31 janvier 1946 au 19 février 1947. Premier ordinateur. Péronisme. Neu Schwabenland. Procès de Nuremberg. 14365
Poster un commentaire

Nom: 
Email: 
URL: 
Commentaires: 
Publié par (l.peltier) le 2 septembre 2008 En savoir plus

31 01 1946                  

Vincent Auriol est élu président de l’Assemblée Nationale Constituante.

14 02 1946                 

En reconnaissance à leur contribution à la reconstruction du pays à la sortie de la guerre, les mineurs obtiennent un statut et un salaire garantis.

15 02 1946              

À la suite du premier ordinateur électronique inventé en 1943, les Américains John W. Mauchly et John P. Eckert construisent en Pennsylvanie ENIAC : Electronic Numerical Integrator And Calculator : c’est le premier ordinateur moderne : il contient 18 000 tubes à vide et pèse 30 tonnes.

24 02 1946                  

Juan Perón est élu Président de la République d’Argentine. Il faisait partie du gouvernement dès le 4 juin 1943 au sein duquel il n’avait cessé de gravir les échelons, jusqu’à la vice présidence, ce qui avait été insupportable aux Américains, qui avaient soutenu une coalition pour l’évincer et le mettre en prison. C’était sans compter avec l’immense popularité de sa maîtresse Eva Duarte, ancienne actrice au talent non confirmé, mais remarquable présentatrice radio, à même de lever des foules pour sortir son homme de prison et le porter à la présidence de la République. Les manifestants ont enlevé leur chemise : et voilà le mot descamisados qui passe à la postérité.  Evita distribuait facilement son argent aux pauvres, mais il n’est pas impossible que ce fut de l’argent confisqué, voire simplement obtenu des très nombreux nazis qui s’étaient réfugiés en Argentine et qui pour ce faire avaient versé beaucoup d’argent pour se voir délivrés les 8 000 passeports qui leur avaient été réservés. Elle mourra d’un cancer à 33 ans, le 26 juillet 1952.

Les résultats ne seront pas à la hauteur des espérances. Il sera renversé le 16 septembre 1955. Une très forte mainmise de l’État ayant conduit à une dégradation régulière de l’économie, le retour au privé avait déstabilisé son électorat populaire pour lequel les avancées sociales avaient été considérables ; enfin, une excommunication papale lui avait mis l’Église à dos  : à 58 ans, il n’aurait pas dû prendre une maîtresse de 14 ans ! Tout de même ! avec plus de 50 ans d’avance sur Berlusconi !

L’Argentine était l’un des pays les plus riches du monde. Pays très ouvert, puissance agricole de premier plan, elle figurait parmi les grandes stars de la fin du XIX° et du début du XX° siècle. C’est le pays qui attirait alors le plus de capitaux et de migrants (plus de la moitié des habitants de Buenos Aires étaient d’origine étrangère en 1914). Elle était la neuvième puissance économique mondiale, tant en 1920 qu’en 1950. En 2014, elle n’est plus que 27°. L’Argentine avait le même niveau de vie que la France, en 1900 comme en 1950. Son produit intérieur brut (PIB) par habitant la hissait au 12° rang mondial, juste devant la France. Sa position actuelle se situe entre la 62° place (en dollars courants) et la 69° (en parité de pouvoir d’achat).

Si l’on devait mentionner une cause unique au déclin argentin, on indiquerait le péronisme. Non pas que Juan Peron (1895-1974) ait toujours gouverné l’Argentine (seulement de 1946 à 1955 et, avec son épouse, de 1973 à 1976). Mais le péronisme a façonné la vie politique et sociale du pays. La plupart des gouvernements s’en sont inspirés, directement ou indirectement.

Le péronisme représente l’illusion d’un modèle de développement autonome animé par l’État et affranchi des contraintes de la concurrence et de la compétitivité. La stratégie protectionniste de substitution de la production manufacturière nationale aux importations, inspirée par l’économiste Raul Prebisch (1901-1986), a rendu le secteur manufacturier toujours plus dépendant des aides et des protections publiques et jamais réellement compétitif, subissant souvent par ailleurs un taux de change déterminé par les considérables surplus agricoles.

Jean Pierre Petit. Le Monde 26 août 2014

Eva Peron | Argentine

Notre patrie ne sera pas une colonie, ou le drapeau flottera sur ses ruines

2 03 1946                   

Ho Chi Minh est élu président de la République du Viet Nam.

5 03 1946               

Winston Churchill est à l’université de Fulton, dans le Missouri, aux États-Unis. Il y prononce pour la première fois les mots rideau de fer qui vont définir la séparation entre l’Est et l’Ouest. L’expression ne quittera plus le hit parade, à juste titre tant elle colle au mieux à la réalité.

Une ombre s’est répandue sur les scènes si récemment illuminées par la victoire alliée. Personne ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation communiste internationale ont l’intention de faire dans l’avenir immédiat, ni quelles seront les limites, s’il en est, que respecteront leurs tendances à l’expansion et au prosélytisme. […]

De Stettin, sur la Baltique, à Trieste, sur l’Adriatique, un rideau de fer est descendu sur le continent. Derrière cette ligne se trouvent les capitales de tous les pays de l’Europe orientale : Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia. Toutes ces villes célèbres, toutes ces nations se trouvent dans la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou une autre, non seulement à l’influence soviétique, mais encore au contrôle très étendu et constamment croissant de Moscou. Athènes, seule, avec sa gloire immortelle, est libre de décider de son avenir par des élections auxquelles assisteront des observateurs britanniques, américains et français… Les communistes, qui étaient très faibles dans tous ces pays de l’Est européen, ont été investis de pouvoirs qui ne correspondent nullement à leur importance numérique, et cherchent partout à s’emparer d’un contrôle totalitaire.

J’ai appris, pendant la guerre, à connaître nos amis et alliés russes, et je suis convaincu qu’il n’y a rien au monde qu’ils admirent autant que la force, et rien qu’ils respectent moins que la faiblesse militaire. […] La paix n’est possible qu’à une condition : c’est d’aboutir […] à une entente sur tous les points avec la Russie, sous l’égide de l’ONU, et de maintenir cette entente pendant de nombreuses années pacifiques, grâce à cet organisme mondial, qui bénéficiera de l’appui de tous les pays de langue anglaise.

6 03 1946                  

Les représentants de la France : Jean Sainteny, haut commissaire de la République au Tonkin et Salan, reconnaissent le Viet Nam comme État libre, représenté par Hô Chi Minh,  lié toutefois à la France dans le cadre de la Fédération Indochinoise et de l’Union Française. Mais émaillés de nombreux incidents, critiqués par les franges radicales des deux camps, ils seront caducs au bout de quelques mois.

Le Triomphant entre en rade d’Haïphong pour contraindre les occupants chinois à accepter le débarquement d’un peu plus de deux bataillons français. 

13 03 1946      

Premier congrès de la F.N.S.E.A. – Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles. Elle est fille de deux Fédérations de couleur politique bien différente : la Confédération Générale Agricole, créée en 1943 par François Tanguy Prigent, et la Corporation Paysanne, émanant du gouvernement de Vichy. Elle ratisse donc très large sitôt née et cela va expliquer sa domination pour de très longues années sur le monde agricole, faisant des scores régulièrement autour de 55 % aux élections. Les trois autres syndicats qui verront le jour dans les décennies suivantes, affichant des scores toujours inférieurs à 15 % seront toujours considérés comme non représentatifs : Coordination rurale, Confédération Paysanne, Modef.

  17 03 1946       

Le général Giap, commandant des forces militaires du Viet Nam, accueille Leclerc à Hanoï. Il rencontrera Ho Chi Minh le lendemain.

             24 03 1946                  

L’amiral Thierry d’Argenlieu reçoit Ho Chi Minh président de la République démocratique du Viêt Nam sur le croiseur Émile Bertin en baie d’Along, pour y signer la convention de l’indépendance indochinoise. La France hésite encore entre guerre et paix. Leclerc est à bord, mais n’est invité à aucun entretien et doit se contenter d’une place d’honneur à coté d’Ho Chi Minh lors du repas officiel. Salan est là aussi, qui se fait doucher par l’amiral, furieux que Leclerc lui ait manifesté sa très mauvaise humeur. Divergences de fond ? peut-être bien plus simplement affrontements d’Ego plutôt surdimensionnés !

Je préfère manger la crotte des Français pendant dix ans que celle des Chinois pendant un nouveau millénaire.

Ho Chi Minh à ses compagnons en 1946

Le camp français est tiraillé entre deux courants. Haut-commissaire et commandant en chef pour l’Indochine, le futur amiral d’Argenlieu incarne une ligne coloniale intransigeante. À l’inverse, conseillé par le grand asiatisant Paul Mus, Leclerc penche en faveur d’une autodétermination négociée. Les rédacteurs de Caravelle suivent la même évolution. Au point qu’en janvier  1946, tout en continuant leur journal militaire, ils lancent avec l’aide d’un mécène Paris-Saïgon, hebdomadaire civil et pacifiste. Leclerc laisse faire. D’ailleurs, sa ligne semble l’emporter : des discussions s’ouvrent officiellement avec les nationalistes. Et c’est muni d’un ordre de mission que le jeune Jean Lacouture, en février, se rend à Hanoï, où il rencontre tour à tour Hô Chi Minh et son stratège militaire, Vô Nguyen Giap. Il en ressort définitivement impressionné par ses interlocuteurs et conforté dans l’idée qu’une épreuve de force serait inepte.

La paix semble alors à portée de main : le 6 mars 1946, un accord est signé. La France reconnaît le Vietnam comme un État libre, bien qu’ayant vocation à rester au sein de l’Union française. Las ! Miné au fil des mois par les tensions que les durs des deux camps entretiennent, dénigré par d’Argenlieu comme un Munich indochinois, l’accord finira par capoter. Dès novembre, de premiers affrontements dans le port d’Haïphong inaugurent une escalade sanglante. En décembre, la guerre d’Indochine commence, qui va durer huit ans et se terminer par la déroute des troupes françaises.

Luc Cedel. Hommage à Jean Lacouture. Le Monde Juillet 2015

03 1946                       

Sergueï Eisenstein, réalisateur russe, est au sommet de la célébrité après avoir tourné, entre autres,  Le Cuirassé Potemkine en 1925,  Alexandre Nevski en 1938 et la première partie d’Ivan le Terrible. Il présente maintenant la deuxième partie à Staline et à ses proches, dont Beria. Et c’est le scandale, on entend Staline vociférer : Ce n’est pas un film, c’est un cauchemar ! Vous avez donné aux opritchniki l’allure d’une bande de dégénérés ressemblant au Ku Klux Klan américain ! Vous avez fait du premier tzar progressiste un personnage sans force ni caractère, assez proche de Hamlet ! À l’évidence, le rapprochement entre le tzar du XVI° siècle et le secrétaire général du PCUS était trop évident pour échapper à l’intéressé ! Le film est interdit pour antihistoricité et antiesthétisme. La carrière d’Eisenstein est brisée. Il ne s’en relèvera pas et mourra seul en 1948. Le film attendra 1958 pour être autorisé.

13 04 1946                

Vote de la loi de fermeture des maisons closes, dite Loi Marthe Richard : 1 400 établissements sont fermés, dont 180 à Paris. Les hôtels de passe prendront le relais : l’avantage, quelque peu théorique, était de rendre condamnable le proxénétisme. Plutôt cocasse, quand on sait que Marthe Richard vivait alors avec un proxénète. Apprentie culottière à 14 ans, prostituée à 16,  pilote à 24, veuve de guerre à 25, espionne par la suite, elle sut déployer suffisamment de talent dans son baratin toujours proche de la mythomanie, pour épouser un riche américain, Thomas Crompton, très vite et très brutalement décédé, avoir pour amant des hommes de pouvoir, comme Edouard Herriot, qui lui obtint en 1933 la Légion d’Honneur. Conseillère municipale à Paris en 1945, elle est à l’origine de cette loi. Antoine Blondin la fera passer à la postérité en la surnommant La Veuve qui clôt.

