut du dos, sur les omoplates, quand Simon Limbres, lui, arbore un tatouage maori en épaulière -, et ce geste, le bras tendu en l’air d’un coup sec, signifie que la session commence, let’s go ! – alors peut-être que maintenant les cœurs s’excitent, qu’ils s’ébrouent lentement dans les cages thoraciques, peut-être que leur masse et leur volume augmentent et que leur frappe s’intensifie, deux séquences distinctes dans un même battement, deux coups, toujours les mêmes : la terreur et le désir.
Ils entrent dans l’eau. Ne hurlent pas en y plongeant leur corps, moulé de cette membrane flexible qui conserve la chaleur des chairs et l’explosivité des élans, n’émettent pas un cri, mais traversent en grimaçant la muraille de cailloux qui roulent, et la mer se creusant vite, puisqu’à cinq ou six mètres du bord ils n’ont déjà plus pied, ils basculent en avant, s’allongent à plat ventre sur leur planche, leurs bras entaillant le flot avec force, ils franchissent la zone de ressac et progressent vers le large.
À deux cents mètres du rivage, la mer n’est plus qu’une tension ondulatoire, elle se creuse et se bombe, soulevée comme un drap lancé sur un sommier. Simon Limbres se fond dans son mouvement, il rame vers le line up, cette zone au large où le surfeur attend le départ de la vague, s’assurant de la présence de Chris et John, postés sur la gauche, petits bouchons noirs à peine visibles encore. L’eau est sombre, marbrée, veineuse, la couleur de l’étain. Toujours aucune brillance, aucun éclat, mais ces particules blanches qui poudrent la surface, du sucre, et l’eau est glacée, 9 ou 10 °C pas plus, Simon ne pourra jamais prendre plus de trois ou quatre vagues, il le sait, le surf en eau froide éreinte l’organisme, dans une heure il sera cuit, il faut qu’il sélectionne, choisisse la vague la mieux formée, celle dont la crête sera haute sans être trop pointue, celle dont la volute s’ouvrira avec assez d’ampleur pour qu’il y prenne place, et qui durera jusqu’au bout, conservant en fin de course la force nécessaire pour bouillonner sur la grève.
Il se retourne vers la côte comme il aime toujours le faire avant de s’éloigner davantage : la terre est là, étirée, croûte noire dans des lueurs bleutées, et c’est un autre monde, un monde dont il s’est dissocié. La falaise dressée en coupe sagittale lui désigne les strates du temps mais là où il se trouve le temps n’existe plus, il n’y a plus d’histoire, seul ce flot aléatoire qui le porte et tournoie. Son regard s’attarde sur le véhicule grimé en van californien qui stationne sur le parking devant la plage – il reconnaît la carrosserie constellée de stickers récoltés au fil des sessions, il sait les noms étalés à touche-touche, Rip Curl, Oxbow, Quiksilver, O’Neill, Billabong, la fresque psychédélique mélangeant dans un même flottement halluciné champions de surf et stars du rock, le tout assorti d’un bon nombre de filles cambrées aux maillots rikiki, aux cheveux de sirène, ce van qui est leur œuvre commune et l’antichambre de la vague – après quoi il s’accroche aux phares arrière d’une voiture qui gravit le plateau pour s’enfoncer dans les terres, le profil de Juliette endormie se dessine, elle est couchée en chien de fusil sous sa couette de gamine, elle a son air buté même dans le sommeil, et subitement il fait volte-face, se détourne du continent, s’en arrache, un sursaut, encore quelques dizaines de mètres, puis il cesse de ramer.
Bras qui se reposent mais jambes qui dirigent, mains accrochées aux rails du surf et torse légèrement relevé, menton haut, Simon Limbres flotte. Il attend. Tout fluctue autour de lui, des pans entiers de mer et de ciel surgissent et disparaissent dans chaque remous de la surface lente, lourde, ligneuse, une pâte basaltique. L’aube abrasive brûle son visage et sa peau se tend, ses cils se durcissent comme des fils de vinyle, les cristallins derrière ses pupilles se givrent comme si oubliés dans le fond d’un freezer et son cœur commence à ralentir, réagissant au froid, quand soudain il la voit venir, il la voit qui s’avance, ferme et homogène, la vague, la promesse, et d’instinct se place pour en trouver l’entrée et s’y infiltrer, s’y glisser comme un bandit se glisse dans un coffre pour en braquer le trésor – même cagoule, même précision millimétrée du geste -, pour s’insérer dans son envers, dans cette torsion de la matière où le dedans s’éprouve plus vaste et plus profond encore que le dehors, elle est là, à trente mètres, elle approche à vitesse constante, et brusquement, concentrant son énergie dans ses avant-bras, Simon s’élance et rame de toutes ses forces, afin de prendre la vague de vitesse justement, afin d’être pris dans sa pente, et maintenant c’est le take off, phase ultrarapide où le monde entier se concentre et se précipite, flash temporel où il faut inhaler fort, couper toute respiration et rassembler son corps en une seule action, lui donner l’impulsion verticale qui le dressera sur la planche, pieds bien écartés, le gauche en avant, regular jambes fléchies et dos plat quasiment parallèle au surf, bras ouverts stabilisant l’ensemble, et cette seconde-là est décidément celle que Simon préfère, celle qui lui permet de ressaisir en un tout l’éclatement de son existence, et de se concilier les éléments, de s’incorporer au vivant, et une fois debout sur le surf – on estime en cet instant la hauteur crête à creux à plus d’un mètre cinquante -, étirer l’espace, allonger le temps, jusqu’au bout de la course épuiser l’énergie de chaque atome de mer. Devenir déferlement, devenir vague.
Il prend ce premier ride en poussant un cri, et pour un laps de temps touche un état de grâce – c’est le vertige horizontal, il est au ras du monde, et comme procédant de lui, agrégé à son flux -, l’espace l’envahit, l’écrase tout autant qu’il le libère, sature ses fibres musculaires, ses bronches, oxygène son sang ; la vague se déplie dans une temporalité trouble, lente ou rapide on ne sait pas, elle suspend chaque seconde une à une jusqu’à finir pulvérisée, amas organique sans plus de sens et, c’est incroyable, mais après avoir été tabassé par les cailloux dans le bouillon de la fin, Simon Limbres a fait demi-tour pour repartir direct, sans même toucher terre, sans même s’attarder sur les figures fugaces qui se forment dans l’écume quand la mer achoppe sur la terre, surface contre surface, il est retourné au large, ramant plus fort encore, fonçant vers ce seuil où tout commence, où tout s’ébranle, il a rejoint ses deux copains qui pousseront bientôt ce même cri dans la descente, et le set de vagues qui blinde sur eux depuis l’horizon, rançonnant leur corps, ne leur laisse aucun répit.
Aucun autre surfeur ne vint les rejoindre sur le spot, personne ne s’approcha du parapet pour les regarder surfer, ni ne les vit sortir de l’eau une heure plus tard, lessivés, carbonisés, flageolant sur leurs jambes, titubant alors qu’ils retraversaient la plage pour gagner le parking et rouvrir le camion, personne ne vit leurs pieds et leurs mains mêmement bleus, meurtris, violacés jusque sous les ongles, ni les dartres qui lacéraient maintenant leur visage, les gerçures aux commissures des lèvres quand leurs dents, elles, claquaient tac tac tac, un tremblement continuel de mâchoires calé sur celui de leur corps et qu’ils ne pouvaient calmer ; personne ne vit rien, et quand ils furent rhabillés, caleçons de laine passés sous les pantalons, couches de pulls, gants de cuir, personne ne les vit se frotter mutuellement le dos, sans pouvoir se dire autre chose que bordel de merde, putain de mes couilles, alors qu’ils auraient tant aimé parler, décrire les chevauchées, inscrire la légende de la session, et frissonnant de la sorte, ils se sont enfermés dans le camion, sans attendre Chris a trouvé la force d’allumer le moteur, il a démarré et ils ont vidé les lieux.
maylis de kerangal. Réparer les vivants. Gallimard 2014
Maylis de Kerangal est à l’écriture pour les jeunes générations du XXI° siècle, ce que la Nouvelle Vague a été au cinéma dans les années 1960 : une réussite d’écriture telle qu’ils s’y reconnaissent et que leurs aînés peuvent dire : c’est bien ainsi qu’ils se donnent à voir. En écrivant, cette femme sculpte, faisant échapper à la masse éclat après éclat, jusqu’à la mise à jour de la réalité.
10 12 1998
Lancement de Mars Global Orbiter, pour une mission de cartographie en orbite ; la sonde s’écrasera sur Mars en arrivant, en septembre 1999.
11 12 1998
Les établissements Paccard d’Annecy ont reçu de l’État du Kentucky commande de la plus grosse cloche en volée du monde, World Peace Bell, pour célébrer l’entrée dans le 3° millénaire. N’ayant pas de four suffisamment grand pour le faire, la cloche est coulée à la fonderie de l’Atlantique à Nantes, spécialisée dans les très grandes hélices (France, Charles de Gaulle) : 4 mètres de haut et de large, 30 tonnes.
1998
Feddy Tesha, tanzanienne de 41 ans, installe une vache à l’arrière de sa maison pour mieux nourrir ses quatre enfants. Les soins qu’elle prodigue à l’animal lui font produire 10 litres de lait par jour – la moyenne est de 3 litres. Elle commence à en vendre à ses collègues fonctionnaires. Devant le succès, elle prend une deuxième vache, puis d’autres, construit une étable, puis deux. En 2016, Feddy Tesha aura 60 vaches, produisant plus de 1 000 litres par jour, et son usine de traitement du lait recevra la production de 135 petits producteurs, en majorité des femmes. Elle sera présidente de l’association laitière de Tanzanie et sa société, Profate Investment Ltd, cherchera 1,2 million $ pour développer une coopérative laitière dans le district de Mkuranga, au sud de Dar es-Salaam, où 624 petits producteurs, des femmes Massaï pour la plupart, se prépareront à livrer leur lait. Son succès transformera la vie de ses enfants. L’aînée sera laborantine dans un hôpital. La deuxième informaticienne. Le troisième fera un MBA dans une bonne école. Quant à son fils adoptif, le dernier, il étudiera la finance et travaillera dans l’immobilier. Si l’Afrique parvient à s’extirper de son sous-développement, cela ne se fera qu’avec des femmes de cette trempe.
Le fric virtuel, tout en ravageant des pans entiers d’économie, continue à se bien porter : les échanges spéculatifs sont passés de 80 milliards par jour en 1980, à 500 milliards en 1990 et 2000 milliards aujourd’hui, soit cinq fois la valeur des échanges de marchandises en 1980 et cent fois aujourd’hui.
Le nombre de jours de grève au sein de la fonction publique a explosé en France : 596 876 quand il était de 105 313 en 1992. Chez nos voisins, les chiffres n’ont rien à voir : en 1997, 29 500 en Angleterre, 20 700 en Espagne, 134 400 en Italie. (chiffres pris dans Le Grand Gaspillage p 250 Jacques Marseille Plon 2002)
Les paysans s’en vont… les animaux sauvages reviennent : dans le Mercantour, on accuse les loups de tous les maux ; ils seraient aujourd’hui une trentaine, venus de l’Italie voisine, depuis 1992 ; en 1987, on a vu un loup italien tué à Fontan dans le Mercantour dont on sait qu’il a été captif : cela se voit aux coussinets, et il avait porté un collier. On peut trouver en Italie des gens qui vendent des loups – cela existe -. Dans les années 2 000, l’écrivain Jacques Delperrié de Bayac reconnaîtra avoir lâché un couple de loups dans le Mercantour.
On saura que dès 1991 il y avait des loups sur le camp militaire de Canjuers, mais les bergers dont les brebis avaient été tuées attendront dix ans avant d’être indemnisés. On repérera pour la première fois des loups dans le Mercantour en 1992, mais l’information sera tenue secrète par le ministère de l’environnement pendant six mois… tout ce qu’il faut pour que les éleveurs soient bien persuadés qu’on les prend pour des cons !
1993, 6 loups se livrent à 10 attaques, tuant 36 animaux
1994 , 200 moutons indemnisés
1995, 500 moutons indemnisés
1996 et 1997, 1000 moutons indemnisés.
1999, 313 attaques, tuant 1 927 animaux
2000, 1 500 brebis tuées
2001, 29 loups tuent 1830 bêtes
9 loups tuent 97 brebis dans les Hautes Alpes, où des mesures de protection ont été prises
12 loups tuent 1 152 animaux dans les Alpes Maritimes où les mesures ont été très peu appliquées.
Ces 29 loups ont peut être fait des petits mais, en raison de l’augmentation des tirs sauvages et des empoisonnements, le nombre total a plutôt diminué depuis.
3 800 brebis tuées en 2005
4 000 brebis égorgées, éventrées en 2010
4 913 en 2011
6 786 en 2013, soit 0.2 % du cheptel là où le loup est présent.
9 000 en 2015
9 788 en 2016 par 292 loups regroupés en 35 meutes.
Un troupeau est une cellule close, un corps vivant, la moindre agression provoque des traumatismes pour l’ensemble des brebis : stress, stérilité, perte de poids… Pour un berger, c’est le travail de toute une vie. Comment peut-il accepter de laisser les animaux au prédateur alors que son travail, son devoir même, consiste à veiller sur les brebis, à leur faire une vie bonne, contrairement à l’élevage industriel. Il y a là quelque chose d’obscène.
[…] Il y a peu, les bergers et les moutons incarnaient la liberté et l’équilibre avec la nature. Aujourd’hui, c’est le loup qui l’incarnerait. Les bergers sont considérés comme des intrus, des fléaux pour la biodiversité selon certains écolos. On voudrait que le mouton disparaisse de la montagne et devienne juste une machine à viande. Ces histoires de loup frôlent l’hystérie. On légitime la présence du loup par des notions scientifiques qui voudraient qu’il soit la clef de voûte de la biodiversité, qu’il n’attaque qu’à hauteur de ses besoins alimentaires, etc. Derrière cet habillage, il y a un discours idéologique. Certes, il y a une fascination pour le loup, je la partage, mais il faut séparer le mythe des contes et l’animal prédateur. Métaphore de la société moderne, le loup incarnerait la liberté, le chef d’œuvre de la création, un symbole souverain d’une sauvagerie naturelle, l’apologie de la force, de la performance. Au siècle dernier, abeille et l’esprit de la ruche représentaient la modèle idéal. Aujourd’hui dans nos représentations, le loup est devenu intouchable. L’aspiration à la nature ne suffit plus, on la veut sauvage. Mais cette nature n’’est sauvage que dans notre imagination et nos désirs, car la montagne est devenue un espace ludique, une aire de jeu dédiée à l’écotourisme. On est dans l’artifice. Les Alpes ne sont pas l’Alaska.
Anne Vallaeys. Midi Libre 8 décembre 2013
Quand on peut trouver dans un gouvernement une pensée totalitaire, plus proche de celle des ayatollah que d’une démocratie moderne, cela peut aboutir à des lois scélérates parce que catastrophiques pour l’homme et ses animaux domestiqués.
Paradoxalement, les ravages sont bien moindres chez nos voisins : l’Italie abrite au moins 2 500 loups, l’Espagne 1 500 et les dégâts y sont moins importants qu’en France ; une explication possible pour l’Italie : les troupeaux y sont beaucoup plus petits – car destinés à la production de lait et non de viande -, et donc mieux surveillés. Mais surtout, en Italie comme en Espagne, le loup n’a jamais été éradiqué et donc, sa présence a été intégrée par la tradition pastorale. De là à dire qu’on s’en accommode, c’est sans doute aller un peu vite, mais on fait avec.
Le loup laisse sa signature, qui n’est pas celle du chien : avec une mâchoire qui permet des pressions de 150 kg/cm², les entailles se reconnaissent ; dans l’Aude, l’Hérault, c’est la multiplication des sangliers, de moins en moins sauvages, qui est dénoncée par les agriculteurs et éleveurs. En 2019, Jean-Michel Bertrand qui pistera le loup pendant un an en 2017 de Saint Bonnet en Champsaur à Mouthe, dans le Jura, donnera un chiffre de 530 loups en France qui tuent 11 000 ovins par an, soit 0.15 % du cheptel français – 7 335 000 ovins -.
Peut-être une invitation lancée à des Khirgiz, chasseurs de loups sur leurs chevaux dressés, s’il en existe encore, permettrait-elle d’acquérir un savoir-faire plus acceptable pour les écolos :
Après avoir parcouru environ dix-huit verstes dans la prairie, nous arrivâmes près d’un grand marais recouvert de buissons. Suliman arrêta notre groupe et nous dit :
Les loups attaquent souvent nos troupeaux et nous enlèvent des moutons et des agneaux. Dans ces buissons sont leurs repaires et nous allons les chasser.
Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ? m’écriai-je. J’aurais apporté mon fusil !
C’est tout à fait inutile, répondit-il. Nous allons les chasser à la façon des Kirghiz.
En disant ceci, il me tendit un étrange fouet à long manche portant une courte lanière tressée, à l’extrémité de laquelle était fixée une lourde boule de plomb.
Mes compagnons vont battre les couverts pour en faire sortir les loups et les faire courir dans la prairie. Nos chevaux sont rapides, nous rattraperons les loups et les tuerons à coups de fouets.
Trois des Kirghiz, en faisant un détour, allèrent se poster de l’autre côté du marais tandis que les quatre d’entre nous qui restaient se plaçaient de notre côté des buissons à guetter la sortie des bêtes. En poussant de grands cris, les rabatteurs entrèrent dans le couvert ; quelques minutes après, les loups commencèrent à sortir. Ils couraient aussi vite qu’ils pouvaient, ventre à terre, la queue tendue, les oreilles couchées. – Suivez, Kounak ! cria Suliman.
Je poussai mon cheval qui, dressé à ce genre de chasse, fila comme une flèche et commença à poursuivre un grand loup gris clair. Celui-ci comprit, et commença à décrire des zigzags dans la prairie pour essayer de semer le cheval. Je m’émerveillais de l’adresse de ma monture qui, sans attendre de moi des indications, virait et changeait de direction de la façon la plus propice, accélérant l’allure et gardant toujours la gauche de l’animal poursuivi afin de faciliter les coups de fouet de son cavalier. C’était la plus folle et la plus passionnante des chevauchées. J’avais l’impression de n’être plus moi-même qu’un animal luttant comme aux temps primitifs avec d’autres bêtes sauvages.
Petit à petit le loup se fatigua et la distance entre nous diminua. Quelques minutes encore de cette course folle, pendant laquelle nous avions dû franchir je ne sais combien de verstes, et la bête était juste à côté de moi.
Je me dressai sur les étriers et frappai de toute ma force. Le loup poussa un cri, trébucha, mais dans un éclair il repartit, plus vite encore. Une fois de plus recommença cette course acharnée entre le cheval et le loup ; quand nous l’eûmes rattrapé, je frappai un second coup, mais cette fois en visant juste à la tête. Après quelques enjambées, le loup chancela, tomba en avant, se releva pour faire encore quelques bonds, mais je l’atteignis une troisième fois, terminant du coup la carrière de ce voleur de moutons.
Avant que j’eusse pu calmer mon cheval et achever le loup, un des Kirghiz arriva, sauta à terre et coupa la gorge de la bête.
Jaksze, okjaksze djigit bek atl (Excellents, tout à fait excellents cavalier et cheval !) s’écria l’un des Kirghiz tandis qu’ils approchaient en traînant trois loups au bout de leurs lassos.
La folie politique assassine en Corée du Nord, et de 95 à 98, il faut compter environ 3 millions de morts de faim.
Les ingénieurs des Ponts se sont fait plaisir dans la vallée du Rhône : la voie en site propre du TGV Méditerranée construite entre Valence et Marseille-Montpellier doit enjamber l’autoroute à Ventabren, an nord-ouest d’Aix ; sans interrompre la circulation, ils ont joint par vérin les deux morceaux de tablier préfabriqué, chacun pesant 3 600 tonnes : les spectateurs étaient venus par milliers au spectacle qui se tenait de nuit, et ils n’ont pas regretté le déplacement.
Dans la Silicon Valley, à Mountain View en Californie, Larry Page et Serguei Brin, deux petits génies de l’Université de Stanford, fondent Google : ce nom, c’est un souvenir de gosse lorsque l’un d’eux s’est vu demander par un copain quel nom il donnerait à un chiffre qui contiendrait plus de 100 zéro, la réponse avait été : Google. Ils ont mis au point un algorithme révolutionnaire, le page rank, qui classe la pertinence des pages Web en fonction du nombre de liens hypertexte qui pointent vers elles. Restera à inventer des robots capables de parcourir la totalité des liens du Web pour établir le décompte permanent des votes de l’HTML. En 2009, Larry Page sera la 24° fortune mondiale, avec un patrimoine de 17.5 milliards de $. En 2004 ce moteur de recherche est considéré par de nombreuses personnes comme le moteur le plus puissant existant sur Internet : 8,0 milliards de documents recensés, recherche sur des images, dans les groupes de discussion Usenet, dans les actualités.
Son triomphe repose sur le choix stratégique d’inventer un moteur de recherches qui analyse les croisements et affinités entre les sites eux-mêmes et leurs propres liens plutôt que le nombre de fois où le terme cherché apparaît dans une page. Brin et Page élaborent l’algorithme idéal au service de cette intuition.
Olivier Seguret. Libération. 31 12 2009 et 1 01 2010.
Le plus dérangeant demeure que Google tire des profits colossaux de contenus qui ne lui appartiennent pas. La gratuité de son offre à destination des usagers a pour contrepartie directe la destruction de la valeur produite par les créateurs de contenu, qu’ils soient auteurs, éditeurs ou producteurs.
[…] Comme l’a déclaré Robert Thompson, le directeur du Wall Street Journal : Google dévalue tout ce qu’il touche. En effet, cette société capte une rente publicitaire – un CA de 21 milliards $ en 2008, dégageant 4 milliards $ de profit [23.6 milliards $ en 2009 pour 6.5 milliard de profit] – sur l’accès à des contenus gratuits dont elle n’a supporté ni les coûts de conservation pour les œuvres d’hier, ni ceux de production pour celle d’aujourd’hui. Entreprise de la 25° heure, elle rafle dans le monde numérique toute la mise culturelle dans plusieurs siècles analogiques… La stratégie est toujours la même : d’abord capter une audience considérable en proposant gratuitement des contenus qu’elle ne possède pas (vidéos, livres) ; puis, une fois devenue un acteur incontournable du secteur, régulariser la situation a posteriori en imposant ses conditions.
Emmanuel Hoog. PDG de l’INA – Institut National de l’Audiovisuel -. Le Monde 12 09 2009
Un autre PDG de l’INA, Bernard Stiegler, rappellera que la recherche et développement engagée par les services secrets de l’Armée américaine n’était pas étrangère à tout cela : sur 20 ans, 1 000 milliards $ !
Fin d’une histoire d’amour entre un homme – Bartabas – et son cheval – Zingaro : Nous étions à New York, pour montrer Eclipse, en 1998. Nous jouions sous un chapiteau, à Battery Park, dans le sud de Manhattan. À la fin du spectacle, Zingaro se couchait seul, au milieu de la piste, sur un tapis de neige. Ce soir-là, pour la première fois, il est resté debout, incertain, me cherchant du regard. J’ai fait venir le vétérinaire, c’était grave. On l’a conduit dans une clinique, dans le New Jersey, où il a été opéré trois fois. Je lui rendais visite tous les après-midi. La fin de la tournée approchait, il fallait rentrer. Zingaro n’était pas transportable. Avant de prendre l’avion, je suis venu lui dire au revoir. Je me suis attardé ensuite au bord du lac qui jouxtait la clinique, et j’ai pleuré. Il est mort quelques jours après. Les Américains m’ont envoyé ses cendres dans un bocal de faïence noire. Le bocal est sur mon bureau depuis vingt-cinq ans.
Bartabas. Le Monde du 24 02 2023
1 01 1999
L’EURO fait son entrée dans le concert des nations.
L’euro n’est qu’un portique ! – vers l’Europe, c’est à dire vers une autre Histoire, vers une autre demeure pour le destin français… Grandeur de cette aventure, inédite dans l’Histoire, où des nations démocratiques décident de librement s’associer pour préserver ce qui fit leur gloire et qui n’est pas sans relief dans l’Histoire du monde.
Admiration aussi pour cette aristocratie d’hommes d’État qui, en un demi-siècle d’obstinations et d’obscurs courages, ont, sans le fort soutien de faiseurs d’opinion, mené à bien cette grande œuvre.
Une brochette d’Aimé Jacquet, comme lui, d’abord ignorés, moqués, décriés avant que l’euro n’épate, en cet an neuf, le monde entier.
Eux n’ont pas oublié la morgue ironique dont l’Amérique, l’Angleterre, leurs experts et leur presse, assaisonnèrent pendant des années l’impossible monnaie commune. Ils n’ont pas oublié, chez nous, dans la France nationaliste comme dans l’Allemagne du Spiegel, le pilonnage continu des ça ne marchera jamais ! Ils n’ont pas oublié les tempêtes de la dérision et de l’invective.
Alors sachons rendre justice, du moins en ce début d’euro, au courage politique de ces capitaines sans fanfare, accoucheurs de Traités maltraités. Contre vents et marées, ils ont gardé cette conviction : l’Europe, mère de la Raison et des Sciences, doit enfin, après des siècles de guerre civile trouver une politique digne de ses techniques et de sa culture.
Que ce continent, durant un millénaire, craquelé de massacres et génocides, médite enfin à quel abaissement ses divisions l’ont conduit, qu’il envisage enfin de se reprendre, voilà qui devrait redonner quelques couleurs à la petite fille Espérance, gamine ingrate et pâlotte de la nation française.
… Les Français ravis de philosopher sur l’Europe future… vont se voir d’abord remettre un balai d’honneur pour balayer devant leur budget.
Car il s’agira bientôt d’alléger notre matraquage fiscal et le fardeau de notre fonction publique dans une nation hérissée de bunkers catégoriels hostiles à toute réforme. Sachons que, dans la petite classe européenne, nous passons pour excellents en dissertation mais faiblards en travaux pratiques. Préparons-nous donc à quelques déconvenues !
Le tout sera de garder du cœur au ventre. Le désespoir est un luxe privé. Dans le collectif, dans le politique, il ne se fait rien de grand sans grande espérance. Et l’Europe est bien la seule de belle envergure à notre horizon.
Claude Imbert
La simultanéité des projets d’union politique et d’union monétaire est une nécessité profonde. Car la France et l’Allemagne n’échangent pas de symboles, elles conjurent leurs angoisses mutuelles. De quoi l’Allemagne a-t-elle peur ? De son histoire et de sa géographie. De quoi la France est- elle fière ? De son histoire et de sa géographie. Elles sont trop réciproques dans leurs craintes pour être dissociables dans leurs apaisements.
Philippe Delmas. De la prochaine guerre avec l’Allemagne. Odile Jacob. 1999.
7 01 1999
Sylvie Guillem triomphe à l’Opéra de Paris dans le rôle de Kitri du Don Quichotte chorégraphié par Noureev : il faut remonter à La Callas pour connaître pareil enthousiasme : 20 minutes d’ovation, une scène envahie de fleurs… la ballerina assoluta a réussi son retour sur la scène française au-delà de tout espoir.
Elle peut tout. Elle donne du sens à tout ce qu’elle touche. De plus, elle est si musicale que tout devient plaisir.
David Garforth, Chef de la Philarmonique de Monte Carlo.
J’ai administré, à l’Opéra de Paris, le ballet que Rudolf Noureev dirigeait artistiquement. J’avais été nommé en 1984 pour résoudre une grève : les danseurs s’opposaient à ce que Noureev modifie l’historique chorégraphie du Lac des cygnes. J’arrive à trouver un compromis en leur proposant de créer la nouvelle chorégraphie mais de reprendre l’ancienne si c’était un échec. Triomphe ! Tout s’arrange… J’adorais Noureev. Celui-ci a su donner sa noblesse à la danse masculine. Il était la danse incarnée. Et le monde entier en un seul homme : d’une culture, d’une curiosité phénoménales. Il connaissait Shakespeare par cœur, la peinture anglaise sur le bout des doigts et tous les chorégraphes contemporains. Il collectionnait les tapis kilim, les bronzes. C’était un tsar mais pas une star. Je dînais chez lui plusieurs fois par semaine. Quels feux d’artifice que ces conversations avec les artistes et esprits éclairés dont il savait s’entourer : Rostropovitch, Jean-Claude Carrière…
Jean-Luc Choplin.Télérama 3467 du 22 06 2016
Quinze ans plus tard, à 49 ans, le 9 juillet 2014, à la demande de son partenaire de prédilection, Nicolas Le Riche, 42 ans, danseur étoile de l’Opéra national de Paris, qui fait ses adieux au public à l’Opéra Garnier, elle dansera encore une séquence d’Appartement. Trente minutes d’applaudissements les salueront !
9 01 1999
Partis le 21 novembre 1998, de Gould Bay, près de l’île Berkner, sur l’Antarctique, un attelage de 5 militaires du Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne – PGHM -, mené par Antoine de Chouddens, arrive au Pôle Sud en autonomie complète : ils ont parcouru 1 350 km (30 km/jour) en tirant un traîneau de 300 kg.
11 01 1999
Martine Aubry signifie à Jacques Bertholle, Directeur Départemental du Travail en Martinique depuis 1991, sa prochaine mutation dans l’intérêt du service. Il avait pris un peu trop au sérieux son travail et commençait à beaucoup déranger le patronat béké [descendants des planteurs français]. Huit mois plus tard, des émeutes agitaient la Martinique sur fond d’irrégularités sur la législation du travail.
14 01 1999
Oyez, Oyez, bonnes gens : l’âme de Robin des Bois vit encore : elle a émigré dans le désert, mais elle vit : après s’être laissé subjuguer pendant des années par le fric et la puissance, des Africains décident de passer à autre chose : des Mauritaniens tendent une embuscade au Dakar et emportent 4 voitures de presse, 3 camions, une moto et de l’argent. Les 3 camions seront rapidement retrouvés, vides bien sur. Un an plus tard, c’est même une menace terroriste qui fera prendre l’avion à tout ce joli monde, bagnoles et camions compris, pour shunter quatre étapes.
28 01 1999
On est à la veille des élections européennes. Daniel Cohn-Bendit, candidat, est pris à parti par une grande partie de la droite traditionaliste. Philippe Sollers aiguise bien sa plume pour flageller à qui mieux mieux, dans le Monde. Nombre de belles âmes feront mine de s’émouvoir ; ça va tanguer dans le Landerneau parisien. Jean-Pierre Chevènement minimisera le propos en le qualifiant de paria pépère. Il n’empêche que le paria pépère annonçait dix ans à l’avance la montée en puissance du Front National.
La France moisie
Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.
La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.