50 ans plus tôt, Georges Clemenceau s’en prenait déjà à la loi mise en œuvre par la brigade des mœurs : Après tout, s’il y a offre, c’est qu’il y a demande. Le lugubre monôme des spectres plâtrés, bleuis, fardés, qui vont dans le vent, dans la boue, dans la pluie, dans le givre, laissant après eux une horrible traînée de répugnants parfums, se motive par le gai défilé des boulevardiers qui les croisent, narine au vent, l’œil allumé, en quête du bas dévergondage qui les débarrassera d’eux-mêmes pendant une heure. L’un explique l’autre, le justifie, le nécessite. Seulement, lois, règlements, police, tout protège l’homme. Lois, règlements, police, tout écrase la femme.

Georges Clemenceau. La mêlée sociale. 1895

23 04 1946                  

À Florence, Enrico Piaggio est le patron d’une entreprise aéronautique mise à mal par la guerre ; il est urgent de remonter la pente. L’un de ses ingénieurs, Corradino d’Ascanio – qui n’a jamais conçu de deux roues – trouve les motos encombrantes, salissantes et pense à un engin plus confortable : une carrosserie en forme de bouclier protégera le conducteur de la boue et de la pluie, les vitesses seront au guidon, et on mettra une roue de secours : le brevet est déposé et la Vespa – la guêpe – naquit. De 2 000 exemplaires en 1946, la production va passer à 500 000 en 1953. 50 ans plus tard, elle sera toujours vivante.

24 04 1946             

Nationalisation de trente quatre compagnies d’assurance.

Dans la baie d’Halong, Ho Chi Minh, président de la République démocratique du Viêt Nam rencontre l’amiral Thierry d’Argenlieu, haut commissaire de la France en Indochine, sur l’Émile Bertin pour y signer la convention de l’indépendance indochinoise. La France hésite encore entre guerre et paix.

3 05 1946                   

À Tokyo, cérémonie d’ouverture du tribunal militaire pour l’Extrême Orient : onze juges, un pour chacun des pays en guerre contre le Japon, vont juger 28 accusés, tous militaires. Le président est un Australien, sir William Webb. Aux termes de la  nouvelle Constitution du Japon, l’empereur doit ses fonctions à la volonté du peuple, en qui réside le pouvoir souverain. C’en est fait de l’origine divine.

  5 05 1946                    

Le référendum sur le projet de Constitution élaboré par la majorité socialo communiste est rejeté par 53 % des votants. Une deuxième assemblée constituante est alors élue, donnant la première place au MRP avec 28 % des suffrages exprimés. Georges Bidault, le président du parti, devient le chef du gouvernement et un deuxième projet de Constitution est présenté au peuple. Il prévoit un président de la République élu par un collège électoral ainsi que deux assemblées législatives : l’Assemblée nationale et un Conseil de la République aux pouvoirs restreints (en remplacement de l’ancien Sénat).

 11 05 1946                   

Les entreprises de presse de la collaboration ont déjà été mises sous séquestre et réquisitionnées, plus précisément celles qui avaient continué à paraître après novembre 1942 : la loi transfère ces entreprises aux organisations de presse de la Résistance, soit 286 imprimeries et 482 journaux. Cette même loi crée encore l’AFP – Agence France Presse : la diversité de la presse d’avant-guerre ne s’en relèvera pas, et le petit nombre de journaux par rapport aux pays voisins restera une caractéristique bien française, petit nombre qui était encore tout de même au nombre de 26 quotidiens, achetés par 6 millions de lecteurs !

En Italie, Mussolini et son fascisme commencent à n’être plus que des mauvais souvenirs, la liberté est là, la démocratie aussi, et où donc les Italiens se trouvent le mieux pour fêter cela, sinon dans la musique, et ce jour-là, c’est vers Arturo Toscanini que se tournent tous les regards d’Italie, car le maître est de retour après un long exil en Amérique, depuis 1929, lorsqu’il s’était refusé à vivre sous un régime fasciste[1].  La Scala de Milan, bombardée en 1943 a été reconstruite et c’est le maestro qui en dirige le concert de réouverture. On aura vu des mélomanes arriver dès le matin pour être sur d’avoir un billet ! C’est plus qu’un triomphe, c’est le jour du retour à la vie, c’est la renaissance de l’Italie de la musique, de la civilisation, du bonheur.

13 05 1946                 

Échec de la Conférence de Dalat, sur le Viet Nam, commencée le 19 avril. L’action conjuguée de Sainteny et de Leclerc aura été impuissante à contrebalancer celle de d’Argenlieu auprès de de Gaulle.

17 05 1946                   

Création des Charbonnages de France qui regroupent les plupart des grandes compagnies de charbon (plus de 200 petites entreprises échapperont tout de même à la nationalisation). Pour ce qui est des Cévennes les Charbonnages prendront le nom de Houillères du Bassin des Cévennes qui regroupent les quatre principales compagnies alors existantes : la Cie des mines de la Grand’ Combe créée en 1836 par Paulin Talabot, la Cie houillère de Bessèges, la Cie des mines de Rochebelle créée par le maréchal Soult au début des années 1830 pour l’exploration du domaine de François Pierre de Tubœuf et la Cie des Mines de Portes et Sénéchas développée en 1854 par le financier Jules Mirès. Mais on sait que ce charbon était exploité dès le XIII° siècle. L’extraction atteindra son apogée en 1958 avec 30 millions de tonnes fournies par 20 000 mineurs dont certains, dans le puits Ricard, descendaient à 801 mètres ! Le déclin – concurrence des charbons étrangers et des carburants pétroliers – débutera dans les années 1970 pour prendre fin en 1978

Bill Blythe a déménagé ses meubles à Forest Park. Il revient chercher sa femme à Hope au volant de sa Buick modèle 1942 ; à la sortie de Silkestone, dans le Missouri, c’est la nuit, un pneu éclate, il perd le contrôle de la voiture, en est éjecté et se retrouve dans un fossé plein d’eau stagnante, dans laquelle il se noie. Sa femme est enceinte. Le bébé naîtra le 19 août 1946 : il se nomme Bill Clinton. Sa mère se remariera avec un alcoolique qui la battait,  parfois sous le regard de Bill.

19 05 1946

Le cessez-le-feu signé quelques mois plus tôt entre Chiang Kai Shek et Mao Zedong vole en éclats et le premier défait Lin Biao à Sipingjie, en Mandchourie : les survivants s’enfuient vers le nord. Le général Marshall parviendra à imposer à nouveau un nouveau cessez-le-feu le 6 juin, mais face à l’impossibilité de voir ceux-ci respectés, rendra son tablier pour rentrer at home en janvier 1947.

                22 05 1946                    

Généralisation de l’assurance vieillesse à tous les salariés. Durant ce seul mois de mai, 2,5 millions de Français du STO rentrent en France.

      25 05 1946          

Après 68 jours de négociation tenace entre les Alliés et la Suisse, accusée d’avoir abrité, recyclé l’or volé par les nazis, un accord est signé à Washington : la Suisse paiera 250 millions F.S., qu’elle nommera avec un degré d’hypocrisie au sommet de son art : contribution volontaire à la reconstruction de l’Europe. Pour ce qui était des biens tombés en déshérence, elle versera 20 millions F.S.

Deux mondes s’affrontaient à Washington : le monde des démocraties alliées, qui, au prix de sacrifices humains et de pertes matérielles inimaginables, avaient lutté tout au long des cinq années de guerre contre les puissances de l’Axe et libéré la planète de la tumeur du nazisme et du militarisme japonais, et les épiciers helvétiques.

Entre ces deux mondes, l’incompréhension était totale. Aucun des deux ne pouvait entendre l’autre. Et surtout les Suisses ne voyaient pas pourquoi les vainqueurs refusaient d’admettre leur position à part en tant que pays neutre.

La Suisse, cas particulier : une formule qui fait encore recette aujourd’hui. Walter Stucki, Cari Bruggmann, William Rappard étaient sûrs d’eux-mêmes. Par tous les moyens, à coup de semi-vérités et de mensonges diplomatiques – mais en toute bonne conscience -, ils défendaient la position de leur république de marchands.

Les profits de guerre constituent aujourd’hui la base de la puissance impressionnante des grandes banques suisses sur les cinq continents.

Les centaines de millions de francs suisses qui se trouvaient en 1946 sur les comptes juifs en déshérence et autres ont pour l’essentiel été sauvés. Ils sont en majeure partie depuis longtemps intégrés aux réserves dormantes des banques, sociétés fiduciaires et financières et sociétés d’assurances suisses. Même l’or volé nazi est resté pour l’essentiel entre les mains des gnomes [surnom donné par l’auteur aux dirigeants suisses, nommés aussi les épiciers].

Bref, eu égard aux intérêts les plus profondément égoïstes et nationalistes à courte portée de la Confédération, les résultats obtenus par les sous-traitants de Washington méritent sans nul doute notre admiration.

Walter Stucki a réalisé de grandes choses. Il a fait sienne la maxime de Goethe : L’homme qui en des temps incertains demeure dans l’incertitude aggrave le mal et le propage de plus en plus.

La Suisse avait financé les guerres d’agression d’Hitler ; ses gouvernants étaient devenus les complices volontaires et actifs d’un des génocides les plus atroces de l’histoire de l’humanité. Ils se retrouvaient à Washington face au monde libre qui les jugeait.

Douter ? Répondre poliment ? Avouer même ou demander pardon ?

Vous n’y pensez pas ? Il n’en était pas question !

En un temps incertain, Stucki ne voulait pas demeurer dans l’incertitude. Il s’obstina à nier. Coupable ? Jamais. Complice ? Je ne sais pas ce que cela veut dire. Monsieur Hitler, de Berlin ? Un partenaire commercial parmi tant d’autres. Les monstres SS ? Ce qu’ils ont fait ne nous concerne en rien. Ils dévastaient tout ? Oui, en Pologne et en Russie !

Stucki réussit encore un second coup de maître : le dossier d’accusation des Alliés s’appuyait sur les rapports secrets, les relevés d’écoutes de Bletchley Park, les documents saisis à la Reichsbank, les dépositions de criminels de guerre (entre autres, Funk et Puhl…). Effacez les traces, conseille Bertolt Brecht dans le poème du même titre. C’est précisément ce que fit Stucki. Il se refusa à toute déclaration sur ces faits, se réfugiant derrière le secret bancaire. C’est ce qu’on appelle en droit pénal américain stonewalling (faire un rempart de pierres) : une stratégie qui demande une certaine résistance nerveuse. Stucki l’avait.

Les négociations de Washington – compliquées, interminables, constamment interrompues de crises récurrentes, puis reprises et les pourparlers diplomatiques avec la République fédérale et les puissances occupantes qui suivirent, en 1952 marquèrent un seuil : en position de pays neutre, en quarantaine, complice des nazis, la Suisse réussit – avec les plus grandes difficultés – à se faire reconnaître comme membre respecté de plein droit de la communauté des puissances démocratiques occidentales. De ce point de vue aussi, le travail des délégués de la Confédération à Washington fut admirable. Même si ce fut au prix de nombreux mensonges.

Toutes les décisions exécutoires du traité de Washington (en particulier la restitution des biens privés allemands dénazifiés) nécessitaient l’accord des autorités alliées dans l’Allemagne occupée. Les puissances d’occupation contrôlaient toutes les transactions allemandes avec l’étranger, par conséquent aussi avec la Suisse.

[…] En fait, à Washington, les grandes puissances alliées reculèrent devant la Suisse. Les Suisses vainquirent les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. L’incroyable assurance des délégués helvétiques, leur obstination, alimentée par le mensonge de la neutralité, expliquent en majeure partie cette victoire. Les principaux sous-traitants helvétiques, avant tout Stucki, Rappard et Bruggmann – et leurs acolytes de la Banque nationale, plus les quelques gnomes qui traînaient dans les couloirs -, triomphèrent.

[…] Tout au long des soixante-huit jours de joute diplomatique à Washington, Walter Stucki fit preuve d’une assurance et d’une arrogance considérables. Cet homme n’éprouvait absolument aucun sentiment de culpabilité. Il mettait toujours en balance Hitler et les Alliés. Pour lui, la Suisse était un pays de saints. Qu’ils aient pu commettre des erreurs, sans même parler de fautes, ne lui venait même pas à l’esprit.

Stucki négocia sous une extrême pression. Ses crises de fureur contre les Alliés étaient en proportion.

Voici un exemple : on traitait ce jour-là des objectifs de guerre des Alliés. Randolph E. Paul venait juste d’essayer de démontrer aux Suisses que les démocraties occidentales n’avaient pas fait la guerre pendant cinq ans et accepté des sacrifices intolérables pour la défense de leurs intérêts égocentriques nationaux, mais pour la liberté de tous les hommes sur la terre.

Stucki rejeta l’argument avec mépris : Hitler et Goebbels n’ont pas hésité à justifier leurs exigences par la nécessité de construire une Europe unie et puissante et de la protéger du bolchevisme. Même si nous sommes tout prêts à reconnaître que cet objectif était mauvais, alors que celui que vous venez d’énoncer est bon, nous devons vous rappeler ici explicitement que le droit ne change pas en fonction des objectifs. Le vieux principe jésuite selon lequel la fin justifie les moyens ne peut davantage être reconnu au sein des différents États que dans les relations de droit international.

Stucki était astucieux, il était aussi très hypocrite. Pour réduire au silence Randolph E. Paul, il cita Roosevelt : Vous avez certes la possibilité de nous mettre à genoux, comme Hitler aurait pu le faire pendant la guerre. Mais se peut-il qu’on oublie l’une des plus belles et des plus importantes déclarations de votre grand président défunt, qui disait à la Noël 1943 : Les droits de toute nation, petite ou grande, doivent être respectés et préservés, tout aussi soigneusement que les droits de tout individu au sein de notre propre République. La doctrine selon laquelle le fort doit dominer le faible est celle de nos ennemis, et nous la récusons.

[…] Le personnage le plus intéressant de la délégation suisse était sans aucun doute William E. Rappard. Il ne faisait partie ni de l’élite politique bernoise ni de l’oligarchie bancaire de Zurich. L’université était sa vie.

[…] L’objectif de Rappard était de former dans un esprit de tolérance les jeunes cadres d’organisations internationales. Rappard admirait Aristide Briand et exécrait Heinrich Rothmund. Aristide Briand, ministre français des Affaires étrangères et par­tisan de l’unification de l’Europe, avait écrit : Jamais plus nous ne voulons que les longs voiles noirs du deuil flottent dans le ciel de l’Europe. Rothmund, chef de la police fédérale, pratiqua pendant la Deuxième Guerre mondiale une politique assassine contre les réfugiés. Rappard lutta contre lui. Les amis de Rappard étaient Liebmann Hersch et Gerhart Riegner.

[…] Pourtant, il succomba lui aussi à Washington, au mythe helvétique du bon droit, de l’innocence et de la pureté éternelle. Il faut croire qu’il était brusquement devenu aveugle.

Il écrit à son ami Max Petitpierre, le 27 mai 1946 : Je ne sais pas quel jugement les historiens futurs porteront sur les négociations que nous avons menées suivant vos instructions. Toutefois, il me semble qu’ils seront tentés de nous féliciter de nous être si bien tirés de cette affaire, en ce qui concerne l’or. En revanche, je crois qu’ils seront moins indulgents sur le problème des biens allemands que nous nous sommes déclarés prêts à partager avec les vainqueurs. Pour justifier une pareille infraction à notre traditionnelle neutralité et un tel mépris des principes de droit international en vigueur jusqu’à présent, il faudrait qu’ils tiennent compte des bouleversements matériels et moraux que Hitler a provoqués dans le monde.

Dans une autre lettre à Petitpierre, il se ravale au rang de porte-parole des banquiers : Dans leur chasse aux biens allemands en Suisse, les Américains sont parfois animés d’un esprit qui n’a plus rien à voir avec leur volonté d’encaisser des réparations, leur crainte du potentiel militaire d’un ennemi ressuscité, leur antipa­thie pour les pays neutres, leur fierté professionnelle ou même leur ambition sportive d’avoir le dernier mot dans leur conflit avec l’Arsène Lupin germano-helvétique. Que veulent-ils, en fait ? Ne serait-ce pas tout simplement affaiblir, voire exclure ou remplacer, un concurrent embarrassant ?

Ils prétendent vouloir la mort du coupable allemand et de ses complices suisses à cause de leurs crimes passés. Mais en fait ils veulent leur dérober leur secret et encaisser leur héritage.

Comment un homme aussi intelligent, aussi sûr de lui et spirituel put-il être aussi aveugle et par moments aussi bassement servile ?

Une question se pose : comment des gens cultivés, qui connaissaient la scène internationale comme Rappard et Stucki, purent-ils se méprendre à tel point sur la situation internationale de la Suisse ? […]

Bien sûr, la guerre froide qui débuta peu après cet accord de Washington amorça une nouvelle période de glaciation. Les receleurs de Hitler, ses fournisseurs d’armes et de produits industriels devinrent vite de solides alliés de l’Occident libre. La place financière suisse, caverne des voleurs nazis quelques mois auparavant, pouvait désormais être utile dans la lutte contre le communisme.

Stucki et Rappard auraient pourtant bien dû s’apercevoir de ce dont Petitpierre, lui, avait l’idée : à savoir que l’Histoire existe, qu’il y a une mémoire des peuples et qu’un jour ou l’autre, dans un avenir lointain, la Suisse aurait à rendre compte de ses crimes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comme toujours lorsqu’il s’agit de ce qui se fait en Suisse, la réponse à une telle question est beaucoup plus banale qu’on ne le pense.

Je me souviens d’un soir d’hiver au palais fédéral de Berne. Je travaillais dans le hall de l’Assemblée, tard dans la nuit. Dehors, il neigeait. À l’intérieur, les lustres scintillaient. C’est alors qu’arriva l’élégant secrétaire d’État Franz Blankhart. Son bureau se situe dans l’aile est du palais, au même étage que la salle du Parlement. Nous parlâmes du dernier scandale bernois (ce n’était pas l’accord de Washington). Une fois de plus, le gouvernement, bien qu’avec la plus haute compétence technique, avait agi de manière humainement inadmissible. Ancien élève du philosophe Karl Jaspers, Blankhart chercha longuement une explication – et il finit par la trouver : Le plus grand compliment que l’on puisse faire dans cette maison à un ministre, un haut fonctionnaire ou un homme politique quelconque est de lui dire : La question est réglée… On veut toujours tout régler. Vite, définitivement […]. C’est l’ambition suprême que l’on nourrit en ces lieux. Les méthodes employées et les conséquences que l’on peut en attendre importent peu !

L’analyse de Blankhart s’applique exactement aux négociations de Washington : il y avait ce dossier embarrassant sur l’or allemand. Il fallait quand même régler la question. Les Alliés acceptèrent à notre incroyable surprise notre proposition de compensation forfaitaire minimale. Tout était réglé. Affaire classée.

Reste une dernière question : pourquoi les puissances victorieuses qui venaient juste d’écraser le monstre nazi et dont les peuples avaient subi des millions de victimes s’inclinèrent-elles devant ces Suisses hypocrites ? Comme ça, tout d’un coup, presque sans discussions (dans la seconde phase des négociations) ?

La guerre froide n’avait pas encore commencé. Et aucun des membres de la délégation alliée – britannique, français ou américain – n’éprouvait à juste titre la moindre sympathie pour les receleurs suisses et leurs affaires d’or.

Pourquoi donc cette indulgence ?

Première hypothèse : dans le camp allié commençaient à se manifester des forces qui freinaient la volonté de faire l’entière lumière. De 1939 à 1945, aux États-Unis comme en Grande-Bretagne et dans les autres pays alliés, des groupes financiers et des personnes privées avaient fait des affaires avec les nazis par l’intermédiaire de pays tiers.

Il faut noter aussi à cet égard le rôle plus que douteux de la Banque des règlements internationaux, où tout au long de la guerre des directeurs généraux nazis collaborèrent avec des banquiers alliés. Le directeur général adjoint allemand faisait toujours précéder de Heil Hitler sa signature sur les lettres qu’il adressait de Bâle au vice-président de la Reichsbank, Emil Puhl.

Gian Trepp étudie les curieuses manœuvres de la BRI. Tout au long des années de guerre – de janvier 1940 à mai 1946 -, l’Américain Thomas H. McKittrick en fut le président. Le ministre des Finances américain, Morgenthau, essaya de faire destituer McKittrick pour collaboration avec les nazis. Il n’y réussit pas.

D’autres Américains ont beaucoup critiqué le comportement de certains groupes financiers alliés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Wilfred G. Burchett, correspondant spécial australien du Daily Express, cite la déclaration du représentant du Conseil de contrôle américain, Russel Nixon, devant une commission du Sénat :

J’accuse en outre certains éléments des ministères des Affaires étrangères des États-Unis, de Grande-Bretagne et de France d’avoir délibérément essayé d’empêcher la participation des quatre puissances réunies à la recherche des biens allemands dans les pays neutres, parce que le caractère fascisant ou tout au moins réactionnaire des gouvernements de pays comme l’Espagne, le Portugal, la Suisse, la Suède et l’Argentine se serait alors révélé, et que tous les détails de la collaboration de certains groupes d’intérêts des pays alliés avec ces gouvernements auraient alors été découverts. Une action à laquelle participeraient véritablement les quatre grandes puissances rendrait nuls et non avenus tous les projets de compromis au sujet des biens allemands à l’étranger qui ne sont conçus que pour protéger certains intérêts économiques et sont censés empêcher le développement de systèmes trop extrémistes.

Deuxième hypothèse : l’or nazi dont la restitution devait être négociée à Washington ne provenait pas uniquement des réserves des banques centrales des pays qui avaient été occupés par l’armée allemande. Une partie était constituée de l’or des morts.

La Reichsbank avait fait refondre et poinçonner aussi bien l’or qui se trouvait dans les dépôts des SS qu’une partie de celui volé dans les réserves des banques centrales. La majeure partie de l’or volé alla en Suisse. Il était impossible de faire la distinction a posteriori.

Les trois principaux négociateurs alliés étaient Randolph E. Paul (États-Unis), Paul-Henri Chargéraud (France) et Francis W. McCombe (Grande-Bretagne). C’étaient des hommes scrupuleux et dignes. Ils ne devaient pas se sentir très à l’aise à l’idée de faire transférer dans les réserves de leurs propres banques centrales des lingots d’or faits des prothèses dentaires, des alliances et des bijoux de millions de déportés tués dans les camps de concentration.

Leur mauvaise conscience les inclina à l’indulgence pour les receleurs helvétiques. C’est une honte à demi consciente qui les poussa à la signature inattendue de cet accord invraisemblable.

Le sinistre passé rattrape aujourd’hui les Suisses. Rien n’est réglé.

En 1996, le président de la commission des banques du Sénat américain réclame la réouverture des négociations. Selon les règles générales du droit international, des accords fondés sur la tromperie et le mensonge ne sont pas valables. Et il semble bien qu’à Washington Stucki, Rappard, Bruggmann et leurs collègues aient menti comme des arracheurs de dents ( !).

Le sénateur américain demande donc l’ouverture de nouvelles négociations.

Il n’a pas vraiment tort.