La France moisie, rappelez-vous, c’est la force tranquille des villages, la torpeur des provinces, la terre qui, elle, ne ment pas, le mariage conflictuel, mais nécessaire, du clocher et de l’école républicaine. C’est le national social ou le social national. Il y a eu la version familiale Vichy, la cellule Moscou-sur-Seine. On ne s’aime pas, mais on est ensemble. On est avare, soupçonneux, grincheux, mais, de temps en temps, La Marseillaise prend à la gorge, on agite le drapeau tricolore. On déteste son voisin comme soi-même, mais on le retrouve volontiers en masse pour des explosions unanimes sans lendemain. L’Etat ? Chacun est contre, tout en attendant qu’il vous assiste. L’argent ? Evidemment, pourvu que les choses se passent en silence, en coulisse. Un référendum sur l’Europe ? Vous n’y pensez pas : ce serait non, alors que le désir est oui. Faites vos affaires sans nous, parlons d’autre chose. Laissez-nous à notre bonne vieille routine endormie.
La France moisie a bien aimé le XIX° siècle, sauf 1848 et la Commune de Paris. Cela fait longtemps que le XX° lui fait horreur, boucherie de 14 et humiliation de 40. Elle a eu un bref espoir pendant quatre ans, mais supporte très difficilement qu’on lui rappelle l’abjection de la Collaboration.
Pendant quatre-vingts ans, d’autre part, une de ses composantes importante et très influente a systématiquement menti sur l’est de l’Europe, ce qui a eu comme résultat de renforcer le sommeil hexagonal. New York ? Connais pas. Moscou ? Il paraît que c’est globalement positif, malgré quelques vipères lubriques.
Oui, finalement, ce XX° siècle a été très décevant, on a envie de l’oublier, d’en faire table rase. Pourquoi ne pas repartir des cathédrales, de Jeanne d’Arc, ou, à défaut, d’avant 1914, de Péguy ? A quoi bon les penseurs et les artistes qui ont tout compliqué comme à plaisir, Heidegger, Sartre, Joyce, Picasso, Stravinski, Genet, Giacometti, Céline ? La plupart se sont d’ailleurs honteusement trompés ou ont fait des œuvres incompréhensibles, tandis que nous, les moisis, sans bruit, nous avons toujours eu raison sur le fond, c’est-à-dire la nature humaine. Il y a eu trop de bizarreries, de désordres intimes, de singularités. Revenons au bon sens, à la morale élémentaire, à la société policée, à la charité bien ordonnée commençant par soi-même. Serrons les rangs, le pays est en danger.
Le danger, vous le connaissez : il rôde, il est insaisissable, imprévisible, ludique. Son nom de code est 68, autrement dit Cohn-Bendit.
Résumé de sa personnalité, ces temps-ci : anarchiste mercantiliste, élite mondialisée, Allemand notoire, candidat des médias, trublion, emmerdeur, Dany-la-Pagaille. Il a du bagou, soit, mais c’est une sorte de sauvageon. Personne n’ose crier (comme dans la grande manifestation patriotique de l’époque anti-68) : Cohn-Bendit à Dachau ! mais ce n’est pas l’envie qui en manque à certains, du côté de Vitrolles ou de Marignane. On se contentera, sur le terrain, de pédé, enculé, bandit, dans la bonne tradition syndicale virile. Anarchiste allemand, disait le soviétique Marchais. Allemand qui revient tous les trente ans, s’exclame un ancien ministre gaulliste de l’intérieur. Il n’est pas comme nous, il n’est pas de chez nous, et cela nous inquiète d’autant plus que le XXI° siècle se présente comme l’Apocalypse.
Le moisi, en euro, ne vaut déjà plus un kopeck. Tout est foutu, c’est la fin de l’Histoire, on va nous piller, nous éliminer, nous pousser dans un asservissement effroyable. Et ce rouquin rouge devenu vert vient nous narguer depuis Berlin ? C’est un comble, la famille en tremble. Non, nous ne dialoguerons pas avec lui, ce serait lui faire trop d’honneur. Quand on est un penseur sérieux, responsable, un Bourdieu par exemple, on rejette avec hauteur une telle proposition. Le bateleur sans diplômes n’aura droit qu’à quelques aboiements de chiens de garde. C’est tout ce qu’il mérite en tant que manipulateur médiatique et agent dissimulé des marchés financiers. Un entretien télévisé, autrefois, avec l’abbé Pierre, soit. Avec Cohn-Bendit, non, cela ferait blasphème dans les sacristies et les salles feutrées du Collège de France. À la limite, on peut dîner avec lui si on porte le lourd poids du passé stalinien, ça fera diversion et moderne. Nous sommes pluriels, ne l’oublions pas.
L’actuel ministre de l’intérieur (Jean-Pierre Chevènement) est sympathique : il a frôlé la mort, il revient du royaume des ombres, c’est un miraculé de la République, laquelle n’attendait pas cette onction d’un quasi-au-delà. Mais dans ministre de l’intérieur, il faut aujourd’hui entendre surtout intérieur. C’est l’intériorité qui s’exprime, ses fantasmes, ses défenses, son vocabulaire spontané. Le ministre a des lectures. Il sait ce qu’est la vidéosphère de Régis Debray (où se déplace, avec une aisance impertinente, cet Ariel de Cohn-Bendit, qu’il prononce Bindit).
Mais d’où vient, à propos des casseurs, le mot sauvageon (employé par Chevènement) ? De quel mauvais roman scout ? Soudain, c’est une vieille littérature qui s’exprime, une littérature qui n’aurait jamais enregistré l’existence de La Nausée ou d’Ubu roi. Qui veut faire cultivé prend des risques. On n’entend pas non plus Voltaire dans cette voix-là. Comme quoi, on peut refuser du même geste les Lumières et les audaces créatrices du XX° siècle.
Ce n’est pas sa souveraineté nationale que la France moisie a perdue, mais sa souveraineté spirituelle. Elle a baissé la tête, elle s’est renfrognée, elle se sent coupable et veut à peine en convenir, elle n’aime pas l’innocence, la gratuité, l’improvisation ou le don des langues. Un Européen d’origine allemande vient la tourmenter ? C’est, ici, un écrivain européen d’origine française qui s’en félicite.
01 1999
Lancement de Mars Polar Lander qui se posera près du Pôle Sud de Mars. La France [CNES] participera à l’opération en fabriquant un orbiteur qui récupérera les échantillons de roches en 2008. Lancement prévu de l’orbiteur en 2005 par Ariane V. Montant de la participation française : 2,5 milliards de francs… mais, dans les heures précédent l’arrivée sur Mars, le 3 décembre 99, Mars Polar Lander cessera de donner de ses nouvelles pour aller probablement s’écraser à la surface : ce sont 150 millions $ qui partent en fumée !
3 02 1999
Les assassins du préfet Érignac courent toujours. Quelques journalistes ont eu accès à des informations sensibles : elles viennent directement du préfet Bonnet qui a son contact – Corte – , au sein de la mouvance nationaliste. Tous les gardent pour eux sauf Jacques Follorou qui publie dans Le Monde : le commando compterait dans ses rangs d’anciens activistes du FLNC localisés dans la vallée de la Gravone ou au col Saint Georges. Déjà condamnés dans plusieurs affaires, ses membres seraient toujours rompus aux techniques militaires et à la vie en clandestinité […] Ils auraient agi avec des personnes condamnées pour des affaires de droit commun et réinsérées professionnellement dans l’automobile […] un ancien légionnaire, soupçonné d’exercer des fonctions d’instructeur au sein de la mouvance nationaliste, pourrait avoir joué un rôle dans cette opération.
Si l’on voulait donner un signal aux assassins pour leur dire qu’il s’agissait désormais de décamper au plus vite, on ne pouvait pas mieux s’y prendre !
9 02 1999
Dans les trois derniers jours, plus de deux mètres de neige sont tombés dans la vallée de Chamonix, et c’est l’avalanche sur le hameau de Montroc, entre le Tour et Argentières, partie des contreforts du massif du Chardonnet : 23 chalets sont broyés, faisant 12 morts et 1 blessé grave. Les précédentes avalanches dans les mêmes zones remontent à 1908 et 1978. On avait vu dans les décombres de cette dernière des arbres de plus de deux cents ans, ce qui signifie bien que le risque réel ne se présente pas chaque année. Michel Charlet, maire de Chamonix sera condamné à 3 mois de prison avec sursis le 17 juillet 2003.
Quinze jours plus tard, c’est Galtür, un village du Tyrol qui connaît le même type de catastrophe, en plus grave, – 2 avalanches géantes en un seul jour qui font 31 morts, 8 morts à Valzür le même jour, 12 morts à Evolène le 20 février et ce sont en Suisse, comme en Italie et en France, une succession d’accidents de montagne, d’avalanches, de skieurs bloqués en station… du jamais vu depuis 50 ans. Trois randonneurs contraints au bivouac à presque 3 000 m. au pied de la Pointe de la Réchasse, en Vanoise, se verront secourus après neuf nuits passées sous abri, grâce à un téléphone portable muni d’une batterie pleine de bonne volonté. L’accident n’est pas sans rappeler celui de Vincendon et Henry, en 1956 : mais ils n’avaient alors pas pu se faire d’abri, ils étaient à peu près 1 000 m plus haut, donc avec une température très probablement plus basse et, même bien localisés, les secours ne pouvaient utiliser comme aujourd’hui l’hélicoptère, surtout d’un modèle inadapté à la montagne comme le Sikorsky. Et surtout, le drame de Vincendon et Henry était un véritable accident… alors que l’histoire de la Vanoise en 1999 ne fût en fin de compte qu’une très grosse mousse montée par les médias pour raconter le sauvetage ordinaire de montagnards qui, s’ils aimaient la montagne, ne crachaient pas pour autant sur l’argent, fût-il facile : […] Ce n’est que le samedi que nous avons cherché un endroit d’où le portable pouvait fonctionner. Nous voulions rassurer nos familles qui commençaient peut-être à s’alarmer où à se poser des questions. Nous avons d’abord appelé les secours… mais nous n’avons pas appelé au secours ! Je leur ai dit dans quelle situation nous nous trouvions, et leur ait demandé comment allait évoluer la météo. Ils ont répondu : Ça ne va pas s’arranger ; on va essayer de vous repérer. Mais jamais ils n’ont pu avoir l’impression que nous étions en perdition.
[…] Lorsque les secours arrivent, qu’on voit les hélicoptères, c’est un beau moment, très fort. On devient un peu euphorique. On a envie de dire merci, bonjour, n’importe quoi. Mais avec les pilotes, l’émotion est surtout passée par des échanges de regards, des petits signes. Puis ils nous ont prévenu : On vous attend en bas ! Vous savez, vous avez fait parler de vous. On a répondu Ah bon ? sans imaginer une seconde la dimension que toute cette histoire avait prise…
Le lendemain, Paris-Match m’a contacté pour me proposer de publier les photos prises avec l’appareil jetable que j’emporte toujours en randonnée. Avec Philippe et Olivier, on s’est dit pourquoi pas ? On est comme tout le monde, on ne déteste pas l’argent. Et d’emblée, nous avons décidé tous les trois de faire un don à l’orphelinat des CRS… Le vendredi matin (rien n’était conclu avec Paris Match, rien) on donne une conférence de presse. Déjà, dans les couloirs, ça photographiait de partout, c’était délirant. J’en rigolais. Ça n’avait de sens ni par rapport à ce qu’on était ni par rapport à ce qu’on avait vécu. Dans la salle, il y avait au moins cent cinquante journalistes, des flashs dans tous les sens, devant, derrière. Nous n’étions vraiment pas à l’aise. En tout cas, nous n’avions pas l’à-propos qu’il fallait pour répondre à des pourquoi vous avez fait ci, et pourquoi pas ça…
Christophe Palichleb. L’Humanité. 28 05 1999.
Mais peut-être le coût de leur sauvetage – entre 300 000 et 500 000 F -, va-t-il contribuer à généraliser les dispositions légales les plus récentes, à savoir le paiement par les bénéficiaires de secours, ce qui rompt nettement avec la gratuité des secours, c’est à dire en fait leur prise en charge par le contribuable, jusqu’à présent ardemment défendue par les milieux de la montagne : les dernières lois autorisent les préfets à envoyer la facture aux communes du lieu des recherches, à charge à elles de faire suivre aux intéressés : dans les faits, cette procédure reste encore exceptionnelle.
15 02 1999
L’AFMA – Association pour la Fondation de la Mémoire d’Auschwitz, tient son assemblée générale. Henri Moraud, (†1991), avait clairement défini ses buts : Maintenir dans sa réalité le souvenir d’Auschwitz sans oublier aucun des groupes qui y furent victimes des nazis, en préservant la spécificité du martyre juif et en ne laissant pas annexer par un seul peuple, cette expérience terrible qui touche toute l’humanité.
Le nom de l’association change pour devenir : Fondation pour la Mémoire d’Auschwitz et de la Shoah. Dans les six paragraphes énumérant les buts de la fondation, il n’est question que du génocide juif, que de la mise en valeur des lieux de mémoire liés à la Shoah [2] . S’il est question de résistance, il ne s’agit que de celle des Juifs, qui veulent à tout prix confisquer pour leur seul peuple la souffrance, l’horreur de la déportation. Toutes les grandes associations de déportés résistants, non sans protester, se retirent alors de la Fondation : FNDIR : Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance, fondée en 1945. UNADIF : Union Nationale des Associations de Déportés Internés et Familles de Disparus, fondée en 1950. Jacques Grandcoin, représentant de la FNDIR, explique ce départ : […] L’introduction du mot Shoah révèle une intention d’isoler le génocide des Juifs, et celui des Tziganes et de le séparer de la politique d’ensemble du gouvernement hitlérien (…) sa partie historique gomme purement et simplement la création du système concentrationnaire (…) Pour une association française qui vise à perpétuer le souvenir d’Auschwitz dans ce pays, il est choquant de gommer ainsi les convois de résistants français…
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Il faut être fidèle à toutes les victimes.
Graham Greenen. The Heart of the matter. 1948
18 02 1999
La Caisse d’Assurance Maladie de Saint Nazaire porte plainte contre la Seita, entreprise d’État, et d’autres fabricants de cigarettes.
02 1999
Par la grâce des peaux de banane refilées d’une police à l’autre, Yvan Colonna découvre sous sa voiture deux balises posées par les RG : il va très sagement les y laisser, laissant sa voiture à des copains qui se chargeront de balader sur de fausses pistes nos fins limiers scotchés sur leurs écrans GPS.
12 03 1999
Yehudi Menuhin s’éclipse de la scène : malgré d’incessants rappels, il n’y reviendra plus.
Maintenant, je sais qu’il y a un Dieu au ciel. Albert Schweitzer. 1929.
Yehudi Menuhin, le musicien qui adoucissait le monde. Libération. 14 mars 1999.
Tout au long de sa carrière, cet ange au jeu immaculé n’a fait que redescendre sur terre pour rejoindre ses confrères violonistes qui purent enfin faire jeu égal avec lui. Alain Lompech. Le Monde. 14 -15 mars 1999
Il allait plus loin que la musique… et c’était comme, dans la luminosité de sa musique, entendre directement son âme chanter et exprimer une grande douceur et humanité. Paolo Arca. Directeur Scala de Milan.
Prophétisme nuageux et optimiste, effusion de la belle âme, rêves humanitaires et conciliateurs. Julien Gracq
Il avait su fréquenter des allées qui ne sont pas celles de la mode, en prenant par exemple, après la guerre la défense de Furtwängler, resté à la direction de la Philharmonie de Berlin sous le régime nazi, comme si la fuite était une preuve de courage.