[…] Les receleurs de Hitler firent à Washington une excellente affaire. Ils payèrent l’or volé 250 millions. Alors que l’or volé à la Banque centrale de Belgique, rapatrié de la façon la plus aventureuse, refondu à Berlin et transporté en Suisse, valait à lui seul un milliard de FS. À cela venait s’ajouter l’or volé hollandais (plus d’un demi-milliard FS), une partie de l’or volé italien, albanais, etc…

De 1939 au début 1945, la Reichsbank a mis pour plus de 1.7 milliard d’or dans la machine à laver bernoise. Un montant plus important encore a été déposé sur des comptes privés ou acheminé par la Suisse vers l’Amérique du Sud et d’autres régions du globe.

C’était presque toujours de l’or volé, provenant des banques centrales des territoires occupés, réquisitionné auprès d’entreprises, de banques et de personnes privées par les commandos de protection des devises, dérobé à des détenus ou à des déportés morts dans les camps d’extermination.

Le prix demandé aux Suisses par les vainqueurs pour leur complicité avec le monstre nazi était donc modeste.

Jean Ziegler. La Suisse, l’or et les monstres. Le Seuil 1997

28 05 1946                   

Blum, ambassadeur extraordinaire, Jean Monnet, commissaire général au Plan signent avec Byrnes, secrétaire d’État américain,  un accord qui annule une partie de la dette française, accorde d’importantes aides à la reconstruction en échange d’une significative ouverture du marché français aux produits américains, et des salles de cinéma de l’Hexagone aux films made in USA : pas moins de 4 mois par an !

L’administration Truman offre même un nouveau prêt à la France à des conditions de remboursement considérées comme exceptionnelles. Les États-Unis accordent ainsi une aide de 300 millions de US $ (3,5 milliards $ valeur 2012) remboursables en 35 ans ainsi qu’un prêt bancaire de 650 millions $ (7,6 milliards $ valeurs 2012).

Une des contreparties de l’accord est la fin du régime des quotas, imposé aux films américains en 1936 et resté en place après la Libération. Byrnes voudrait un retour aux accords de 1933, qui prévoyaient un quota fixe de films américains par an projetés dans les salles françaises. De son côté, le secteur du cinéma français demande que sept semaines sur treize soient réservées uniquement à la diffusion de films français. Le compromis final est d’une part un abandon du quota de films américains et d’autre part une exclusivité accordée aux films français quatre semaines sur treize, ce qui correspond à une diminution de moitié de la diffusion de films français par rapport aux années 1941-1942.

Pour le Parti  communiste et les syndicats du secteur cinématographique français, il s’agit d’un moyen pour les États-Unis de diffuser l’American way of life à une population pouvant être tentée par le socialisme et de favoriser l’industrie cinématographique hollywoodienne (les américonneries. ndlr). En réaction, les autorités françaises créeront le 25 octobre 1946 le CNC – Centre National de la cinématographie – avec pour mission de protéger la création cinématographique française.

Wikipedia

C’est une entreprise de désagrégation de la nation française, une entreprise de démoralisation de nos jeunes gens et de nos jeunes filles avec des films abêtissants où l’érotisme le dispute à la bondieuserie, où le gangster est roi ; ces films ne visent pas à préparer une génération de Français conscients de leurs devoirs envers la France, envers la République, mais un troupeau d’esclaves écrasés par le Talon de fer.

Maurice Thorez

2 06 1946                   

Par référendum, les Italiens renoncent à la monarchie, avec une majorité de deux millions. La constitution précise que les ex rois de Savoie, leurs consorts et descendants mâles ne peuvent ni pénétrer, ni séjourner sur le territoire national. À la fin du siècle, la disposition vaudra toujours et l’héritier de la couronne, Victor Emmanuel de Savoie dira son ras le bol, en portant l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le Cavaliere Berlusconi, qui n’est pas à une alliance près, saura faire ce qu’il faut pour arranger les choses et, en 2006, son fils Emmanuel de Savoie pouvait se faire construire une maison en Ombrie,… en même temps que son père était mis en examen pour proxénétisme et autres distractions très border line.

Décision est prise aussi de se doter d’une nouvelle constitution qui entrera en vigueur le 1°janvier 1948.

18 06 1946                 

Proclamation de la République Italienne.

Le peuple italien n’a jamais réglé ses comptes avec son passé fasciste, contrairement aux Allemands. Dans les années 1950, il y a eu une continuité entre les institutions de l’État fasciste et celle de l’État républicain, dans la police, les services secrets, l’armée, le système judiciaire. Beaucoup de gens ayant eu de très graves responsabilités ont été amnistiés, sous la pression des États-Unis qui tenaient surtout à une Europe anticommuniste. Les survivants du régime se sont réincarnés dans un parti ouvertement néofasciste, le Mouvement Social Italien (MSI)qui a longtemps été le quatrième pari italien ! On a fait semblant d’ignorer cette continuité et aujourd’hui ses héritiers sont au pouvoir.

Antonio Scurati. Interview de Télérama n° 3880 du 25 au 31 mais2024

25 06 1946                 

Ho Chi Minh est à Paris. À Saïgon, Thierry d’Argenlieu a fait proclamer la République autonome de Cochinchine. Leclerc va demander son rappel quand s’ouvrira la conférence de Fontainebleau : il est en désaccord sur le fond avec l’amiral Thierry d’Argenlieu, son supérieur hiérarchique en Indochine. Leclerc, acceptant le principe de l’indépendance, aurait voulu négocier avec Ho Chi Minh : on ne tue pas une idée avec des balles. Leclerc pressentait bien que l’accession de sa patrie à l’indépendance est une idée aussi puissante que celle de la délivrer. Il prendra l’avion pour Paris le 19 juillet.

29 06 1946                 

L’état-major britannique décide de frapper un grand coup dans les organisations juives installées en Palestine. À Jérusalem, à Haïfa, à Tel-Aviv, les locaux de l’Agence juive sont perquisitionnés, nombre de dirigeants du Yishouv arrêtés, des armes et des documents saisis. Toutes les branches du mouvement sioniste veulent répliquer – la majorité de Ben Gourion, comme les révisionnistes -. Il faut venger ce shabbat noir. Les Britanniques ont attaqué notre gouvernement, l’Agence juive, disent les sionistes ; nous allons attaquer le leur, le King David. En  1939, la guerre avec l’Allemagne et la détérioration de la situation en Palestine avaient conduit l’armée britannique à réquisitionner l’aile sud de l’Hôtel King David, transformé en place forte, cerné de barbelés, avec filets antigrenades et mitrailleuses en batterie à l’entrée. L’aile sud était devenu le QG de l’armée et, sur trois étages, celui de l’administration civile de la Palestine. Demeuraient 62 chambres pour les clients. L’hôtel incarne à présent la tutelle de Londres sur la Palestine.

1 07 1946                                 

Essai atomique américain sur l’atoll Bikini, dans le Pacifique. Peu après, Louis Réard ingénieur automobile qui aide sa mère à tenir sa boutique Les Folies Bergères crée un maillot de bain 2 pièces, le plus petit du monde [le 2 pièces existait déjà, mais montait juste au-dessus du nombril]. Il aura l’effet d’une bombe ! se vantait-il. En fait, en France, il faudra attendre que Brigitte Bardot, 18 ans, le porte sur la plage de Cannes, lors du festival de 1953, pour entrainer le succès.

Brigitte Bardot poses in a bikini flaunting her toned body in 1953 ...

Cannes, 1953 Elle a changé les canons de la beauté. Avant elle, les stars descendaient les escaliers empanachées. Elle les monte nue. Le public y a gagné. Arletty

un peu plus tard… en 1962

Mais de toutes façons, BB n’était que la cerise sur le gâteau du retour de la joie de vivre après ces trop nombreuses années de souffrance, de malheur, de restrictions. C’est à Jean Dréjac que l’on doit Ah le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles, du côté de Nogent … il avait écrit cela en 1943, un temps encore sombre.

4 07 1946                   

Les Philippines proclament leur indépendance ; les Américains y conservent des bases militaires et des privilèges économiques importants.

A Kielce, en Pologne, courent des rumeurs d’enlèvements d’enfants, de crimes rituels et cela suffit pour que des éléments, manipulés ou non par le pouvoir en place, se livrent à un pogrom sur les Juifs, pour la plupart émigrés récents venus de Russie, en transit. On y aurait vu des policiers du Ministère de la Sécurité publique communiste et des soldats : bilan : 42 morts et 40 blessés. Le clergé de Kielce refusera d’assister aux funérailles des victimes. L’évêque Mgr Kaczmarek et le cardinal Hlond n’auront pas un mot pour condamner le pogrom, considérant que le comportement de la population polonaise est une conséquence de l’ingérence des Juifs dans la vie polonaise… La population locale et la police militaire seront contraintes par le gouvernement à y assister. Les tribunaux condamneront neuf personnes à mort. Il faudra attendre 1989 pour avoir accès aux archives, en réalisant à ce moment-là qu’un grand nombre de documents avaient été détruits par le feu dans des circonstances obscures ou l’avaient été délibérément par les autorités militaires. La plupart des Juifs se mirent alors à fuir la Pologne. Jacques Maritain, alors ambassadeur de France au Saint Siège demandera audience au pape, pour condamner le pogrom ; le pape le recevra, mais il n’en sortira rien, sinon un communiqué qui laissera entendre qu’ils ne partageaient pas le même point de vue …

22 07 1946                 

L’Irgoun de Menahem Begin s’attaque à l’Hôtel King David de Jérusalem, où se trouve l’État Major britannique.

Adina, jeune brune de la résistance hébraïque a laissé plusieurs messages, à l’hôtel lui-même, au consulat de France, à la Police. Ici le mouvement de la résistance hébraïque. Nous avons placé des bombes dans l’hôtel. Le bâtiment va sauter. Vous devez l’évacuer immédiatement, vous êtes prévenus. Mais pourquoi attacherait-on plus de crédit à ce message qu’aux centaines d’autres qui arrivent tous les jours ?

A 12 h 37, l’explosion dévaste toute l’aile sud et au-delà, six étages s’effondrent, écrasant des centaines de personnes sous les décombres. Des tonnes de pierres, de métal, de verre, de marbre sont projetées alentour : des dizaines de passants sont fauchés et tués sur Julian Way. On dénombre 91 morts : 41 Arabes de Palestine, 28 Britanniques, 17 Juifs de Palestine, 2 Arméniens, un Russe, un Grec, un Egyptien, et plus de 150 blessés.

Le chef de l’Agence juive jugeait que la priorité n’était pas la lutte contre les Britanniques. Ruinés par la guerre, ceux-ci, selon Ben Gourion, allaient vite devoir abandonner un empire surdimensionné. Mieux valait préparer l’inévitable : la guerre contre les États arabes voisins.

Le 22 juillet au soir, Adina dormira sagement chez ses parents.

Alain Frachon. Le Monde du 22 07 2015

29 07 1946                  

Augmentation des salaires de 18 %.

2 08 1946          

Thierry d’Argenlieu ouvre à Dalat la deuxième conférence où sont réunis les représentants du Cambodge, du Laos, de Cochinchine, du Sud-Annam et des plateaux montagnards pour y mettre sur pied l’Union indochinoise, à laquelle s’intégrera le Tonkin, le moment venu. À Paris, Ho Chi Minh tombe dans les bras de Leclerc à l’Hôtel Continental, en se plaignant de d’Argenlieu. Leclerc reste de marbre.

3 08 1946        

Augmentation du traitement des fonctionnaires de 25 %. Rencontre orageuse entre Leclerc et de Gaulle à Colombey les Deux Églises. Voilà sept mois que de Gaulle s’est retiré des affaires, mais c’est encore depuis ce petit village de l’est où il a choisi de vivre que se décide la stratégie de la France en Indochine ! ! ! Et le ministre de la guerre, à Paris, que faisait-il donc ? 

           9 08 1946                    

Ferhat Abbas présente un projet de République algérienne autonome au sein de l’Union Française.

          14 08 1946                   

Le prix de la baguette est à 11,50 F. (0.68 € 2000)

                   08 1946                        

Le premier four solaire français est installé à Meudon.

2 09 1946 

Le vice-roi des Indes nomme Jawaharlal Nehru premier ministre.