BRUCH VIOLIN CONCERTO NO. 1 IN G MINOR | FERENC FRICSAY & BERLIN RADIO SYMPHONY | 1961 [il a 45 ans]
21 03 1999
Le suisse Bertrand Piccard, petit fils d’Auguste, 1884-1962, fils de Jacques, et l’Anglais Brian Jones terminent dans les sables d’Égypte le premier tour du monde en ballon, – Breitling Orbiter 3, – en 19 jours, 21 heures et 55 minutes.
23 03 1999
Javier Solana, secrétaire général de l’Otan, donne l’ordre de lancer des opérations aériennes en République fédérale de Yougoslavie.
Je suis homme avant d’être serbe, ou albanais, parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis serbe, ou albanais, que par hasard.
Montesquieu
Il est impossible de laisser sur notre continent tant de femmes et tant d’hommes victimes de la violence et de l’intolérance au seul motif de leur race ou de leur religion.
Jacques Chirac
L’Europe, depuis des décennies, s’est refondée sur la paix et le respect des droits de la personne humaine. Accepter que ces valeurs soient bafouées aux portes de l’Union européenne, c’eût été nous trahir.
Lionel Jospin
Pour la première fois en ce siècle, l’Allemagne se trouve du bon coté.
Joschka Fischer
Nous devons nous battre pour une Europe qui condamne la vieille notion de l’identité ethnique.
Ludger Volmer
Le principe de la souveraineté des États a été singulièrement ébranlé, de même que celui du respect des frontières, deux dogmes de base de la communauté internationale. Ils furent, au Kosovo, défaits au nom du respect des droits de l’homme.
Alain Frachon. Le Monde. 12 mai 1999
Une génération de dirigeants qui ont grandi avec le slogan Donner une chance à la paix ont hésité à donner une chance à la guerre.
Michael Ignatieff
Evgueni Primakov est alors premier ministre de la Russie de Boris Eltsine, en vol pour Washington : ulcéré d’apprendre la nouvelle sans que son pays ait été simplement informé au préalable pas plus que consulté, il donne l’ordre au pilote de faire demi-tour pour regagner Moscou où les nationalistes lui font un triomphe. Si au moins Bill Clinton avait attendu de le voir à Washington, cela lui aurait permis de sauver la face en prétendant ne pas avoir été au courant de la mise à exécution de l’ordre donné. Mais là, la preuve est établie que les Etats-Unis ont décidé d’établir leur loi sur un monde unipolaire. C’est à partir de là que va naître la volonté d’empêcher l’OTAN de s’agrandir à l’est, en se rapprochant notamment de la Chine.
24 03 1999
2000 m sous le paradis de la Vallée Blanche, l’apocalypse se déchaîne au cœur du tunnel du Mont Blanc.
Un camion Volvo immatriculé en Belgique, chargé de farine et de margarine prend feu à 11 h, à environ 7 km de l’entrée française ; l’alarme incendie est déclenchée. À ce stade, 10 voitures et 18 camions sont à l’intérieur du tunnel du côté français, quelques véhicules du côté italien. L’incendie se propage à une vitesse folle, atteignant rapidement des températures de 1000° : ce haut fourneau va faire 39 morts : il faudra cinq jours pour en venir à bout.
Pier Lucio Tinazzi, 36 ans, était un patrouilleur de sécurité à moto de la société italienne du tunnel du Mont-Blanc. Il était surnommé Spadino, qui signifie petite épée en italien, en raison de sa grande taille et son physique svelte. […] Son travail consistait à fluidifier le trafic, notamment celui des camions, et fournir une assistance aux automobilistes dans le besoin. Lorsqu’il entend le message d’alerte, Pier Lucio s’apprêtait à prendre sa pause. Il entre alors dans le tunnel enfumé au guidon de sa moto de service, une BMW K75, afin de porter secours aux personnes en détresse. La dernière communication avec son bureau de contrôle fut à 11 h 30. Il avait trouvé une personne en détresse respiratoire, en raison des fumées toxiques émanant de l’incendie. Il déclarait s’être réfugié avec elle dans un abri de sécurité et ils attendaient les secours. Malheureusement le feu a duré près de 53 heures et causé la mort de 39 personnes, dont Spadino et la personne à qui il a tenté de porter secours. Il a perdu la vie par manque d’air, étouffé par les gaz toxiques émanant des véhicules brûlés, mais aussi du béton. […] Depuis, les motards transalpins se rassemblent chaque année au tunnel pour lui rendre hommage.
Frédéric Brozdziak. motomag.com
La Société du tunnel sous le Mont Blanc est depuis des décennies une des affaires les plus juteuses de France et les responsables ont préféré distribuer depuis le début des dividendes mirobolants … à Giscard, Balladur et consorts… plutôt que de réinvestir pour se mettre aux normes de l’an 2000 en matière de sécurité : le président est rémunéré 50 000 F/mois, auxquels il faut ajouter 300 000 F/an de frais de représentation, une mise à disposition gratuite d’appartements au Majestic de Chamonix… (chiffres démentis par Edouard Balladur, du temps de sa présidence de 1968 à 1981) à coté de cela, la conception du tunnel datait des années 50, à une époque où absolument personne n’aurait pu supposer une aussi forte croissance de fréquentation : 44 856 camions en 1966, 734 306 en 1997. Du temps de sa présidence, Charles Salzmann, président de juillet 1989 à juillet 1992, avait eu à gérer un accident, qui avait donné lieu à un rapport où l’on peut lire :
Fonctionnement impossible entre le matériel du Codis (Centre Opérationnel d’incendie et de secours) et celui de l’ATMB, prises d’eau non raccordables avec les lances à incendie, idem pour les bouteilles d’air et les appareils respiratoires, pas de fréquence commune avec l’ATMB, ce qui a empêché tout trafic radio.
Ces manquements, qui n’ont jamais été corrigés, se révéleront meurtriers lors de la catastrophe.
La dite société déclare dégager 45 millions de francs de bénéfice par an … un peu difficile à croire quand le CA doit se situer aux alentours de 723 millions à raison de 976 F l’aller pour un camion (1 580 A-R) et un passage moyen de 2 200 camions/jour, 100 F l’aller (126 A-R) pour une voiture : les recettes sont à peu près identiques coté italien, la différence venant de la gestion , coté français, en plus, de 106 km d’autoroute d’accès.
L’ATMB est détenue à 54,2 % par l’État français, 15,18 % par le département de la Haute Savoie, 5,59 % par la Caisse des Dépôts et Consignations, 3,87 % par la ville de Genève.
Coté italien, ce n’est guère plus brillant : la grande autonomie de la région du Val d’Aoste lui a permis de garder pour elle-même 90 % des recettes de TVA sur les droits de dédouanement aux importations, et, une fois ceux-ci supprimés, elle obtiendra une compensation de montant comparable du gouvernement central… tout était fait pour que le trafic augmente : prime de fidélité, opérations promotionnelles etc…
L’entreprise la plus touchée par la fermeture, au moins pour un an, du tunnel sera… le Casino de Chamonix, très fréquenté jusqu’alors par les Italiens.
La folie se transportera plus au sud, et le trafic de poids lourds va devenir rapidement insupportable, dans la vallée de la Maurienne pour emprunter le tunnel du Fréjus, et de Grenoble à Embrun, via le col du Lautaret et Briançon : avant le 24 mars, la Guisane [Du Lautaret à Briançon] voyait défiler 200 poids lourds par jour, et la vallée de la Durance de 500 à 600.
Après l’accident du tunnel du Mont Blanc, les deux flux qui se rejoignent à Briançon, en comptent jusqu’à 1 200 … qui empruntent des rampes de 15 % au-dessus de l’Argentière la Bessée !
versant italien
03 1999
Création de l’AFSSA : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments.
20 04 1999
Erik Harris et Dylan Klebold, tous deux 18 ans, se livrent à une tuerie dans une high school de Columbine dans l’Etat du Colorado, aux Etats-Unis : 15 morts – dont les deux tueurs qui se sont suicidés -, 24 blessés. À un journaliste qui lui demandait comment, à législation en matière de port d’armes à peu près identique, le Canada ne connaissait pratiquement jamais de telles folies, Peter Maher canadien anglophone, avait répondu : Que voulez-vous ? Nous, nous avons une reine.
3 05 1999
Le préfet Bernard Bonnet, se laissant emporter par son impatience à vouloir restaurer l’État de droit en Corse, donne des ordres sortant de l’État de droit à une cellule de gendarmes créée légalement, mais hors hiérarchie, un an auparavant, précisément pour ramener l’État de droit – les arguments ne manquaient pas : on pouvait voir alors un policier en arrêt maladie prendre le départ d’un marathon, un autre encore en arrêt maladie, gérer une buvette de plage etc… Le préfet Bernard Bonnet est incarcéré à la Santé et mis en examen : c’est une première dans l’histoire de la République. Bonnet le jour, cagoule la nuit diront rapidement les Corses. La justice sera d’une célérité ahurissante pour mettre sous les verrous un homme coupable seulement d’avoir dérapé… et les crapules politico-mafieuses de l’Île de beauté continuent de parader dans les paillotes illégales, dont la destruction avait été ordonnée depuis quatre ans, sans un début de mise à exécution..
C’est un si drôle de pays que le préfet même ne peut pas s’empêcher d’aimer les bandits quoiqu’il leur fasse donner la chasse.
Gustave Flaubert. Lettre à sa sœur Caroline. Ajaccio, 6 octobre 1840.
13 05 1999
L’intervention programmée de l’OTAN dans le conflit de l’ex-Yougoslavie vient faire violemment tanguer le navire des Verts allemands, de par leur participation de premier plan au gouvernement de coalition Schroeder, dans lequel Otto Schily, ex-Vert, est ministre de l’Intérieur et Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères.
Quelques jours plus tôt, on a pu entendre le député vert Hans ChristianStröbele s’indigner au Bundestag : Je ne comprends pas mon groupe parlementaire, qui s’est engagé pour plus de paix dans le monde, qui veut mener une politique de paix […] et qui accepte que, 54 ans après, une guerre soit décidée à partir du territoire allemand […] J’ai honte pour mon pays, en voyant qu’il mène une guerre au Kosovo et qu’il bombarde encore une fois Belgrade.
Les Verts ont convoqué un congrès extraordinaire à Bielefeld : Joschka Fischer y prend la parole, maculé de la bombe de peinture rouge qu’il vient de recevoir sur la figure – il a refusé de se changer – : La paix exige au préalable que des hommes ne soient plus assassinés ou déportés, que des femmes ne soient plus violées […] Je m’appuie sur deux principes : plus jamais la guerre, plus jamais Auschwitz ; plus jamais de génocide, plus jamais de fascisme : les deux vont ensemble pour moi.
Il obtiendra une majorité pour soutenir son engagement avec 444 voix sur 762.
23 05 1999
Jacques Follorou persiste dans la publication dans Le Monde d’informations sensibles après avoir rendu compte de l’arrestation, le vendredi 21 mai au matin, de quatre membres du commando qui a assassiné le préfet Érignac : …le groupe compte également d’autres figures qui n’ont pas été inquiétées, comme Joseph Caviglioli, gérant d’un motel à l’entrée de Cargèse, qui fut un temps au MPA et qui a rejoint depuis les rangs de Corsica Viva. Dans son entourage, on note la présence de ses deux beaux-frères, Yvan et Stephane Colonna (…). Yvan Colonna, berger, a élevé ses enfants dans la seule langue corse, avant qu’ils n’intègrent le système scolaire. Représentant la Cuncolta à Cargèse, il milite pour un nationalisme intransigeant. Stéphane Colonna, qui tient une paillote sur une plage voisine, paraît beaucoup plus modéré.
Yvan Colonna se sait déjà surveillé : le réseau qui assure son quotidien a été donné à la police par un voyou emprisonné en France moyennant finances et sécurité pour sa famille : trois mois plus tôt, il avait découvert les balises placées sous sa voiture, il sait aussi que ses complices sont en garde à vue ; il prend malgré tout le temps d’accorder une interview à TF1, – qui sera diffusée le soir même -, de dîner avec l’équipe, et de disparaître au petit jour le dimanche. Dès le samedi 22 mai, à 0 h 15, la femme d’un des membres du commando, interrogée par la police, le désignait comme acteur important de l’assassinat ; quand les policiers viendront l’arrêter le dimanche matin, le berger avait disparu depuis deux heures. Le 2 mars 2022, Yvan Colonna sera agressé dans la prison d’Arles par un extrémiste islamiste ; il n’y avait probablement personne dans la salle de visionnage des caméras ; la prison d’Arles connaît un absentéisme de son personnel de 50 % ! dès lors dans le coma, Yvan Colonna mourra à l’hôpital nord de Marseille le 21 mars 2022. Pierre Alessandri, un des autres assassins présumés, sortira de prison sous bracelet électronique le 24 octobre 2023.
Raymond Forni, président de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, déclarera : …la lecture de l’article du Monde paru samedi laisse dubitatif sur l’influence que sa parution a pu avoir sur la fuite d’Yvan Colonna. Le député soulignera, en revanche, les multiples dysfonctionnements, fortes rivalités, et lacunes graves apparues au cours de l’opération policière.
Reste à savoir comment Yvan Colonna a-t-il pu deviner que les policiers seraient aussi longs à venir le cueillir, et s’amuser ainsi à fanfaronner en territoire découvert, après la mise en examen de ses complices.
1 06 1999
Depuis le centre spatial de Sriharikata, dans le sud du pays, l’Inde procède à son premier lancement commercial de satellite à l’aide de la fusée PSLV : Polar Satellite Launch Vehicule.
2 06 1999
Mike Horn sud-africain de 33 ans, né à Johannesburg, naturalisé suisse en 1990 car il en avait alors eu assez de s’occuper de commercialiser les légumes que produisait papa ; on ne pouvait sortir d’Afrique du Sud sous embargo sans visa que vers trois pays : l’Angleterre, Israël et la Suisse ; le jour où il s’était rendu à l’aéroport, il n’y avait qu’un vol international pour la Suisse : va pour la Suisse. Il y trouvera femme, travaux, d’abord petits boulots, puis de plus en plus spécialisés, il effectuera plusieurs expéditions aux quatre coins du monde. Et aujourd’hui, il quitte Libreville pour un tour du monde latitude zéro, c’est à dire au plus près de l’équateur en commençant par une traversée de l’Atlantique ; voilier trimaran, pirogue, vélo, marche à pied, en retrouvant parfois famille, amis qui le suivaient sur des itinéraires plus confortables. Beaucoup de situations physiques qui l’emmèneront aux voisinages de la mort ; mais surtout un inoubliable cauchemar quand il tombera aux mains des pirates sans foi ni loi qui infestent l’est du Congo Kinshasa. On a fait des expéditions de Colomb, de Magellan, de Nansen, d’Amundsen etc… des épopées. C’en est aussi une. Le calendrier sera le suivant :
2 06 1999 : Départ de Libreville, Gabon, cap sur l’embouchure de l’Amazone
13 décembre 1999 : Rive est du Pacifique, proche de Quito, en Équateur
2 mars 2000 : Indonésie
19 mai 2000 : Océan indien
26 juin 2000 : Côte est de l’Afrique
27 octobre 2000 : Libreville Gabon. La boucle est bouclée
25 06 1999
Les Chantiers de l’Atlantique lancent le Mistral, le plus grand paquebot français depuis le France : 216 m. de long, 600 cabines où pourront s’installer 1 196 passagers servis par 500 hommes d’équipage. Festival Croisières, l’armateur, l’a mis sous pavillon de Wallis et Futuna[3], pour avoir un statut fiscal avantageux. Le Renaissance suivra le Mistral, un mois plus tard.