                   9 09 1946                    

Arabes et Juifs refusent de participer à la conférence de Londres, sur la Palestine.

10 09 1946

Paul Touvier est condamné à mort par contumace par la cour de justice de Lyon, et le 4 mars 1947 à la même peine par la cour de justice de Chambéry. Après 1967, Touvier bénéficiera de la prescription des crimes de guerre.

             14 09 1946            

Les négociations entre la France et le Viet Nam ont échoué à Fontainebleau ; Ho Chi Minh déçu et amer, accepte de les reprendre plus tard.

         15 09 1946      

La Sarre, sous occupation française depuis la fin de la guerre, vote pour des élections municipales, ce à quoi l’autorise son statut. Un an plus tard, elle se dotera d’une constitution. La région devient de droit un véritable état sous protectorat français, doté d’une souveraineté propre, mais amené à se rapprocher de la France. L’indépendance du territoire est reconnue au sein des instances internationales.

                        19 09 1946                     

À l’université de Zürich, Winston Churchill invite à la création des États-Unis d’Europe.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

J’ai l’honneur aujourd’hui d’être reçu par votre vénérable université et je voudrais vous parler de la tragédie de l’Europe. Ce continent magnifique, qui comprend les parties les plus belles et les plus civilisées de la terre, qui a un climat tempéré et agréable et qui est la patrie de tous les grands peuples apparentés du monde occidental. L’Europe est aussi le berceau du christianisme et de la morale chrétienne. Elle est à l’origine de la plus grande partie de la culture, des arts, de la philosophie et de la science du passé et du présent. Si l’Europe pouvait s’unir pour jouir de cet héritage commun, il n’y aurait pas de limite à son bonheur, à sa prospérité, à sa gloire, dont jouiraient ses 300 ou 400 millions d’habitants. En revanche, c’est aussi d’Europe qu’est partie cette série de guerres nationalistes épouvantables déclenchées par les Teutons dans leur course à la puissance et que nous avons vus au XX° siècle. La paix a été ainsi troublée et les espérances de l’humanité entière réduites à néant.

Et qu’est-il advenu dans tout cela de l’Europe ? Quelques petits États ont atteint une certaine prospérité, mais de vastes régions de l’Europe offrent l’aspect d’une masse d’êtres humains torturés, affamés, sanglotants et malheureux, qui vivent dans les ruines de leurs villes et de leurs maisons et voient se former un nouvel amoncellement de nuages, de tyrannie et de terreur qui obscurcissent le ciel à l’approche de nouveaux dangers. Parmi les vainqueurs, c’est un brouhaha de voix ; chez les vaincus : silence et désespoir. Voilà tout ce que les Européens rassemblée en d’anciens États et nations, voilà ce que la race allemande a atteint en allant répandre au loin la terreur. La grande république au-delà de l’Atlantique a compris avec le temps que la ruine ou l’esclavage de l’Europe mettrait en jeu son propre destin et elle a alors avancé une main secourable faute de quoi les âges sombres seraient revenus avec toutes leurs horreurs. Ces horreurs, Messieurs, peuvent encore se répéter.

Mais il y a un remède ; s’il était accepté par la grande majorité de la population de plusieurs États, comme par miracle toute la scène serait transformée, et en quelques années l’Europe, ou pour le moins la majeure partie du continent, vivrait aussi libre et heureuse que les Suisses le sont aujourd’hui. En quoi consiste ce remède souverain ? Il consiste à reconstituer la famille européenne,  ou tout au moins la plus grande partie possible de la famille européenne,  puis de dresser un cadre de telle manière qu’elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la liberté. Nous devons ériger quelque chose comme les États-Unis d’Europe. C’est la voie pour que des centaines de millions d’êtres humains aient la possibilité de s’accorder ces petites joies et ces espoirs qui font que la vie vaut la peine d’être vécue. On peut y arriver d’une manière fort simple. Il suffit de la résolution des centaines de millions d’hommes et de femmes de faire le bien au lieu du mal, pour récolter alors la bénédiction au lieu de la malédiction.

Mesdames, Messieurs, l’Union paneuropéenne a fait beaucoup pour arriver à ce but et ce mouvement doit beaucoup au comte Coudenhove-Kalergi et à ce grand patriote et homme d’État français que fut Aristide Briand. Il y a eu aussi cet immense corps de doctrine et de procédure, qui fut créé après la première guerre et à laquelle s’attachèrent tant d’espoirs, je veux parler de la Société des Nations. Si la Société des Nations n’a pas connu le succès, ce n’est pas parce que ses principes firent défaut, mais bien du fait que les États qui l’avaient fondée ont renoncé à ces principes. Elle a échoué parce que les gouvernements d’alors n’osèrent pas regarder les choses en face. Il ne faut pas que ce malheur se répète. Nous avons maintenant davantage d’expérience, acquise à un prix amer, pour continuer de bâtir.

C’est avec une profonde satisfaction que j’ai lu dans la presse, il y a deux jours, que mon ami le président Truman avait fait part de son intérêt et de sa sympathie pour ce plan grandiose. Il n’y a aucune raison pour que l’organisation de l’Europe entre en conflit d’une manière quelconque avec l’Organisation mondiale des Nations unies. Au contraire, je crois que l’organisation générale ne peut subsister que si elle s’appuie sur des groupements naturellement forgés. Il existe déjà un tel groupement d’États dans l’hémisphère occidental. Nous autres Britanniques, nous avons le Commonwealth. L’organisation du monde ne s’en trouve pas affaiblie, mais au contraire renforcée et elle y trouve en réalité ses maîtres piliers. Et pourquoi n’y aurait-il pas un groupement européen qui donnerait à des peuples éloignés l’un de l’autre le sentiment d’un patriotisme plus large et d’une sorte de nationalité commune ? Et pourquoi un groupement européen ne devrait-il pas occuper la place qui lui revient au milieu des autres grands groupements et contribuer à diriger la barque de l’humanité ? Afin de pouvoir atteindre ce but, il faut que les millions de familles collaborent sciemment et soient animées de la foi nécessaire, quelle que puisse être la langue de leurs pères.

Nous savons tous que les deux guerres mondiales que nous avons vécues sont nées des efforts vaniteux de l’Allemagne nouvellement unie de jouer un rôle dominateur dans le monde. La dernière guerre a été marquée par des crimes et des massacres tels qu’il faut remonter jusqu’à l’invasion des Mongols, au XIV° siècle, pour trouver quelque chose d’approchant, et tels aussi que l’histoire de l’humanité n’en avait encore jamais connu jusqu’alors. Le coupable doit être châtié. Il faut mettre l’Allemagne dans l’impossibilité de s’armer à nouveau et de déclencher une nouvelle guerre d’agression. Quand cela sera chose faite, et cela le sera,  il faudra que se produise ce que Gladstone nommait jadis l’acte béni de l’oubli. Nous devons tous tourner le dos aux horreurs du passé et porter nos regards vers l’avenir. Nous ne pouvons pas continuer de porter dans les années à venir la haine et le désir de vengeance tels qu’ils sont nés des injustices passées. Si l’on veut préserver l’Europe d’une misère sans nom, il faut faire place à la foi en la famille européenne et oublier toutes les folies et tous les crimes du passé. Les peuples libres de l’Europe pourront-ils se hisser au niveau de cette décision ? S’ils en sont capables, les injustices causées seront partout lavées par la somme de misères endurées. L’agonie doit-elle se prolonger ? La seule leçon de l’histoire est-elle que l’humanité est fermée à tout enseignement ? Faisons place à la justice et à la liberté. Les peuples n’ont qu’à le vouloir pour que leurs espoirs se réalisent.

J’en viens maintenant à une déclaration qui va vous étonner. Le premier pas vers une nouvelle formation de la famille européenne doit consister à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Seul, ce moyen peut permettre à la France de reprendre la conduite de l’Europe. On ne peut pas s’imaginer une renaissance de l’Europe sans une France intellectuellement grande et sans une Allemagne intellectuellement grande. Si l’on veut mener à bien sincèrement l’œuvre de construction des États-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque État sera sans importance. Les petits pays compteront autant que les grands et s’assureront le respect par leur contribution à la cause commune. Il se peut que les anciens États et les principautés de l’Allemagne, réunis dans un système fédératif avec leur accord réciproque, viennent occuper leur place au sein des États-Unis d’Europe. Je ne veux pas essayer d’élaborer dans le détail un programme pour les centaines de millions d’êtres humains qui veulent vivre heureux et libres, à l’abri du besoin et du danger, qui désirent jouir des quatre libertés dont parlait le grand président Roosevelt et qui demandent à vivre conformément aux principes de la Charte de l’Atlantique. Si tel est leur désir, ils n’ont qu’à le dire et l’on trouvera certainement les moyens d’exaucer pleinement ce vœu.

Mais j’aimerais lancer un avertissement. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. Nous vivons aujourd’hui un moment de répit. Les canons ont cessé de cracher la mitraille et le combat a pris fin, mais les dangers n’ont pas disparu. Si nous voulons créer les États-Unis d’Europe, ou quelque nom qu’on leur donne, il nous faut commencer maintenant.

En ces jours présents, nous vivons curieusement sous le signe, on pourrait dire sous la protection, de la bombe atomique. La bombe atomique est toujours aux mains d’un État et d’une nation dont nous savons qu’ils ne l’utiliseront jamais autrement que pour la cause du droit et de la liberté. Mais il se peut aussi que d’ici quelques années, cette énorme puissance de destruction soit largement connue et répandue, et alors la catastrophe engendrée par l’emploi de la bombe atomique par des peuples en guerre, signifierait non seulement la fin de tout ce que nous nous représentons sous le mot de civilisation, mais aussi peut-être la dislocation de notre globe.

Je veux maintenant formuler ces propositions devant vous. Il faut que notre but permanent soit d’accroître et de renforcer la puissance de l’Organisation des nations unies. Il nous faut re-créer la famille européenne en la dotant d’une structure régionale placée sous cette organisation mondiale, et cette famille pourra alors s’appeler les États-Unis d’Europe. Le premier pas pratique dans cette voie prendra la forme d’un Conseil de l’Europe. Si, au début, tous les États européens ne veulent ou ne peuvent pas adhérer à l’Union européenne, nous devrons néanmoins réunir les pays qui le désirent et le peuvent. Le salut de l’homme quelconque de toute race et de tout pays, ainsi que sa préservation de la guerre ou de l’esclavage, ont besoin de fondements solides et de la volonté de tous les hommes et de toutes les femmes de mourir plutôt que de se soumettre à la tyrannie. En vue de cette tâche impérieuse, la France et l’Allemagne doivent se réconcilier ; la Grande-Bretagne, le Commonwealth des nations britanniques, la puissante Amérique, et, je l’espère, la Russie soviétique – car  tout serait alors résolu – doivent être les amis et les protecteurs de la nouvelle Europe et défendre son droit à la vie et à la prospérité.

Et c’est dans cet esprit que je vous dis :
En avant, l’Europe !

20 09 1946                   

Premier festival de Cannes. Voilà sept ans que l’affaire était dans les cartons, et une première ouverture avait été prévue dès le 1° septembre 1939, à l’initiative de Jean Zay, soucieux de concurrencer la Mostra de Venise, par trop mussolinienne : Cannes avait été retenue pour ses importantes capacités hôtelières et de bonnes liaisons de train avec l’Angleterre. Mais, patatras, Hitler avait volé la vedette en envahissant la Pologne ce jour-là, et on avait bien évidemment tout déprogrammé. Et ce 20 septembre 1946, Raimu, ce monument du cinéma et du théâtre, meurt : on taira la nouvelle quelques temps, pour ne pas prendre le risque de gâcher la fête. Hollywood est venue avec douze films, dont : 

  • Seuls les anges ont des ailes. Howard Hawks
  • Mister Smith au Sénat. Frank Capra
  • Le Magicien d’or. Victor Fleming
  • Pacific Express. Cecil B. DeMille
  • Elle et lui. Leo McCarey

Et, pour la clôture, 

  • Le Boite à musique. Walt Disney
  • Glinka. Leo Arnchtam
  • La Belle et la Bête. Jean Cocteau.

Au palmarès, tous les pays reçoivent un Grand Prix. La Palme d’or attendra 1955 pour être décernée. 

  • La Terre sera rouge. Danemark
  • La Ville basse. Inde
  • La Dernière Chance. Suisse
  • Les Hommes sans ailes. Tchécoslovaquie
  • Le Tournant décisif. URSS
  • La Symphonie pastorale. France
  • Brève rencontre. Grande Bretagne
  • The Lost Week-end. États-Unis
  • Maria Candelaria. Mexique
  • L’Épreuve. Suède
  • Rome, ville ouverte. Italie

Une seule récompense unique : le prix du Jury va à La Bataille du rail de René Clément. Notorius, d’Alfred Hitchcock, avec Ingrid Bergman, est plus que boudé : ignoré.

La grand messe du narcissisme était née ; ce n’est pas que le narcissisme soit une nouveauté de l’après-guerre, mais la minceur du cinéma et de la télévision l’avaient jusqu’alors cantonné dans de petits cercles ; le développement exponentiel des moyens de communication va lui donner une puissance propre à en déboussoler plus d’un ; non seulement on déroule bien sûr le tapis rouge pour les ravissantes gambettes des stars, mais, vers les années 60, leurs talons aiguilles seront devenus si exigeants qu’on le changera trois fois par jour ! … oui, le tapis rouge du festival de Cannes est changé trois fois par jour, non pas pour être amené au nettoyage, mais à la déchetterie et remplacé par un neuf !  Quand on est un des phares de la société de consommation,… on se doit de consommer,  que diable ! Et lorsqu’un employé qui avait malencontreusement gardé un brin de bon sens au fond de son cerveau émit un tout de même ! la doyenne qui n’avait plus ses jambes de vingt ans, le renvoya dans les cordes d’un magnifique Au diable la varice !

Au narcissisme en place publique répondra plus tard, dans les années 2000 le narcissisme à domicile, avec un écran d’ordinateur pour miroir : en 2010, le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, 26 ans, se trouvait à la tête d’une fortune dépassant 5 milliards € !  Et pourtant Cocteau nous avait bien prévenu : Un miroir devrait toujours bien réfléchir avant de renvoyer une image. On peut en pleurer, certes, mais on peut aussi en rire, et c’est ce que fait Emmanuelle Devos : Qui vit ça, à part les cardinaux en conclave ?

Festival de Cannes 1946 : «Un grand, un vrai, un ...

26 09 1946                        

Première sortie de l’hebdomadaire Tintin. Mon seul rival, dira plus tard de Gaulle.

1 10 1946                          

Verdict du procès de Nuremberg : douze condamnations à mort, et de nombreuses perpettes. Les juges sont au nombre de 4 : un Américain, Francis Biddle président, un Russe, Iona Nikitchenko, un Anglais, Geoffrey Lawrence et un Français, Henri Donnedieu de Vabre. François de Menthon y était procureur ; il quittera Nuremberg quand de Gaulle quittera le gouvernement et sera remplacé par Auguste Champetier de Ribes. Commencé le 20 novembre 1945, les chefs d’inculpation étaient nombreux pour juger les 24 inculpés du régime nazi. Gustav Krupp et Robert Ley ont été retirés de la liste, le premier pour raison de santé, le second parce qu’il s’est suicidé le 25 octobre. C’est un tribunal international qui fait suite aux accord de Londres du 8 août 1945 ; il juge les présents mais aussi par contumace. Les condamnés à mort par pendaison  : Martin Bormann (par contumace), Hans Franck, Wilhelm Frick, Hermann Goering (qui se suicidera juste avant l’exécution de la sentence), Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner, Wilhelm Keitel, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Arthur Seyss-Inquart, Julius Streicher. Les condamnée à la prison allant jusqu’à la perpétuité sont prononcées contre Karl Dönitz, Walter Funk, Rudolf Hess, Konstantin von Neurath, Erich Raeder, Baldur von Schirach, Albert Speer. Sont acquittés Hans Fritzsche, Franz von Papen, Hialmar Schlacht. Les juges ne se trouvaient pas toujours dans la situation fréquente et embarrassante de parole contre parole. Sur les gros mensonges de Kaltenbrunner et d’Albert Speer affirmant n’avoir jamais mis les pieds dans le camp de Mauthausen, en Autriche, les juges appelèrent à la barre Francisco Boix, républicain espagnol de 25 ans, sorti vivant de quatre ans à Mauthausen où il travaillait au laboratoire de photo, développant toutes les photos prises par des officiels SS. Il dit en avoir gardé par devers lui 22 000. Il en avait remis 1 000 au tribunal, qui n’eut dès lors aucune peine à confondre Karltenbrunner et Speer. Le tribunal n’aura pas disposé d’éléments indiscutables pour dire qui est à l’origine du massacre de Katyn : Russes ou Allemands. Il faudra attendre pour cela la dislocation de l’URSS dans le début des années 1990.

Crispés, égarés, incrédules ou rompus, dix visages, et derrière ceux-là, dix autres encore, fantastiques rangées émergeant des ténèbres, se tendaient comme magnétisés vers le mur du fond. […] Alors Göring, vice-roi du III° Reich, serra ses mâchoires livides à les rompre. Le commandant en chef Keitel […] se couvrit les yeux d’une main tremblante. Un rictus de peur abjecte déforma les traits de Streicher […] Ribbentrop humecta de sa langue ses lèvres desséchées. Une sombre rougeur couvrit les joues de Papen […] Frank, qui avait décimé la Pologne, s’effondra en sanglots.

Joseph Kessel, correspondant de France Soir, après la projection de photos des camps de concentration.

La plupart des relations de ce procès – le premier dans son genre – sont celles de ceux qui écrivent l’histoire : les vainqueurs ; il n’y a sans doute pas de mensonges, mais tout de même de grosses omissions : ainsi ne figurent pas au rang des accusés tous les scientifiques allemands qui étaient loin d’être tout blancs, au premier rang desquels Werner von Braun, premier responsable de la conquête spatiale américaine ; si les Américains se servirent plus que largement, les Anglais, les Français et les Russes ne s’oublièrent pas ; il ne s’agit pas de quelques dizaines de savants, mais de milliers… et donc les Alliés surent très bien n’avoir les yeux qu’à moitié ouverts quand cela les arrangeait, même si les débats furent âpres au sein du gouvernement américain qui avait une agence la JIOA – Joint Intelligence Objectives Agency qui alla jusqu’à falsifier les identités des scientifiques repérés pour les faire entrer aux États-Unis !

Cliché issu d’un exemplaire original de l’album photographique du procès de Nuremberg, dévoilé au musée d’Izieu (Ain), le 15 octobre 2021.

Cliché de Charles W. Alexander,, photographe militaire américain

Une page de l’album photographique du procès de Nuremberg annoté. Album retrouvé dans une maison des Cévennes appartenant à la famille Donnedieu de Vabres et cédé à la Maison d’Izieu en 2021. Henri Donnedieu de Vabres était membre de la délégation française au procès de Nuremberg.

De gauche à droite Hermann Goering, Karl Donitz, Walther Funk et autres, issue d’un album retraçant le procès de Nuremberg, prise à l’Université de droit de Lyon 3, le 13 octobre 2021

Hermann Goering, lors du procès de Nuremberg de 1945

Malgré la condamnation sans appel portée par le Général, depuis sa retraite de Colombey-les-Deux-Églises, la nouvelle constitution de la IV° République est adoptée par référendum à une courte majorité : 9 millions de oui, 8 millions de non, 8 millions d’abstentions. Elle nous vaudra de connaître 25 gouvernements entre 1946 et 1958 !  Mais, comme toute médaille, elle avait aussi son endroit : il était fait place à l’avenir de nos colonies : Compromis entre une tendance centralisatrice et unitaire et une tendance fédéraliste, elle a été très critiquée par des juristes qui ne comprenaient peut-être pas très bien la richesse des possibilités ouvertes par cette contradiction. Elle a effectivement permis de faire largement droit, dans une première phase, à la revendication d’égalité qui primait tout dans l’opinion africaine des territoires français en 1946, puis en 1956, de donner satisfaction à la tendance autonomiste qui se faisait de plus en plus forte depuis 1951.

[…]  Tandis que la France oriente ainsi sa politique africaine à coups de textes généraux essentiellement juridiques, la Grande Bretagne cherche à trouver des solutions locales, parcellaires, limitées et non normatives. Sur la côte occidentale, la Gold Coast devient ainsi l’État indépendant du Ghana, membre du Commonwealth, et premier État moderne négro-africain, au moment même où la fédération des Rhodésies et du Nyassaland et la répression de la révolte Mau-Mau du Kenya consacrent la white supremacy en Afrique Orientale.

Pierre Alexandre L’Afrique noire et Madagascar des origines à nos jours.1986

20 10 1946                  

Retour triomphal de Ho Chi Minh à Haïphong.

30 10 1946                  

Fin des hostilités entre la France et le Viet Nam.

10 1946           

Première mouture du statut des fonctionnaires, négociée entre Maurice Thorez et Georges Bidault.

Et c’est ainsi que soixante-dix ans plus tard, il suffit d’une cinquantaine de naufrageurs, (ou preneurs d’otage, comme on veut), CGT déterminés pour paralyser la France, qu’ils soient SNCF, EDF, Éducation Nationale, Routiers etc…

Des chemins de fer sont issus des syndicats très puissants. Sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, la façon dont les événements se sont déroulés en France est caractéristique. Le syndicat des chemins de fer français comptait 40 000 adhérents en 1854 et 310 000 en 1914. Il avait à l’époque obtenu une journée de travail de 12 heures pour les conducteurs de train, alors qu’un cinquième seulement des employés du chemin de fer faisaient partie du syndicat. Au début, l’organisation avait pour but l’expulsion des conducteurs de train anglais. Par la suite, son image de marque s’embourgeoisa, en dépit des grèves occasionnelles. Encore plus tard, les communistes prirent la direction du syndicat. Ils utilisaient leur pouvoir en véritables conservateurs, empêchent l’augmentation des tarifs de transport, transforment le personnel en fonctionnaires, fiers de leur belle organisation capable de respecter ponctuellement les horaires des nombreux trains spéciaux typiques des horaires de grands départs.

Hugh Thomas Histoire inachevée du monde. Robert Laffont 1986

La France, recordman du monde, légèrement devant l’Espagne mais loin devant les autres, Italie, Royaume-Uni, Portugal, des jours de grève : 1 807 250 en 2001, après le record absolu de 1995 avec 5 883 200 : les inoubliables grèves entraînées par les indispensables réformes voulues par Alain Juppé, alors premier ministre. Ce statut des fonctionnaires est certainement la décision politique la plus funeste de l’après-guerre.

C’est un drôle de pays, la France, où les négociations ont toujours lieu après le déclenchement des grèves et non avant.

Françoise Giroud. La rumeur du monde Fayard 1999 

Le statut de 1946 et ses modifications ultérieures consacrent des principes – ou avantages – qui n’avaient jamais été concentrés sur une seule catégorie de travailleurs :

  • Un emploi garanti à vie [2] (le licenciement éco­nomique n’existe pas dans la fonction publique même si les finances de l’État ou de la collectivité employeur sont exsangues).
  • Des rémunérations garanties à l’ancienneté.
  • Le droit de grève.
  • Un régime spécial de retraite.
  • Un régime spécial d’arrêt maladie.
  • L’interdiction de travailler dans le privé sauf exceptions (toujours soumises à autorisation de la tutelle publique).
  • Neutralité politique (de plus en plus théorique).

Au final, le statut a abouti à un système rigide. Surtout, il a été étendu – ce qui était exclu au départ – aux collectivités locales et aux hôpitaux, faisant passer le nombre de fonctionnaires locaux sous statut de 2,1 millions à quelque 5 millions dans les années 1980.