30 06 1999
Le comité d’experts de l’AFSSA, dirigé par Dominique Dormont, préconise de ne plus incorporer dans l’alimentation humaine et animale l’intestin de tous les bovins, quel que soit leur âge. Il faudra attendre plus d’un an pour que la mesure soit prise. Américains et Canadiens décident d’exclure du don du sang toutes les personnes ayant vécu ou séjourné à plusieurs reprises en Angleterre entre 1980 et 1998.
06 1999
La folie encore une fois règne sur les média : ils font la une de leurs journaux avec le poulet à la dioxine, alors qu’un individu doit manger 74 000 cuisses pour être intoxiqué : autant dire que cette intoxication n’est pas plus dangereuse que la radioactivité naturelle que connaissent les montagnards.
Dominique Strauss-Kahn, ministre des finances de Lionel Jospin, sous la présidence de Jacques Chirac, nomme à la tête de la Cogema Anne Lauvergeon, 40 ans, ex secrétaire générale adjointe de l’Elysée, puis sherpa de François Mitterrand, en charge de la préparation des sommets internationaux. Il n’est pas certain que ce soit sa plus mauvaise décision, mais il est bien certain que c’est la plus coûteuse pour le contribuable français : il s’agit de dizaines de milliard € ! Quand la Cogema sera associée à Framatome pour devenir Areva en 2001, celle qu’un media américain nommera Atomic Anne restera PDG d’Areva jusqu’à s’en faire débarquer par Nicolas Sarkozy en 2011. Cela lui aura donc laissé plus de dix ans pour fabriquer une série de casseroles comme rarement dirigeant de grande entreprise en aura été capable : mise à la porte par les Ukrainiens qui avaient confié à Areva la fabrication d’un stockage de déchets radioactifs pour les réacteurs de Tchernobyl restant en activité après l’explosion du premier réacteur : coût 45 millions € pour le dédommagement. Achat de mines d’uranium qui ont un défaut – celui de ne pas en avoir d’exploitable – à UraMin, une société canadienne. Coût : de 15 à 20 milliards €, et des possibles tentatives de corruption de dirigeants sud-africains pour qu’ils achètent des centrales atomiques, ce qu’ils ne feront pas. Associé à l’Allemand Siemens, construction de l’EPR finlandais d’Olkiluoto, avec des malfaçons et des retards considérables pour une coût de revient de 9 milliards € quand la facture sera de 3 milliard € : en marketing, cela se nomme un prix d’appel. Les 6 milliards € de différence sont pour le contribuable français !
Cette femme, issue de Normale sup science, intégrée dans le corps des Mines, se révélera avoir été la reine des enfumeuses, certaine que le réel allait se plier à sa mégalomanie, incapable d’assimiler ce que recouvre la notion de métier, ensemble de techniques qui permet de réaliser certaines choses, mais pas toutes, de toute façon ; incapable de rigueur dans l’exécution des tâches, marquée à jamais par son passage à l’Élysée ou le baratin, l’enfumage étaient rois. Tout est com, et la rigueur n’est qu’une idiotie. Elle se crut génie comme Steve Jobs, Elon Musk, mais ne fut qu’une aventurière avec un carnet d’adresses de parisienne du haut du panier, qui lui permit de jongler pendant des années, avec un conseil d’administration de moutons bêlants. Et, pour finir, il n’est pas impossible qu’elle ait aussi été la reine des crapules, pour tentative de corruption de dirigeants d’Afrique du Sud : elle sera mise en examen le 13 mai 2016 pour présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations. En juin 2022, elle perdra son procès contre le fisc. Mais même après avoir été débarquée d’Areva, elle gardera un nombre impressionnant de casquettes en tous genres. Sa page Wikipedia est très complète.
Masaru Emoto est naturopathe et japonais. Il photographie [4] selon un protocole précis et reproductible les cristaux formés par l’eau à laquelle diverses informations sont adressées. Si on lui fait écouter du Mozart, elle produit des cristaux aussi beaux qu’un bijou, mais si on lui fait entendre un hurlement, elle ne produit qu’une masse informe de glace.
Différente aussi une eau avant son passage au micro-ondes et après, différente encore l’eau du robinet à Berne, Paris ou Washington, etc … L’eau a la capacité de reproduire et de mémoriser l’information. Nous pouvons dire également que l’eau des océans contient les mémoires de toutes les créatures qui vivent en leur sein. Les glaciers de la Terre doivent certainement retenir des pans de l’histoire de la planète couvrant des millions d’années.
[…] Pour quelle raison la formation des cristaux serait-elle affectée par la musique, et pour quelle raison des résultats différents seraient-ils atteints selon les mots, écrits ou parlés, auxquels l’eau aura été exposée ? La réponse se trouve, à nouveau, dans le fait que tout est vibration. L’eau, si sensible aux fréquences particulières émises à travers le monde, joue essentiellement et de manière efficace le rôle de miroir du monde extérieur… L’eau reflète fidèlement toutes les vibrations qui se créent dans le monde et transforme ces vibrations en une forme qui peut-être vue par l’œil humain.
[…] L’eau tombée des cieux prend un temps considérable, pouvant aller jusqu’à des centaines d’années, pour s’infiltrer dans le sol et se transformer en nappes phréatiques. Joan S Davis, de l’Université Technique de Zurich, a mené pendant une trentaine d’années une recherche sur l’eau des rivières en Suisse, et elle se réfère à ces eaux profondes par l’expression eau sage. Elle appelle, par contraste, l’eau récemment tombée l’eau juvénile.
Au cours du processus de la chute des pluies sur la Terre, de son infiltration dans le sous-sol puis de sa réémergence, l’eau obtient de tous les minéraux qu’elle côtoie des informations diverses et accumule de la sagesse.
[…] L’eau est composée, non pas de molécules indépendantes mais de groupes de molécules reliées par l’hydrogène sous forme de petits agrégats qu’on appelle de leur nom anglais cluster. Par le fait que l’eau subit de fortes pressions pour ensuite se précipiter en s’écoulant directement par les tuyaux, ces petits agrégats appelés clusters se brisent, laissant les minéraux s’échapper.
Masaru Emoto. Les Messages cachés de l’eau. Guy Trédaniel.2004
Il va devenir de plus en plus difficile de soutenir que rien n’est plus subjectif que la beauté. Où et quand trouvera-t-on un média qui dira qu’il s’agit là d’une des principales découvertes de nos vingt dernières années, qui va venir bouleverser tous nos schémas de pensée ? Car si la matière se révèle ainsi animée, il nous faut revoir toutes nos classifications.
Donc, l’eau aime Mozart, mais apparemment les zonards n’aiment pas l’eau, puisqu’ils n’aiment pas Mozart : l’expérience marche de façon très efficace : des voyous ou junkies ou assimilés vous embêtent dans un lieu public ? passez-leur du Mozart… et ils fuient. La formule a été testée dans 31 stations du métro de Londres, à la gare centrale de Copenhague… où les marches militaires font pratiquement jeu égal avec Mozart, à Hambourg où l’expérience a commencé depuis 4 ans : là, c’est plutôt La lettre à Elise qui concurrence Mozart.
Source : Le courrier International n° 742 du 20 au 26 janvier 2005, reprenant des articles de The Economist, Londres, Berlingske Tilende, Copenhague, Neue Revue, Osnabrück.
été 1999
La fonte des glaciers peut mettre des trésors à jour : deux randonneurs italiens trouvent une sculpture en mélèze de 52 cm sur le glacier d’Arolla, dans le val d’Hérens, dans le Valais, en Suisse, à 3 100 mètres d’altitude. Vingt ans plus tard Pierre Yves Nicod, archéologue les convaincra de prêter cette sculpture représentant une figure anthropomorphique, pour une exposition sur l’archéologie des glaciers. Le bois de mélèze et ses caractéristiques ne font aucun doute : il s’agit d’un artefact celtique du 1° ou 2°siècle avant J.-C. Les trouvailles peuvent être signalées à IceWatcher.
1 07 1999
La pince d’accroche sur le câble tracteur du téléphérique du Pic de Bure, à usage exclusivement professionnel, se relâche et la cabine glisse en arrière sur le câble : tout l’amarrage sautera au passage du pylône en aval : la chute de 80 mètres provoquera la mort des vingt occupants. Le téléférique, propriété du CNRS, était en service depuis 1981.
2 07 1999
Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU nomme Bernard Kouchner administrateur civil au Kosovo, Haut Représentant de l’ONU. Fin de la détention préventive de Bernard Bonnet à la Santé : il est placé sous contrôle judiciaire.
7 07 1999
Un accord cautionné par les États-Unis, l’Angleterre et l’ONU, met fin à huit ans d’une guerre civile qui aura ravagé la Sierra Leone pendant huit ans : le cocktail de drogue, diamants, armes blanches et armes à feu, en aura fait un des plus monstrueux conflits de la fin du siècle : 50 000 morts, des milliers de victimes amputées ou violées. Les négociateurs ont sacrifié la justice à la paix en cautionnant l’amnistie pour les criminels.
Les civils ont été abattus dans leurs maisons, interpellés et massacrés dans les rues, jetés des étages supérieurs des immeubles, utilisés comme boucliers humains, brûlés vifs dans les voitures ou les maisons. Ils ont eu les membres sectionnés avec des machettes, les yeux arrachés avec des couteaux, les mains écrasées avec des marteaux, et des corps étaient brûlés dans l’eau bouillante. Les femmes et les filles ont été systématiquement violées. Les enfants et les adolescents ont été kidnappées par centaines.
Human Rights Watch. Attaque de Freetown le 6 01 1999.
Non seulement l’amnistie ne va pas résoudre le problème de ce pays, mais elle va entretenir le cercle vicieux de la violence et de l’impunité ! Au cours des années 90, chaque gouvernement a essayé de négocier avec les rebelles. À chaque fois nous avons connu une période d’espoir, puis un coup d’État militaire, puis la guerre. L’amnistie, ça ne fonctionne pas. Et la position de la communauté internationale n’est pas défendable.
Abdul Tejan-Cole, avocat à Freetown.
L’an mil neuf cens nonante neuf sept mois Du ciel viendra grand Roy deffrayeur Resusciter le grand Roy d’Angoumois Avant après Mars régner par bonheur
Nostradamus 10° centurie.
Ah bon, on n’a rien vu et pourtant on pensait le bonhomme sérieux.
9 08 1999
Boris Eltsine nomme Vladimir Poutine premier ministre. La Russie a trouvé son maître, qui engage aussitôt la guerre en Tchétchénie. Et pourtant, le discret patron du FSB et secrétaire du Conseil de Sécurité, ne crève pas l’écran et part avec un préjugé défavorable : il est le cinquième premier ministre en l’espace d’un an et demi ! À promettre de buter dans les chiottes les terroristes Tchétchènes, il gagne vite une énorme popularité. Pour être populaire en Russie, si on n’est pas porté sur la vodka, il faut au moins être un guerrier. Boris Eltsine était porté sur la vodka et il avait été très populaire, et plébiscité trois années de suite ; Vladimir Poutine n’hésitera pas à envoyer l’armée et il sera populaire. Non seulement Gorbatchev n’était ni un guerrier, ni un bois sans soif, mais de plus il n’avait même pas été élu démocratiquement, ayant préféré être élu par le PC, sur une liste bloquée… autant de facteurs d’impopularité.
Nicolas Anelka, vingt ans, quitte le club de foot d’Arsenal pour le Réal de Madrid : coût du transfert : 220 millions de francs. Il recevra un salaire de 2 millions F/mois.
12 08 1999
José Bové et ses amis de la Confédération paysanne mettent à sac à Millau un Mac Donald en construction, leur cible étant censée être le symbole de la mal-bouffe. En l’an 2000, Mac Donald en France, c’est 800 restaurants dans 470 villes, qui servent plus d’un million de repas par jour, à un rythme de croissance de 80 ouvertures de restaurant par an. À l’heure actuelle, l’Hexagone compte un bistrot pour 800 habitants et un Mac Do pour 72 000 habitants.
17 08 1999
Un séisme de magnitude 7.2 à 7.6 en Turquie tue 17 480 personnes et en blesse 23 781 ; l’épicentre est à Gölcük, à proximité d’Izmit, sur la mer de Marmara, suivi d’un tsunami à Izmit. La secousse sera ressentie jusqu’à Izmir et Ankara. Fréquemment, le béton était fait avec du sable de mer, dont la salinité corrode rapidement les armatures en fer, et donc fragilise l’ensemble…
09 1999
Attentats en série en Russie :
Moscou : le 31 août 1999, une bombe explose sur une place de la capitale russe tuant une personne et en blessant une quarantaine.
Bouïnaksk (Daghestan) : le 4 septembre 1999, à 9 h 40, une voiture piégée explose près d’un immeuble de cinq étages logeant des militaires russes et leurs familles dans la ville de Bouïnaksk (république du Daguestan). Soixante-quatre personnes sont tuées et 133 blessées.
Moscou : Le 9 septembre 1999, peu de temps après minuit, 300 à 400 kilos d’explosifs détonnent au rez-de-chaussée d’un immeuble du sud-est de Moscou. Le bâtiment de neuf étages (situé au 19, rue de Guryanova) est détruit. 94 personnes périssent et 249 autres sont blessées. Un total de 108 appartements est détruit dans cet attentat.
Moscou : Le 13 septembre 1999 (qui devait être un jour de deuil pour les victimes des attaques précédentes), une puissante bombe éclate à 5 h 00 du matin dans un sous-sol d’un immeuble sur la route de Kachirskoïé dans le sud de Moscou. Le bâtiment de huit étages s’effondre. En tout, 118 personnes meurent et 200 sont blessées.
Volgodonsk ( Oblast de Rostov) : le 16 septembre 1999 à 5 h 00 du matin, un camion piégé explose près d’un complexe d’appartements de neuf étages dans la ville de Volgodonsk au sud de la Russie, tuant 17 personnes et en blessant 69.
Wikipedia
Quoi qu’il en soit, ces bombes ont été notre 11 septembre, avec deux années d’avance, elles ont complètement transformé la scène. Jusque-là, la guerre en Tchétchénie était une question lointaine qui ne concernait que les familles qui avaient des fils militaires là-bas. Il s’agissait d’une petite minorité. Mais, quand les immeubles de la banlieue de Moscou ont commencé à sauter en l’air au cœur de la nuit, emportant des centaines de bons citadins russes qui dormaient du sommeil du juste, alors pour la première fois, les Russes se sont retrouvés avec la guerre à la maison.
Notre peuple est valeureux, habitué au sacrifice. Mais je dois dire que je n’avais jamais vu une panique comme celle qui s’est produite après l’explosion des bombes. Les gens n’avaient plus le courage de rentrer chez eux pour dormir. Ils organisaient des rondes nocturnes autour des maisons et si par hasard un inconnu un peu barbu se promenait dans les parages, il risquait de se faire tabasser à mort.
Heureusement , à ce moment-là, il y avait à la tête de l’État quelqu’un capable de donner une réponse. Rétrospectivement, les gens tendent à attribuer au Tsar des pouvoirs surnaturels, mais la vérité, c’est que la seule qualité indispensable à un homme de pouvoir c’est la capacité de saisir les circonstances. Ne pas prétendre les diriger, mais les saisir d’une main ferme.