Agnès Verdier-Molinié. Les Fonctionnaires contre l’État. Albin Michel 2011

Dès lors, comme le souligna le rapport du député Gérard Longuet en octobre 1979, si l’on tient compte de l’effet d’entraînement de la fonction publique sur les personnels des collectivités locales et sur les effectifs des grandes entreprises nationales, un Fran­çais sur quatre vit selon les principes du statut général et, ce qui est plus grave encore, selon l’usage que trente années de pratique ont institué. En un mot, un Français sur quatre, ou un Français sur cinq, vit en marge de son temps [3].

Le projet de statut des fonctionnaires de l’État fut élaboré au cabinet de Maurice Thorez, par la faction communiste de la CGT réunifiée. […] Une partie des syndicalistes se disait que les circonstances ne seraient jamais aussi favorables et qu’il était du plus grand intérêt d’avoir un texte législatif statutaire, qu’il serait ensuite très difficile de remettre en cause.

Jeanne Siwek-Pouydesseau. Le syndicalisme des fonctionnaires jusqu’à la guerre froide.1989

Ce marchandage, longtemps secret, est apparu au général de Gaulle comme une condamnation définitive du système : Tu me donnes l’Union française, je te donne les fonctionnaires…

Georgette Elgey. Histoire de la IV° République. Fayard 1993

Ce statut, c’est mon remords, ou plutôt, ce serait mon remords, si je n’avais pas obtenu en échange le titre VIII de la Constitution (l’Union Française : France, territoires d’Outre-Mer, Madagascar et l’Algérie]

Georges Bidault… plus tard… trop tard

19 11 1946                         

Un Dakota C 53 transportant des officiers supérieurs américains, douze personnes en tout, dont un enfant de 11 ans et la femme d’un général, parti de Munich pour aller à Istres, est contraint à l’atterrissage au moment où il survole les Alpes suisses : il trouve une surface convenable, le glacier de Gauli, proche de Meiringen, à l’est d’Interlaken, à 3 300 m d’altitude ; il l’a signalé par radio, mais il n’est pas en mesure de donner sa position. Il n’y a aucun blessé grave. Il va être repéré par un avion ; les Américains ont obtenu les dérogations pour envoyer leurs avions survoler la zone pour larguer nourriture et couvertures : en vain, le matériel largué se perd dans les crevasses ou trop loin de la cible et une colonne de secours se met en route, qui sera sur les lieux quatre jours après l’atterrissage, leur apportant nourriture, boisson  et vêtements chauds. De leur côté, les Américains, très inquiets de savoir en danger pareille brochette d’officiers supérieurs, et peu instruits probablement de la grande expérience de la montagne des Suisses, un vieux pays parmi tant d’autres, avaient mis le paquet, en arrivant à Meiringen avec des jeep, des autochenilles, qui amusèrent beaucoup les Suisses : Et que comptez-vous donc faire de tout cela ? 

Quelques passagers souffrent d’engelures. Mais le sauvetage va être assuré par un petit avion militaire de type Fieseler Storch 156 [4] , équipés de skis, piloté par le capitaine Victor Hug, qui va réussir l’atterrissage, chose alors très rare, car pratiquement jamais tentée : il faudra attendre 1952 pour qu’Hermann Geiger, le pilote des glaciers, se pose pour la première fois sur le glacier de Kanter. Le major Hitz relaiera Victor Hug pour effectuer le nombre de navettes nécessaires pour évacuer tout le monde, l’avion ne pouvant emporter que deux passagers à chaque rotation : ils atterriront à Unterbach, dans le Valais. Les militaires américains ne tariront pas d’éloges sur l’exploit des deux pilotes et sur l’exceptionnelle qualité des secours suisses, venant ainsi mettre du baume au cœur de relations entre les deux pays passablement dégradées par les compromissions suisses avec l’Allemagne nazie.

 

 

Les 12 passagers avaient survécu durant cinq jours à 3350 mètres d'altitude.

 

WWW.CRASH-AERIEN.AERO • Crash d'un Dakota C-53 dans les Alpes suisse en 1946

 

19 novembre 1946 – Un avion militaire américain s'écrase sur un glacier  suisse – Pilote de montagne

Soudain, ce fut le silence | Club Alpin Suisse CAS

23 11 1946                  

À Haïphong, le colonel Dèbes, sur ordres reçus de Saïgon, en réponse à des attentats Viêt-minh, fait donner le canon de la marine : 600 morts.

12 12 1946                 

Blum est nommé président du gouvernement de transition.

19 12 1946                

La création par d’Argenlieu d’une république autonome de Cochinchine et les 600 morts de Haïphong sont à l’origine d’une insurrection, montée par le gouvernement Ho Chi Minh-Giap, à Hanoï, qui s’étendra à Dalat, Nam Dinh.

19 12 1946                   

La création par d’Argenlieu d’une république autonome de Cochinchine et les 600 morts de Haïphong sont à l’origine d’une insurrection : à 20 heures un sabotage de la centrale électrique plonge Hanoï dans la nuit ; des dizaines de civils français sont tués. La bataille contre les troupes françaises est engagée.  Giap, entraînant Ho Chi Minh, gagne la rizière, puis la Moyenne-Région. Amorcée par les premiers accrochages du 23 septembre 1945, déclarée par le bombardement de Haïphong, la guerre d’Indochine a commencé. 

21 12 1946                  

Il est heureux qu’on en soit arrivé là. Il est heureux que le Viet-Nam ait engagé le fer. Dorénavant, D’Argenlieu est le maître. Il est heureux que nous ayons maintenant la possibilité d’agir et de régler la question. Je dois dire que le réflexe de conservation s’est produit favorablement : depuis six mois l’opinion a fait des progrès. D’Argenlieu, je le répète, a maintenant les mains libres.

De Gaulle

28 12 1946                

À la demande de Léon Blum, retour de Leclerc au Viet Nam pour tenter de trouver une solution. Après des explications pour le moins orageuses avec de Gaulle à la Boisserie, il refusera de remplacer d’Argenlieu.

1946                             

Les États-Unis font secrètement une proposition d’achat du Groenland au Danemark : 100 millions $. Le gouvernement danois déclinera. 73 ans plus tard, en 2019, Donald Trump remettra ça, et le gouvernement danois ne se contentera pas de décliner l’offre, mais ne cachera pas son étonnement, sa colère même pour certains.

Changement de statut de la Nouvelle Calédonie, qui devient Territoire d’Outre-Mer, avec un droit de vote accordé aux notables Kanaks ; il faudra attendre 1957 pour que ce droit de vote soit étendu à tous les kanaks.

Datation au carbone 14 par l’Américain Willard F. Libby ; en mai 1947, un article dans Science décrira l’expérience mettant à l’épreuve le modèle théorique de la distribution du radiocarbone naturel : La découverte du carbone 14 produit par les rayons cosmiques a de nombreuses implications intéressantes dans les champs de la biologie, de la géologie et de la météorologie ; certaines d’entre elles sont en train d’être explorées, en particulier la détermination des âges de diverses matières carbonées dans le domaine compris entre 1 000 et 30 000 ans.

Sortie de la Dyna Panhard 100, 3 CV. Earl Tupper, ingénieur chimiste américain, invente le polyéthylène dont on fera les boites éponymes Tupperware (ware : ustensiles, marchandises). Karl et Theo Albrecht, 26 et 24 ans, reprennent l’épicerie de leur mère à Schönebeck, dans la banlieue d’Essen, en Allemagne : ils vont révolutionner le commerce de détail en Allemagne en proposant une gamme réduite de produits de bonne qualité, à des prix défiant toute concurrence, dans des magasins à l’allure spartiate. Leur devise : radicalement simple. Quinze ans plus tard leur Albrecht Discount sera abrégé en ALDI, et leur succès sera alors foudroyant. En 2010 ALDI possédera 4 400 magasins en Allemagne et sera présente dans 17 pays. Theo Albrecht sera à la tête de la 21° fortune mondiale.

Gustave Leven achète Perrier et en fait la première marque mondiale d’eau minérale.

Philippe Grumbach, 22 ans,  est recruté par les Soviétiques. Ces liaisons pas si dangereuses que cela dureront jusqu’en 1995 quand il sera démasqué mais jamais inquiété. Il aurait touché plusieurs centaines de milliers d’euros contre des informations concernant François Mitterrand ou encore Jacques Chirac.

Tour à tour journaliste à l’Agence France-Presse, LibérationL’Express, dont il sera rédacteur en cher, puis directeur à partit de 1971 au satyrique Crapouillot ou au Figaro, dont il sera directeur adjoint de la rédaction dans les années 1980, Philippe Grumbach était un proche des grands hommes politiques de son temps : Pierre Mendès France, François Mitterrand ou Valéry Giscard d’Estaing, entre autres. À son décès, en 2003, , Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture l’avait qualifié de l’une des figures les plus marquantes et les plus respectées de la presse française.

 

14 01 1947                  

Leclerc refuse le poste de commandant en chef et haut-commissaire en Indochine. Il renouvellera ce refus le 13 février.

La première des conditions à exiger du gouvernement pour son départ serait d’obtenir une déclaration gouvernementale précisant les buts poursuivis par la France en Indochine. Ceux-ci devraient être de réaliser dès que possible avec les représentants qualifiés du peuple annamite des accords donnant satisfaction à ses légitimes aspirations dans le cadre de l’Union française (…) sur les bases de l’indépendance du pays avec sauvegarde des intérêts français et avec présence des forces françaises dans (des) bases stratégiques. Un soutien massif et immédiat devrait renforcer le gouvernement de Cochinchine, mais être assez nuancé pour permettre de ne pas fermer la porte à des négociations avec le Viet-Minh.

Le ministre Marius Moutet n’était pas, écrit Leclerc, emballé par l’idée de son retour en Indochine, révélant par là, semble-t-il, qu’il le jugeait trop facilement conciliant envers le Viet-Minh. Le président de la République Vincent Auriol et le président du Conseil Ramadier approuvent en principe les conditions demandées par Leclerc. Mais celui-ci est allé voir de Gaulle, l’entretien est d’abord très orageux, de Gaulle étant surtout indigné de voir traiter d’Argenlieu en bouc émissaire. Il énumère les conditions que Leclerc devrait poser à son départ et celui-ci riposte que ce sont celles qu’il a déjà présentées. Après quoi, le calme étant revenu, de Gaulle assure Leclerc qu’il n’arrivera pas à obtenir la définition d’objectifs politiques clairs de la part des gouvernements.

En définitive, et contrairement à la version la plus répandue, de Gaulle ne dit pas à Leclerc de refuser l’offre de Ramadier. Le texte rédigé ou dicté par Leclerc est exactement celui-ci : Je lui demande : oui ou non, faut-il refuser ? Il me dit : non, mais il faut poser des conditions.

Le 13 février, Leclerc refusa par écrit l’offre de Ramadier. Il invoqua plus précisément l’impossibilité que lui soit garanti dans le domaine militaire un effort que la France ne pourra peut-être pas consentir, en particulier en 1948. Mais l’essentiel, qu’il ne pouvait pas écrire au chef du gouvernement, paraît bien avoir été le sentiment que le pouvoir politique en France, tel qu’il était et tel qu’il serait dans un avenir prévisible, ne pourrait, faute d’unité, de cohésion et de durée, définir, pour l’Indochine, des objectifs clairs et constants, bref une politique que les moyens envoyés sur place permettraient de mener et de faire aboutir.

Tel fut l’avis donné par de Gaulle. Tels furent aussi le diagnostic et le pronostic de René Pleven, ami personnel de Leclerc depuis Londres, en 1940, qu’il consulta avant sa décision et dont l’opinion fut peut-être décisive pour lui : Pleven, au cœur du système politique de la IV° République, savait de quoi il parlait.

Paul Marie de La Gorce. De Gaulle-Leclerc : de Londres à l’Indochine, Espoir n°132, 2002

          16 01 1947             

À 63 ans, Vincent Auriol est élu président de la IV° République par un collège électoral. Son fils Paul, époux de Jacqueline, l’aviatrice, lui a rapporté des États-Unis un dictaphone, qu’il fera installer dans un tiroir de son bureau, ce qui lui permettra d’enregistrer l’intégralité des conversations des personnes qu’il recevait, à leur insu : des documents d’un intérêt limité mais qui en 1970, lui permettront de publier ses Mémoires, en 7 tomes s’il vous plait.

20 01 1947

Pierre Ségelle, ministre de la Santé du gouvernement Blum, publie une circulaire relative à l’introduction, l’accueil et l’implantation des immigrants et de leur famille. La circulaire exige notamment que l’immigré dispose en ce cas d’un logement familial, afin d’éviter la création de taudis urbains et ruraux.

             24 01 1947                

John Fitzgerald Kennedy, 30 ans, sénateur de Boston depuis un an, épouse devant un juge de Palm Beach, mais pas à l’Église, Durie Malcolm, déjà deux fois divorcée. Fureur du père qui réalise beaucoup plus vite que son fils qu’ainsi s’envolent toutes les chances d’accéder un jour à la Présidence des États-Unis. Il parvient à faire annuler le mariage mais le divorce légal ne sera jamais prononcé. Avant d’épouser Jacqueline Lee Bouvier [en anglais des États-Unis, un bouvier est un cow-boy] le 12 septembre 1953, Charles Spadling, un des ses proches, fera disparaître tous les documents relatifs à ce premier mariage.

       01 1947                      

Les bébés arrivent : 833 000 en 1946 contre 300 000 en 1941, 640 000 en 1945.

   6 02 1947                  

Le Haut Comité Arabe signifie à l’ONU son refus absolu de la résolution créant l’État d’Israël.

10 02 1947             

Signature du traité de Paris, par lequel les Alliés négocient les détails du traité de paix avec l’Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande. La France a été représentée par Maurice Couve de Murville […] L’ Italie abandonnait à la France comme zones peuplées : Tende et La Brigue pour 560 km² et entre deux et trois milliers d’habitants, plus les hameaux de Libre, Piène Haute et Basse, au sud de la vallée de la Roya ; et comme zones non peuplées : 3,22 km² au col du Petit Saint Bernard, 81,79 km ² sur le plateau du Mont-Cenis, 47 km² au mont Thabor, avec la Vallée Étroite  et 17,1 km² au mont Chaberton, ce dernier ayant bénéficié de toute l’opiniâtreté de de Gaulle pour qu’il soit récupéré par la France au détriment du dessin naturel de la frontière. Il en allait de même pour la Vallée Étroite, dont les eaux coulent sur l’Italie

12 02 1947            

La Conférence de Panglong, dans l’État Shan en Birmanie, réunit des représentants de plusieurs minorités, les Shans, les Kachins, les Chins, sous la présidence d’Aung San, chef du gouvernement intérimaire birman. Elle a pour but d’organiser la lutte pour l’indépendance et la constitution d’une république birmane unifiée. L’Union Birmane verra le jour le 4 janvier 1948, mais la cohabitation harmonieuse de chaque minorité, elle, ne verra jamais le jour, à telle enseigne qu’Aung San Suu Kyi, la fille d’Aung San, se verra reprocher en 2012 son silence sur le sujet, lorsqu’elle aura retrouvé le droit de parler.

14 02 1947                  

La France obtient des États-Unis 200 000 t de blé.

18 02 1947                

L’Angleterre a déjà promis trois fois la Palestine, deux fois aux Arabes, une fois aux Juifs. Elle voit bien qu’elle ne se sortira pas de ce guêpier et refile le bébé à l’ONU.

Clement Attlee, premier ministre donne une lettre de mission, à Lord Mountbatten, nommé vice-roi des Indes, à la veille de son départ pour Delhi : L’intention bien arrêtée du gouvernement britannique est de faire en sorte que soit créé un gouvernement unitaire pour l’Inde britannique et les États indiens, si possible dans le cadre du Commonwealth britannique. […] Vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour persuader l’ensemble des parties prenantes de coopérer à cette fin.

Clement Attlee à Lord Mountbatten.

19 02 1947      

L’amiral Richard Evelyn Byrd vole au-dessus du pôle sud, et rapporte avoir vu une zone en végétation, située aux collines Bunger, près de la crique de Shackleton. Les partisans de la très fumeuse théorie [5] de la terre creuse s’empareront de l’affaire, pour la mettre au service de leurs délires, lui prêtant des propos parlant d’un autre monde extraordinaire, etc… Byrd aurait dit à la radio au départ de ce vol : J’aimerais voir cette terre au-delà du pôle. Cette zone au-delà du pôle est le centre du Grand Inconnu.

Byrd dirigeait alors la plus puissante expédition menée en Antarctique, High Jump :

– 2 navires brise-glace : le US CGC Northwind et le USS Burton Island
– 2 navires ravitailleurs : le USS Capacon et le USS Canisteo
– 2 porte-avions : le USS Philippines Sea et USS Currituck
– 2 navires cargo de soutien : le USS Yancey et le USS Merrick
– 2 destroyers : le USS Henderson et le USS Browson
– 1 sous-marin : le USS Sennet
– 1 navire transport de troupes : le USS Pine-Island, avec 6.500 hommes etc.

Avec une pareille armada, on a du mal à croire au seul caractère scientifique d’une telle expédition et de fait, Byrd aurait dit en partant : c’est une mission militaire que je conduis.

Une partie de l’armada quitta la base US de Norfolk en Virginie le 2 Décembre 1946, pour être rejointe par deux autres groupes d’unités vers des bases de l’Antarctique prévues à l’avance, mais ayant en fait pour objectif la base nazie de Neu Schwabenland, entre le 1° méridien Ouest et le 20° Est et entre les 70° et 75° parallèles, à 10° en-dessous du cercle polaire, à proximité des Monts Mühlig Hoffman, portant le numéro de code B 211. [voir à 01 1939]

À partir de là, il devient indispensable d’utiliser le conditionnel tant on a tendance à quitter le monde du raisonnable et du journalisme honnête pour entrer dans le délire des ufologues qui n’hésitent jamais à tordre le cou à la réalité pour lui coller leur obsession.

L’armada américaine aurait réalisé que les occupants de Neu Schwabenland disposaient d’armes incroyablement supérieures aux leurs. Partis pour six mois, ils auraient plié bagage le 3 mars 1947, au bout de deux mois. Officiellement, ils auraient perdu un avion qui s’était fracassé contre une montagne, et un sous-marin aurait été endommagé par un iceberg. Officieusement, ils auraient pris une incroyable raclée le 26 février 1947, voyant un de leurs navires passer par le fond, perdant 1 500 hommes, dominés par des objets volants que leur vitesse empêchait quasiment de distinguer !

De retour aux États-Unis, Richard Byrd aurait dit le 5 mars 1947 que la menace la plus grande envers les USA vient maintenant du pôle sud car la marine américaine y a observé des engins volants pouvant atteindre des vitesses impressionnantes […] Il y a là-bas, au pôle-sud, une civilisation avancée issue des Nazis qui se sert d’une technologie supérieure.

Auparavant, Dönitz, amiral commandant la marine allemande, aurait déclaré : mes commandants de sous-marins ont découvert un vrai paradis terrestre, puis, plus tard, en 1943 : La flotte sous-marine allemande peut être fière d’avoir construit à l’autre bout du monde pour le Führer une citadelle imprenable.

Il reste deux ou trois points qui ne peuvent que difficilement être remis en question :

  • L’existence de cette base nazie de Neu Schwabenland
  • La disparition d’environ quarante sous-marins allemands, une fois établis tous les comptes et décomptes en la matière.

Mais impossible de trouver la moindre photo correcte de cette base, de ces combats du 26 février 1947, de ces appontements pour les sous-marins… seulement des images toujours floues, qui peuvent avoir été bidouillées en veux-tu en voilà. Rien qui ne fasse vraiment sérieux. Par contre, les Anglais semblent s’être intéressés à l’affaire, suffisamment en tous cas pour y avoir construit Princess Elisabeth Station – base de la Princesse Elisabeth  -.

Mais ceux qui souhaiteraient faire un beau voyage gratuit, peuvent tout de même visionner le film https://www.youtube.com/watch?v=SIx6MTF6KLg, où l’on trouve un bon récapitulatif de toute cette histoire, y compris la carte de Piri Reis, grand amiral de Soleiman le Magnifique, auteur de cette carte découverte au palais de Topkapi en 1929 que les ufologues brandissent pour montrer qu’en 1513, Piri Reis disposait des informations nécessaire pour établir un dessin très précis des côtes de l’antarctique avant que ce continent ne soit pris sous les glaces. Et de là, il n’y a qu’un pas à faire pour aller sur l’Atlantide, avec retour sur le trésor caché des Templiers, la société secrète et nazie Ahnenerbe ; il manque juste un crochet par Rennes le Château !

Il peut être utile de rappeler que la glaciation de l’Antarctique remonte à 34 m.a. provoquée probablement par la mise en communication des océans Pacifique et Atlantique il y a 41 m.a. ce qui aurait entraîné un refroidissement du courant circumpolaire. Il y a 14 m.a. un réchauffement vit s’installer un climat tempéré, avec une température moyenne de 14° et beaucoup de forêts, puis à nouveau une glaciation il y 2.4 m.a., et un réchauffement vers 0.1 m.a. Les dernières glaciations recouvriront à nouveau le tout de glace.

Fragment restauré de la carte de Piri Reis. 1513

Interprétation possible du sud de la carte de Piri Reis

Aujourd’hui, on y découvre des pyramides, dans les Monts Ellsworth, dans l’Antarctiques ouest, méridien O, dont les géologues disent qu’elles sont de formation parfaitement naturelle, sans intervention humaine aucune.

Sannheten om den mystiske «pyramiden» i Antarktis | National Geographic

 

Chaine Transantarctique

 

et on y constate parfois des anomalies dans l’émission des micro-ondes, les 2 avril, 15 et 26 mai 2017, enregistrées par le MIMIC  – Morphed Integrated Microwave Imagery CIMSS, un satellite météo -.

John Iliffe. Les Africains. Flammarion 2016

___________________________________________________________________________________________

[1] Les États-Unis n’étaient cependant pas du tout pour lui terra incognata : dès 1908, il avait pris avec Gustav Mahler la direction du Metropolitan Opera de New-York.

[2] Le licenciement est en réalité possible mais quasiment jamais utilisé.

[3] apport du député Gérard Longuet, Réflexions sur le devenir de la fonction publique, Assemblée nationale, 1979.

[4] Le Storch – Fi 156, Fi pour Fieseler, son constructeur – est un avion aux performances étonnantes : il peut atterrir sur moins de 25 m. décoller sur moins de 50 m. ; il a une vitesse de décrochage (en-deçà de laquelle il tombe) de 50 km/h. C’est le même modèle qui était allé chercher Mussolini sur le Gran Sasso le 12 septembre 1943.

[5] À laquelle croyait tout de même l’astronome Edmund Halley, qui laissa son nom à la comète, au début du XVIII° siècle, mais aussi Adolf Hitler, qui ordonna deux expéditions pour aller à la rencontre des intraterrestres : le metteur en scène Armand Gatti prétendra avoir travaillé comme déporté sur l’un de ces chantiers, dans la Baltique, jusqu’à être démasqué en 2010 et être obligé de reconnaître qu’il avait été dans un camp de prisonniers de guerre, voisin, mais jamais dans un camp de concentration de déportés politiques. On retrouve quelque chose de très proche à la dite théorie en Mongolie, où n’existent pas les légendes puisque ce sont toujours des histoires vraies dont on a eu l’honneur ou non de prendre connaissance : ainsi de ce royaume du Dieu du Monde dont la capitale se nomme Agharti.