Poutine n’a jamais aimé s’exprimer en public mais il est clair que le peuple avait besoin d’entendre sa voix. Nous étions au Kazakhstan pour une visite d’État. Tant mieux, les ors du Kremlin auraient été hors sujet : on voulait un lieu plus simple, l’atmosphère d’urgence d’une conseil de guerre improvisé. La conférence de presse commença par quelques questions techniques : le délai des secours, l’état des enquêtes. Le Premier ministre répondit avec le calme qui le caractérise, précis, sans un poil d’émotion: en fonctionnaire ascétique que les Russes commençaient à connaitre. Puis un journaliste lui posa une question un peu plus polémique : Il paraît qu’en réponse aux attentats, vous avez donné l’ordre de bombarder l’aéroport de Grozny. Vous ne pensez pas que des actions de ce genre risquent d’aggraver le situation ?
À ce point, il s’est produit un phénomène qu’aujourd’hui encore je ne saurais tout à fait expliquer. Poutine est resté silencieux pendant un moment. Et quand il a repris la parole, il n’avait pas changé d’expression, mais sa présence avait assumé une consistance différente, comme si son corps avait été immergé dans une cuve d’azote liquide. Le fonctionnaire ascétique s’était soudainement transformé en archange de la mort. C’était la première fois que j’assistais à un phénomène de ce genre. Jamais, même sur les scènes des meilleurs théâtres, je n’avais été témoin d’une transfiguration de ce genre.
Je suis las de répondre aux questions de ce type, a-t-il sifflé sans même regarder le journaliste qui la lui avait posé. Nous frapperons les terroristes où qu’ils se cachent. S’ils sont dans un aéroport, nous frapperons l’aéroport, et s’ils sont aux chiottes, excusez mon langage, nous irons les tuer jusque dans les cabinets.
Dit ainsi, cela peut sembler banal et certes un peu vulgaire, mais vous n’avez pas idée de l’impact que cette phrase a produit sur le public. C’était la voix du commandement et du contrôle. Depuis longtemps les Russes ne l’entendaient plus, mais ils l’ont tout de suite reconnue, parce que c’était celle à laquelle étaient habitués leurs pères et leurs grands-pères. Un immense soupir de soulagement a balayé les avenues de Moscou et ses banlieues tremblantes, les forêts et les plaines infinies de la Sibérie. Au sommet, il y avait à nouveau [depuis moins de deux mois] enfin quelqu’un capable de garantir l’ordre.
Ce jour-là, Poutine est devenu Tsar à part entière.
Giuliano Da Empoli Le mage du Kremlin Gallimard 2022
23 09 1999
On savait les Américains grands maîtres de l’organisation et du management sur des opérations très lourdes et de grande envergure. C’est là règle… quelquefois confirmée par l’exception : Mars Climate Orbiter, sonde lancée 9 mois plus tôt, aurait dû étudier le climat de la planète rouge de mars 2000 à janvier 2002 : c’était sans compter sur les défauts de communication qui ont fait que la société Lockheed Martin a transmis des spécifications en pieds et pounds alors que le Jet Propulsion Labatory de Pasadena avait clairement demandé que toutes les spécifications soient en métrique, comme l’usage en avait été établi pour toutes les sondes précédentes. Quand de pareilles bourdes se produisent lors de la télécommande de mise en orbite d’une sonde autour d’une planète, cela envoie très très vite la sonde au tapis, pour la bagatelle de 120 millions $.
09 1999
La France compte 61 300 000 citoyens, … mais de plus il faut loger encore à peu près 51 millions d’animaux domestiques :
23 millions de poissons… ceux-là, on leur fiche la paix… avec pipi-caca ils ne dérangent que l’eau de leur bocal. Mais dans les années 2020, une très vilaine plante invasive – l’élodée dense – envahira les aquariums, venue surtout du Canada, puis après vidange des aquariums, le réseau des eaux usées etc
8, 4 millions de chats (15.1 millions selon le recensement de 2000)
7, 9 millions de chiens (7.5 millions selon le recensement de 2000). D’après les données fournies par le fichier national d’identification des chiens, des furets et des chats en 2023, on recensera près de 9 712 324 canidés.
5, 8 millions d’oiseaux
3 à 4 millions de rongeurs
2 millions de lapins, reptiles, mygales, scorpions et micro-porcs.
À Paris, on compte 200 000 chiens qui font chaque jour 16 tonnes de crottes ; la ville en enlève 12 t, ce qui lui coûte 12 F/kg. La police ne dresse à ce sujet que 6 PV par an ! ce qui est sans doute le chiffre le plus éloquent pour dire l’immense courage de nos responsables politiques.
1 10 1999
La Russie engage avec 80 000 hommes la seconde guerre de Tchétchénie : et Vladimir Poutine d’y aller de son mouvement de menton : Nous irons les buter jusque dans les chiottes. Il avait pris prétexte pour engager cette deuxième guerre des nombreux et récents attentats attribués aux Tchétchènes qui avaient endeuillé la Russie, sur son sol. Mais pas besoin d’être grand clerc pour se souvenir que Poutine avait fait toute sa carrière au KGB, puis FSB, grands maîtres en matière de provocation et de manipulation : Je crois qu’il faut se garder d’interpréter rapidement les attentats, par exemple de 1999, qui ont servi d’alibi à déclencher la seconde guerre de Tchétchénie. Eh bien il est aujourd’hui clair, ça ne l’était pas à l’époque bien entendu, mais maintenant nous savons que ces attentats n’étaient pas du tout l’œuvre des Tchétchènes auxquels on les a attribués, mais l’œuvre du FSB. D’ailleurs, il y a eu trois attentats au total dans différentes villes, mais pour la quatrième ville, Riazan, là le FSB a été pris la main dans le sac. Par la suite, on a su que non seulement le modus operandi n’était pas du tout dans l’habitude tchétchène, mais qu’en plus les explosifs n’étaient pas des explosifs tchétchènes mais bien des explosifs russes. Le FSB est capable de beaucoup de choses, y compris contre son peuple.
Hélène Blanc, du CNRS, sur France Inter le 20 janvier 2011
10 1999
Trois ans après avoir été saboté par le corps médical, – 200 millions € partis à la poubelle ! – le carnet de santé individuel, envoyé à 41 millions d’assurés sociaux voit un petit frère informatisé lui succéder : la carte Vitale, envoyée elle aussi aux mêmes 41 millions d’assurés sociaux…même refus du corps médical : seulement 10 % des médecins l’utilisent… les autres ricanent. L’affaire a coûté 41 millions €. 5 ans plus tard, en 2004, 1 milliard de feuilles maladie étaient traitées par an, et 25 % des cabinets médicaux n’étaient pas encore informatisés.
31 10 1999
All Blacks (Nouvelle Zélande) – France : c’est la demi finale de la Coupe du Monde de rugby : la France n’a fourni jusqu’à présent que des prestations timorées… elle n’a convaincu personne. Face aux meilleurs joueurs du monde, elle doit logiquement se faire étriller, au mieux perdre honorablement… c’était sans compter sur le miracle… miracle de la conjonction de l’esprit de révolte, du talent, de la rapidité et de l’opportunisme : jamais les Blacks ne connurent pareille défaite : 43 – 31.
Comprendra-t-on jamais ? Probablement non. Heureusement non. Le destin ne s’est pas accompli. La raison du plus fort n’a pas été la meilleure. C’était juste un petit moment de liberté, contre toute attente et toute logique. Ce soir, il serait déplacé d’être raisonnable.
Philippe Dagen. Le Monde 2 11 99.
13 11 1999
Une tempête en mer, des pluies exceptionnellement fortes… et c’est de l’eau qui ne s’écoule plus…. la catastrophe pour l’Aude et les Pyrénées Orientales : 34 morts, 240 communes touchées, et près de 6 milliards F de dégâts.
Mais accepte-t-on de reconnaître l’irremplaçable rôle des vers de terre : en France, on compte que l’espèce humaine pèse à peu près 40 kg à l’hectare, quand le ver de terre en pèse, lui, 1 100 kg ! En poids, c’est l’espèce, et de beaucoup, la plus représentée sur notre terre. Et c’est lui qui fait de notre terre une éponge à même de boire l’eau qui lui tombe dessus ! Vous mettez des pesticides partout, et bien sûr, les vers de terre sont tués… la terre devient compacte et n’absorbe plus l’eau…
Les colères tenaces des gens des montagnes
On a pu assister, ces derniers mois, à des phénomènes politiques et sociaux déroutants et parfois inquiétants dans ce que les géographes appellent l’arc alpin, cette zone de montagne qui s’étend sur la France, la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche et la Slovénie. D’un coté, on a vu, aux élections européennes, la liste des Verts emmenée par Daniel Cohn Bendit arriver en tête dans plusieurs communes des montagnes savoyardes, à commencer par la plus emblématique d’entre elles, Chamonix. Ces parages ne passaient pas pourtant jusque là pour des bastions révolutionnaires et apportaient en général la majorité de leurs suffrages à la droite.
D’un autre coté, le succès, aux élections législatives suisses, de Christophe Blocher, dirigeant d’un parti isolationniste et xénophobe, a traduit, après la percée de Jörg Haider en Autriche, la montée en puissance de ce populisme alpin dont nous signalions dans ces colonnes, en mars 1999, les caractères communs présents dans des formations politiques comme la Ligue Savoisienne en France, ou le FPOE autrichien. Même la CSU, le parti bavarois dominant, n’est pas exempt de ces tentations en dépit de ses prétentions à la respectabilité : c’est elle qui s’est opposée le plus farouchement à la modification de la loi sur la nationalité allemande du gouvernement Schröder, qui introduisait une part de droit du sol ; c’est elle qui a exhorté l’OEVP, le parti frère autrichien, à conclure une alliance avec le populiste Jörg Haider….
Nombre de responsables politiques et d’intellectuels originaires de ces régions dénoncent les courants populistes qui, s’ils devenaient majoritaires, feraient courir à ces contrées et à leur population le risque d’un repli frileux dans leurs montagnes et leurs vallées, d’un farouche isolement, dont certains cultivent encore une nostalgie aussi romantique qu’irréaliste. Une telle dénonciation, cependant, court le risque de se limiter à l’incantation si elle ne s’accompagne pas d’une interrogation approfondie sur les causes qui amènent l’homo alpinus à manifester ses colères qui peuvent paraître contradictoires.
Si, dans le passé, la pauvreté et le dénuement faisaient de ces montagnards les parias des sociétés en voie de modernisation, les pauvres de jadis sont devenus les riches d’aujourd’hui, et ces régions se caractérisent par un PIB supérieur et un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale. Cependant, dans cette Europe qui se construit, ce sont encore les villes et les plaines qui entendent dicter leurs lois aux gens des montagnes. Ces derniers ressentent comme une agression intolérable l’encombrement de leurs vallées par des camions, alors qu’il y a quelques années, les percées alpines étaient considérées comme un progrès décisif pour le désenclavement. L’accident dramatique du tunnel du Mont Blanc a été le révélateur de ce malaise grandissant.
Les incompréhensions entre gens du bas et gens du haut se manifestent également à l’occasion de douloureux faits divers, comme cela est apparu lors du procès du guide de montagne Daniel Forté, présumé responsable par imprudence de la mort d’enfants lors d’une randonnée à raquettes. Ce qui, dans l’esprit montagnard, est perçu comme l’effet de la fatalité, du prix à payer pour le risque assumé de jouir des plaisirs des sommets est considéré, en bas, comme une entorse au principe de sécurité absolue qui doit présider aux activités de loisir.
Incapacité à s’unir.
La défense du principe de la biodiversité maximale incite des écologistes, essentiellement urbains, à défendre la réintroduction du loup et des ours dans des zones agropastorales, alors que les éleveurs de moutons considèrent la présence des carnivores comme une agression insupportable. Les parlementaires des zones de montagne, quel que soit leur parti, soutiennent les bergers. Jadis, ces derniers, qui n’étaient pas en mesure d’éradiquer les loups, avaient fait contre mauvaise fortune bon cœur : on faisait la part du loup, et ce qui restait de la dépouille des animaux égorgés appartenait au berger, et non pas au propriétaire.
Les gens des plaines, qui utilisent la montagne pour leurs loisirs, sont souvent ignorants des règles séculaires qui ont permis à ces populations de survivre en dépit de la dureté du climat et du relief. Ces règles allient une démocratie radicales des communiers des montagnes à une conscience aiguë des devoirs de l’individu à l’égard de la communauté. On trouve encore dans les greniers savoyards ces bâtons de feu qui se passent de famille en famille selon un ordre rigoureux : celle qui l’abritait était chargée pendant une semaine de veiller aux incendies pendant que les autres habitants du village vaquaient à leurs travaux. Les solidarités abstraites ou désincarnées, telles qu’elles sont organisées dans les sociétés modernes, ne suscitent que méfiance dans ces populations qui considèrent souvent comme des parasites ceux qui en bénéficient. Une attitude qui aboutit parfois à des situations absurdes, où des personnes ou des familles dans le besoin n’osent pas demander le RMI de peur d’être montrés du doigt.
La plus grande faiblesse des gens de montagne pour faire valoir des idées et des revendications qui ne sont pas toutes aussi rétrogrades que certains l’affirment, c’est leur incapacité à s’unir, à surmonter conflits et rivalités ancestraux. Les querelles des deux Savoie, par exemple, ont empêché jusqu’ici la naissance d’un pôle universitaire à la mesure du dynamisme économique de la région. C’est dire combien on est loin d’un front commun des gens des Alpes, capable de surmonter les différences de langue ou de religion de populations qui partagent pourtant mode de vie et valeurs à une échelle transnationale. C’est pourquoi l’homo alpinus reste réactif plus qu’actif, révolté plus que réformiste.
Luc Rosenzweig. Le Monde du 17 Novembre 1999.
10 12 1999
Lancement réussi d’Ariane V pour mettre sur orbite le plus gros satellite jamais construit par l’Europe : XMM, 10 mètres de long, 16 mètres d’envergure, 4 tonnes : il est muni de trois télescopes et doit analyser les rayons X provenant d’une source autre que le soleil ; il devrait rester opérationnel pendant deux ans.
11 12 1999
Après dix huit ans de fermeture pour restauration des peintures, la Chapelle Sixtine, le joyau du Vatican, ouvre à nouveau ses portes au public. L’encrassement des peintures est une histoire aussi vieille que la chapelle elle-même. Dès le début, son usage principal est resté cantonné aux célébrations de la Semaine Sainte : mais cette utilisation, même très limitée, supposait l’usage de braseros pour chauffer les lieux, braseros qui dégageaient de la fumée, qui n’était évacuée par aucun conduit, cela suppose aussi des centaines de cierges de cire et de chandelles de suif. Au XIX° siècle, on se souciera de l’affaire, mais ce sera pour recouvrir le tout d’un vernis ! Et, plus tard, quand naître la voiture, ce seront les gaz d’échappement qui viendront en remettre une couche… Les fresques de ce club de génies, au premier rang desquels Michel Ange, puisque c’est lui qui a réalisé les fresques de la voûte et le Jugement dernier, au-dessus de l’autel, avaient eu le temps de se décolorer, de s’affadir, vieillissant comme les humains avec une place de plus en plus grande occupée par le gris, gris-beige.
Que faire ? D’abord trouver les sous. Et c’est une société privée de télévision japonaise qui se proposera pour être le mécène de l’opération, en l’échange du droit à l’image : la Nippon Télévision Network Corporation va débourser 4,2 millions $.
La technique : elle va être italienne, romaine et même vaticane, car c’est le laboratoire de restauration des peintures du Vatican qui va effectuer les travaux, avec à sa tête, Gianluigi Colalucci, entouré de Maurizio Rossi, Piergiorgio Bonetti et Bruno Baratti, qui appliqueront les règles établies dès 1978 par Carlo Pietrangelli, faites de prudence et d’utilisation de produits éprouvés depuis longtemps. Principalement on utilise un solvant nommé AB 57, qu’on laisse agir à peu près 20 minutes, puis que l’on lave avec de l’eau distillée. Et 24 heures plus tard, on recommence la même opération et ce, jusqu’à estimer que la surface est propre. Il faut aussi souligner que le nettoyage d’une fresque, qui chimiquement, est un carbonate de calcium, est une opération moins risquée que celui d’un peinture à l’huile. Le procédé eut ses détracteurs, dont le premier argument était que Michel Ange avait utilisé, après la réalisation des fresques, du noir de fumée, appliqué à sec, pour donner du flouté là où il le jugeait nécessaire, lequel flouté disparaissait inévitablement à l’application du solvant ; et les partisans répondaient que le flouté avait déjà depuis longtemps disparu lors des restaurations antérieures.
Il faudra aussi procéder à des choix purement esthétiques et non plus techniques. Michel Ange a terminé le Jugement dernier peu avant le Concile de Trente, aussi voit-on dans les peintures de la voûte les corps exaltés, Renaissance oblige, et bien sûr des corps nus ; il en va autrement dans le Jugement dernier, à l’approche de la Contre réforme. Toujours est-il que la pudibonderie s’installant, le sinistre pape Paul IV demanda que fussent recouvertes nombre de ces nudités, ce qui permit au Braghettone – Daniele della Volterra, ami et élève de Michel Ange – de les habiller et ainsi d’échapper à l’effacement, ce que souhaitait initialement Paul IV. Et se pose alors la question, sitôt que l’on entreprend une restauration : qui déshabille-t-on et qui laisse t-on habillé ? On choisit de restaurer les nus qui avaient été habillés au baroque, mais de maintenir habillés ceux qui l’avaient été avant le XVI° siècle.
Le résultat est une merveille, symphonie de couleurs vives, voire claquantes. Un chef d’œuvre de restauration.
12 12 1999
Le pétrolier Erika, sous pavillon maltais, se casse en deux au large de Belle Île : 10 000 tonnes de la compagnie Total se répandent : on parviendra à en pomper 1 000. Le reste ira souiller les côtes de Bretagne et de Vendée. 20 000 tonnes ont sombré avec les deux moitiés du navire, à 120 mètres de fond, et remontent en partie en surface. Le commandant du navire, mis en examen dans un premier temps, fût finalement disculpé. Reste à savoir pourquoi, la veille du naufrage, il avait lancé un signal de détresse à 14 h, qu’il avait annulé une demi-heure plus tard.
L’utilisation de pavillons de complaisance par les pétroliers leur coûte 20 % moins cher qu’un pavillon national. Total avait continué à faire travailler ce bateau, en fermant les yeux sur les sonnettes d’alarme : les armateurs s’étaient vu imposer de très importantes réparations par le bureau Veritas : plutôt que de s’exécuter ils avaient changé de bureau de vérification et avaient pris mèche avec un bureau italien. Depuis plusieurs années, les compagnie Shell, Exxon, BP se refusaient à utiliser ce bateau.
Végétation, instrument de télédétection embarqué sur le Satellite Spot – ERS 1, est à même de détecter un dégazage de pétrolier, mais seuls jusqu’à présent la Norvège et Singapour ont voulu utiliser ces informations… en 1996, un dégazage de nuit a été fait entre Corse et Sardaigne, zone de plus interdite aux pétroliers : cette double infraction n’eût aucune suite.
14 12 1999
À Strasbourg, inauguration par Jacques Chirac, président de la République, du Parlement européen, dit Louise Weiss, construit en prévision de l’élargissement de l’Union Européenne en 1995 et de ceux de 2004 afin de pouvoir accueillir jusqu’à 1 000 députés européens. Les travaux ont démarré six ans plus tôt, en novembre 1993 ; une passerelle a été établie au dessus de l’Ill afin de relier le Parlement au Palais de l’Europe. Le bâtiment comprend 220 000 m² de bureaux répartis sur 20 niveaux (17 en surface et trois en sous-sol) et le terrain représente 4,5 hectares. L’hémicycle dispose de 750 sièges pour les députés complété par 785 places pour le public. Le coût total de l’immeuble a été évalué à 337 millions d’euros.
Strasbourg est donc le siège du parlement européen : 12 sessions plénières par an y sont organisées. Chaque session dure une semaine. L’essentiel du travail parlementaire se fait toutefois à Bruxelles, où se trouve un deuxième hémicycle. Le secrétariat du Parlement est à Luxembourg.
Le Parlement européen peut compter jusqu’à 751 eurodéputés, chiffre maximum selon les traités. Le nombre d’eurodéputés est revu avant chaque élection pour tenir compte des évolutions démographiques. Pour la législature 2024-2029, le nombre d’élus est par exemple fixé à 720 eurodéputés.
Les traités prévoient qu’aucun État ne peut avoir plus de 96 sièges ou moins de 6. La répartition est le fruit d’un savant calcul qui se fonde sur le nombre d’habitants de chaque pays. Pour la période 2024-2029, il est prévu que la France ait 81 députés. L’Allemagne reste à 96 sièges. Ensuite, les pays ayant le plus d’élus sont l’Italie (76) et l’Espagne (61). Trois pays seulement n’enverront que 6 élus au Parlement : Chypre, le Luxembourg et Malte.
Le siège du Parlement européen est à Strasbourg, où 12 sessions plénières par an sont organisées. Chaque session dure une semaine. L’essentiel du travail parlementaire se fait toutefois à Bruxelles, où se trouve un deuxième hémicycle. Le secrétariat du Parlement est à LuxembourgDepuis sa création, le rôle du Parlement n’a cessé de se renforcer. D’abord purement consultatif, il est aujourd’hui doté de larges pouvoirs législatifs, en partage avec le Conseil des chefs d’État et de gouvernement. La plupart des textes sont adoptés en codécision entre les deux institutions. C’est le cas pour établir le budget de l’Union, sur lequel le Parlement a ensuite un pouvoir de contrôle.
Le Parlement dispose également d’un pouvoir de contrôle de la Commission européenne : tous les futurs commissaires doivent se soumettre à une audition devant le Parlement avant d’être investis. Pour désigner le président de la Commission, les chefs d’État et de gouvernement doivent tenir compte du résultat des élections, ce qui signifie qu’il doit être choisi au sein du groupe politique arrivé en tête du scrutin. Le Parlement doit voter pour approuver sa nomination.
Le Parlement peut aussi destituer la Commission à tout moment et constituer des commissions d’enquête sur son activité. Et une fois par an, la présidence de la Commission prononce en séance plénière un discours sur l’état de l’Union, suivi d’un débat dans l’hémicycle.
L’activité du Parlement européen s’organise sous l’autorité d’un président ou d’une présidente, élu pour deux ans et demi, soit la moitié du mandat. Il est entouré de vice-présidents venus des différents groupes politiques. Chaque député peut s’exprimer dans sa langue. Tous les débats sont traduits simultanément dans les 24 langues officielles de l’Union.
Les textes sont votés en séance plénière mais, comme dans les parlements nationaux, sont d’abord débattus en commission afin de préparer les votes. Les députés y examinent les propositions de la Commission et du Conseil et rédigent, si besoin, des rapports en vue de préparer les plénières. Le Parlement européen comprend aujourd’hui une vingtaine de commissions parlementaires sur des domaines variés : affaires étrangères (AFET), budgets (BUDG), emploi et affaires sociales (EMPL), droits de la femme et égalité des genres (FEMM), environnement (ENVI)… Peuvent s’y ajouter des commissions temporaires.
Les députés siègent au sein de groupes politiques, et non en fonction de leur nationalité. Il faut au moins 23 élus pour former un groupe, et ce dernier doit compter des membres venant d’au moins sept États de l’UE. Un membre du Parlement ne peut appartenir qu’à un seul groupe politique. Certains élus n’appartiennent à aucun groupe politique et siègent donc avec les non-inscrits. Le Parlement compte traditionnellement sept groupes politiques : Parti populaire européen (PPE, droite) ; Alliance progressiste des Socialistes & Démocrates au Parlement européen (S & D, sociaux-démocrates) ; Groupe Renew Europe (libéraux) ; Groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE, écologistes) ; Groupe des conservateurs et des réformistes européens (CRE, extrême droite) ; Identité et démocratie (ID, extrême droite) ; Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL, extrême gauche).
Dès 1952 et la création par six États de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), une assemblée commune est constituée. Elle compte 78 députés nationaux délégués qui n’ont qu’un pouvoir consultatif. Le Parlement européen en tant que tel voit le jour avec le traité de Rome du 25 mars 1957. Mais il garde la forme d’une Assemblée parlementaire européenne au rôle consultatif. Elle tient sa première session en mars 1958 à Strasbourg. En 1962, l’assemblée devient officiellement le Parlement européen.
Les premières élections européennes au suffrage universel direct ont lieu en juin 1979. Ce n’est qu’avec le traité d’Amsterdam de 1997 qu’il obtient un premier pouvoir législatif, l’autorisant à demander un projet de loi à la Commission européenne. Il gagne également un pouvoir de contrôle sur la Commission. Les traités suivants, soit les textes juridiques qui organisent le fonctionnement de l’Union, n’ont cessé de donner davantage de pouvoir au Parlement. Le dernier en date est le traité de Lisbonne, entré en vigueur en 2009.
Alain Guillemoles, La Croix, le 25/03/2019, modifié le 25/03/2019
La presse choisit régulièrement d’utiliser le terme Bruxelles pour désigner, par extension, l’Union européenne. Mais contrairement aux pays, dont les principales institutions sont le plus souvent réunies dans la même ville, l’UE dispose d’organes très importants dans plusieurs Etats membres. Faute de pouvoir parler d’une seule capitale de l’UE, on peut donc aujourd’hui en retenir quatre : Bruxelles, mais aussi Strasbourg, Luxembourg et Francfort. Elles accueillent les sept institutions officielles de l’Union européenne.
Le terme capitale est généralement défini comme la ville où siège le gouvernement d’un Etat. A ce titre, Bruxelles pourrait être désignée comme la capitale de l’Union européenne, puisque c’est dans cette ville belge que siège la Commission européenne, qui assure le pouvoir exécutif. Située rue de la Loi, l’institution suit notamment la bonne application des politiques européennes, propose les textes législatifs et exécute le budget de l’UE.
Sur le trottoir d’en face, les ministres des Etats membres se retrouvent au sein du Conseil de l’UE, et les chefs d’Etat et de gouvernement prennent part aux réunions du Conseil européen.
Même si son siège est à Strasbourg, c’est encore à Bruxelles que sont menés les travaux des commissions parlementaires du Parlement européen, facilités par la proximité avec la Commission et le Conseil de l’UE, ainsi que les réunions des groupes politiques. Plusieurs fois par an sont également organisées des sessions plénières extraordinaires (ou mini-plénières) dans la capitale belge.
Bruxelles accueille donc plusieurs institutions, autant de rouages essentiels dans le processus de décision de l’UE. Mais ce ne sont pas les seules…
L’Union européenne compte officiellement sept institutions. Toutefois, elle dispose également de deux organes consultatifs, présents à Bruxelles :
Le Comité économique et social européen (CESE) représente les groupes sociaux de l’Union européenne ;
Le Comité européen des régions (CdR) est l’organe de consultation et de représentation des Régions et des Villes de l’Union européenne.
La capitale belge accueille également de nombreuses agences de l’UE, les autres étant réparties dans l’ensemble de l’UE.
La capitale alsacienne est officiellement le siège du Parlement européen, chargé de voter les lois de l’UE (avec le Conseil). C’est là qu’ont lieu les douze sessions plénières annuelles, qui réunissent l’ensemble des 705 eurodéputés issus de tous les Etats membres.
Historiquement, en 1952, les Etats fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) avaient choisi la ville de Luxembourg comme lieu de travail provisoire de ses institutions. En plus de la Haute autorité de la CECA (organe exécutif), le Secrétariat général de l’Assemblée commune de la CECA avait donc pris ses quartiers dans le Grand-Duché. Mais en l’absence d’un hémicycle situé à Luxembourg, il fut décidé que celle-ci tiendrait ses sessions à Strasbourg où le Conseil de l’Europe avait mis son propre hémicycle à disposition de l’institution, rappelle le site internet du Parlement européen.
En 1957, c’est donc cette ville alsacienne frontalière, symbole de la réconciliation franco-allemande, qui fut choisie pour accueillir la nouvelle Assemblée parlementaire européenne de la Communauté économique européenne (CEE), renommée Parlement européen cinq ans plus tard.
En 1957, Bruxelles devint à son tour un lieu de travail des institutions européennes, de plus en plus nombreuses avec l’avènement de la CEE et d’Euratom (la Communauté européenne de l’énergie atomique). Le rythme des travaux exécutifs s’intensifiant dans la ville belge, des réunions parlementaires y furent ainsi organisées dès les années 1960 afin de faciliter le lien entre les institutions.
Le statut de capitale parlementaire est donc aujourd’hui très disputé dans l’Union européenne. Au-delà du Secrétariat général du Parlement européen demeuré à Luxembourg, le bâtiment du Parlement européen de Bruxelles accueille actuellement une demie douzaine de sessions plénières additionnelles chaque année, ainsi que les commissions parlementaires spécialisées par domaine, qui travaillent sur les textes en partenariat avec les ministres compétents du Conseil.
Pour faciliter la coordination entre les différentes institutions de l’UE, la plupart des députés européens – sauf la grande majorité des Français – se disent régulièrement favorables au déménagement de tous les services du Parlement européen à Bruxelles. Mais Strasbourg n’est pas prête à perdre sa place.
D’un point de vue purement légal, le Parlement européen a son siège à Strasbourg, où se tiennent les douze périodes de sessions plénières mensuelles, y compris la session budgétaire, peut-on lire dans un accord inscrit dans les traités européens en 1997. Pour conserver ce siège, la France invoque également la nécessaire répartition des institutions européennes, afin d’éviter de s’enfermer dans la bulle eurocratique bruxelloise. Au-delà du symbole, l’accueil de la séance plénière représente un enjeu financier important pour tout un pan de l’économie de la ville.
Les détracteurs estiment quant à eux que le bâtiment reste inoccupé une grande majorité de l’année. Ils invoquent également le coût de ce déménagement mensuel : 113,8 millions d’euros selon un rapport de la Cour des Comptes européennes en 2014. A cela s’ajoute le bilan carbone du déplacement.
Alors que Luxembourg avait été choisie en 1952 pour accueillir provisoirement les institutions européennes, c’est Bruxelles qui récupère la plus grosse part du gâteau en 1965, lors de la fusion des exécutifs de la CECA, de la CEE et d’Euratom. Dès lors, la Commission et le Conseil de l’Union européenne sont en effet réunis dans la capitale belge.
En compensation, le Grand-Duché conserve le Secrétariat général du Parlement européen et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui veille au respect de la législation européenne. Luxembourg accueille également trois fois par an, en avril, juin et octobre, le Conseil de l’UE qui, à défaut d’y posséder son siège, loue le European Convention Center au gouvernement luxembourgeois.
En 1977, la Cour des comptes européenne, qui contrôle les finances de l’UE, ses recettes et ses dépenses, s’est aussi installée à Luxembourg.
Luxembourg accueille également le Parquet européen chargé de poursuivre les infractions et de renvoyer en jugement les auteurs d’infractions pénales portant atteinte aux intérêts financiers de l’UE.
C’est aussi là que siège la Banque européenne d’investissement (BEI), l’institution financière de l’UE qui soutient des projets européens avec de l’argent emprunté sur les marchés des capitaux.
Pendant longtemps, Luxembourg, Strasbourg et Bruxelles ne furent que les lieux de travail provisoires des institutions européennes. Le siège de ces dernières n’a été fixé officiellement que le 12 décembre 1992, lors du Conseil européen d’Edimbourg. Et il a encore fallu attendre cinq ans, jusqu’au Traité d’Amsterdam de 1997, pour qu’un protocole sur la fixation de règles des institutions soit annexé aux traités fondateurs.
En 2007, le traité de Lisbonne a aussi reconnu la Banque Centrale européenne (BCE) comme une institution à part entière de l’UE, qui définit et met en œuvre la politique monétaire de la zone euro. Et c’est en Allemagne, première puissance économique européenne à l’influence très forte sur la politique monétaire, que se trouve son siège. La ville de Francfort-sur-le-Main, l’une des principales plateformes financières européennes, peut donc elle aussi prétendre au titre de capitale de l’UE.
Au côté des institutions européennes précitées et énumérées dans le traité sur l’Union européenne, d’autres organes, services et agences décentralisées de l’UE (qui travaillent sur des questions spécialisées comme l’éducation, les denrées alimentaires ou les médicaments) maillent le territoire européen.
L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) siège par exemple à Varsovie, en Pologne. L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) est installé à Vilnius, en Lituanie. La France n’est pas en reste puisque trois villes accueillent cinq agences de l’UE : Angers, Paris, et Valenciennes.
Toute l’Europe
18 12 1999
Des stations météo enregistrent des variations de température tout à fait inhabituelles en l’espace de 4 jours : de –23°C à +10°C.
19 12 1999
Les élections à la Douma apportent à Vladimir Poutine une majorité qui lui est acquise. Les délais voulus par la constitution officialiseront sa prise de fonction le 26 mars 2000. Boris Nemtsov, ancien ministre de Boris Eltsine fait partie des élus qui s’opposeront rapidement à Vladimir Poutine. Il sera assassiné à deux pas du Kremlin le 27 janvier 2015.
Les principes qui guideront Poutine une fois au pouvoir pourront se résumer à trois NIET, suites du cadrage : Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, celui qui souhaite son retour n’a pas de tête.
Jamais comme la révolution russe, autrement dit la guerre civile et le chaos.
Jamais comme Gorbatchev, archétype du tzar faible et indécis.
Jamais comme Eltsine, archétype de l’alcoolique qui tombe dans la déchéance physique et mentale.
Au départ de Boris Eltsine, le PIB de la Russie aura chuté de 50 % !
22 12 1999
L’Allemagne découvre Angela Merkel, la fille qui tue le père.
Helmut Kohl a perdu les élections en septembre 1998 et cédé sa place de chancelier au social-démocrate Gerhard Schröder, après vingt-deux ans de règne sans partage sur la CDU et cinq élections à la tête de la chancellerie. Wolfgang Schäuble lui a succédé à la tête du parti. Mais personne n’ose s’attaquer à Helmut Kohl. Même en cet hiver 1999, où il se trouve empêtré dans le scandale des caisses noires de la CDU sur le financement de ses campagnes. La statue du Commandeur vacille sérieusement mais tient bon. Angela Merkel l’aide à tomber. Elle est devenue secrétaire générale de la CDU après la défaite électorale.
Elle signe une tribune dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Sur un ton certes poli, avec les respects d’usage et la gratitude due au vieux chef, elle demande rien moins que de laisser tomber et tourner la page de l’ère Kohl : Les processus mis en place par Helmut Kohl ont nui au parti. Le parti doit réapprendre à marcher, à croire en lui et à affronter ses adversaires politiques sans son vieux destrier, comme Kohl aimait se désigner lui-même. Il doit quitter ses parents comme un enfant qui a dépassé sa puberté…
Tout le monde est sidéré. Angela Merkel est la petite ministre que personne n’a vue venir. Elle commence à peine à siéger dans les instances dirigeantes de la CDU. Elle a tout préparé en douce.
Ça a été un choc. Elle savait que je désapprouverais ce texte et que j’en parlerais à Schäuble. C’était une action déloyale. Totalement inappropriée. Nous n’avions pas à nous émanciper de Kohl, nous n’étions pas opprimés ! J’étais perturbé, profondément. Je n’avais plus confiance en elle. Deux ans plus tard, nous avons eu un autre conflit et je suis parti.
Klaus Preschle, l’un de ses plus proches collaborateurs
Je détestais Kohl et j’avais de la sympathie pour Merkel avant qu’elle ne le descende. Je ne l’en ai que plus aimée après. Ce qu’elle a fait était d’un courage insensé. Dans le monde de la CDU de l’Ouest, il était impensable de toucher à Kohl. Elle me fait l’effet de Siegfried dans l’opéra de Wagner qui, un peu naïvement, n’a pas peur de s’attaquer à Wotan.
Volker Schlöndorff
Wolfgang Schäuble est la deuxième victime, plus discrète, d’Angela Merkel. Elle n’a même pas à mentionner son nom dans son texte de la FAZ : le président de la CDU, impliqué autant que l’ancien chancelier, est emporté avec lui dans l’affaire des caisses noires. D’une pierre, deux coups. Merkel n’a qu’à donner une dernière pichenette.
En 1999, j’ai compris qu’Angela Merkel serait la première femme chancelière d’Allemagne.
Quelques mois plus tard, elle est élue à la tête de la CDU. Elle apparaît dans une conférence de presse aux côtés de Wolfgang Schäuble et de Helmut Kohl, lequel fait sa dernière apparition publique. Il n’adressera plus la parole à sa Mädchen avant plusieurs années. Il appartient au passé. L’Allemagne découvre Angela Merkel.
Marion Van Renterghem. Le Monde du 2 09 2016
Hans-Ulrich Beeskow a été son professeur de mathématiques, chargé d’un groupe de collégiens sélectionnés pour leurs dons exceptionnels en cette matière. Deux fois par mois, ils le rejoignaient pour des cours supplémentaires. Angela Kasner [son nom de jeune fille], de douze à quinze ans, était l’une d’entre eux :
C’est l’élève la plus douée en maths que j’aie jamais eue de ma vie. Le niveau de ces classes était très élevé et même en comptant les garçons, qui étaient plus nombreux et généralement plus forts en sciences, je n’en ai jamais eu d’aussi remarquable.
Angela s’attaquait aux problèmes par un cheminement souvent différent et plus rapide que celui proposé par le corrigé académique. Elle avait une pensée logique, une grande capacité analytique et elle se battait jusqu’au bout pour y arriver. Elle n’abandonnait jamais. Jamais elle ne disait que c’était impossible. Elle cherchait dans tous les sens, et elle trouvait toujours. C’était déjà cela sa force. Depuis que je l’observe au pouvoir, je reconnais son intelligence tactique.
23, 26 et 28 12 1999
De mémoire d’ordinateur, et même d’homme, la douce France reçoit une gifle comme jamais : des pointes de vent à plus de 200 km/h, et ceux-ci qui tournent habituellement dans le sens des aiguilles d’une montre (dans l’hémisphère nord) le font, très curieusement cette fois-ci dans le sens contraire.
Le bilan est très lourd : 88 morts, 300 millions d’arbres, soit 120 à 140 millions de m³, – 90 en forêt privée, 50 en forêt publique. Il faudra cent ans avant de retrouver la situation antérieure – [l’ONF et les communes abattent 14 millions de m³/an, les privés environ 75]. On nommera ces deux ouragans Lothar et Martin.
En volume, la forêt française représente presque 2 milliards de m³. Cette tempête en a mis bas pas loin de 15 %… c’est à dire que dans les régions les plus touchées, les taux doivent se situer entre 25 et 30 %. Cela représente 4 fois la récolte de 1997 : 35 millions de m³. Ce sont surtout les épicéas qui ont été touchés [l’épicéa a un réseau de racines radiales, restant près de la surface, le sapin a des racines pivotantes, verticales] ainsi que les hêtres et les bois blancs. Les chênes et merisiers ont été les moins touchés. Il faudra environ 2 milliards F pour nettoyer tout ça, si possible avant l’arrivée de la douceur avec laquelle viennent les bestioles. Le feu détruit en moyenne 25 000 ha par an ; si l’on ne tient pas compte des revenus qui seront tirés de ces chablis [arbres entiers abattus], cette tempête de quelques heures aura anéanti autant que 34 ans d’incendie !
On a vu des pylônes haute tension cassés en deux ; 3,45 millions de foyers privés de courant, 1 million d’abonnés privés de téléphone ; Notre Dame de Paris, la Sainte Chapelle et bien d’autres chefs d’œuvre du patrimoine endommagés, le parc de Versailles, les Bois de Vincennes, Boulogne ravagés. Cumulée avec les inondations du sud, six semaines plus tôt, l’affaire coûtera 15 milliards €, dont 2.6 pour l’EDF.
On a vu cassés par des paquets de mer 3 carreaux de fenêtre de la cuisine du phare de la Jument, au sud de l’île de Sein : ces fenêtres sont à 40 mètres au-dessus du niveau de l’eau !
Nos voisins, Suisse, Allemagne, Grande Bretagne et Espagne auront quarante morts. L’Allemagne aura plusieurs millions d’hectares de forêt ravagés. En Suisse, l’observatoire de la Junfraujoch enregistra dans la nuit du 27 au 28 des pointes de vent à 226 km/h.
Par les médias, on savait ces choses là relativement fréquentes en zone intertropicale, mais pas chez nous où le château de Versailles allait être un des mieux servis !
Le soir de Noël, je fus très surpris de croiser de nombreux renards : comme beaucoup d’autres animaux, ils avaient quitté les bois pour se réfugier au milieu des pelouses. Au lever du jour, le vent formait une véritable vague sur le bassin du Trèfle ! Le souffle était si assourdissant que l’on n’entendait même pas les arbres tomber ! […] Près de la pépinière, un cèdre a été replanté à la demande de Cédric, un tout jeune garçon qui s’est éteint quelques jours après la tempête. Personne ne sait ce qu’il a écrit dans le message glissé dans une bouteille et mis à l’abri sous l’arbre, avant qu’il ne soit planté.
Alain Baraton, jardinier en chef du domaine du Trianon et du Grand Parc de Versailles
J’habite dans le secteur du Petit Trianon et, au lever du jour, mon voisin est venu sonner à ma porte: il fallait absolument changer les voitures de place ! Les arbres risquaient de leur tomber dessus ! Nous sommes sortis dans un vacarme épouvantable, le sol vibrait, on entendait des grincements sinistres et nous avons conduit nos voitures fenêtres ouvertes, pensant qu’en tendant l’oreille, nous pourrions éviter les arbres qui basculaient les uns après les autres.
ChristianMilet, photographe
Les feuilles de plomb qui recouvrent la toiture du Château s’enroulaient sur elles-mêmes comme des cigarettes. Glissant jusqu’aux corniches, elles tombaient ensuite à terre.
Edmond Templin, pompier
Sur place, je m’étonnai de la façon dont les arbres avaient été frappés, non pas de manière uniforme, mais selon des couloirs où les plus vieux spécimens n’avaient pas résisté aux rafales. En revanche, très peu de statues avaient été endommagées : malgré le déchaînement de la nature, les arbres semblaient être tombées avec discernement !
Serena Gavazzi, chef du service Mécénat.
La Documentation fiscale de base, contenait 3 778 pages en 1990 ; elle en compte maintenant 5 948, soit 57 % d’augmentation en dix ans.
En France, loi d’indemnisation envers les anciens harkis : une allocation forfaitaire de 110 000 francs complète celle mise en place en 1988. Le statut de victime de captivité des anciens harkis est reconnu, des aides diverses sont créées.
31 12 1999
Boris Eltsine quitte le pouvoir. Il est usé, certes… Le deuxième mandat a été de trop… nombreux ont été les pontages ; il lui reste tout de même encore un peu de sang dans son alcool, mais il est bien le premier chef d’État de la Russie à le faire de son plein gré, sans y avoir été contraint par la force, et ne serait-ce que cela, c’est d’une grande signification quant au progrès de l’idée démocratique en Russie. Il a nommé Vladimir Poutine pour lui succéder, un ancien du KGB, qui fera faire du sur place à la démocratie.
Le Canal de Panama passe sous souveraineté panaméenne. Du temps de la souveraineté américaine, ces derniers s’étaient opposés au développement de ports coté atlantique, pour ne pas venir concurrencer les leurs. Les panaméens vont vite rectifier cela et construire un port à même d’accueillir 800 000 conteneurs.
La guerre civile algérienne connaît son dernier massacre de masse à Had Chekala, au nord-ouest du pays : 1 001 morts, chiffre symbole car le vrai restera inconnu, – mille un comme les mille et une nuits -. Puis les hostilités refluèrent rapidement.
1999
Les États-Unis inaugurent le détecteur (séïsmographe) LIGO, dont la construction avait été décidée neuf ans plus tôt. Une version rénovée redémarre en septembre 2015. En 1993, la France et l’Italie avaient décidé de construire, près de Pise VIRGO , en service entre 2007 et 2011, qui sera relancé en 2016. C’est grâce à ces instruments que l’on aura en 2016 la confirmation de l’existence des ondes gravitationnelles prédites par Einstein en 1916.
[1] Les faits viennent confirmer les craintes : le lancement du 3° élément de l’ISS : Zvezda, prévu pour Janvier 2000, est reporté au moins à fin juillet : deux Protons, les lanceurs, ont été perdus en juillet et octobre 1999. C’est embêtant car le module Zarya arrive déjà en fin de vie et devrait connaître une grande révision. En attendant, les Russes font durer les vieilles machines et redonnent du service à la station Mir qui aura un nouvel équipage en mars 2000. Les Américains font d’ailleurs la même chose avec leurs navettes, toujours en service en 2002, alors qu’elles avaient été conçues pour durer jusqu’en 1990 ! Les systèmes informatiques, les circuits intégrés, les puces sont aujourd’hui obsolètes et ils en sont réduits à acheter tout cela … aux puces ! Ses partisans les disent conçues pour effectuer 100 vols, alors que l’explosion du 1 février 2003 n’était que le 26° vol…
[2] Les résistants français se seront pas les seuls à faire les frais de cette confiscation de l’horreur par les Juifs : les 25 000 Noirs qui vivaient en Allemagne avant la guerre subirent eux aussi les persécutions du régime nazi… Lorsque après la guerre leurs représentants tentèrent de s’intégrer à des conférences sur les compensations, ils se firent mettre à la porte par les Juifs qui leur firent clairement comprendre qu’ils étaient indésirables. [Cf Courrier International du 28 10 1999, N° 469]… et encore cette fois-ci, avec les Arméniens : Shimon Péres, ministre des affaires étrangères d’Israël, en visite officielle en Turquie en mars 2002 qualifie d’absurdes les allégations parlant de l’existence d’un génocide arménien : Nous rejetons les tentatives de créer une similarité entre l’Holocauste juif et les allégations arméniennes (Courrier International n° 595 )
[3] Territoire choyé par la France : le BRGM et L’IFREMER auraient trouvé dans ses eaux territoriales le cratère sous-marin de 20 kilomètres de Ø, de l’ancien volcan de Kulolasi, qui regorgerait de terres rares !
[4] Son livre : Les messages cachés de l’eau, aux Editions Trédaniel ; son DVD : Cristaux d’eau en mouvement à Anthyllide 28, Rue du Pont Louis Philippe 75004 Paris. Tel : 01 40 29 91 26.